Voies Romaines et Chemins de Compostelle dans le canton de Saint-Jean-Soleymieux


Conférence donnée par Hubert Houdoy à la Mairie de Marols le Vendredi 2 Février 2001




Introduction.


Les monts et la plaine du Forez.


Passage des chasseurs du Paléolithique : L'Ance et la Mare.


Limite orientale des mégalithes.


Chemins celtiques entre Ségusiaves, Arvernes et Vellaves.


Voies romaines.


Chemins romeux vers le Puy-en-Velay et Saint-Jacques de Compostelle.


Des frontières mobiles au gré des oppositions et des alliances seigneuriales.


Les départements de la Révolution Française.


Conclusion. Bibliographie.





Introduction


Le titre de la conférence, "Voies Romaines et Chemins de Compostelle dans le canton de Saint-Jean-Soleymieux", demande quelques explications. Les "Voies Romaines" et les "Chemins de Compostelle" ne sont pas les créations d'un "canton de Saint-Jean-Soleymieux".


Aux premiers temps des voies romaines, il n'y avait pas de Saint-Jean-Soleymieux. Et, même aux temps des grands pèlerinages vers Saint-Jacques de Compostelle, il n'y avait pas d'organisation cantonale des Ponts et Chaussées, des Juges de Paix ni de la Gendarmerie. Le canton regroupe d'anciennes paroisses. Canton et Conseil Général sont des créations de la Révolution Française, entre 1790 et 1800. Pour cet exposé, le "canton" de Saint-Jean-Soleymieux sera le bassin hydraulique de la Mare et les montagnes qui le bordent. Je m'efforcerai d'illustrer, par des exemples locaux, des mécanismes de constitution de voies de communication, qui dépassent très largement notre petite région. Mais les exemples anciens se font rares. Aussi, emprunterai-je parfois à la Vallorgue et aux "Alentours de Saint-Bonnet-le-Château".


Le lien entre les voies romaines (il y a 2 000 ans) et les chemins de Compostelle (il y a 1 000 ans) est plus évident. Dans notre région, les chemins vers Saint-Jacques de Compostelle (au nord-ouest de l'Espagne), ont réutilisé des voies gallo-romaines. La plus importante est la voie Bolène. Elle reliait Lyon à Bordeaux. La Bolène passait par Feurs, Moingt, Saint-Paulien, Rodez et Agen (capitale des Nitiobriges, alliés de Rome).


- Pour aller de Lyon à Bordeaux, on passait par de grandes capitales, pour des raisons administratives. Mais, entre ces capitales, on prenait la voie la plus courte, en fonction des moyens de transport et du relief. D'où notre première partie : "Les monts et la plaine du Forez".


- Il faut corriger tout de suite une erreur de perspective, trop courante dans le passé. Parce que les voies romaines sont les premières à avoir laissé des traces, écrites (des textes), sculptées (des inscriptions monumentales, des bornes) ou dessinées (la Table de Peutinger), il ne faut pas en conclure qu'elles sont les premières voies de communication. Déjà les chasseurs du premier âge de pierre, le Paléolithique, ont sillonné notre région. Ils chassaient le sanglier, le cerf et le chevreuil. Ces animaux colonisaient les monts du Forez, au fur et à mesure que les glaciers, les rennes et les mammouths les abandonnaient. D'où notre seconde partie : "le passage des chasseurs du Paléolithique : l'Ance et la Mare".


- Avec l'invention de l'agriculture et le nouvel âge de pierre, le Néolithique local connaît une organisation villageoise beaucoup plus développée. Nous en avons des traces avec les dolmens, les menhirs et les pierres branlantes de la région. D'où notre troisième partie : "la limite orientale des mégalithes".


- Les monuments de grandes pierres, comme le dolmen de Luriecq, datent de 3 000 ans ou de 2 500 ans avant Jésus-Christ. A cette époque, il n'y avait pas de druides, ni de Celtes, dans la région. Les druides, ces prêtres des peuples Celtes, sont venus en Gaule vers 500 ans avant Jésus-Christ. Les divers peuples Celtes, encore un peu nomades, ne formaient pas un pays uni. Notre région est au carrefour de trois peuples celtes, dits Gaulois. D'où notre quatrième partie : "les chemins celtiques entre Ségusiaves, Arvernes et Vellaves".


- Parmi les peuples de la Gaule celtique, certains, comme les Éduens et les Ségusiaves, faisaient du commerce avec les Grecs (Massilia), les Phéniciens, les Carthaginois, les Étrusques et les Romains (la Provence qui deviendra la Narbonnaise). Quand Jules César a conquis la Gaule, de 58 à 51 avant-Jésus-Christ, il n'est pas venu dans un pays totalement inconnu. Mais l'organisation romaine a systématisé des échanges commerciaux (poteries, épées) et des alliances militaires (cavalerie) qui ne dataient pas de la veille. D'où notre cinquième partie : "les voies romaines".


- Puis l'empire romain s'est désagrégé sous l'effet de ses guerres internes, de ses transformations religieuses et des invasions de peuples nomades. Pendant des siècles, les documents se font plus rares. Mais, vers l'an mille, lorsqu'ils réapparaissent, on est dans la Chrétienté, avec ses rites et ses croyances. D'où notre sixième partie : "les chemins romeux vers le Puy-en-Velay et Saint-Jacques de Compostelle".


- Aujourd'hui, le canton de Saint-Jean-Soleymieux est dans le département de la Loire. Il y a bien longtemps, les vallons de la Mare étaient dans le pays des Ségusiaves. Puis, ils furent dans le comté du Forez. Mais, au Moyen Age, tout comme les chemins, les frontières du Forez avec l'Auvergne et le Velay n'ont cessé de bouger. D'où notre septième partie : "des frontières mobiles au gré des oppositions et des alliances seigneuriales".


- Pendant des siècles, le Rhône et la Loire ont été le domaine des Ségusiaves puis une partie du royaume des Burgondes ou de Bourgogne. Jusqu'au troisième quart du XX ème siècle, le diocèse de Lyon incluait la Loire. Et, même sous la Révolution, Rhône-et-Loire n'ont d'abord formé qu'un seul département. D'où notre huitième et dernière partie : "les départements de la Révolution Française".




Partie I.

Les monts et la plaine du Forez.


A toutes les époques de son Histoire, très courte à l'échelle de celle de la Terre (4.6 milliards d'années) ou de celle de l'Univers (15 milliards d'années), l'Humanité (5 millions d'années) a du tenir compte de la géologie et du relief pour choisir ses lieux de résidence et les itinéraires de ses déplacements. Le Forez fait partie du Massif Central, une très vieille montagne rajeunie par les conséquences du plissement alpin. Comme la Grande Limagne de Clermont-Ferrand et comme la plaine d'Ambert, la plaine du Forez est un bassin d'effondrement. Fracturé par les chocs du plissement des Alpes, le socle continental s'est coupé en morceaux. En fonction de leur densité, de leur épaisseur et de la pression du magma interne, certains morceaux de la croûte terrestre se sont effondrés. On parle de grabens. D'autres, leurs voisins, ont été soulevés. On parle de horsts.


La plaine du Forez est un graben : un bassin d'effondrement où coule la Loire. Au Carbonifère (ère Primaire), cet effondrement a contribué à la formation du bassin houiller de Saint-Étienne. Le Stéphanien est la dernière période du Carbonifère. Contrairement au Bassin Parisien, notre région n'a pas été envahie par une mer chaude durant l'ère Secondaire. Il ne s'est donc pas formé de calcaire dans notre région. Faute de grottes et d'abris sous roches importants, et probablement à cause de ses marécages, la plaine du Forez n'a pas abrité autant d'hommes des cavernes (Grotte des Fées de la Baume à Sail-sous-Couzan) que la vallée de la Dordogne.


Les monts du Forez sont un horst : une partie de montagne soulevée. Les forces tectoniques (déformation des terrains) sont dues au flottement de la croûte terrestre sur un magma interne plus ou moins visqueux. Au fur et à mesure du long plissement des Alpes (Secondaire et Tertiaire), ce horst a été à nouveau fracturé. Certains morceaux furent soulevés : le plus haut (Pierre-sur-Haute), mais aussi le plus bas (celui des Côtes du Forez). D'autres se sont effondrés. C'est le cas de la vallée de l'Ance, la Vallorgue, autour de Saint-Anthème.


Sans être très hauts, les monts du Forez forment un vrai pays montagneux, parce que beaucoup de leurs rivières (Lignon, Vizézy, Vidresonne, Curaize, Mare, Ance et Loire) s'enfoncent dans des fractures du socle continental. Le Lignon, le Vizézy et le Bonson coulent, globalement d'ouest en est, des sommets vers la plaine. L'Ance du nord, en Auvergne, coule du nord au sud. Puis elle coule vers l'est et vient rejoindre la Loire. De Montarcher (le Mont Fouet à 1194 m) à l'embouchure de la Semène dans la Loire (430 m), la principale ligne de crêtes est d'orientation générale nord-ouest vers sud-est. Ses sommets intermédiaires sont les suivants : Mont Fouet (1194 m), le Plat (1138 m), Pierre Folle (1120 m), le Montpéroux (1123 m), les Montées (1020 m), les Bruyasses (990 m), le Bois de Gréziecq (960 m), le Suc de Montméal (877 m), le Rochain (850 m). Puis on trouve le plateau, à 800 mètres. De là, les ruisseaux d'Aubagne, de Palemberge, de Rivoire et de Château-le-Bois plongent dans la faille qui canalise la Loire (430 m). Cette ligne de crêtes partage les eaux de l'Ance et de ses tributaires (Andrable, Chandieu), de direction nord-sud ; de celles du Bonson et de ses ruisseaux, de direction est-ouest. C'est cette ligne que rejoint la voie des crêtes et que franchit la voie Bolène, au Pas du Bon Dieu (1 124 m).


Dans ce contexte montagneux, l'originalité géologique du canton de Saint-Jean-Soleymieux, est celle du bassin hydraulique de la Mare. La Mare et ses affluents (le ruisseau de Chantereine, le ruisseau des Gouttes, le Pissotay, l'Ozon, le ruisseau de la Cruzille, le ruisseau de Gueule d'Enfer, le ruisseau du Mont, le ruisseau de Laval, le ruisseau de Valinches, le ruisseau de Chazols, le ruisseau des Cros, etc) coulent tantôt d'ouest en est, tantôt du nord au sud ou du sud au nord. C'est que la région a été soumise aux deux orientations de la fracturation. Les plus grandes failles, de direction nord-sud, ont provoqué l'effondrement de la plaine du Forez, comme celles d'Ambert et de Clermont. Elles ont aussi favorisé les éruptions qui forment la chaîne volcanique des monts d'Uzore. Des failles transversales, de direction est-ouest, ont provoqué les gorges du Lignon, du Vizézy, de la Vidresonne, de la Curaize, du Bonson et de la Loire. Une telle faille transversale a provoqué le pic volcanique de Saint-Romain-le-Puy et celui du Montsupt ; mais aussi le Crozet, à la limite de Saint-Jean-Soleymieux et de Gumières. On retrouve la même faille en Vallorgue, avec les orgues basaltiques de Montpeloux. C'est dans cette faille que coule le ruisseau de Chantereine.


Mais si les failles canalisent le ruissellement des eaux, elles ne sont pas toujours, contrairement aux vallées des Alpes, assez larges pour offrir de bonnes voies de communication. Pourtant, avant d'être équipées de moulins à eau, elles furent un refuge pour le gibier et un lieu de chasse pour nos lointains ancêtres.



Partie II.

Passage des chasseurs du Paléolithique : L'Ance et la Mare.



Pendant l'ère Quaternaire, la Terre a connu ses dernières grandes périodes de glaciation (Gunz, Mindel, Riss et Wurm). Des glaciers se formaient autour de Pierre-sur-Haute (1 637 m). Les glaces descendaient par les vallées glaciaires de la Morte (Chalmazel), de Chorsin (Sauvain), de l'Ance (Saint-Anthème), des Reblats (Valcivières) et du Fossat (Saint-Pierre-la-Bourlhonne). Ils descendaient rarement jusqu'aux plaines, alors que les glaciers des Alpes poussaient jusqu'à Lyon (le Gros Cailloux de la Croix-Rousse). Certains cirques périglaciaires abritent des villages, comme Roche-en-Forez. Plus haut, les lacs de surcreusement ont laissé des tourbières, à Baracuchet (Lérigneux), à la Roche Gourgon (Roche), aux Gourds des Aillères (Sauvain).


Avec le recul et la disparition des glaciers, la faune et la flore changent. Les rennes et les mammouths remontent vers le nord. Au fur et à mesure que la végétation gagne sur les moraines et les fonds glaciaires, les sangliers, les cerfs et les chevreuils se multiplient dans les monts du Forez. Ils se cachent dans les creux escarpés des rivières. Les chasseurs du premier âge de pierre les traquent dans les vaux. Ils les poursuivent sur les monts, à la lisière de l'herbe et de la forêt. Ces premiers foréziens ont nommé les sommets (oronymie) et les rivières (hydronymie). Il nous reste quelques éléments de leurs langages : suc, supt, sap (sommet), Ans, Anz, Az, Oz (rivière), Durole, Duron, Durel (cascade).


Si les failles sont peu propices à la construction des chemins, elles favorisent la reproduction et la croissance du gibier. C'est ainsi que l'Ance et la Mare furent des voies de pénétration et de conquête pour les premiers chasseurs. Ils chassaient par monts et par vaux, selon la saison, selon que les animaux cherchaient ou fuyaient l'ombre et la lumière. Nos ancêtres du Paléolithique ont laissé des pointes de silex, des éléments de flèches et de harpons, sur un lieu de campement, à proximité du Col des Supeyres. A Périgneux, on a trouvé des silex taillés et des poteries très primitives sur le Suc de la Violette.



Partie III.

Limite orientale des mégalithes.



Puis la chasse n'a plus suffi pour nourrir les hommes. La domestication des animaux et la culture des plantes ont fait des progrès, dans un ordre qui peut dépendre des peuples et des régions. Depuis le Proche-Orient, la culture et l'élevage, mais aussi la domestication de l'homme par l'homme et l'esclavage, se sont répandus sur les terres habitées. Au Néolithique, des villages de cultivateurs ont érigé des dolmens et des menhirs, pour leurs rites religieux, pour la sépulture de leurs chefs, pour marquer leur territoire, pour se faire plaisir ou pour plaire à leurs dieux. Dans la région de Noirétable, les pierres branlantes sont une originalité du mégalithisme local.


On sait que les populations qui ont laissé des mégalithes (Bretagne, Auvergne) appartenaient à des peuples de marins et de cultivateurs. Ces marins se sont répandus sur le sol français à partir des côtes de la Méditerranée et de celles de l'Atlantique. Depuis la Méditerranée, ils ont remonté vers le nord. Depuis l'Atlantique, ils ont progressé vers l'est. Nous sommes juste aux limites de leurs progressions. Nos dolmens (Ambert, col de la Croix-de-l'Homme-Mort, Bard, Marcilly-le-Châtel, Marols, Luriecq), nos menhirs (les Rochers à Marols), les rochers polissoirs d'Apinac, les roches à bassin de Daniecq (Usson) et les pierres branlantes (Noirétable, Notre-Dame de l'Hermitage) sont à la limite orientale des mégalithes, pour les peuples venus par l'Atlantique. Ils sont à la limite septentrionale des mégalithes, pour les peuples venus par la Méditerranée.


Bien que cultivateurs, ces peuples n'avaient pas peur de vivre et de cultiver sur les hauteurs. Il s'agissait de survivre, pas d'être rentable pour l'Organisation Mondiale du Commerce. On a trouvé des haches de pierres polies à Saint-Hilaire et à Mizériecq (Saint-Nizier-de-Fornas). Les pollens, déposés et fossilisés au fond des tourbières, nous montrent que, bien avant les gallo-romains, ces peuples avaient commencé à déboiser une partie des Hautes Chaumes. Ces cultivateurs furent sûrement les premiers hommes à tracer des chemins de transport, qui ne soient plus des parcours de chasse ou de cueillette. D'où la valeur protohistorique du dolmen de Luriecq. Tout ceci se passait avant 2 000 avant Jésus-Christ. Il y a donc plus de 4 000 ans.


Durant l'âge du bronze, l'étain a pris une importance stratégique pour les grands empires. L'Égypte et l'Assyrie allaient chercher le minerai (cassitérite) en Malaisie. Les Crétois puis les Grecs le transportaient par bateau de l'île de Wight sur les côtes de la Manche. Puis, en trente jours, à dos de mulet, le minerai traversait la Gaule par le Massif Central. La route de l'étain passait à Sephos (entre la Sauvetat et la Chaulme). Elle longeait le cours de l'Andrable (mot grec signifiant "hommes courageux") de Ferréol aux Vacheries (en face d'Egarande). Elle traversait le Velay pour rejoindre Aubenas, Pont-Saint-Esprit et Marseille (dès 600 avant Jésus-Christ). Là, le minerai d'étain reprenait la mer. A la fontaine de Magnigraule (Chomelix), plusieurs voies se croisaient (dont l'ancêtre de la Bolène) au bivouac des caravanes. Par ce contact entre peuples, la tradition des communautés familiales du Bourbonnais, de Sauvain, de Roche et d'Usson-en-Forez (Lissac, les Garniers) pourraient nous venir de Chaldée.



Partie IV.

Chemins celtiques entre Ségusiaves, Arvernes et Vellaves.



C'est entre 700 et 500 avant Jésus-Christ que de nombreux peuples Celtes se sont installés en Gaule. Ce que nous savons d'eux, c'est par l'intermédiaire de leur conquérant. Le "De Bello Gallico" contient les "Commentaires" de Jules César sur sa "Guerre des Gaules". Pour notre région, il s'agit des Ségusiaves (Forez et Lyonnais), des Arvernes (Auvergne) et des Vellaves (Velay ou Haute-Loire).


La capitale des Ségusiaves était à Feurs, dans la plaine du Forez. Après la conquête romaine, elle deviendra le Forum Segusiavorum qui, par contraction (Forensis) et déformation, a donné les mots Feurs et Forez. A Montarcher, il y avait sûrement ce que les Gaulois nommaient un oppidum, un lieu fortifié, un lieu de repli en cas de guerre et de siège. Montarcher contrôlait les frontières de l'Andrable et du Chandieu. Les caravanes de la route de l'étain passaient en vue de Montarcher. Du chier on pouvait faire des signaux optiques (feux la nuit, fumées le jour) vers d'autres fortifications, comme la Tour en Jarez. Jules César raconte que la prise d'Orléans (Genabum) par les Carnutes était connue des Arvernes le jour même. Nous savons par Strabon, un géographe grec vivant entre 63 et 25 avant Jésus-Christ, que les Ségusiaves faisaient du commerce et de la navigation sur la Loire (Liger), à partir de Bas-en-Basset.


La capitale des Vellaves ("les batailleurs") était Ruessio (l'actuel Saint-Paulien). Pendant longtemps, après la conquête romaine, les irréductibles Vellaves garderont des envies de revanche contre l'envahisseur romain. Rome leur fera payer un tribut (symbole de sa domination). Puis, comme les Arvernes et les Ségusiaves, ils deviendront des citoyens de l'Empire. Saint-Paulien sera jugé assez grand pour qu'Étruscille, une noble étrusque, la veuve de l'empereur romain Dèce, vienne s'y établir après la mort de son mari (251 après Jésus-Christ).


Ce sont les Arvernes de Vercingétorix qui prendront l'initiative de la résistance à la conquête romaine. Les Éduens et les Ségusiaves commerçaient depuis longtemps avec Marseille puis avec Rome. Ils entrèrent tardivement dans la confédération gauloise.


Les gaulois nous ont laissé quelques mots de leurs langues, dans notre toponymie. Pendant longtemps, on a fait dériver du latin le plus grand nombre de mots. On ignorait les langues Celtes, par snobisme pro-romain ou par le monopole du latin dans l'écriture des textes de la Chrétienté. Or, le latin et le celte se ressemblent parfois. Ils dérivent de la même langue indo-européenne. Sur les bords de l'Andrable, à la limite d'Estivareilles et de la Chapelle-en-Lafaye, Égarande est un mot gaulois. On le retrouve ailleurs (Cervières, Pouilly-sous-Charlieu, Rive-de-Gier) sous des formes voisines : Ygarande ou Iguerande. Ces noms sont les déformations de Aygua + Randa, désignant une frontière (randa) marquée par un cours d'eau (Aygua). Dans le Pilat, près d'Égarande et du col de la République, à 4 km du lieu-dit les Trois Croix, on trouve la Pierre des Trois Évêques, point frontière de trois régions romaines (Aquitaine, Lyonnaise et Narbonnaise) et de trois diocèses (Lyon, Vienne et Puy-en-Velay). On retrouve les Égats (les eaux) à Marols, les Eyguettes à Soleymieux et le Plat des Égaux à Saint-Anthème. Le ruisseau d'Aigue Blanche arrose Saint-Hilaire-Cusson-la-Valmitte. Au sud-ouest de Pontempeyrat, Cheyrac-l'Aigue est au bord de l'Arzon.


Le manque d'unité politique et militaire des peuples Celtes de la Gaule ne signifie pas une absence d'échanges économiques, ni d'alliances politiques deux à deux. Les amphores, les poteries et la céramique sigillée de Lezoux, des Martres-de-Veyre (près de Clermont-Ferrand), de la Graufesenque (une véritable industrie, avec comptabilité, près de Millau) ou de Vichy, circulaient jusqu'à Rome, et bien au-delà, dès avant la conquête. Les amphores de l'oppidum d'Essalois contenaient du vin. L'étain anglais traversait nos régions. Il y avait donc des pistes pour les piétons, pour les cavaliers et pour les mules. Et même des routes pour les chars.


Les points de passage (les gués, les cols) étaient connus, mais rarement équipés (ponts, tours, passerelles dans les tourbières). Les zones-frontières étaient parfois des lieux d'échange. Il est probable que le sommet d'Orcerolles, à l'ouest de Pontempeyrat, ait connu de tels échanges. On fait dériver le nom "Usson" du mot celtique "Icidmago" qui signifierait "lieu de marché". Sur les pistes, les distances étaient mesurées en lieues gauloises (2 222 mètres). Mais, faute d'administration, centralisée et normalisée, il n'est pas sûr qu'il y ait eu des bornes leugaires sur ces pistes.


Hypothèse. Du col de la Croix-de-l'Homme-Mort (dolmen) jusqu'à la Cruzille, la ligne brisée qui forme les limites entre Verrières-en-Forez et Gumières, puis entre Chazelles-sur-Lavieu et Gumières et enfin entre Soleymieux et Saint-Jean-Soleymieux, pourrait-être le souvenir d'une piste celtique. Entre la Cruzille et la passerelle d'Annézieux, sur le ruisseau de la Cruzille, on constate un changement dans le type de limite (possible sentier, puis cours d'eau). Depuis des siècles, pour des raisons climatiques, à l'altitude de la Cruzille (la Croix, le carrefour), les "Hauts des Monts du Forez" prennent la suite des "Côtes du Forez".



Partie V.

Voies romaines.



Les plus anciens chemins de notre petite région sont donc des chemins Gaulois, Crétois ou Grecs. Certains ont été pavés ou dallés, donnant des voies gallo-romaines. A proximité ou dans le canton de Saint-Jean-Soleymieux, on trouve cinq voies publiques et une voie privée.


+ 1. Voie Bolène +

Reliant Lyon (Lugdunum) à Bordeaux (Burdigala), la voie Bolène est construite sous l'empereur Auguste, par son gendre Agrippa. Créée en 43 avant Jésus-Christ, Lugdunum est la capitale des 3 Gaules : la Belgique, la Lyonnaise et l'Aquitaine. Burdigala (Bordeaux) est la capitale de la Gaule Aquitaine. Partie de Lugdunum (citadelle dédiée à Lug), passant par Grézieux-la-Varenne, Saint-Bonnet-le-Froid et Saint-Martin-Lestra, la Bolène arrive à Feurs, capitale des Ségusiaves et carrefour de voies. Du Forum Segusiavorum, on traverse la Loire, vers Bigny. La voie d'Aquitaine par Augustonemetum poursuit par Naconne. La Bolène passe à l'Olme-de-Poncins, la Boulène et Montazy. A Chézieux, entre Moingt et Saint-Romain-le-Puy, on a trouvé une borne leugaire en 1858. La Bolène entre dans le canton à Saint-Georges-Haute-Ville. Elle grimpe le Montsupt. A Margerie-Chantagret elle domine les côtes du Forez. Elle traverse la Mare au "Pont" de Soleymieux (un gué pour les romains, un pont "roman", au moyen âge). Avant que n'existe Saint-Jean-Soleymieux, elle passe à La Cruzille. Au Quéret, elle traverse le ruisseau de la Cruzille. Par le Chanelier, elle rejoint le vallon de Gueule d'Enfer. Le béal et la bonde d'un des moulins à eau furent construits juste en aval de la voie. Elle passe à gué et rejoint Ronchevoux, quand Marols n'existe pas encore. Elle monte à Chossy, pour traverser la ligne des crêtes sous Pierre-Folle. Par Montbuzac et Viviers, elle rejoint Egarande. Ce nom désigne la frontière, marquée par l'Andrable, entre les gaulois Ségusiaves et les gaulois Vellaves. On la retrouve à Boulaine, pour traverser le Chandieu. Par Usson-en-Forez (peut-être Icidmago), elle atteint Pontempeyrat (Pons Imperatoris). La voie romaine (le Chemin de César) poursuivait par Saint-Paulien (Ruessium, capitale des Vellaves, bien avant Le Puy-en-Velay), Rodez (Segodunum) et Agen (Aginum). Chez les Vellaves, comme chez les Arvernes, les distances étaient mesurées en miles romains (1 481 m). Noter que Chossy à Marols, la Chaussée à Basse-Cruzille, Chossy et Font Chossy (Dicles) à Périgneux évoquent le support matériel d'une route. Ce n'est pas toujours la même voie, ni la même époque. Les développements de Montbrison (après 1173) et de Saint-Bonnet-le-Château (Castrum-Varii) détourneront les voies antiques. Si Égarande est un nom Gaulois pour une frontière, le nom romain est limes. Un point du limes est nommé Fix. Sur les bords de l'Ance (frontière des Arvernes), le mot a pu donner Laffix (entre Viverols et Saillant) et Le Feyt (vers les sources de l'Ance, à proximité du Jas du Mas). On trouve Rouffix au bord de la Ligonne qui passe à Viverols.


+ 2. Voie de Sury à Changy +

Partant de Saint-Romain-le-Puy, traversant la Bolène à Chézieux, en longeant le Clos Maillon, une voie allait à Changy par Moingt (Aquae Segetae, ville d'eau avec Thermes et Amphithéâtre), Chalain-d'Uzore, Montverdun, Bourgchanin, Bonlieu, Boën-sur-Lignon, Pommiers, Saint-Polgues, Saint-Alban-les-Eaux, Renaison et Saint-Haon-le-Châtel. Dans l'autre sens, la voie pouvait passer à la Bruyère et Sury-le-Comtal (autre carrefour).


+ 3. Voie de Vienne à la Bolène +

Partant de Vienne, dans la vallée du Rhône, une autre voie militaire remontait la vallée du Gier par Rive-de-Gier, Égarande et Saint-Chamond. Elle passait à l'Étrat, traversait la Loire de Saint-Just à Saint-Rambert (alors nommé Occiacus). Elle poursuivait par Dicles (Font Chossy ?), Fils, Triols, Valinches et le Fraisse (où elle est encore visible). L'Hospitalet et le Treyve (Tres Viae) de Saint-Marcellin-en-Forez sont des souvenirs de son passage. Dans les bois, entre Marols et Montarcher, elle rencontrait la voie Bolène au Pas du Bon Dieu. Noter que nombre de bourgs et de hameaux cités n'existaient pas, en tant que tels, au dernier siècle avant Jésus-Christ. Au contraire, la voie romaine a pu contribuer à fixer des populations, à commencer par des colons romains, les vétérans des légions locales. Le terme "Pas du Bon Dieu" est une invention des moines de Saint-Romain-le-Puy, créateurs de la paroisse de Marols, au XII ème siècle.


+ 4. Voie de Saint-Galmier et Sury +

Partant de Saint-Bonnet-le-Froid et Duerne, près de Lyon, une voie venait à Sury-le-Comtal par Saint-Galmier. Elle passait la Loire vers Rivas. De Sury, on pouvait rejoindre la voie Bolène et la voie venant de Vienne. Entre l'Ozon et la Mare, l'itinéraire pouvait passer par Lucenol (Boisset-Saint-Priest) et Gouttessirave. Il traversait la Mare au Pont de Vérines (près de Saint-Marcellin, un gué avant le XII ème siècle) et Létivant (entre le ruisseau des Cros et la ruisseau de Pouilleux). On retrouvait alors la voie reliant Vienne à la Bolène. Pour la Bolène, avant le développement de Saint-Bonnet-le-Château, on montait jusqu'au Pas du Bon Dieu.


+ 5 Voie des crêtes +

Une voie romaine des crêtes allait du Pas du Bon-Dieu (entre Marols et Estivareilles) à Champoly (près de Noirétable). Partant de la Bolène, elle montait au Nord par le col de Joanziecq (1145 m) et La Sauvetat (Saint-Anthème). Vers Baracuchet, elle rejoignait un itinéraire Gaulois des Hautes Chaumes. Par le Pin (Verrières), Barge, le Palais (Bard), Le Fay, Dovézy (Lérigneux), Le Bouchet et Montvadan, elle desservait des camps romains et des chantiers de défrichement pour les vétérans des légions romaines. Elle poursuivait par les Cognières (Roche), Courreau, la Croix du Treyve (Saint-Bonnet-le-Courreau), le Pont du Diable, le Lignon, Vial, le Mazet, Lestra-Haut et Lestra-Bas (Saint-Laurent-Rochefort), la Grande Jeanne et Champoly. Elle rejoignait les deux voies d'Auvergne. Venues de Feurs, les voies d'Auvergne passaient à Clermont-Ferrand (Augustonemetum) pour rejoindre Bordeaux par le nord : l'une passait par La Poste de Noirétable (Nigrum Stabulum), l'autre par Champoly.


+ 6 Voie privée +

Les voies romaines et les soldats qui les gardaient ont permis l'implantation d'un nouveau type de propriété agricole. La grande villa romaine est généralement esclavagiste. Souvent un général ou un de ses officiers se taillait un domaine. Il utilisait comme esclaves des guerriers vaincus. Il installait autour de lui, sur de petites exploitations (le mas, Chazelle), ses anciens soldats. Destinée à se raccorder à ces voies publiques ou vicinales, une voie privée montait de Saint-Romain-le-Puy aux crêtes, par Saint-Georges-Haute-Ville, Valensanges, Champanet, la Croix de Pierre, les Poizats, Péragut et les Grands Bois. On peut imaginer un chef romain, casant ses vétérans, assurant le ravitaillement des troupes et des marchands fréquentant les voies des alentours. On a trouvé des vestiges romains, dont une statue de Mercure, sur le suc de Marcoux, à la limite de Boisset-Saint-Priest et de Margerie-Chantagret.


Cette voie privée pourrait être une voie impériale, mais officieuse. De 259 à 273, quatre empereurs des Gaules résistent aux Invasions sans l'aide de Rome :

- Marcus Cassianus Latinius Postumus (proclamé empereur en 259, assassiné en 269) ;

- Victorinus (vainqueur de la révolte de Éduens d'Autun en 268, mort en 270) ;

- Caius Pius Esuvius Tetricus (gouverneur d'Aquitaine, rallié à Aurélien en 273, mort en 275) ;

- son fils Tetricus II (nommé César à l'âge de 15 ans).

Les bornes milliaires ou leugaires relatives à la Bolène, trouvées entre Feurs (4 au même endroit) et Saint-Paulien, évoquent une campagne de réfection de la voie entre 234 et 238 après Jésus-Christ. Or, en 238, pas moins de quatre empereurs s'opposent à Maximin. En 252, en 258, en 260 et en 275, les Francs et les Alamans pénètrent en Gaule. A la même époque, Austremoine évangélise le pagus d'Augustonemetum. Pour faire face aux invasions, l'armée romaine doit donner la première place à sa cavalerie (souvent constituée de Gaulois et de Sarmates). Vers 268 ou 269, un trésor de 1 328 deniers d'argent est enfoui à Aquae Segetae. La ville est incendiée par les Alamans. En 274, lors de son triomphe à Rome, après le ralliement de Tetricus, l'empereur Aurélien institue le culte officiel du Soleil invincible (Sol invictus). Ce culte expliquerait les lieux nommés la Roue, Solier et Haut Solier. En 280, Lyon perd le monopole de la route du vin en Gaule. La culture de la vigne se généralise. Les Moingtais se recyclent dans le vignoble. Les officines de céramique sigillée du centre de la Gaule disparaissent vers 250 ou 275. Les révoltes paysannes (Bagaudes) se font de plus en plus nombreuses et violentes. Malgré les édits de Constantin (315-316), les grands propriétaires s'approprient les terres voire les bras des petits exploitants.



Partie VI.

Chemins romeux vers le Puy-en-Velay et Saint-Jacques de Compostelle.



Avec la conversion de l'empereur Constantin (Édit de Milan, 313), les évêques sont des chefs civils, militaires et religieux. Mais ils résident dans les villes. La campagne, le pagus, échappe souvent à l'emprise de la ville. Sans oublier les révoltes des Bagaudes (de 283 à 638). A partir de Lyon, les chrétiens utilisent les voies romaines pour l'évangélisation et la christianisation de la Gaule. Mais, du III ème au XIII ème siècle, la ville de Feurs, maillon essentiel de la voie Bolène, connaît un grave recul économique et politique. Signe de ce recul, le prieuré et la paroisse de Saint-Nicolas-de-Bolène (X ème siècle) ont disparu. Il ne reste qu'un étang à Boulène.


Avec les Grandes Invasions et la dissolution de l'empire romain (470, les Burgondes s'installent à Lyon), les voies de longue distance sont mal entretenues. Des chemins de courte distance ont tendance à les détourner. La féodalité se met en place, en l'absence de domination centralisée. Puis les comtes de Forez tentent de réorganiser la région. Feurs (en 1302) et Montbrison (en 1308) ont leurs foires, comme les villes de Champagne. La voie Bolène et la voie de Roanne renaissent avec le Grand Chemin de Forez. Cela ne veut pas dire que l'itinéraire soit resté inchangé. A Lavieu, lorsque les comtes de Forez érigent leur plus grande châtellenie comtale, un chemin pierré relie Le Pont à Lavieu. Il passe par Bussy. On a trouvé un cimetière et des pièces de monnaie, datant des III ème et IV ème siècles, sur le Pic de Bussy. Il est possible qu'entre Margerie et Le Pont, le trafic soit détourné par Bussy.


Au IV ème siècle, entre Saint-Georges-Haute-Ville, Saint-Marcellin et Saint-Paulien, le pays fut évangélisée par saint Georges et saint Marcellin. Il y eut plusieurs évêques à Saint-Paulien. Puis, à la fin du IX ème siècle, les contradictions féodales provoquèrent une double élection :

- Norbert de Poitiers est élu évêque du Puy-en-Velay.

- Dans le même temps, Vital, abbé de Saint-Pierre-la-Tour, soutenu par son frère, vicomte de Polignac, est élu par d'autres clercs.

Préfigurant la permutatio de 1173, entre le comte Guy II de Forez et l'archevêque Guichard de Lyon, ils transigent entre eux :

- Norbert est évêque du Puy.

- Le vicomte est seigneur laïc à Saint-Paulien.

Les reliques de saint Georges et de saint Marcellin sont transférées à l'église Saint-Étienne du Puy.


A la fin du IX ème siècle, le Puy-en-Velay a ses reliques. D'ici l'an mille, les pèlerinages, les chemins de Compostelle et les Croisades feront du Puy la nouvelle capitale du Velay. Car le trafic des reliques bat son plein :

- Sur la voie Bolène, Saint-Thomas-les-Nonnains conserve un "morceau" de la "Vraie Croix". Le prieuré est fondé par le comte Guy II de Forez et par son fils, Renaud, archevêque de Lyon.

- Sur la Via Tolosana, Saint-Guilhem-le-Désert a son morceau de Croix. Guilhem ou Guillaume, comte de Toulouse, cousin de Charlemagne, fonde le monastère de Gellone le 15 décembre 804. Il y meurt en 812.

- Vers 810, en Galice, Théodomir, évêque d'Iria Flavia invente les reliques de Saint-Jacques dans un champ étoilé (Compo Stella). Saint-Jacques-de-Compostelle est né. Fils de Zébédée et de Marie Salomé, frère de saint Jean l'Évangéliste, Jacques est l'un des apôtres de Jésus-Christ. Après la mort du Christ, Jacques aurait été chargé de convertir les Celtes de la péninsule ibérique. Sa mission fut un échec. A son retour en Palestine, vers 42, il est décapité. Ses compagnons recueillent sa dépouille, la déposent dans une barque qui ... traverse la Méditerranée, passe les colonnes d'Hercule et s'échoue dans un port de Galice. La ville se nommera bientôt Iria Flavia, en hommage à Titus Flavius Vespasianus (9-79), empereur romain (69-79).

- A Conques, en 866, les moines bénédictins s'emparent des reliques de sainte Foy, une vierge, martyrisée vers 303.

- A la fin du IX ème siècle, Norbert de Poitiers installe des reliques au Puy-en-Velay.

- En 951, Godescalc, évêque du Puy, conduit le premier pèlerinage français à Saint-Jacques de Compostelle. La Via Podiensis, le chemin du Puy à Compostelle, est né.

- En 981, il est fait mention d'un château-fort à Usson.

- En 1063, sur la Via Podiensis, l'abbatiale de Moissac est consacrée.

- Aussi, en 1096, est-ce au Puy-en-Velay que les chevaliers de la première Croisade se regroupent autour d'Adhémar de Monteil, évêque de la ville et légat du pape.


Ainsi, mille ans plus tard, après un relatif abandon, les voies romaines (principalement la Bolène et la voie des crêtes) deviennent des chemins de pèlerinage. Pour aller à Rome on parle de chemins Romeux. Pour aller à Saint-Jacques on parle de chemins Jacquets. Sur la Via Tolosana ou Via Arletanensis, qui relie Rome à la Galice, "Romeux" et "Jacquets" se mêlent. La Via Tolosana passe par Arles, Saint-Guilhem-le-Désert et le col du Somport. Le Guide du pèlerin de Saint-Jacques-de-Compostelle est rédigé vers 1130-1140 par Aimery Picaud, un moine du Poitou. Il donne les bonnes adresses et les renseignements utiles. Venus de toute l'Europe du nord, des pèlerins de Compostelle passent par la Bolène. Ils se regroupent au Puy-en-Velay. Puis ils partent pour l'Espagne et El Camino Frances. Les chemins de Compostelle, le massacre des Albigeois et la Reconquista espagnole se confondent parfois.


Les abbayes de Cluny et de la Chaise-Dieu organisent des étapes, érigent des chapelles (La Chaulme, vers 1150) et construisent des églises (Estivareilles) sur tous ces chemins de pèlerinage.

- En 1073, Séguin d'Écotay est le troisième abbé de la Chaise-Dieu. Le prieur de La Chaulme administre de nombreuses paroisses : Apinac, Églisolles, La Chaulme, La Chapelle-en-Lafaye, Saillant, Saint-Pal-en-Chalancon, Saint-Romain-Valenchères et Usson-en-Forez. De 1344 à 1350, des forgerons de Saint-Bonnet ont participé à la construction de l'abbatiale de la Chaise-Dieu. A La Cître, les prieurs, dépendants de Saint-Romain-le-Puy contrôlent le passage, sur une dérivation de l'ancienne voie Bolène. L'Ousteau, une clôture fermant le chemin, offre un refuge aux pèlerins de Compostelle.


Les Templiers (ordre créé par Hugues de Payens en 1119, supprimé en 1312) puis les Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem installent des hôpitaux.

- En avril 1239, Robert de Saint-Bonnet fait don de Château le Bois à l'hôpital Saint-Jean, à Montbrison.

- Peu avant 1253, Pons du Pont, donzeau, et Mathieu du Pont, clerc, prennent et rançonnent un homme des Hospitaliers de Montbrison.

- En mars 1267, Renaud comte de Forez et Robert de Montrouge, prieur Templier, délimitent la justice de la commanderie de Chazelles-sur-Lyon.

- En 1277, le comte Guy VI de Forez fonde la commanderie de Saint-Jean-de-Montbrison. Bientôt elle prend le pas sur les autres. La commanderie de Saint-Jean-de-Montbrison installe ou contrôle des succursales au faubourg de la Madeleine (commanderie de Saint-Antoine), à l'Hôpital-le-Grand, au Pont de Soleymieux, à Craintilleux (le Temple-de-Vernois), à Gland et à Château-le-Bois (Saint-Maurice-en-Gourgois).

- En juillet 1293, la justice sur l'Hôpital-le-Grand et Méssilleux fait l'objet d'une transaction entre Jean I er, comte de Forez, et Maurice de Hermont, prieur de l'Hôpital de Jérusalem en Auvergne.

- Près du col de la Croix-de-l'Homme-Mort, sur la voie romaine des crêtes, la Sauvetat dépend des Templiers.


Le développement des paroisses a suivi le mouvement des églises de l'An Mille. Chazelles-sur-Lavieu (X), Gumières (XI), Soleymieux (XI), Marols (XI), Lavieu (XII), Saint-Georges-Haute-Ville (XIII), Margerie-Chantagret (XIII), Boisset-Saint-Priest (XIII), Chenereilles (XIII), Saint-Jean-Soleymieux (XIII), La Chapelle-en-Lafaye dépendait de La Chaulme (vers 1150) et Montarcher appartenait initialement à Estivareilles (Ainay de Lyon). Notre-Dame-sous-Terre, la crypte de Saint-Jean-Soleymieux, semble être plus ancienne que le XII ème siècle. Le saint qui donne son nom à la paroisse est saint Jean Baptiste. Comme à Leigneux, il s'agit de la récupération, au profit de l'église chrétienne, d'un très vieux pèlerinage. Une source, les Eyguettes, est réputée soigner la fièvre jaune, la malaria des marais de la plaine. A Marols, près de Valinches, sur le ruisseau de Laval, le lieu-dit "Les Émouloirs" garde le souvenir d'un moulin à eau. On y affûtait les forces, ces grands ciseaux à tondre le drap de laine.


A cette époque, on parlait du comté de Forez, de la châtellenie de Lavieu, des mouvances des seigneuries (la Pierre, le Poyet), de la justice des fiefs Templiers, de la nomination des prêtres à la paroisse de Saint-Jean-Soleymieux, mais pas d'un canton de Saint-Jean-Soleymieux. D'autant que les alliances matrimoniales nobiliaires ne stabilisaient rien. On trouvera principalement les Baffie, les Vert (Chenereilles), les Rochebaron (Usson, Montarcher, Rochebaron), les Saint-Bonnet et la famille de la Roue (Saint-Anthème, Montpeloux).



Partie VII.

Des frontières mobiles au gré des oppositions et des alliances seigneuriales.



A propos d'Égarande, sur l'Andrable, et de Pontempeyrat sur l'Ance, nous avons découvert des frontières entre les Ségusiaves, les Arvernes et les Vellaves. Au nom du mythe des frontières naturelles, tout déplacement de la frontière (Andrable ou Ance) entre le Forez et l'Auvergne a des incidences sur la frontière entre le Forez et le Velay. Le véritable enjeu est le perpétuel conflit du comte de Forez avec l'évêque du Puy-en-Velay.


Montarcher est un château bien avant d'être une paroisse distincte d'Estivareilles. En 1167, le château de Montis Archerii appartient au comte Guy II de Forez. Il en rend hommage au roi Louis le Jeune. En 1186, Durand et Hugues de Montarcher sont moines à l'Ile-Barbe (Lyon). En 1290, le fief passe à la famille de Rochebaron. En 1354, Montarcher est en parage pour Armand II de la Roue. En 1384, Jean, Pierre et Antoine de Montarcher rendent hommage de Montarcher au comte.


Vers 1200, la famille de Saint-Bonnet tient la plus importante seigneurie du Forez. Elle est défendue par quatre châteaux : Miribel (à Périgneux), Château-le-Bois (à Saint-Maurice-en-Gourgois), Leignecq (à Estivareilles) et Montarcher (dont l'hommage est rendu au comte de Forez, avant 1167). Les comtes de Forez ont un réseau de châtellenies à Lavieu, Marols, Saint-Marcellin et Saint-Victor.


A Chenereilles et à Montbrison, la famille Vert a servi les comtes de Forez et les ducs de Bourbon. En 1212, la famille Vert a vendu, au comte Guy IV de Forez, le terrain où fut construit la collégiale Notre-Dame-d'Espérance, à Montbrison. En 1336, à la veille de la Guerre de Cent Ans (1337-1453), Arthaud Vert rend hommage au comte Guy VII de Forez, pour son château de Chenereilles. Le 3 février 1429, tandis que le comte Jean I er de Bourbon est prisonnier des Anglais, sa femme, Marie de Berry, autorise Amédée Vert à requérir 15 hommes des alentours pour le guet et la garde à Chenereilles. C'est là que se réfugient les habitants de Marols et de Saint-Marcellin. En 1455, Amé Vert est seigneur de Veauche et bailli de Forez.


L'est de la Vallorgue n'a pas toujours été dans l'Auvergne. Armand Ier de la Roue est cité comme seigneur du château de la Roue, entre 1223 et 1233. En 1223, Armand I er de la Roue est caution des franchises accordées à la ville de Montbrison par le comte Guy IV de Forez. Les autres garants sont : Guy de Thiers, Hugues III Damas seigneur de Couzan (pris dans le conflit du comte Guy II de Forez et du sire Humbert III de Beaujeu), Robert de Saint-Bonnet et Guillaume de Baffie. Armand I er est le frère aîné de plusieurs hommes d'église : Goyet de la Roue (chanoine et trésorier du Puy, il meurt avant 1285), Pierre de la Roue (chanoine du Puy vers 1245), Guillaume de la Roue (doyen de La Chaise-Dieu, prieur de Savigneux en 1236, prieur de La Chaulme en 1258, et enfin évêque du Puy-en-Velay), Albert de la Roue (prieur d'Usson-en-Forez en 1258 puis de l'Hôpital-sous-Rochefort en 1263). Les seigneurs ne sont pas indifférents aux revenus que génèrent les pèlerinages.


Les seigneurs de Baffie et les comtes de Forez (Guy IV et Guy V de Forez), leurs cousins, se disputaient l'hommage de la famille de Saint-Bonnet. Guillaume I er de Baffie est mort après 1255. Son fils, Guillaume II de Baffie, est mort avant lui, en 1252. Entre 1241 et 1244, une guerre féodale se manifesta par des bandes de pillards. En 1242, à Montbrison, la preuve est faite que le jeune Guillaume de Baffie est un brigand. Le comte Guy V de Forez confie la seigneurie de Montarcher à Robert de Saint-Bonnet. Un arbitrage de 1244 reconnaît aux Baffie la suzeraineté sur Saint-Bonnet, mais il affirme aussi la nécessité d'un hommage des Baffie aux comtes de Forez, pour la seigneurie de Saint-Bonnet. La hiérarchie féodale s'allonge d'un échelon. La frontière est à nouveau sur l'Andrable (Égarande).


Le 24 mai 1291, Robert Damas, fils de Dauphine de Saint-Bonnet, vend la seigneurie de Saint-Bonnet à André du Verney, riche banquier du comte Jean I er de Forez. Cet achat camouflé est suivi d'un mariage. En 1296, Jean I er de Forez épouse Alix de Vienne, fille d'Humbert de Viennois. Ces deux événements font passer 10 paroisses du Velay au Forez : Apinac, Boisset, Estivareilles, Montarcher, Merle, Rozier, Saint-Hilaire, Saint-Pal-en-Chalencon, Tiranges et Usson. En 1295, Briand de Rochebaron, seigneur de Leignec et de Montarcher, entre en conflit avec le prieur d'Estivareilles au sujet de la garde et de la justice. En 1340, Jean Prohet, bailli du Velay, prétend avoir la justice sur ces paroisses du Forez. Une assemblée du Puy décide, le 21 janvier 1345, que ces paroisses constitueront le bailliage du Chauffour. Ceci est confirmé par un accord du comte et de l'évêque, en 1359.


Nous avons évoqué la Sauvetat, aujourd'hui dans le Puy-de-Dôme. C'est un village-refuge, une sauveté de l'ordre des Templiers. Il donne un droit d'asile aux justiciables des châtellenies voisines, la Roue, Montpeloux, Châtelneuf, Écotay et Lavieu. Mais Philippe le Bel fait supprimer l'Ordre des Templiers par le pape Clément V, lors du Concile de Vienne, en 1312. Dans l'incertitude, des garanties sont données aux manants, lors de la définition des limites Forez-Auvergne en 1317. La Sauvetat ne donne pas tous les droits. Entre 1317 et 1360, les habitants de la Sauvetat sont condamnés par le Parlement pour avoir envahi le pré du chevalier Henri, dit Ploton, de Rochebaron.


En 1307, avec le titre de chevalier, Armand de Rochebaron d'Usson rend hommage à l'évêque du Puy-en-Velay pour le village de Boucherolles (Sainte-Sigolène) et la seigneurie (en parage) de Beauzac (hommage souhaité par le comte de Forez). En 1346, son fils, Guillaume de Rochebaron, dit Billaud d'Usson, rend hommage au comte Guy VII de Forez, pour la même seigneurie en parage de Beauzac. Entre 1317 et 1358, les limites du Forez et de l'Auvergne ont connu un sérieux déplacement, dont le véritable enjeu se situait entre le Forez et le Velay, entre le comte et l'évêque, à cause du déplacement de la frontière de l'Andrable à l'Ance.


- Héritier par sa mère, Sybille de la Roue, d'un domaine principalement situé en Auvergne, Bertrand de la Roue (âgé de 14 ans) tardait à rendre hommage à Jean I er de Forez. Un accord fut conclu en 1312. Le comte de Forez acheta littéralement son hommage : une rente de 30 livres et une maison, dite le Colombier, rue d'Écotay, à Montbrison. En 1317, le vendredi qui suit la Toussaint, Jean I er et Bertrand de la Roue décident de planter 200 bornes, pour marquer les limites des châtellenies comtales de Châtelneuf, d'Écotay et de Lavieu, avec la justice des domaines de la famille de la Roue. La ligne frontière passait par Jeansagnières (les Deux Boules), la Grande Pierre Bazanne, la Petite Pierre Bazanne, la Grange-Neuve (entrée de Saint-Anthème), les Pérines (sud de la Sauvetat), le chemin de la Chaulme à Saint-Bonnet-le-Château, Hauteville, la Valette, le Trémolet et Notre-Dame de Chambriac à Usson-en-Forez.


- En 1325, Érail de Rochebaron rend hommage à Jean I er (comte de Forez de 1278 à 1333), pour des fiefs (dont Rochebaron) qui relevaient de l'évêque du Puy-en-Velay. En effet, avec son frère Briand, il avait des difficultés en Velay, à cause de ses excès de violence. Il en aura autant en Forez. Le comte de Forez saisit le château de Rochebaron. Il le rend à Érail en 1329 ; mais le château est maintenant "jurable et rendable".


- Armand II de la Roue est le fils de Bertrand de la Roue (mort en 1333) et de sa seconde femme, Maragde de Châteauneuf. Armand II de la Roue épouse Alice de Rochebaron. Cette dernière est la fille et l'héritière de Guillaume de Rochebaron, dit Billaud d'Usson. Guillaume d'Usson avait rendu hommage à Guy VII de Forez en 1341. Son propre père, Armand de Rochebaron d'Usson, seigneur d'Usson, mort en 1341, avait déjà rendu hommage à Guy VII, en 1335, pour divers fiefs du sud des monts du Forez (bailliage du Chauffour).


- Le 6 avril 1347, Guy de Rochebaron, prieur de la Chaulme et de Saillant, reconnaît, devant Guy VII de Forez, tenir du comté de Forez les possessions casadéennes (la Chaise-Dieu) de la Chaulme et de Saillant, situées sur la rive gauche de l'Ance.


- En 1357, à Montbrison, dans les troubles des Grandes Compagnies, Armand II de la Roue et Alice de Rochebaron rendent hommage à Guy VII. Il s'agissait pour eux de nouer une solide alliance. En effet, de 1357 à 1414, la guerre des deux Armand (Armand de la Roue et Armand de Polignac) se déroule en pleine Guerre de Cent Ans (1337 à 1453).


- L'hommage de 1357 provoque une réaction de Jeanne II de Bourbon, comtesse d'Auvergne, femme du futur Charles V. Cette captation d'hommage modifie le délicat rapport des forces seigneuriales entre le Forez, le Velay et le Livradois. Il importe, pour rassurer d'autres seigneurs, dont les Polignac, de définir les frontières des juridictions. D'un commun accord, la comtesse d'Auvergne, Jeanne II de Bourbon, et le nouveau comte de Forez, Louis I er de Forez, fixent les limites sud du Forez et de l'Auvergne, au cours septentrional de la rivière d'Ance.


- Ainsi, de 1317 à 1358, la frontière se déplace de la ligne des crêtes au thalweg suivant, élargissant d'autant la mouvance des comtes de Forez. Les deux définitions, contradictoires entre elles, seront invoquées par la coutume, jusqu'en 1789. Les Fermiers Généraux et leurs Gabelous (Saint-Jean-Soleymieux) s'en plaindront encore, à la veille de la Révolution Française.


Quand, par la trahison du connétable de Bourbon, François I er devient comte de Forez, la noblesse de robe prend pied dans les bourgs ruraux. Avec les prêtres et les prieurs s'installent les notaires royaux et les officiers de la Gabelle (Saint-Jean-Soleymieux). Les plus vieilles maisons (restantes) de la Cruzille sont du XVI ème siècle.




Partie VIII.

Les départements de la Révolution Française.



- En 1759, les Fermiers Généraux demandent que les provinces d'Auvergne et de Forez soient séparées par des limites fixes. Comment poursuivre Mandrin quand on ne sait pas qui est responsable du terrain ? On hésite toujours entre le cours de l'Ance et la ligne des crêtes. Aussi le chemin de Mandrin se faufile-t-il entre les deux.


- Le 20 mai 1760, les habitants de Saint-Anthème et ceux des villages voisins s'opposent au rattachement de la rive gauche de l'Ance à la sénéchaussée de Montbrison.


- En février 1790, l'Assemblée Constituante place la frontière du département du Puy-de-Dôme d'avec celui de Rhône-et-Loire, sur la ligne des crêtes. Le col des Limites retrouve la route de l'étain, la voie romaine des crêtes et les limites des châtellenies de 1317.


- Le 12 août 1793, en réaction à la révolte fédéraliste de Lyon, à laquelle se joignent de nombreux Foréziens partis de Montbrison, le département de Rhône-et-Loire est scindé en deux. Le décret est signé : Dubois-Crancé, Gauthier, Javogues et Laporte. Le département de Loire est créé. Son chef-lieu est fixé à Feurs. Montbrison est devenu le Mont Brisé. Du 23 novembre au 9 décembre 1793, 15 personnes sont condamnées et guillotinées à Feurs.


- Le 23 août 1795, la Convention décide que le chef-lieu du département de la Loire sera transféré à Montbrison. Le 12 septembre 1795, les administrateurs du département s'installent. L'ancien collège des Oratoriens devient Préfecture de la Loire.


- En 1856, sous le Second Empire, Saint-Étienne devient le siège de la Préfecture impériale. La Préfecture de Montbrison devient Sous-Préfecture. Plusieurs fois menacé de disparition, le canton de Saint-Jean-Soleymieux existe toujours. La Chapelle-en-Lavieu fut pourtant rattachée à Lézigneux.



Conclusion



L'existence d'anciennes voies romaines et de chemins de Compostelle est assez bien connue dans le canton de Saint-Jean-Soleymieux.


Nous nous sommes donc contenté de préciser leur nombre et leur tracé pour nous concentrer sur les conditions de leurs créations.


Mais, contrairement à un point de vue réducteur hérité de la Chrétienté moyenne âgeuse, notre histoire ne commence pas avec la victoire de Jules César sur Vercingétorix (52 avant Jésus-Christ), ni avec la venue des premiers évangélisateurs (IV et V èmes siècles) dans nos montagnes.


Nous espérons avoir montré que notre histoire est ancienne, turbulente et complexe :


- Ancienne avec les chasseurs du Paléolithique, les constructeurs de mégalithes du Néolithique et la route Crétoise de l'étain.


- Turbulente avec les modifications de frontières du fait de l'occupation romaine puis des guerres et des alliances féodales.


- Complexe parce que son établissement n'est pas toujours facile, ni dans les textes, ni sur le terrain.


Mais nous sommes certains que l'ancienneté, la turbulence et la complexité aiguiseront votre attention et votre curiosité lorsque vous rencontrerez d'étranges murs de pierres aux bords des chemins et dans les bois de nos Monts du Forez.



Bibliographie.



Je pense que la connaissance du patrimoine historique local est une aide au développement économique, ne serait-ce que par le tourisme. Pour nous y aider, on peut citer quelques livres :


Les Voies Romaines dans le Département de la Loire

Roger Faure

La Diana, 1994, 57 pages.


La Bolène

Voie romaine et chemin romieu en Forez

Jacques Verrier

GRAL, Hors Série N1, 1998. 126 pages.


Une querelle de succession.

Les prétentions de Guillaume de Baffie sur le comté du Forez.

E. Fournial

Grahlf, Chronique 11 (1989).


Les voies antiques dans le sud des Monts du Forez

J. Orelle

Grahlf, Chronique 2.


Paysages du Forez

Hubert Houdoy

R.A.D.


Histoire de la Domination, à partir du Forez

Hubert Houdoy

R.A.D.


Géologie du Forez

Hubert Houdoy

R.A.D.


Livradois, terre de croyances

Hubert Houdoy

R.A.D.


Les Hauts des Monts du Forez

De Noirétable à Gumières (et Saint-Jean-Soleymieux)

Daniel Brunel, Hubert Houdoy, Louis Tissier

Alan Sutton, juin 2000. 128 pages.


Les Côtes du Forez

De Leigneux à Soleymieux

Daniel Brunel, Hubert Houdoy, Louis Tissier

Alan Sutton, novembre 2000. 128 pages.


Alentours de Saint-Bonnet-le-Château

Daniel Brunel, Hubert Houdoy, Louis Tissier

Alan Sutton, en préparation pour 2001. 128 pages.


Le Velay Gallo-Grec

Albert Boudon-Lashermes


La route grecque et la bataille sous Montarcher

Dr Vimal de Saint-Pal

Disponible à l'Auberge de Montarcher


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Auteur. Hubert Houdoy Mis en ligne le Lundi 26 Mai 2008



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