Inconscient


Terme de Psychanalyse.



(A) Psychanalyse historique.



(a) Malgré de nombreux précurseurs (inconscience naturelle), l'inconscient est un nouveau continent psychique. Il est découvert par Sigmund Freud.


(b) Citation :


- <<(1) L'inconscient peut d'abord s'entendre comme l'ensemble des phénomènes physiologiques (instinctifs et réflexes) qui définissent le corps par rapport à un cogito et à une conscience : dans ce cas, l'inconscient fait figure de concept négatif par rapport à une positivité empirique ou idéale de la conscience.

(2) L'inconscient peut aussi se définir comme inconscient d'une volonté ou d'une puissance : c'est, en des sens différents, la façon dont l'entendent des philosophes comme Nietzsche, Schopenhauer, etc.

(3) On peut aussi parler (avec Leibniz, par exemple) d'un inconscient de la perception (théorie des petites perceptions; notion de trace et d'engramme perceptif). Dans le prolongement de cette acception de l'inconscient, on voit se préciser, en psychologie, la conception d'un inconscient perceptivo-moteur rendant compte des schèmes de comportement et d'action. Dans la psychologie du début du XX ème siècle, l'inconscient est notamment entendu comme <accumulateur d'énergie> (Ribot).

(4) Ce qui sépare toutes ces conceptions de celle de Freud pourrait être sommairement caractérisé par la découverte psychanalytique de l'inconscient au titre d'inconscient du désir. L'importance que prend la notion d'inconscient dans la psychanalyse, au point d'en constituer la spécificité théorique et technique, conduit à une définition suffisamment ouverte pour éviter de faire de l'inconscient un objet d'étude et de le reconnaître inversement dans ses significations dynamiques. (Pierre Fédida, "Dictionnaire", page 157)>>.


(c) Dans ce nouveau continent exploré, la sexualité, le désir et la volonté de la femme restent (pour Freud) un "continent noir".


(d) Les formulations de Freud ont beaucoup évolué, principalement avec l'introduction du narcissisme puis avec celle de la pulsion de mort, dans "Au-delà du principe de plaisir". En outre, Freud conjugue plusieurs points de vue.


(e) Voir Libido. Principe de plaisir. Principe de réalité. Point de vue économique. Topique.



(B) Dans la première topique.



(a) L'inconscient s'oppose au préconscient et au conscient.


(b) Citation :


- <<L'inconscient est d'abord conçu comme système ou comme instance dont les caractéristiques principales sont l'action du refoulement, les mécanismes de condensation et de déplacement (processus primaire) ; les contenus de l'inconscient (en rapport avec les désirs de l'enfance) sont pulsionnellement investis et leur manifestation à la conscience (système préconscient-conscient) ne peut avoir lieu qu'à titre de compromis (déformation de la censure). (Fédida, page 158)>>.


(c) Mais il faut se garder d'un modèle linéaire, comme d'une opposition binaire :


- <<C'est en ce sens que nous devons bien dire que l'Inconscient, au sens fort et substantif du mot, est un produit de la conscience, une propriété de l'être conscient (Henri Ey)>>.


- <<Je crois que le négatif est le propre de la pensée humaine et d'un rapport tout à fait singulier à la conscience, car je fais l'hypothèse que l'Inconscient est un avatar de la conscience ; je veux dire que c'est l'acquisition de la pensée consciente qui a eu pour conséquence la formation de l'inconscient. Le négatif est le résultat de l'articulation de ces divers processus. (André Green)>>.


(d) Voir Pulsion.



(C) Dans la seconde topique.



(a) Les trois éléments de la seconde topique freudienne ont à voir avec l'inconscient.


(b) Citation :


- <<Dans son acception adjective, l'inconscient (seconde topique) est une qualification du ça, mais aussi du moi et du sur-moi. (Fédida, p. 158)>>.


(c) Le Moi ne se confond pas avec le conscient. Nombre de représentations qui pourraient être conscientes (parce qu'elles ne sont pas refoulée) peuvent ne jamais accéder à la conscience.



(D) D'une topique à l'autre.



(a) Dès 1911, dans l'exposé du cas de l'homme aux loups, Freud nous donne une auto-critique de la première topique. Ainsi s'amorce la réflexion qui conduira à la seconde.


(b) Citation :


- <<Dans la psychologie de l'adulte, nous avons heureusement réussi à diviser les processus psychiques en conscients et inconscients et à décrire ces deux sortes de processus en termes clairs. Chez l'enfant, cette distinction nous fait à peu près défaut. On est souvent embarrassé pour savoir ce que l'on voudrait qualifier de conscient ou bien d'inconscient. Des processus devenus dominants et qui, d'après leur comportement ultérieur, doivent être tenus pour équivalents des processus conscients, n'ont cependant pas été conscients chez l'enfant. On peut aisément comprendre pourquoi : le conscient n'a pas encore acquis chez l'enfant tous ses caractères, il est encore en cours d'évolution et ne possède pas vraiment chez l'enfant la faculté de se convertir en représentations verbales. Nous nous rendons constamment coupables d'une confusion entre le fait qu'une perception émerge phénoménalement dans la conscience et cet autre fait qu'elle appartient à un système psychique hypothétique, auquel nous devrions donner un nom conventionnel quelconque, mais que nous appelons du même nom de conscient (le système Cs). Cette confusion est sans inconvénient lorsque nous faisons une description psychologique de l'adulte, mais elle nous induit en erreur lorsqu'il s'agit du petit enfant. La notion du "préconscient" ne sert pas ici non plus à grand chose, car le préconscient de l'enfant ne coïncide pas nécessairement davantage avec celui de l'adulte. Il faut donc se contenter d'avoir perçu clairement l'obscurité qui règne ici. (Sigmund Freud, Cinq psychanalyses, page 405)>>.


(c) A toutes les échelles, phylogenèse, histoire et ontogenèse, la psychanalyse doit être dynamique, historique et évolutive.



(E) Propriétés.



(a) L'inconscient semble précéder les notions élaborées de temps, d'espace et de logique.


(b) C'est ce que manifeste le rêve :


- <<Là où, dans l'analyse, quelque chose d'indéterminé peut se résoudre par un "ou bien - ou bien", on substituera à l'alternative un "et" pour l'interprétation, et on prendra chaque membre de cette apparente alternative comme point de départ indépendant d'une série d'idées incidentes. (Sigmund Freud, Sur le rêve, page 76)>>.


(c) Tautologie utile à rappeler : L'inconscient est inconscient.


(d) Voir Dévalorisation. Dévaloriser. Pré-conscience organisationnelle.



(F) Un ou des inconscients.



(a) La psychanalyse n'est pas la seule à s'intéresser à des mécanismes inconscients.


(b) Tous les mécanismes inconscients ne sont pas, ipso facto, freudiens.


- <<En tout cas, un malentendu doit être dissipé : il est vrai que les processus linguistiques échappent largement à la conscience du sujet parlant, mais, pour décrire ce statut "non conscient", il n'est ni nécessaire ni souhaitable de recourir au concept freudien d'inconscient. En particulier, on peut définir la tâche de la science du langage : rendre explicites les procédures que le sujet parlant met en oeuvre sans en avoir conscience. Or cette explicitation ne prend pas la forme d'une interprétation, elle n'a pas à prendre en compte des refoulements, des résistances, des transferts, etc. En bref, il n'y a pas d'inconscient linguistique, si du moins l'on prend "inconscient" et "linguistique" en un sens précis. (Encyclopaedia Universalis, article "Linguistique et Psychanalyse")>>.


(c) Pour Stéphane Lupasco, il faudrait inverser les définitions freudiennes de la conscience (par effort) et de l'inconscience (par habituation).


- <<Ce sont les opérations qu'engendre l'habituation, c'est-à-dire la répétition, qui deviennent inconscientes. Répétition qui veut dire actualisation sans obstacle, sans variation du thème de l'action, autrement dit, du passage de ce thème, de cette potentialité thématique à l'actualisation de ce thème moteur, actualisation si réussie, qui s'effectue dans de telles conditions, que la conscience n'a plus à intervenir. La conscience intervient si quelque chose altère cette actualisation, si du nouveau apparaît. Que ce nouveau soit intégré, à son tour, aux opérations bien réactualisées, et l'habituation fera disparaître la conscience. (Stéphane Lupasco, "L'Energie et la matière psychique. Ses logiques normales et pathologiques", Julliard, Paris, 1974, page 142)>>.


- <<On peut donc dire encore que la conscience est désir, parce qu'elle est toujours une donnée potentielle et que lorsqu'elle cesse d'être désir, elle cesse elle-même d'exister. D'où d'ailleurs l'ennui, le vide, la sensation du néant. Par quelle aberration, par quel manque d'observation la plus élémentaire des phénomènes biologiques et psychologiques a-t-on pu considérer l'inconscient comme le lieu des virtualités, des tensions refoulées, des désirs non-satisfaits alors qu'il est non pas même le lieu des actualisations biologiques et psychologiques, mais ces actualisations elles-mêmes, comme telles disparaissant de la conscience ? Et comment, par la même, a-t-on pu considérer la conscience comme l'appareil de refoulement, des forces de répression, etc., alors qu'elle est justement l'inverse, non pas le lieu des potentialisations, mais celles-ci elles-mêmes ? (Stéphane Lupasco, "L'Energie et la matière psychique. Ses logiques normales et pathologiques", Julliard, Paris, 1974, page 144)>>.


- <<C'est en vertu d'une métaphysique biologique périmée que l'on a considéré, d'une part, la vie comme irrationalité, le siège d'instincts individuels, de désirs affectifs anarchiques réclamant leur libération, c'est-à-dire leur actualisation et, d'autre part, une rationalité d'origine extérieure, qui impose ses lois morales, sociales, etc., et freine, refoule, potentialise dans l'inconscient ses exigences internes. A vrai dire, le système vital, comme tout système, est fait, ainsi que je l'ai tant de fois montré, d'énergies dites irrationnelles, qui sont les énergies de différenciation, d'hétérogénéisation, et d'énergies de conservation du même, d'homogénéité dite rationnelle, qui sont les lois dominantes de la matière macrophysique, également incluses dans le système vital, collaborant à sa formation et à sa subsistance comme système. Ces lois dites rationnelles parce qu'elles sont à la base de la logique de non-contradiction et d'identité sont certes minoritaires dans le système biologique ou l'hétérostasie doit dominer sans cesse l'homéostasie contradictoire complémentaire et constitutive. Mais elles n'en agissent pas moins elles-mêmes, partout et à chaque instant. C'est ce que montrent, comme je l'ai fait voir, les influx efférents et leurs centres, comme leurs opérations motrices centrifuges. Aussi bien les interdit, les censures sont-ils engendrés justement par les dispositifs homogénéisants et rationnels de la structure même du système nerveux et du système biologique dans sa totalité. C'est pourquoi ils sont possibles. Et c'est eux qui s'actualisent dans ce système et disparaissent ainsi, par le phénomène fondamental de l'habituation, dans l'inconscient, créant même l'inconscient, qui est de la sorte le siège non pas des virtualités refoulées, mais des actualisations refoulantes. Si bien que la conscience devient le théâtre des potentialisations antagonistes contradictoires des refoulements. Il peut se passer alors un nouveau phénomène conscientiel. Les actualisations refoulantes de l'interdit peuvent ne pas être fortement actualisées, peuvent être poussées vers leurs potentialisations par la conscience dont les potentialités tendent, à leur tour, vers leur actualisation et réussissent à commencer de s'actualiser. Il en résulte des états de conscience, des formations conscientielles équivoques, c'est-à-dire des actualisations symboliques, engendrant le symbole, qui est un complexe contradictoire. Ce sera la sublimation, des sortes de réalisations indirectes, à la fois inconscientes et conscientes, où l'interdit et la rupture de l'interdit interfèrent sous toutes sortes de formes, où notamment en matière de sexualité, les potentialités amoureuses cherchent des terrains d'actualisation velléitaires, pour ainsi dire, par des voies détournées, des stratégies imaginaires et des pistes plus libres, opérant certains degrés de potentialisation des forces d'inhibition. Il s'engendre ainsi une subconscience et une infraconscience, qui sont, je le dis tout de suite, les premières bases, l'embryon même du psychisme. (Stéphane Lupasco, "L'Energie et la matière psychique. Ses logiques normales et pathologiques", Julliard, Paris, 1974, page 147)>>.


(d) Voir Pont de Wheatstone.





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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Lundi 30 Juin 2008



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