Pensée de groupe


(a) La pensée de groupe est un concept défini en 1972 par Irving Janis.


(b) Le fonctionnement d'un groupe en "pensée de groupe" est une situation dangereuse, car chaque membre s'efforce de s'identifier ou de se conformer à ce qu'il imagine ou croit être la pensée du groupe. C'est donc un exemple de conformisme, dans lequel la pertinence de la pensée par rapport à la réalité risque bien souvent d'être sacrifiée à la conformité de chacun au groupe. C'est ainsi que le groupe peut prendre une décision, dans une apparente unanimité, alors que chaque personne présente est persuadée qu'il s'agit d'une erreur. D'autant que toute déviance individuelle est spontanément réprimée par chacun, avec la meilleure "bonne conscience".


(c) Seul le marginal résolu ose entreprendre une action, contre le groupe, pour faire admettre la réalité. C'est le thème de nombreux films (avec Robert Redford, Harrisson Ford) aux Etats-Unis, pays dont le conformisme est considérable.


(d) Référence :


- <<Les huit symptômes de la pensée de groupe :

L'illusion de l'invulnérabilité : lorsque les groupes se croient intouchables, ils ont tendance à réprimer la dissidence.

La croyance en la supériorité morale du groupe : lorsqu'un groupe pense qu'il est moral, il a tendance à ignorer sa propre immoralité.

La rationalisation : un groupe est plus soudé lorsqu'il justifie collectivement ses actions.

La transformation de l'opposant en stéréotype : lorsqu'un opposant est considéré avec partialité ou avec des préjugés, les affirmations qui contredisent les convictions du groupe sont ignorés.

La pression de la conformité : une forte pression est exercée sur les individus pour qu'ils s'alignent sur la volonté du groupe et pour qu'il ne soient pas en désaccord avec lui, sinon ils sont ostracisés (écartés des débats), voire sanctionnés ou expulsés.

L'autocensure : les membres du groupe préfèrent garder leurs opinions divergentes pour eux, plutôt que de déserter le navire.

L'illusion de l'unanimité : les dissensions internes sont cachées au groupe. Ainsi, elles semblent inexistantes.

Les gardiens de la pensée : certains membres du groupe s'engagent activement à protéger le groupe de toute dissidence ou information contraire.

(Wikipedia, article "La pensée de groupe")>>.


(e) De tels mécanisme ont été mis en évidence par Flament dans "Réseaux de communication et structures de groupe",


(f) Le mécanisme de l'obéissance individuelle à l'idéal du groupe a été illustré par les expériences de Stanley Milgram, décrites dans son ouvrage "Soumission à l'autorité" (Calmann-Lévy, Paris, 1974).


(g) Dans un contexte de pensée de groupe, le choc d'une découverte ou d'une révélation, mettant brutalement fin à une stratégie d'ignorance, peut enclencher un processus de déni, qui conduira de la naïveté à la perversion. Ce peut être une explication du négationnisme, surtout s'il est confronté à la figure totalitaire d'une vérité officielle.


(h) Une intuition littéraire de la pensée de groupe, bien avant les crimes "massifs" de Lénine et Staline.


- <<– Oh ! les condamnations à mort ne leur coûtent rien à prononcer, ils sont là trois hommes et demi qui ont vite fait de libeller des sentences capitales sur des papiers revêtus de cachets. Et vous croyez qu'ils sont capables de les mettre à exécution !

– Il y a du vrai et du faux dans votre manière de voir, répondit Nicolas Vsévolodovitch sans se départir de son ton flegmatique et indifférent. – Certes, la fantaisie joue ici un grand rôle comme dans tous les cas semblables : le groupe exagère son importance. Si vous voulez, je dirai même qu'à mon avis il tient tout entier dans la personne de Pierre Verkhovensky. Ce dernier est vraiment trop bon de ne se considérer que comme l'agent de sa société. Du reste, l'idée fondamentale n'est pas plus bête que les autres du même genre. Ils sont en relation avec l'Internationale, ils ont réussi à recruter des adeptes en Russie, et ils ont même trouvé une manière assez originale... mais, bien entendu, c'est seulement théorique. Quant à ce qu'ils veulent faire ici, le mouvement de notre organisation russe est une chose si obscure et presque toujours si inattendue que, chez nous, on peut en effet tout entreprendre. Remarquez que Verkhovensky est un homme opiniâtre.

– Cette punaise, cet ignorant, ce sot qui ne comprend rien à la Russie ! protesta avec irritation Chatoff.

(Fiodor Dostoïevski, "Les Possédés", traduit du russe par Victor Derély, Librairie Plon, Paris, 1886, Partie II, Chapitre I, La Nuit)>>.


(i) Voir Erreur collective. Naïveté criminelle. Pensée collective. Racisme. Solidarité dangereuse.






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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Vendredi 27 Juin 2008



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