Notion
(A) Généralités.
(a) Apparition. Le mot féminin <notion> est attesté en 1570 dans le dictionnaire de Vaganay, avec le sens de "connaissance". On emploie encore, dans ce sens, la locution <j'ai des notions>. En 1690, Jacques Bénigne Bossuet l'emploie dans le sens de "concept".
(b) Définition. Une notion est :
- une "idée qui se forme dans l'esprit" ;
- une "connaissance rudimentaire".
(c) Etymologie. Le nom latin féminin <notio, onis> signifie "connaissance", "notion", "idée", "droit de connaître d'une affaire", "compétence", "enquête", "instruction", "enquête du censeur", "flétrissure infligée par le censeur". Il se rattache à <notus, a, um>, participe passé du verbe <nosco, is, novi, notum, noscere> signifiant "prendre connaissance de", "examiner", "étudier", "connaître", "savoir".
(d) Parent linguistique. L'adjectif <notionnel> date de 1701.
(d) Voir A partir d'un mot. Pensée collective.
(B) Epistémologie génétique.
(a) Les notions sont le contenu de l'intelligence.
(b) Par opposition aux déplacements du niveau sensori-moteur, qui s'effectuaient matériellement, de proche en proche, l'un après l'autre, les notions, abstraites et construites, permettent une représentation d'ensemble, simultanée, extra-temporelle.
(c) Jean Piaget montre que les notions ne dérivent pas directement de la perception. Les notions sont construites.
(d) Citations :
- <<Pour ce qui est des notions, la thèse minimale de l'empirisme est que leur contenu est tiré de la perception, leur forme consistant simplement en un système d'abstractions et de généralisations, sans structuration constructive, c'est-à-dire source de liaisons étrangères ou supérieures aux relations fournies par la perception. Nous allons au contraire constater qu'une telle structuration se manifeste sans cesse, qu'elle procède de l'action ou des opérations, et qu'elle enrichit les notions de contenus non perceptifs (en plus naturellement des informations tirées de la perception), parce que, dès le départ, le schématisme sensori-moteur dépasse la perception et qu'il n'est pas en lui-même perceptible (Jean Piaget, "Psychologie de l'Enfant", page 36)>>.
- <<La méthode à suivre, pour discuter le problème, consiste à choisir un certain nombre de notions dont on connaît bien l'évolution préopératoire et opératoire et à analyser les perceptions correspondantes (par exemple les perceptions de la vitesse pour les notions de vitesse, etc.) de manière à décider si elles suffisent ou non à rendre compte de ces notions. On trouve à cet égard quatre sortes de situations. La première (situation I) est celle où perception et notion (ou prénotion) apparaissent au même niveau (sensori-moteur), la notion étant alors constituée par un schème sensori-moteur et non pas encore représentatif. Nous avons vu (...) des exemples de ces relations (objet permanent et constantes perceptives ou effet tunnel, causalité sensori-motrice et perceptive) qui sont en ce cas des relations d'interaction, le schème sensori-moteur ne pouvant se réduire aux structures perceptives correspondantes. Les situations II à IV se présentent, comme on va le voir, quand la formation des perceptions précède de beaucoup celle des notions correspondantes, celles-ci consistant cette fois en concepts représentatifs (Jean Piaget, "Psychologie de l'Enfant", page 37)>>.
- <<De façon générale, il est ainsi exclu de concevoir les notions d'intelligence comme étant sans plus abstraites des perceptions par de simples processus d'abstraction et de généralisation, car, outre des informations perceptives, elles comportent toujours plus de constructions spécifiques de nature plus ou moins complexe (Jean Piaget, "Psychologie de l'Enfant", page 39)>>.
(e) La notion d'ordre ne se confond pas avec le fantasme d'ordre.
(f) Voir Constructivisme. Perception. Réversibilité.
(g) Sur le site web du Réseau d'Activités à Distance :
http://rad2000.free.fr/piaget01.htm
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Mis en ligne le Vendredi 27 Juin 2008
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