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Fable documentaire


Extrait d'une fable sur la gestion documentaire. Elle raconte le naufrage d'une équipe d'informaticiens sur une île déserte. Peu enclins à la lecture. La seule ressource que le paquebot a laissé dériver sur la plage est un stock de livres. Ils découvrent la lecture, le rangement, le classement...

(.........)

Le premier ouvrage écrit par l'équipe

Quelques temps plus tard, Paul rédigea un document et devint le premier auteur d'un ouvrage susceptible de rejoindre le corpus des ouvrages dont les volumes étaient rangés dans la bibliothèque.

Ce document n'était pas une liste comme en contenait le Référentiel ni comme celles qui traînaient sur la table.

Ce document n'était pas un fichier comme celui dont on se disputait les bacs emplis de fiches.

Ce document n'était pas un ensemble de notes de lectures comme en possédaient Robert et quelques autres.

Ce document n'était pas un journal intime comme en tenaient Marie et quelques autres.

Pourquoi écrit-on ?

Non. Il s'agissait bien d'un ouvrage écrit par quelqu'un pour satisfaire ses propres besoins, mais aussi en vue de la publication - c'est à dire rédigé, organisé, structuré aux fins d'être lu par autrui.

Coder, enregistrer, ficher, classer et ranger

Au vu de son contenu, tous déclarèrent qu'il fallait lui donner un numéro de code, l'enregistrer dans les listes du Référentiel et le placer à la fin de l'espace de rangement. Paul, qui venait de lire attentivement et systématiquement tous les ouvrages de Chimie (Science/ Chimique) s'était en effet attelé à la rédaction d'un "Glossaire de Chimie" dont la référence fut insérée dans le Genre Science et le sous-genre Chimique.

Depuis le temps qu'ils lisaient, listaient, triaient et classaient, certains se mirent à leur tour à produire des documents.

Rangement physique et classement logique

Par chance, le degré d'organisation atteint par l'équipe quand il s'agissait de gérer un stock fini de volumes préalables, facilita l'intégration de ces nouveaux documents dans la bibliothèque (espace séquentiel de rangement par accès direct) et de leurs références dans le Référentiel (liste des listes officielles) comme dans le fichier officiel.

Code séquentiel

Chaque nouveau volume recevait un numéro de code pris au compteur séquentiel. Une fiche était alors rédigée, relative au volume, avec les rubriques: Auteur, Titre, Tome, Genre 1, Genre 2, Éditeur, Lieu, Année.

Dès la parution du livre de Paul, il avait été convenu que l'éditeur était "S.I.P" et que le lieu serait "Notre île".

Ouvrage collectif

Quand l'ouvrage était de type collectif, on indiquait comme auteur le premier dans l'ordre alphabétique et l'on ajoutait à son nom la mention "& alii".

Genre majeur et genre mineur

Les seules difficultés apparurent pour le genre majeur et le genre mineur.

Jusqu'alors, Paul était l'auteur de la division du corpus. Il distinguait des genres majeurs. Chaque genre majeur était subdivisé en genres mineurs.

Tous s'étaient contentés de recopier les listes dans d'autres listes ou sur des fiches. Intéressés par un ouvrage d'un genre mineur, ils avaient cherché d'autres ouvrages - soit du même auteur, soit d'un autre auteur - mais toujours dans le même genre.

Retrouver

Le genre leur plaisait ou ne leur plaisait pas. Ils ne savaient pas forcément le définir ou le délimiter.

Expliquer

Or, remplir les rubriques "genre majeur" et "genre mineur" d'un document exige de connaître sa délimitation et même sa définition si l'on veut expliquer à quiconque pourquoi retenir tel genre plutôt que tel autre pour un ouvrage.

Il fut décidé que les auteurs étaient les plus à même de connaître les genres - majeur et mineur - qui correspondaient le mieux à leurs propres documents.

Glossaire

Néanmoins, il fut demandé à Paul de rédiger un glossaire, c'est-à-dire la définition de tous les termes techniques qu'il avait employés pour qualifier les genres.

Paul accepta de réaliser ce travail.

Il fit remarquer qu'il s'agissait de normaliser au sein de l'équipe les termes à utiliser pour le classement documentaire. Et que, puisqu'il envisageait de les ordonner dans un répertoire alphabétique, ce glossaire constituerait en fait un Thésaurus.

Thésaurus

En attendant la réalisation du thésaurus, l'auteur discutait avec Paul du meilleur choix des genres. Quand ils étaient d'accord, Marie mettait à jour toutes les listes du Référentiel. Certains se mirent à donner à Marie le titre d'Administrateur.

Avis d'expert

Ceux qui cherchaient à se faire une opinion préalable sur un ouvrage avaient pris l'habitude de demander à Paul s'il l'avait lu. Auquel cas, un échange rapide s'ensuivait.

Quand le livre avait été lu par Robert, la discussion se faisait beaucoup plus longue, et l'opinion bien plus précise, puisque Robert se référait volontiers à ses notes de lecture pour pallier (disait-il) son "manque de mémoire".

Langage de spécialistes

Par ailleurs, d'autres groupes de lecteurs spécialisés échangeaient des informations sur les ouvrages du genre qui les réunissait.

Notes de lectures personnelles

Sous l'amicale pression de ses amis, Robert se décida à regrouper et mettre en forme ses notes de lecture. Cette première décision prise - l'objectif du projet étant défini - Robert hésita longtemps sur la forme à donner à ses notes de lecture.

Il disait à qui voulait l'entendre qu'on ne transforme pas simplement une organisation sémantique personnelle en une organisation sémantique partagée - et encore moins publique.

Point de vue subjectif

Robert discuta avec Marie (il était de ceux qui l'avaient surnommée "l'Administrateur") sur l'intérêt d'inclure ses notes dans le Référentiel. Marie l'y poussait fortement, lui faisant valoir que c'est au moment où l'on recherche la référence d'un ouvrage que l'on voudrait en savoir davantage sur son contenu et bénéficier de l'avis d'un lecteur éclairé.

Robert, sans mettre en doute l'argument de Marie, lui rétorquait que le Référentiel était un "aiguillage" assurant la relation, le pointage, entre des attributs majeurs et qu'il devait adopter une forme synoptique et complète.

Toute rubrique présente au Référentiel devait être remplie sans ambiguïté et mise en regard des autres rubriques - le support matériel du Référentiel devant rester facilement et rapidement manipulable.

Robert faisait remarquer à Marie que la dernière disposition, en paysage, marquait une limite de l'encombrement d'un référentiel-papier.

Note subjective

Avec un clin d'oeil, il ajouta que si la valeur de ses notes de lecture se résumait à l'opinion favorable ou défavorable qu'il avait d'un ouvrage, il suffirait d'ajouter une colonne "Opinion Robert" dans le Référentiel et qu'il n'aurait plus qu'à attribuer une note de 0 à 20.

Or il lui semblait:

Structuré et non structuré

Robert discuta avec Denis - qu'il avait surnommé "Mr Fichier" - sur l'intérêt de mettre le contenu de ses notes dans la zone disponible des fiches récemment créées.

Synoptique / isolé

Contrairement à la présentation synoptique (en tableau) du Référentiel, la présentation isolée (en fiches) du fichier laissait plus de souplesse et plus de place.

Fichier normalisé

Néanmoins, le fichier n'avait de sens que si toutes les fiches avaient la même structure (mêmes rubriques, même ordre des rubriques, même longueur de champ pour une rubrique) et si toutes les rubriques étaient renseignées avec des valeurs scalaires (susceptibles d'une énumération finie, si longue fût-elle).

Robert ne doutait pas de l'intérêt d'accroître le nombre des rubriques dans les fiches (Denis n'avait-il pas précisément conçu le fichier pour résoudre un problème soulevé par Robert lui-même?), mais il ne voyait pas le moyen de transformer rapidement ses notes de lecture (subjectives, digressives, associatives) en une liste de valeurs de type énuméré.

Robert discuta avec Paul - qu'il surnommait "Classificateur, Nomenclateur ou Taxinome" - sur l'intérêt de mettre le contenu de ses notes de lecture dans un ouvrage comme celui que Paul venait de publier.

Livre hiérarchisé

La mise en page d'un livre laisse beaucoup plus de souplesse dans la rédaction. Les chapitres se suivent sans être obligés de se ressembler et c'est bien ce que Robert avait l'intention de faire.

Texte libre

Paul argumenta pour que Robert rédige ses notes sous une forme libre de manière à respecter sa propre sensibilité, sa propre vision des choses.

Groupe et sous-groupe

Il lui conseilla simplement de regrouper les chapitres dans des parties et sous-parties correspondant aux genres majeurs (Sciences, Littérature, Art...) et aux genres mineurs (Physique, Chimique, Politique, Économique, etc.) afin que ceux qui cherchaient une opinion sur un livre bien précis puissent la retrouver rapidement.

Robert lui rétorqua que l'idée était bonne - mais la solution inadaptée - ses propres lectures n'étant ni systématiques ni sélectives mais associatives.

En effet, Robert ne lisait pas "genre par genre" les ouvrages de la bibliothèque.

Dans certains domaines, il avait beaucoup lu; dans d'autres, très peu lu.

Oeuvre de référence

L'oeuvre qu'il aurait pondue à partir de ses notes sur les conseils de Paul eût été désastreuse, tissée de parties monumentales et de parties minimalistes - hypothèse inacceptable quand il s'agit de concevoir un ouvrage de référence digne de ce nom.

Lecture poussée par la curiosité

Comment fonctionnait Robert? Il lisait un livre qui l'aidait à résoudre une question qu'il se posait.

Mais la réponse à la question devenait une nouvelle question dont il allait chercher la réponse dans un autre livre.

Les livres faisaient référence à d'autres livres...

Les notes de lecture sur un livre feraient référence aux notes de lecture sur un ou plusieurs autres livres.

Le fond reflété par la forme

Robert voulait que son ouvrage reflète cette séquence de ses lectures - qu'elle mette en évidence l'enchaînement des questions-réponses ainsi que la dérive de la problématique (c'est-à-dire la façon dont évolue la manière de se poser la question au fur et à mesure que l'on entrevoit des solutions ou des questions connexes).

Séquence chronologique

Les notes de lecture devraient refléter une séquence: pour ce faire, il suffisait de les ordonner selon la chronologie approximative des lectures.

Références aléatoires

Mais les notes de lecture d'un jour renvoyaient à d'autres notes anciennes et annonçaient, dans le même temps, des lectures à venir.

Le réseau des références mutuelles

Robert expliquait à Paul que derrière la séquence apparente des notes de lecture (table des matières de l'ouvrage), il fallait mettre en évidence le réseau des références de note à note.

Graphe d'un réseau

Paul lui suggéra de tracer le graphe de ce réseau mais le résultat devint vite illisible.

Robert décida donc de mentionner désormais, dans chaque note de lecture, d'autres notes de lecture chaînées en amont comme en aval, afin de suggérer au lecteur des séquences multiples autant qu'imprévisibles.

Lien hypertexte

Denis, qui s'était mêlé quelques instants à la conversation, évoqua alors un dispositif matériel de consultation qu'il baptisa "hypertexte".

Finalement, Robert décida d'écrire un ouvrage littéraire organisé en chapitres numérotés dont l'essentiel du contenu resterait libre.

Chapitres

Néanmoins, chaque chapitre (ou notes de lecture) comporterait un en-tête donnant la référence complète de l'ouvrage concerné (plus précisément: des volumes de l'édition lue et commentée par ses soins). Ex:

Chapitre 10 Page 152

Genre 1: Science, Genre 2: Physique, Auteur: Levy-Leblond,

Titre: Quantique des quantiques, Tome: 1, Editeur: Masson,

Lieu: Paris, Année: 1990, Code: 26,

Genre 1: Science, Genre 2: Physique, Auteur: Levy-Leblond,

Titre: Quantique des quantiques, Tome: 2, Editeur: Masson,

Lieu: Paris, Année: 1990, Code: 154,

Chapitres amont 1, 3, 5

Chapitres aval 12, 20, 21

Table des matières

A la fin du livre, une table des matières listait les ouvrages sous une forme suffisante:

Table des matières

1. Espagnat "Une incertaine réalité" Page 3

2. Popper "Conjectures et réfutations" Page 15

.....

10. Levy-Leblond "Quantique des quantiques" Page 152

...

21. Aristote "Logique" Page 227

Index

Cette table des matières était suivie d'un index classé par genres et sous-genres cités. Ex:

Science

Physique Chap. 1, 3, 5, 10

Chimique Chap. 4

Sociologique Chap.12

Psychologique Chap. 20

Méthodologie Chap. 2

Philosophie

Précurseurs Chap. 21

Épistémologie Chap.19

Les genres pour lesquels il n'y avait pas de note de lecture étaient absents de la liste.

Un lecteur intéressé par la physique lisait dans la table des matières les références des ouvrages commentés aux chapitres 1, 3, 5 et 10.

Si une référence le motivait, il lisait le chapitre correspondant et s'il était passionné, il allait chercher le livre dans les rayons de la bibliothèque

Référentiel rigide

Quelques temps plus tard, Marie était désespérée car elle n'arrivait pas à mettre à jour les listes du référentiel.

Fiches mobiles

Dans le même temps, Denis mettait à jour avec une facilité déconcertante les fiches du fichier en insérant toute nouvelle fiche en n'importe quel lieu du fichier.

Par contre, on avait les plus grandes peines du monde à accéder au fichier que chacun utilisait pour faire les tris dont il avait besoin.

Besoin de norme

Marie sollicita les conseils de Denis, de Paul et de Pierre, se concilia la bonne volonté de Jean et convoqua une réunion générale des utilisateurs de la bibliothèque.

Au jour dit, la réunion commença par une série d'exposés sérieusement et minutieusement préparés.

Organisation

Elle se poursuivit par un échange général de propositions et d'explications.

Elle se termina par une décision d'organisation, un plan d'action, un appel à candidature et une répartition des tâches.

Codification non signifiante

Dans le premier exposé, Pierre rappela le principe de la codification numérique, séquentielle, non signifiante, des volumes.

Volume, ouvrage, édition, tome

Il expliqua à tous la distinction entre volume, ouvrage, édition et tome.

Volume

Pour résumer, il écrivit que le Code Volume était un attribut mono-rubrique de distinction non signifiante des volumes.

En prenant soin de rappeler le sens de chacun des mots employés, il écrivit:

(Code Volume) = attribut mono-rubrique de distinction non signifiante des volumes.

(Code Volume) = (Volume)

Ouvrage

Puis il rappela que les rubriques ordonnées (Auteur, Titre) formaient un couple signifiant permettant de définir un ouvrage et écrivit l'équation:

(Auteur, Titre) = attribut multi-rubriques de distinction signifiante des ouvrages.

(Auteur, Titre) = (Ouvrage)

Édition

Il rappela qu'une édition d'un ouvrage quelconque se distinguait par le triplet (Éditeur, Lieu, Année).

Ce qui peut s'écrire:

(Éditeur, Lieu, Année) = attribut multi-rubriques de distinction signifiante d'une édition d'un ouvrage.

Code non signifiant / attributs signifiants

Il expliqua que si on numérotait dans un ordre quelconque mais séquentiel les éditions d'un même ouvrage, on pourrait remplacer le triplet

(Éditeur, Lieu, Année)

par un code numérique unique.

On aurait alors:

(Code Édition) = attribut mono-rubrique de distinction non signifiante des éditions d'un ouvrage.

Il fit remarquer que le (Code Volume) désigne sans ambiguïté le volume sur lequel il se trouve collé.

Il se suffit à lui même pour repérer un volume.

Par contre le (Code Édition) ne peut que distinguer en complément l'attribut de distinction de l'ouvrage.

Il n'a de sens que par rapport à son contexte.

Auteur

Pierre rappela que l'Auteur devait être indiqué sous une forme éliminant toute ambiguïté.

Unicité

La forme la plus complète, nécessaire pour éviter toute confusion, devait pouvoir comporter de nombreux champs dans la même rubrique ou de nombreuses rubriques pour le même attribut distinctif.

Avec une seule rubrique, il fallait écrire:

Claudel (Paul)

Claudel (Camille)

Avec deux rubriques (nom, prénom) on obtenait le même résultat, sans rien changer à la définition de l'attribut Auteur.

Nom Claudel Prénom Paul

Fort de ses lectures les plus récentes, Pierre signala que le nom et le prénom ne suffisaient pas toujours pour distinguer les auteurs.

Dans le domaine de la musique, il cita Jean-Sébastien Bach qui avait un nom, deux prénoms et 21 enfants, parmi lesquels quatre fils musiciens:

Wilhelm Friedemann Bach,

Karl Philipp Emanuel Bach,

Johann Christoph Friedrich Bach,

Jean-Chrétien Bach.

Il cita aussi, dans le domaine de la peinture:

Salomon van Ruysdael

Jacob Salomonsz van Ruysdael

Jacob van Ruysdael.

Puis:

Pieter Bruegel I, dit Bruegel l'Ancien

Pieter Bruegel II, dit Bruegel d'Enfer

Jan Bruegel, dit Bruegel de Velours...

Pour faire bon poids, il évoqua encore d'autres parentèles aussi prolixes que prolifiques.

Mais chacun avait saisi la nature du problème.

Pierre conclut donc qu'il serait peut-être utile, un jour, de créer un fichier et une liste des auteurs de manière à couper court à toute possibilité de confusion.

On pourrait alors affecter à chacun d'eux un code numérique séquentiel - comme on l'avait fait pour les volumes.

En attendant ce jour (proche ou lointain), il demandait à chacun de remplir les champs des listes et des fiches avec le maximum de précision.

La forme préconisée était la suivante:

Patronyme, (Prénoms), alias, alias, alias

soit:

Bruegel, (Pieter), le Jeune, II, d'Enfer

Bruegel, (Jan), l'Ancien, de Velours

............

Ce texte, reformulé, a été gracieusement offert au Réseau d'Activités à Distance

pour son atelier d'écriture.


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Mise à jour: 16/07/2003