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A lire et à voir, “La Pèlerine de Bure”





A. Le Roman de Georges Grenetier





“La Pèlerine de Bure” est un roman contemporain de Georges Grenetier. Après “ L’Astrée” et “ Gaspard des Montagnes ”, il peut compter parmi les grandes références littéraires du Forez.


(a) Dans “L’Astrée”, Honoré d’Urfé décrit des bergers gallo-romains de la plaine du Forez . Ils sont vus par un gentilhomme du XVII ème siècle. Toute l’action de la pastorale se situe autour de la Bastie d’Urfé , entre Marcilly-le-Châtel, le Pic de Montverdun et les Monts d’Uzore.


(b) Dans Gaspard des Montagnes, Henri Pourrat raconte les troubles de la Révolution et de l’Empire dans un Livradois paysan. Pris par la légende, les faits et gestes de Gaspard nous sont contés au début du XX ème siècle (1920-1960).


(c) “La Pèlerine de Bure”, de Georges Grenetier, est un roman de l’ exclusion. Il se situe à la fin du XX ème siècle. Contrairement aux deux oeuvres précédentes, les localisations sont plus floues. Le roman ne se lit pas, comme L’Astrée, dans les lieux mêmes. La compréhension de l’action ne suppose pas d’avoir une collection de cartes I.G.N. à portée de main. Pourtant le Forez est présent. Il s’ouvre aux abords d’une ville industrielle qui n’est autre que Saint-Étienne. C’est là que se joue le drame de la crise de l’emploi.


(d) C’est dans la plaine aristocratique que se situe le Château Bailly. Il est dominé par le maître de forge des aciéries Bailly, le gendre du Comte de la Chaume.


(e) C’est dans les monts du Forez qu’un artisan exclu par la faillite et une jeune beurette qui refuse l’expulsion au pays d’origine de ses parents (Algérie) tentent de retrouver l’honneur et le bonheur.


(f) Pourtant, le flou des localisations et de la toponymie n’est pas fortuit. Il traduit la disparition des statuts des acteurs du roman. Aujourd’hui, le statut social est massivement fourni par le travail salarié. Or c’est le travail salarié qui est en crise.


(g) “L’Astrée”, “Gaspard des Montagnes”, “La Pèlerine de Bure”. Ces trois livres ne sont pas seulement foréziens. Ils sont tous écrits autour de l’ amour. Tous parlent de ses relations avec le statut social. Chacun à son époque historique, ils tentent de cerner l’articulation entre le monde de la guerre , le monde du travail et le monde de l’amour .


(h) Si l’éminence de la position sociale peut préserver la tranquillité d’un déviant sexuel (Cyril Bailly), la perte de cette position (Vincent Clavelou orphelin, Jean Gonné chômeur, Aïcha Bengharbi clandestine, Béatrice Bailly violentée) rend problématiques les relations interpersonnelles et sentimentales.


(i) Pourtant ces trois oeuvres foréziennes sur l’amour ne sont pas pessimistes. Si Diane de Chateaumorand et Honoré d’Urfé se séparent à leur tour, si Gaspard des Montagnes ne peut vivre avec Anne-Marie Grange, si ni Vincent Clavelou et Béatrice Bailly, ni Jean Gonné et Aïcha Bengharbi, ni Cyril et Aïcha ne connaissent durablement l’amour, le bonheur n’est pas foncièrement impossible. Le geste final de Vincent Clavelou est inspiré par l’espoir. Ici et maintenant , il faudrait simplement que l’ amour soit plus fort que le besoin d’ élévation sociale.





* Le Film de Caroline Puig-Grenetier





“La Pèlerine de Bure” de Caroline Puig-Grenetier, a été tourné entre l’automne 1998 et Mars 1999. Au fur et à mesure d’entrées financières capricieuses, les tournages eurent lieu à Montbrison, Saint-Étienne ou le Château de Vaugirard. Les alentours de l’Auberge de Conol, à Verrières-en-Forez, offrent leurs paysages forestiers. D’autres scènes se situent à Boën ou à Champdieu.


1. Personnages et distribution.


Vincent Clavelou (François Oriol, 19 ans), orphelin, est confié à Émile et Emma Gaspard. Il est exclu de la tendresse, sans être aigri pour autant.


Béatrice Bailly (Anne Rosier, 19 ans), violentée par son frère Cyril, passe pour une anormale dans son milieu. Elle semble ne pas compter pour sa mère.


Cyril Bailly (Julien Geskoff) est peintre par ennui. Il est conscient de son peu de valeur aux yeux de son père. Mais il est l’héritier du nom et de la fortune. Ses relations amoureuses, très problématiques, le poussent au crime.


Le Président Bailly (François Brincourt) est un Maître de Forge, respectable et respecté.


Madame Bailly (Béatrice Fasano), née comtesse de la Chaume, protège son fils par les moyens légaux et illégaux en son pouvoir.


Jean Gonné (Jean-Claude De Goros), artisan en faillite, séparé de sa femme Colette pour un quiproquo, il est licencié pour avoir découvert un meurtre.


Aïcha Bengharbi (Amira Melouk) et sa petite soeur Kadidja (Mélissa Belaraoui), sont menacées d’être expulsées en Algérie avec leur famille, pour une bêtise de leur frère.


Émile Gaspard (Paul Descombes), fils du régisseur du Comte de la Chaume, il est devenu majordome au Château Bailly, centre de prestige des Aciéries Bailly.


Emma Gaspard (Claudine Delvaux), femme soumise d’Émile, tante de Vincent Clavelou.


Le chien Toby (Nouba), protégé de Vincent, tué par Émile.


L’inspecteur (Thierry Buisson) découvre le corps de la victime du premier crime, sur dénonciation.


2. Réalisation.


Malgré l’extrême modestie de ses moyens financiers, le film de Caroline Puig est à la hauteur du roman de son père . Cela tient à une conviction commune qu’il importe de parler de l’ exclusion. Il faut ajouter la volonté de la réalisatrice. Partenaires du film, les acteurs comptent autant par leur engagement que par la profondeur de leur jeu. Joués par Jean-Claude de Goros, François Oriol et Anne Rosier, les personnages principaux (Jean Gonné, Vincent Clavelou et Anne Rosier) sont pleins d’émotions, très finement exprimées. Pour tenir dans la durée d’un film, le personnage d’Aïcha est plus estompé que dans le roman. Enfin, dans le rôle de la comtesse, Béatrice Fasano réussit un beau rôle de composition.


3. Adresse utile.


La Rosalière Films

16, rue Joseph Pupier

42100 Saint-Étienne


4. Projections prévues ou réalisées.


Déjà présenté, par Caroline Puig et son équipe, à Saint-Étienne, à Saint-Just-Saint-Rambert et à Montbrison, “La Pèlerine de Bure” a chaque fois obtenu un très beau succès. Il est mérité.


Nous publierons les lieux et les dates des projections (province d’abord !) au fur et à mesure que nous les connaîtrons:


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* Auteur


Hubert Houdoy



Créé le 9 Décembre 1999





* Définitions


Les termes en gras sont définis dans le glossaire alphabétique du R.A.D..







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Mise à jour: 24/12/1999