Référence


Terme de Sémiotique.


(a) Parler d'une personne ou d'une chose, c'est faire référence à cette personne ou à cette chose. La référence (ici la Lune, satellite naturel de la Terre) peut prendre diverses formes :


- directe et explicite : - <<La nuit – une belle nuit du mois d'août – était splendide, calme, sereine, illuminée par une lune éclatante et pure ; l'atmosphère était transparente et d'une douceur veloutée ; il faisait bon vivre ! Après le souper, Maggie s'était mise au piano et avait joué quelques morceaux, sur l'instante requête de l'artiste ; chacun s'était assis au hasard sous l'immense portique dont l'ampleur occupait la moitié de la maison. (Gustave Aimard, "Jim l'Indien", Chapitre III, Une visite)>>.


- indirecte ou métaphorique : <<Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth ;

Les astres émaillaient le ciel profond et sombre ;

Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l'ombre

Brillait à l'occident, et Ruth se demandait,

Immobile, ouvrant l'oeil à moitié sous ses voiles,

Quel dieu, quel moissonneur de l'éternel été

Avait, en s'en allant, négligemment jeté

Cette faucille d'or dans le champ des étoiles.

(Victor Hugo, "La Légende des siècles", 1877, Partie 2, D'Eve à Jésus, Booz endormi)>>.


- fallacieuse : <<Mais si quelqu'un monte aux cieux

Moins que moi j'y paie des prunes

Y a cent sept ans qui dit mieux,

Qu' j'ai pas vu la lune

(Georges Brassens, "Auprès de mon arbre", chanson)>>.


(b) Quand on cite un auteur, dans une conversation, un auditeur peut demander la référence (auteur, ouvrage, éditeur, année, chapitre, page), c'est-à-dire l'ensemble des informations nécessaire pour retrouver le texte du passage cité.


(c) La référence est la relation du signe linguistique au référent non-linguistique et non-sémiotique. Tout contact avec la réalité (en référence) passant par un système de représentations ou un système de signes, la référence se trouve être une certaine corrélation entre les éléments de deux sémiotiques.


(d) La référence a une définition bien précise en sémiotique :


- Citation : <<(1) Au sens général, la référence désigne la relation orientée, le plus souvent non déterminée, qui s'établit (ou est reconnue) entre deux grandeurs quelconques.

(2) Traditionnellement, le terme de référence dénomme la relation qui va d'une grandeur sémiotique vers une autre non sémiotique (=le référent), relevant, par exemple du contexte extra-linguistique. Dans cette perspective, la référence, qui unit le signe de la langue naturelle à son <référent> (objet du <monde>), est dite arbitraire dans le cadre de la théorie saussurienne, et motivée (par la ressemblance, la contiguïté, etc) dans la conception de Ch.S. Peirce. Si on définit le monde du sens commun comme une sémiotique naturelle, la référence prend la forme d'une corrélation entre éléments, préalablement définis, de deux sémiotiques.

(3) Dans le cadre de la seule sémiotique linguistique, les références s'établissent tout aussi bien à l'intérieur de l'énoncé (grâce en particulier aux procédures d'anaphorisations) qu'entre l'énoncé et l'énonciation (les déictiques, par exemple, ne renvoient pas à des éléments fixes du monde naturel, ils n'ont de sens que par rapport aux circonstances de l'énonciation). Lorsque la référence s'instaure entre des discours différents, on parlera alors d'intertextualité. (Greimas, Courtès, "Dictionnaire raisonné de Sémiotique", page 310)>>.


(e) Notre connaissance des objets du monde (l'Univers) passant par des sensations et des signaux de l'un ou l'autre de nos cinq sens, nous élaborons des sémiotiques corporelles distinctes. Nous construisons et nous élargissons notre référent intersémiotique par une succession d'exercices d'intersémioticité.


(f) L'auto-référence est la référence d'un texte ou d'un discours à lui-même. Prenant en défaut une logique qui se voudrait parfaitement dichotomique, l'auto-référence est source de paradoxe. Le barbier qui rase tous ceux qui ne se rasent pas eux-mêmes se rase pourtant lui-même !


(g) Un romancier peut, sous une forme indirecte, parler de lui-même, de ses livres et de son co-éditeur français (Hubert Nyssen, éditeur d'Actes Sud, en Arles), dans un de ses romans.


- <<A mon retour de San Francisco, je n'ai trouvé aucun travail intéressant. J'ai alors demandé et obtenu une bourse me permettant d'entrer à l'Ecole de traduction et d'interprétation de l'Université de Genève. Une fois rendue là-bas, j'ai profité de mes temps libres pour visiter les pays voisins. Un jour que je passais par Arles, dans la vallée du Rhône, et que j'avais posé mon sac à dos sur un quai, étant aux prises avec une vague de mélancolie, j'ai été abordée très poliment par un petit moustachu qui avait d'épais cheveux gris et fumait la pipe. Après avoir partagé avec moi son sandwich jambon-beurre et son café, il m'a invitée à boire un cognac au bar voisin. C'est difficile à croire, mais le bar faisait partie d'une librairie qui, elle-même, faisait partie d'une maison d'édition. Quand il a reconnu mon accent, le moustachu m'a dit que la maison venait de publier en coédition un romancier québécois dont le nom de plume était Jack Waterman. Ce n'était pas un de mes auteurs préférés. Le moustachu m'a tout de même donné un exemplaire du roman et j'ai lu, à l'endos, qu'il était question de la Piste de l'Orégon. C'est à ce moment précis que l'idée m'est venue de traduire monsieur Waterman en anglais. (Jacques Poulin, "La Traduction est une histoire d'amour", Léméac / Actes Sud, 2006, pages 18-19, Chapitre 3, Les Feuilles mortes)>>.


(h) Voir Arbitraire du signe. Métaphore. Métonymie. Monde naturel. Paradoxe du langage. Référent apparent. Référent lointain. Signe.


(i) Lire "Réalité Représentations". "Trois Niveaux".






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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Lundi 30 Juin 2008



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