Harcèlements


(a) Les formes de harcèlements ont été fortement popularisées par le harcèlement sexuel. Et, c'est à juste titre que celui-ci est maintenant condamné, comme le fut le viol ces 20 dernières années et comme le seront (concrètement et réellement) la pédophilie et l'excision du clitoris.


(b) Le harcèlement sexuel au travail dévalorise tant le désir que la tendresse. Le monde du travail lutte donc contre les deux composantes (désir, tendresse) du principe (l'amour) de son complément : le monde de l'amour. Ce faisant, le travail détruit la clé de sa propre efficacité : la confiance.


(c) Le harcèlement sexuel ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt. Le harcèlement n'est pas seulement sexuel. Il est aussi hiérarchique, médiatique, politique, culturel, social, ethnique ou raciste. Il n'est pas seulement le fait des hommes. Des femmes peuvent s'y livrer, entre elles ou à l'égard des hommes. Il n'est pas seulement pratiqué par les hiérarchiques. Les pairs et les collègues s'y livrent volontiers, sous prétexte et sous forme de bizutage.


(d) Cela nous pousse à rechercher les causes du harcèlement sur les lieux de travail. Il peut atteindre, avec le mobbing, l'ampleur d'une véritable persécution au travail. Le bouc émissaire porte l'angoisse du licenciement du groupe. Le groupe fusionnel projette sur lui ses peurs et ses tabous. Une fois cassée dans sa personnalité (corps virtuel) et rendue improductive par l'angoisse et les troubles psychosomatiques, la victime expiatoire est licenciée pour incompétence, insuffisante motivation ou faute grave. Elle peut même être licenciée sans motif, moyennant une indemnité de départ accepté ou de silence acheté (renonciation expresse à porter l'affaire de licenciement abusif devant les prud'hommes).


(e) Le groupe doit à nouveau affronter son angoisse : le cycle recommence. Le trait commun à tous les harcèlements au travail est la lutte de ce pôle des activités contre l'autre pôle : l'amour. D'où une désarticulation de la société entre les deux types principaux de ses liens constitutifs.


(f) Ces comportements affectifs négatifs détruisent le lien social par le travail. Ils renforcent le chaos ou le manque d'organisation des marchés aveugles. Ils accentuent l'absence de percolation des émotions, des besoins et des revenus. Ils ne résolvent pas les problèmes ou la crise dont ils sont des effets. Le harcèlement de Léopold Kronecker (1823-1891) contre Georg Cantor (1845-1918) a certes réussi à interdire l'usage du transfini à l'université de Berlin pendant 25 ans, il n'a pas pu masquer la grave crise des fondements des Mathématiques.


(g) Le harcèlement au travail présente des points de parenté avec la violence familiale. Mais la fascination du pouvoir y joue un grand rôle. Comme les jeux du cirque à Rome, le harcèlement fait partie du spectacle social.


- <<Cette guerre psychologique sur le lieu de travail regroupe deux phénomènes :

- l'abus de pouvoir, qui est démasqué très vite et pas forcément accepté par les salariés,

- la manipulation perverse, plus insidieuse à se mettre en place et qui fait d'autant plus de ravages.

Le harcèlement naît de façon anodine et se propage insidieusement. Dans un premier temps, les personnes concernées ne veulent pas se formaliser et prennent à la légère piques et brimades. Puis, ces attaques se multiplient et la victime est régulièrement acculée, mise en état d'infériorité, soumise à manœuvres hostiles et dégradantes pendant une longue période. De toutes ces agressions, on ne meurt pas directement, mais on perd une partie de soi-même. On revient chaque soir, usé, humilié, abîmé. Il est difficile de s'en remettre. (Marie-France Hirogoyen, Le Harcèlement Moral, page 56)>>.


(h) Les formes du harcèlement sont multiples. Les modalités et les termes peuvent varier selon les cultures et les pays :


- << On voit qu'avec des terminologies différentes et sous des formes variables selon les cultures le harcèlement constitue, dans de nombreux pays, un véritable phénomène de société. Dans les travaux de recherche en langue anglaise, même s'ils ne sont pas identiques, les termes mobbing et bullying sont souvent utilisés indifféremment, pourtant nous avons vu qu'ils ne sont pas strictement identiques.

Pour simplifier, je dirai que :

- le terme mobbing correspond plus à des persécutions collectives ou à la violence liée à l'organisation, y compris les dérapages qui vont jusqu'à la violence physique ;

- le terme bullying est plus large que le terme mobbing. Il va des moqueries et de la mise à l'écart, jusqu'à des conduites d'abus à connotations sexuelles ou d'agressions physiques. Il s'agit plus de brimades individuelles que de violence organisationnelle ;

- le harcèlement moral concerne des agressions plus subtiles, et donc plus difficiles à repérer et à prouver, quelle que soit sa provenance. (Marie-France Hirigoyen, Malaise dans le travail, pages 68-69)>>.


(i) Voir Personne cassée. Renaissance. Aptitude à aimer. Percolation des connaissances. Percolation des émotions. Percolation des revenus. Percolation des temps. Perversion. Chapitre Renaissance. Rupture perverse. Proie. Machine infernale.


(j) Lire "Harcèlement Moral".


Nota Bene. Les mots en gras sont tous définis sur le cédérom encyclopédique.