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Thématique de la Globalité

Globalité. Une globalité est un ensemble d'organisations réelles qui ne sont pas emboîtées hiérarchiquement les unes dans les autres. Chacune d'elles se reconnaît donc une extériorité qu'elle ne domine pas, qu'elle n'assimile pas et qu'elle n'intègre pas. Dans une globalité, les échanges sont possibles entre les organisations. Les relations avec l'Univers ne sont pas de pure explication. Les organisations réelles ont conscience d'avoir des relations énergétiques et matérielles avec un système naturel dans lequel elles trouvent les conditions de leur développement. Dans une globalité, les organisations sont interdépendantes. Une globalité est un système ternaire qui reconnaît les trois fonctions politiques. Les fonctions guerrières, signifiantes et productives tendent à se transformer grâce à leur intériorisation progressive par un nombre croissant d'individus. Les institutions sociologiques perdent leurs caractères d'organisations réelles. Elles se transforment en discours cohérents. Ceux-ci peuvent être supportés par des supports livresques ou informatiques. Ces discours qui sont assimilés par les individus au lieu que les individus soient assimilés par les mimétismes institutionnels. Cette intériorisation des discours développe des instances psychiques. Le développement de l'autonomie psychologique prend le pas sur le conditionnement sociologique (mimétisme, conformisme, rôles, statuts). Les conflits idéologiques régressent au profit du dialogue intérieur. La personnalité individuelle est favorable aux développement des compétences. Les compétences individuelles renforcent la réactivité des organisations productives. La réactivité des organisations productives est plus efficace que les conflits idéologiques ou militaires des Etats.

Globalisation. Une rivalité d'Etats déconcentrés se transforme en globalité quand un échec guerrier s'accompagne d'un succès sémantique et productif:

Système englobant, texte. Robinson appartient à un système plus vaste. Il est toujours contemporain d'autres présences (géologiques, météorologiques) et d'autres existences (animales, végétales). Quoiqu'il fasse, il y a toujours co-présence, coexistence. Bien qu'unique, il n'est pas seul. Cette simultanéité des présences et des existences se manifeste dans l'occupation de l'espace. La simultanéité des actions et des processus constitue un système de contraintes et d'interdépendances. Robinson est pris dans un système englobant. D'où le temps englobant du système et les temps englobés des multiples processus. Mais ces présences et ces existences étrangères ne sont pas toujours admises. C'est le refus de la globalité.

Refus de la globalité, texte. Les pulsions de mort tendent à réduire les présences étrangères et à supprimer les existences antagoniques. D'où la haine et la pulsion de destruction. Lors de son arrivée sur l'île, tant qu'il n'admettait pas son naufrage et sa solitude, Robinson était la proie du désespoir. La haine de sa situation ne lui permettait pas de contrôler ses pulsions de destruction. Ce conflit psychique était à l'origine de son angoisse. Tant qu'il n'était pas capable d'admettre la globalité, Robinson s'est livré à un travail de romain, à la compulsion de la construction de sa palissade. Cet espoir de clôture de son espace était la tentation de construire une totalité. C'était aussi la tentative de construire un discours clos. C'est pourquoi, à cette époque de l'épreuve qualifiante, Robinson est sujet au délire.

Admettre la globalité, texte. C'est dans la mesure où Robinson va admettre la globalité de l'île et de l'Univers qu'il va dépasser la dialectique de la diachronie et de la synchronie. La seule diachronie de l'individu Robinson le portait à une vision moniste de l'Univers. C'est la caractéristique du narcissisme primaire. La seule synchronie des présences et des existences le portait à faire de l'île une totalité. L'opposition de la diachronie et de la synchronie, sa lutte contre le reste de l'Univers, l'aurait conduit à la paranoïa. Robinson admet la globalité de l'île au fur et à mesure qu'il assume les trois fonctions politiques: prêtre, guerrier et producteur. Par le même mouvement, il introduit la diversité des instances psychiques au sein de sa personnalité.

Participer à la globalité, texte. Robinson décide de participer à la globalité de l'île. C'est ainsi que se constitue l'organisation Crusoé. Cette organisation réelle dépasse, transcende, l'individu Robinson. Le plus souvent, elle survit à la mort de l'individu. Mais il faut éviter que l'organisation ne se transforme en totalité. C'est ce qu'il se passe lorsque l'organisation, plus pérennes que l'individu, se croit dotée des attributs de l'éternité. Certaines organisations se sont fait une spécialité de proposer la vie éternelle. C'est généralement pourquoi les individus acceptent de s'y fondre. Or, les organisations sont mortelles. Contrairement à nous, Robinson est bien placé pour le savoir. C'est pourquoi l'organisation Crusoé ne se constitue pas en une totalité. Travailler dans une organisation est une manière de participer à un mouvement global. C'est le moyen d'échapper à trois dangers:

Hubert Houdoy

Créé le 1 Mars 1998

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Mise à jour: 16/07/2003