Connaissance


(a) Nous définissons la connaissance comme la capacité de comprendre, d'interpréter et d'utiliser les sources d'information. En conséquence, la connaissance n'est pas l'information. Mais il faut reconnaître que les deux mots sont souvent employés l'un pour l'autre (y compris, parfois, par nous-même).


- <<C'est comme tu dis : la connaissance est ce qu'il a de plus 'excitant' au monde, et c'est bien pourquoi je suis, aujourd'hui comme hier, entièrement captivé par mon travail. (lettre de Dietrich Bonhoeffer, en prison, à son ami le pasteur Bethge)>>.


- <<Jean Kovalevsky : Je rebondis sur ce que Jean-François Lambert nous a dit. Il y a actuellement des tonnes de connaissances qui sont faites automatiquement par des satellites ; on fabrique des catalogues de millions d'étoiles directement à partir de ces mesures automatiques et cela constitue une connaissance utilisable directement. On ne sait pas, parmi ces lignes de catalogue, quelle étoile a été observée et vue par un observateur et laquelle est issue d'une observation automatique suivie de calcul. Elles ont le même statut. Je crois que nous allons vers une époque où une partie importante de la connaissance sera acquise indépendamment de l'homme.

Dominique Laplane : Mais si ce sont des millions de données qui n'ont pas été interprétées, ce n'est pas une connaissance.

Jean-Michel Alimi : Il faut distinguer la notion d'accumulation d'informations au sens de l'accumulation de données de la notion de connaissance.

Jean-François Lambert : Le catalogue de Jean Kovalevsky a, dans son raisonnement, une réalité objective que j'accepte et que je partage : il n'est pas besoin d'un homme dans le satellite pour dresser le catalogue. Cependant, ce catalogue ne devient une connaissance pour moi que le jour où j'en prends connaissance, où je suis dans une situation cognitive. (Académie des Sciences Morales et Politiques)>>.


- <<Même quand elle est incarnée sous une forme statique telle qu'un livre ou un disque dur, l'information reste un événement qui vous arrive lorsque vous la libérez mentalement du code permettant de la stocker. Mais qu'elle soit transmise au rythme de tant de gigaoctets par seconde ou de tant de mots par minute, le véritable décodage est un processus qui ne peut être effectué que par et dans un esprit, un processus qui doit se dérouler dans le temps. On pouvait voir, il y a quelques années, une vignette dans le "Bulletin of atomic scientists" qui illustrait ce point à merveille. Dans ce dessin, un cambrioleur braquait son pistolet sur un type à lunettes qui avait l'air d'avoir emmagasiné beaucoup d'informations dans sa tête. «Vite, disait le bandit, donne-moi toutes tes idées !» (John Perry Barlow, "Vendre du vin sans bouteilles : l'économie de l'esprit sur le réseau global", document du web)>>.


(b) L'information est une mémoire statique. La connaissance est une mémoire dynamique. L'information suppose un support externe. La connaissance ne se trouve jamais que dans la tête d'un individu. Elle est l'ensemble des modèles mentaux d'un individu.


- <<Pour Breton, une confusion entre information et connaissance, pour des raisons qui sont souvent d'un ordre marchand, se développe. Car la connaissance n'est pas un stock, un produit fini et stable. Il est frappé par l'actualité de la position de Socrate, qui disait : l'écriture ne peut saisir le savoir, car le savoir, contrairement à l'information, n'existe pas en dehors de l'homme. Il pense que la vogue actuelle du multimédia éducatif joue de cette confusion. ("Pierre Lévy : l'intelligence collective", document du web)>>.


(c) Pour transmettre des connaissances d'un individu à un autre, il faut expliciter, sous forme d'informations, les connaissances d'un individu (enseignant). L'apprenant doit ensuite assimiler les informations dans son cerveau, à partir de ses propres schèmes mentaux ou représentations.


(d) Contrairement à ce que voudraient faire croire certaines sectes ou certains gadgets de management, il n'y a pas moyen de transmettre directement les connaissances.


(e) Citations :


- La connaissance est le <<calmant suprême de la volonté (Schopenhauer)>>.


- <<... le problème clé de la science est, à un degré supérieur, celui de toute connaissance : la relation du sujet observateur à l'objet observé. (Edgar Morin, "Le paradigme perdu : la nature humaine", page 228)>>.


- <<En quelque recoin écarté de l'univers répandu dans le flamboiement d'innombrables systèmes solaires, il y eut une fois un astre sur lequel des animaux intelligents inventèrent la connaissance. Ce fut la minute la plus arrogante et la plus mensongère de l'histoire universelle : mais ce ne fut qu'une minute. À peine quelques soupirs de la nature, et l'astre se figea, et les animaux intelligents durent mourir. (Nietzsche, "Vérité et mensonge au sens extramoral", in "Oeuvres philosophiques complètes", Gallimard, 1975, volume I, tome 2, page 277)>>.


(f) La connaissance est reconnaissance et répétition, mais, dans le même temps, elle est aussi événement et bifurcation :


- <<Les philosophes ont généralement leur philosophie pour personnalité involontaire, la troisième personne. Ceux qui ont rencontré Foucault, ce qui les frappait, c'était les yeux, la voix, et une stature droite entre les deux. Des éclairs et scintillements, des énoncés qui s'arrachaient aux mots, même le rire de Foucault était un énoncé. Et qu'il y ait disjonction entre la voix et le dire, que les deux soient séparés par un écart, une distance irréductible, signifie seulement ceci : on ne résoudra pas le problème de la connaissance (ou plutôt du «savoir») en invoquant une correspondance, ni une conformité. Il faudra chercher ailleurs la raison qui les entrecroise et les tisse l'un à l'autre. (Gilles Deleuze)>>.


(g) Les connaissances (assimilées, accumulées et intégrées) permettent d'assimiler l'observation d'un phénomène comme un fait, partant, comme une information nouvelle, et d'intégrer cette information comme un nouvel élément de connaissance.


- Selon Jean Piaget (1954), <<une créature a une connaissance à partir du moment où elle s'appuie systématiquement sur ce qu'elle sait pour faire des inférences à propos de propriétés de son environnement qu'elle ne peut pas percevoir (Nathalie Bedoin, "Spécificité de domaine et théories naïves", document du web)>>.


(h) Voir Connaissance biblique. Le verbe se fait chair. Pédophilie. Fantasme du même. Compréhension. Modèle d'intelligibilité.


(i) Lire "Apprentissage Organisationnel". "Réseaux Nomades". "Souris Hommes".


Auteur. Hubert Houdoy. Le 17 Mai 2008.


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