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Discussion
sur les Avalanches en Montagne
Dialogue sur les avalanches, le 20
Mars 1999
Un document du Chapitre -
Culture du R.A.D.
Question <<Nous
sommes quatre élèves de 14 ans...
Nous avons
décidé de faire un questionnaire sur les avalanches...
Ce
journal sera édité pour les jeunes de 11 à 16 ans...
>>
Bonjour Jessica, Olivia, Aurélie et Florie !
Question << Pourquoi aimez-vous
travailler, parler des avalanches ? >>
Les avalanches (de
neige) ne sont pas ma spécialité ni mon métier.
Je
suis un alpiniste, mais uniquement pendant mes vacances et je ne prends pas de
vacances tous les ans.
J'ai parlé des avalanches sur mon site web parce qu'elles sont un
exemple d'un phénomène chaotique.
Un
phénomène chaotique est une chose complexe et difficilement
prévisible.
Exemples pris dans la nature: avalanche, tremblement
de terre, éruption volcanique, cyclone, inondation.
Exemples
pris dans la société: crise économique,
spéculation à la bourse, panique dans un restaurant,
grève générale, révolution.
Or, je suis un
économiste et je m'intéresse aux phénomènes
chaotiques sur le marché (là où se font
l'achat et la vente des marchandises) et dans la
société (le chômage, l'
exclusion, le racisme).
La
compréhension d'un phénomène chaotique (avalanche) peut
nous aider à comprendre un autre phénomène chaotique
(effondrement de l'URSS, effondrement financier des pays asiatiques). C'est ce
que l'on appelle une image, un modèle théorique
ou une métaphore.
Nous parlons souvent par
images, même sans nous en apercevoir. En été, ou au retour
du ski de printemps, quand vous dites: <<Je suis toute
bronzée>> vous dites <<Ma peau est de la même couleur
qu'une statue de bronze>>.
Quand vous dites d'un garçon vu
dans la rue: <<Il est beau comme un dieu>> vous employez une
métaphore.
Les métaphores nous aident à nous faire
comprendre des autres. Elles nous aident aussi à comprendre les choses
difficiles. Elles sont des modèles qui rendent les choses plus
compréhensibles, plus intelligibles. Elles nous rendent plus
intelligents. Ce sont des modèles
d'intelligibilité . Nous sommes incapables de comprendre les
choses pour lesquelles nous n’avons pas de modèle
d’intelligibilité. C’est à cela que vous servent vos
études. C’est pourquoi l’apprentissage du latin et du grec
ancien ou celui des avalanches quand on habite en Somalie, apprentissages qui
peuvent sembler superflus, sont utiles Si Vous les considérez comme des
métaphores pour votre avenir.
Pour moi, les avalanches de neige,
de glace ou de pierres sont un danger réel quand je suis alpiniste (La
Barre des Écrins, La Meige Orientale, Le Mont-Blanc ou Le Couloir de
Glace du Coup de Sabre au Pelvoux) et une métaphore
particulièrement pertinente (adaptée, utile, adéquate)
quand je suis économiste.
Q. <<
Travaillez-vous parfois sur les lieux des avalanches ou sur les pistes
?>>
Je n'y vais pas comme travailleur mais comme skieur de
piste ou de randonnée ou comme alpiniste, en espérant qu'elles
ne tombent ni sur moi ni sous moi.
Au cours d'un raid à ski,
dans La Vallée des Merveilles, au Nord de Nice (en France), nous avons
changé d'itinéraire et de programme pour ne pas franchir un col.
Il y avait un réel danger de "planche à vent". C’est un
tas de neige soufflée. Ce tas est accumulé par le vent, sous un
col. Le seul fait de poser notre poids sur cette neige instable aurait
entraîné tout ce tas de neige, et nous avec. Nous sommes
restés bloqués trois jours dans un refuge désert à
Notre Dame de la Fenestre.
<<Si oui,
alors que faites-vous en été ? >>
En
été, ce sont plutôt les chutes de glace, de pierres et de
séracs qui sont à craindre. Mais le modèle
théorique et le principe restent les mêmes.
<<Comment voyez-vous s'il y aura une avalanche
?>>
Il faut penser à la manière dont tout
cela (neige, pierres, glace) est entassé.
Pour prévoir
une avalanche, il faut beaucoup d' informations
précises. Une avalanche de neige se prépare longtemps à
l'avance. Tout dépend de la constitution du manteau neigeux.
La
neige ne tombe jamais en une seule fois. Il faut penser aux chutes de neige
(du nuage vers la pente montagneuse) successives comme
à une pile d'assiettes (nouvelle métaphore).
Si la
première neige (entre Octobre et Décembre selon les
régions, l'altitude et l'année) n'est pas stable, toute la pile
entassée dessus est instable. C'est le cas quand la première
neige tombe tardivement sur un sol déjà très froid. Elle
ne colle pas au sol, comme le fait la neige humide sur un sol tiède. Au
contraire, elle fait un “vide”, rempli d'air (neige très
légère), sous la seconde couche. Celle-ci (et les suivantes avec
elle) glissera dessus comme sur un coussin d'air. C'est le principe que vous
utilisez quand vous faites du surf des neiges. Et vous savez que c'est
très efficace.
Quand nous ne sommes pas présent dans la
région toute l'année (et même si nous sommes dans un
bureau plutôt que sur le terrain) nous ne connaissons pas
l’histoire du manteau neigeux de la pente chaotique .
Nous devons chercher les informations auprès de ceux qui sont
chargés de les collecter (météorologie nationale,
pisteurs, service de sécurité des stations, secours en
montagne), de les traiter et de les diffuser. Ces informations sont
disponibles 24 heures sur 24 par des répondeurs
téléphoniques.
Le risque d'avalanche est chiffré.
Quand l'alerte est forte ou maximale, il faut savoir renoncer. Même ou
surtout quand on a fait 500 kilomètres pour le plaisir de respirer le
bon air de l'altitude.
Je me souviens d'un triste retour. La
décision fut difficile à prendre. Mais nous
n'avions pas fait 1 kilomètre en voiture sur la route que nous avons
croisé trois Land Rover du Secours en Montagne (toutes sirènes
hurlantes, vu l'urgence) avec des chiens d'avalanches. Nous n’avons pas
regretté notre décision.
<<Quand décidez-vous d'en faire
"sauter" une ?>>
C'est le rôle des pisteurs dans les
stations de ski.
Les Guides de Haute Montagne sont parfois
amenés à faire de même pour les couloirs remplis de
pierres (sur la voie normale du Mont-Blanc, sous le Refuge du Goûter),
dans les Via Ferratas (les Dolomites italiennes, l’Aiguillette du Lauzet
près de Briançon) ou au passage de certains
cols fréquentés par les randonneurs. Dans le
Parc des Écrins ou dans celui de la Vanoise, on peut rencontrer, de bon
matin, un gardien avec un râteau de jardinier.
<<Si une avalanche descend, comment
pouvez-vous savoir si des personnes sont dessous ?>>
Les
pisteurs surveillent les pistes et leurs alentours.
Tout alpiniste,
randonneur ou skieur, surtout s'il part seul, doit laisser un message
écrit ou téléphonique pour faire savoir où il va,
par où il veut passer et quand il pense rentrer. Ce sont alors ses
proches qui provoquent le déclenchement des recherches, au plus
sûr, au plus près et au plus vite.
<<S'il y en a, par où commencer
vous les recherches ?>>
Voir des spécialistes sur
les sites des stations.
<<Quel moyen de recherche est
pour vous, le plus efficace ?>>
Voir des
spécialistes sur les sites des stations.
<<Pendant
combien de temps au maximum continuez-vous les recherches ?>>
Voir des spécialistes sur les sites des stations.
<<Si on se fait prendre sous une
avalanche, avez-vous un conseil à nous donner ?>>
Quand on est déjà sous l'avalanche, il est encore
temps de ne pas céder à la panique pour ne pas épuiser
ses forces, sa chaleur (la sueur devient vite froide et vous glace) et son
oxygène (à économiser pour tenir). Pour creuser dans la
neige avant qu'elle ne soit trop tassée et trop prise, il est bon de
vérifier la direction de la sortie. Car creuser d'un côté,
c'est tasser de l'autre. Toute erreur de direction coûte très
cher. C'est par le haut qu'il faut sortir, car les antipodes sont trop
lointaines. Pour trouver le haut, dans le noir ou dans le blanc, il faut
utiliser la pesanteur, la gravitation universelle. Un conseil pratique qui
n'est pas une plaisanterie: pisser et regarder ou sentir sur
la peau dans quelle direction va votre urine. Cela vous
évite de creuser dans la mauvaise direction. Cela élimine aussi
le petit pipi de la peur et la tension
correspondante. Sinon, votre inconscient le fera pour vous,
mais l’information utile sera perdue.
Avant d'être
sous l'avalanche, il est bon de prendre certaines précautions:
Quand on dévale, emporté par
l'avalanche, il faut s'efforcer de nager dans l'avalanche pour rester à
la surface tant qu'elle est fluide.
<<En
tant que skieur, quelles précautions prenez-vous ?>>
Ne jamais faire de <hors piste en station>. En tant
qu'économiste, je sais que les stations s'efforcent de rentabiliser
leur domaine skiable. Si une zone de terrain n'est pas une piste, c'est
qu'elle est dangereuse (par elle-même ou parce qu'elle n'est pas
surveillée par les pisteurs).
Le <hors piste hors station>
est un sport qui s'appelle le ski de randonnée. Il s'apprend
auprès de club sportifs auxquels on peut s'inscrire. Je suis membre du
Club Alpin Français.
Le ski d'alpinisme est une branche de
l'alpinisme. Voyez une Compagnie de Guides, le Club Alpin de votre
région ou une association équivalente.
<<Qu'est-ce que l'ARVA ?>>
A.R.V.A. est un sigle (abréviation composée
à partir des lettres initiales) pour Appareil de Recherche de Victimes
d'Avalanches.
C'est un appareil émetteur récepteur.
L'appareil de la victime doit émettre. L'appareil du sauveteur doit
recevoir. On s'en sert comme dans le jeu de devinettes où l'on guide le
chercheur en disant <Tu chauffes> ou <Tu refroidis> selon qu'il
s'approche ou s'éloigne de l'objet caché. Le
signal sonore émis par l'ARVA du sauveteur est
fonction de la puissance du signal reçu à
partir de l'ARVA de la victime.
Il faut de la mémoire, de
la méthode et des repères topographiques pour utiliser au mieux
les signaux émis par l'ARVA de la victime. Pensez aux films de guerre
dans lesquels on voit des camions radio et de méchants
opérateurs de radiogoniométrie cherchant à repérer
le lieu d'où émet le poste de radio d'un gentil
héros clandestin de la Résistance. Tout le
suspens de cette épreuve vient du facteur temps. Un
bon quadrillage permet de trouver plus vite. La méthode
dichotomique est expliquée dans le glossaire du R.A.D. Dans notre cas, cette nouvelle
métaphore n'est pas à prendre à la lettre. Il n'y a pas
de “méchants”. Les opérateurs de radio sont des
“gentils” et la victime aussi.
<<Est-ce que vous trouvez ça
utile ?>>
L’ARVA est utile, sous conditions. Il faut
en avoir plusieurs. Ils doivent être en bon état (piles
électriques). Il faute les mettre en émission (comme si on
allait être victime) avant d'être dans l'avalanche. Il est
toujours possible aux rescapés de se mettre en réception. Tandis
que la victime n'a pas toujours la possibilité ou la présence
d'esprit de se mettre en émission. Il ne faut pas être
superstitieux au moment de prendre ces précautions.
Il
est une méthode plus simple, quand quelqu'un n'a pas d'ARVA et
même si on en a.
Attacher à la ceinture du skieur une
cordelette très fine (rouge ou fluo si possible) ou une longue
écharpe. Plus légère que le skieur, elle a plus de
chances de rester plus près de la surface. Pour le sauveteur, il suffit
de suivre le fil rouge. Quitte à tirer dessus très fort pour
aller plus vite. Alors, deux conseils très pratiques. (1) Ne pas
l'attacher autour du cou ni par un noeud coulant. (2) L'attacher fermement. Se
serait bête de creuser la neige pendant une heure sous une
écharpe volante, quand vous êtes dix mètres plus bas dans
la pente.
Dans tous les cas, il faut aussi une pelle à
neige pour creuser. C'est aussi utile pour faire un igloo ou une
tranchée de survie. Sinon, utiliser les planches des skis ou la gamelle
de votre réchaud de bivouac.
<<Avez-vous une anecdote à nous
raconter ?>>
Deux anecdotes.
Auteur des
Réponses
Créé le 20 Mars 1999
Modifié 26 Aout 1999
Compléments
o Hommes de la Montagne
Aventures alpines Genève
Bureau de Guide de Haute
Montagne
Bd. Carl-Vogt 32, CH-1205 Genève
Tel. +41 22/321
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