Désir



(A) Terme de Psychanalyse.



(a) Le désir, l'inconscient du désir et le désir inconscient est / sont la découverte essentielle de Freud.


(b) Citation :


- <<La psychologie classique le distingue non seulement de la volonté, mais de tout un ensemble de notions connexes telles que : instinct, besoin, tendance, envie, etc. Les nuances qualitatives entre ces différentes dispositions affectives confirmaient le plus souvent que le désir avait valeur d'expression consciente et personnelle d'un besoin.

- La fonction optative du désir est, pour ainsi dire, retenue dans la traduction du mot allemand Wunsch (littéralement, <souhait> ou <voeu>) ou du mot anglais wish. Cependant l'usage de ce terme par Freud exclut, dans sa signification centrale, une référence au système conscient. Le désir est ici entendu comme désir inconscient. L'inconscient freudien peut lui-même être défini comme inconscient du désir.

- Si le conflit est à la base de la vie psychique et est la condition de constitution d'une histoire personnelle, le désir en est bien le vecteur dynamique auquel s'oppose la défense : obéissant aux lois du processus primaire, le désir est donc moins l'expression consciente d'une recherche affective, orientée vers un but, que ce par quoi s'indique l'existence d'un manque, qui est le négatif toujours présent des premières expériences de satisfaction. Le désir est donc inconscient en tant qu'il atteste de ce manque comme d'un défaut fondamental auquel visent à répondre, sur des modes différents, ce que la psychologie entend habituellement comme objets de désirs (au pluriel). Le désir inconscient se conçoit donc comme distinct du besoin (issu d'une tension interne d'ordre biologique) et comme indexé à l'existence des traces mnésiques.

- Si l'on repart de l'expérience primitive de satisfaction, on peut donner avec Freud la définition suivante du désir : <L'image mnésique d'une certaine perception reste associée à la trace mnésique de l'excitation résultant du besoin. Dès que ce besoin survient à nouveau, il se produit, grâce à une liaison qui a été établie, une motion psychique qui cherche à réinvestir l'image mnésique de cette perception et même à évoquer cette perception, c'est-à-dire à rétablir la situation de la première satisfaction : une telle motion est ce que nous nommerons désir; la réapparition de la perception est l'accomplissement de désir> (L'interprétation des rêves). En définissant le rêve comme la <réalisation symbolique d'un désir refoulé> ou encore le fantasme comme la réalisation hallucinatoire du désir, Freud confirme bien le sens qu'il accorde au désir inconscient : la psychanalyse n'est-elle pas tout entière ouverte à cette reconnaissance du désir inconscient, qui ne se donne que comme travesti, déformé ou voilé ? (Pierre Fédida, "Dictionnaire de la Psychanalyse", page 103)>>.


(b) Le désir n'est pas tributaire du manque, mais il précède la demande.


(c) Le désir n'est pas le propre de l'homme. Les machines désirantes ont participé à l'évolution et à la co-évolution qui ont donné l'espèce humaine. Mais le défaut d'instinct et l'espace cérébral du néo-cortex lui donnent toute possibilité de se manifester.


(d) Voir Désir de totalité. Désir distrait. Désir prime sur la tendresse. Désir primaire. Désir sexuel. Deux désirs. Désir qui n'en finit pas. Sens de l'hallucination.


(e) Lire "Travail Narration".




(B) Terme de Philosophie.



(a) Le désir chez Emmanuel Levinas.


- <<Le mouvement positif qui se porte au-delà du mépris ou de la méconnaissance de l'autre, c'est-à-dire au-delà de l'appréciation ou de la prise, de la compréhension et de la connaissance de l'autre, Levinas l'appelle métaphysique ou éthique. La transcendance métaphysique est désir. Ce concept du désir est aussi anti-hegelien qu'il est posible. Il ne désigne pas le mouvement de négation et d'assimilation, la négation de l'altérité d'abord nécessaire pour devenir "conscience de soi", "certaine de soi" (Phénoménologie de l'esprit et Encyclopédie). Le désir est au contraire pour Levinas le respect et la connaissance de l'autre comme autre, moment éthico-métaphysique que la conscience doit s'interdire de transgresser. Ce geste de transfression et d'assimilation serait au contraire une nécessité essentielle selon Hegel. Levinas y voit une nécessité naturelle, prémétaphysique et il sépare, dans de belles analyses, le désir de la jouissance, ce que ne semble pas faire Hegel. La jouissance est seulement différée dans le travail : le désir hegelien ne serait donc que le besoin au sens de Levinas. Mais les choses paraîtraient plus compliquées, on s'en doute, à suivre minutieusement le mouvement de la certitude et de la vérité du désir dans la "Phénoménologie de l'esprit". Malgré ses protestations antikierkegaardiennes, Levinas rejoint ici les thèmes de "Crainte et Tremblement" : le mouvement du désir ne peut être ce qu'il est que comme paradoxe, comme renoncement au désiré. (Jacques Derrida, "L'Ecriture et la Différence", pages 137-138, Violence et métaphysique, II. Phénoménologie, ontologie, métaphysique)>>.






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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Mardi 1 er Juillet 2008



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