Détermination


(a) Choix. La détermination est une résolution d'action ou d'attitude, prise après un travail de réflexion. L'indétermination, qui se prolonge pendant tout le temps de réflexion, fait place à la détermination : la prise de décision.


- <<Je dois à ma maîtresse aussi bien qu'à mon père ;

J'attire en me vengeant sa haine et sa colère ;

J'attire ses mépris en ne me vengeant pas.

A mon plus doux espoir l'un me rend infidèle,

Et l'autre indigne d'elle.

Mon mal augmente à le vouloir guérir ;

Tout redouble ma peine.

(...)

Oui, mon esprit s'était déçu.

Je dois tout à mon père avant qu'à ma maîtresse :

Que je meure au combat, ou meure de tristesse,

Je rendrai mon sang pur comme je l'ai reçu.

(Pierre Corneille, "Le Cid", Acte I, scène VI, Stances de Don Rodrigue)>>.


(b) Motivation. La détermination est le caractère ou l'attitude de l'homme déterminé, qui sait ce qu'il veut.


- << Sous moi donc cette troupe s'avance,

Et porte sur le front une mâle assurance.

Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort,

Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port,

Tant, à nous voir marcher avec un tel visage,

Les plus épouvantés reprenaient de courage !

(Pierre Corneille, "Le Cid", Acte IV, scène III, Don Rodrigue à Don Fernand)>>.


(c) La détermination est l'action de déterminer, c'est-à-dire de préciser une définition, une description ou une explication théorique, mais aussi de contraindre dans l'exécution. On rejoint ainsi la notion de déterminisme. En un certain sens, dans un contexte de prescription, ce qui est pleinement déterminé est à la fois défini et conditionné. Dans l'imaginaire, il n'y a plus de flou dans la définition ni de jeu dans le mouvement prévu. Quand, dans l'Organisation Scientifique du Travail, une tâche est déterminée, on réalise pleinement le confinement du processus de production. Pourtant, l'ergonomie sait bien que pour une tâche productive donnée, l'activité réelle ne correspond jamais pleinement au travail prescrit. Dans le domaine de la conception, l'explication la plus réaliste fait appel à un paradigme opportuniste.


(d) Résolution mathématique. Il est impossible de prévoir un processus dans ces moindres détails. L'analyse doit toujours s'arrêter à un certain niveau d'organisation de la matière. L'analyse se fait donc mutatis mutandis ou "toutes choses égales par ailleurs". Dans la réalité, au-delà d'un certain seuil, on ne peut qu'espérer cette "égalité des autres choses". L'analyse fait toujours abstraction de certains détails concrets. Savoir s'accommoder de ces détails non-prévus relève du savoir-faire du réalisateur ou du tour de main de l'exécutant.


(e) Cette hiérarchie implicite entre le prescripteur et l'exécutant, entre le théoricien et le tâcheron, peut prendre un aspect métaphysique pour qui méprise trop le contact direct avec le réel. Dans l'Académie de Platon, l'abstraction s'éloigne de la matière pour trouver l'intuition d'une forme ou d'une essence. L'abstraction abandonne ce qui n'est pas essentiel, c'est-à-dire ce qui est matériel. De là naît un très ancien divorce entre la théorie et la pratique.


- Son aspect positif est l'élaboration des mathématiques, quand leurs constructeurs ont bien conscience d'inventer des idéalités dont les contraintes sont uniquement celles de leur définition.


- Son aspect négatif est le mépris du réel et du travail servile. C'est probablement la raison pour laquelle le capitalisme n'est pas apparu en Grèce à cette époque, malgré la présence de beaucoup de facteurs favorables.


(f) Ce mépris pour le réel et cette pulsion de mort, appliqués à nier ce qui est concret (résidu négligeable ou nul), conduisent à n'investir la pulsion de vie que dans ce qui a été purifié ou abstrait (amour mystique). L'abstraction n'est plus perçue comme une soustraction, une simplification ou une omission. L'abstraction est perçue comme une négation, purement logique, qui ne laisse pas de reste.


(g) Dans cette acception, abstraction et détermination deviennent deux opérations opposées, l'idéalisme du maître et le matérialisme de l'esclave :


- L'abstraction va du concret à l'abstrait, de la matière à l'idée, dans un mouvement de purification et d'élévation.


- La détermination va de l'abstrait au concret, dans un mouvement d'abaissement. Elle ajoute toujours plus d'attributs (précision). Elle ajoute aussi plus de contraintes (déterminisme causal, soumission hiérarchique et dévalorisation sociale).


(h) On aboutit alors à la théologie négative. Dieu étant l'Un et pure abstraction (désincarné), lui ajouter des déterminations ("des noms divins") reviendrait à annuler sa divinité. Seul l'humain peut être déterminé ; et l'esclave plus que l'aristocrate. De Dieu, on ne peut rien dire. Le transcendant qui expliquait l'immanent devient l'inconnaissable, dont on peut seulement dire ce qu'il n'est pas.


(i) En Physique classique. La détermination d'un phénoméne est la mesure de ses paramètres.


(j) En physique quantique, cette parfaite détermination est impossible, en fonction de la relation d'indétermination, découverte et formulée par Werner Heisenberg. Cette relation montre que la mesure est une relation de sujet à objet.


(k) Voir A partir d'un mot. Contradictoire. Denys l'Aréopagite. Indéterminé. Logique du contradictoire. Onde et corpuscule. Prescription et coopération. Rapport de prescription. Résolution psychologique.


(l) Lire "AEH Valeur".





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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Jeudi 29 Mai 2008



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