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Pratiquer,
Recevoir et Accepter les Caresses
Document sur la
Sexualité du Chapitre - Renaissance
du R.A.D.
La
CaresseLa caresse est cette partie du langage du
corps qui utilise le sens du toucher.
- Une
caresse n'est pas ou ne doit pas être un geste anodin. Elle ne se
confond pas avec les gestes du désir primaire. Elle
s'oppose généralement aux coups de la violence
physique. Pour ne pas perdre son sens, elle ne doit pas devenir un
geste de désoeuvrement.
- Par opposition à ces
non-caresses, nous supposerons que la caresse exprime toujours un minimum de
tendresse. Mais il peut s'y mêler autre chose: du
désir, de l'impatience, une noix de quémande,
un rien de reproche, deux doigts de soupçons, un zeste
d'inquiétude ou deux rondelles de ressentiment ("JE te caresse, MOI
!").
- Toute caresse implique un caresseur et un
caressé.
- Le caresseur exprime une
tendresse et autre chose au caressé. Le caresseur peut
être conscient ou inconscient de cette autre chose.
- Le caressé
reçoit le message de tendresse du caresseur. Il perçoit
confusément ou clairement l'autre chose. La
réaction du caressé dépend de l'ensemble du message. Il
peut ne pas y porter grande attention, rester de marbre, montrer un
énervement, manifester un bien-être ou marquer son
acceptation.
- En fonction de la nature, de la valeur et de
l'importance de l'autre chose, le caressé peut douter
de la dominance globale du message.
- Le caressé peut
hésiter entre répondre positivement à la
tendresse et répondre négativement à l'autre
chose.
A l'extrême limite, le caressé peut refuser toute
réponse et ce durablement. Gregory Bateson parle de double
contrainte ou de double langage. Tout ceci montre que la valeur de la
caresse est celle de la relation dans laquelle elle
s'inscrit.
- Une relation a d'autres véhicules que la caresse. La
qualité d'une relation réside dans sa capacité à
jouer de l'intersémioticité pour décoder
les messages. C'est ainsi que les partenaires de toutes les relations peuvent
réduire la part d'ombre, l'autre chose qui
connote les messages des diverses
sémiotiques.
- La caresse solitaire
est une caresse dans laquelle le caresseur est aussi le caressé.
- La
caresse distraite est celle où le caresseur n'est pas
présent dans son activité.
Liste des
définitionsAutre chose
Caresse amoureuse
Caresse
distraite
Caresse solitaire
Caresse solitaire machinale
Caresses du
désir
Caresseur
Caressé
Cinq sens
Coups
Geste de
désoeuvrement
Gestes du désir
Tendresse
Tendresse est
l'égale du désir
Tendresse intemporelle
Tendresse prime sur
le désir
Autre choseLe plus difficile, dans le
dialogue interindividuel, c'est de déterminer la part, la nature et la
motivation de cette autre chose qui accompagne les mots, les
gestes, les cadeaux, les signaux, les
symboles ou les caresses consciemment
donnés, transmis ou échangés.
- Cette autre chose
est parfois consciente et souvent inconsciente.
- Pour ne
pas détruire ou pervertir la relation, il faut
être sûr que l'autre chose n'aurait pas un langage plus
approprié pour s'exprimer. Des mots d'amour ou des
caresses peuvent contenir une autre chose qui pourrait s'exprimer par des
cris ou par des coups.
- Dans ce cas, il
est préférable d'abandonner les mots ou les caresses. Car,
à la longue, les cris non proférés mais perçus et
les coups non distribués mais reçus font beaucoup plus de mal
que les autres.
Caresse amoureuseLa caresse
amoureuse n'est pas forcément celle qui s'acompagne des mots: "Je
t'aime". Mais la caresse amoureuse est certainement celle qui se pense comme:
"Nous nous aimons ici et maintenant". La caresse amoureuse
met en relation deux sujets du désir. Elle contribue
à construire un corps virtuel commun.
- La caresse amoureuse n'est
pas une relation hiérarchique, instrumentalisée
par une technique sexuelle, entre un sujet du
désir et un objet sexuel. Que la caresse
concerne le clitoris ou le pénis,
tout le sexe de la femme ou tout le sexe de
l'homme, tout le corps de la femme ou tout le corps de l'homme, cela
ne change rien à la différence entre un sujet et un
objet.
- Dans la relation amoureuse, les deux
amants se prodiguent des caresses mutuelles.
Ils développent leurs corps virtuels respectifs en
même temps que leur corps virtuel commun. La relation
n'est pas fusionnelle. Au contraire, la relation oeuvre pour produire deux
sujets autonomes et différenciés.
- Devenir
sujet n'est pas si simple. Il ne suffit pas d'être
sujet du verbe dans notre propre discours (JE pense ou JE
fais n'importe quoi, donc JE suis).
- Pendant que dans le monde du
verbe nous apprenons la langue naturelle et sa
grammaire, dans notre corps et dans notre inconscient nous devons transformer
des objets partiels en un objet total
(Mélanie Klein). C'est une première étape à
laquelle la caresse solitaire peut participer. Le stade du
miroir ne doit pas se limiter au sens de la vision.
Le sens du toucher et donc les caresses
doivent renforcer cette connaissance de soi. ("Je est moi",
du côté où je caresse. Mais, "Je est un autre", de l'autre
côté du miroir).
- C'est par le développement de
l'intersémioticité entre les cinq
sens que la relation amoureuse peut produire deux
sujets.
Caresse distraiteLa caresse
distraite est une caresse prodiguée par un
caresseur distrait. A ce titre, la caresse exprime toujours
de la tendresse.
- Mais la distraction
exprime une autre chose. Celle-ci peut contenir beaucoup
d'ennui, de sommeil ou de
distraction.
- <<Il est des jours où Cupidon
s'en fout ! (Georges Brassens)>>.
Or, le temps et
l'attention distraits à la caresse sont
consacrés, affectés à autre chose. Cette autre chose peut
être consciente. La distraction est alors une impolitesse. Cette autre
chose peut être inconsciente. Il faut la chercher.
- Il est utile
de séparer cette autre chose. Il est bon de verbaliser ou d'actualiser
tout ou partie dicible de ce message de la part
d'ombre. On libére ainsi la caresse de
connotations ou de surcharges qui faussent son contenu
initial et sa signification ultérieure.
- Le caresseur distrait, homme
ou femme, devrait méditer la fable du jeune berger qui se distrayait en
criant: "Au loup !". Il se divertisait en regardant la population du village
courrir, ventre à terre, vers l'alpage.
- C'est parfois un ou deux ans
plus tard, alors que le caresseur serait plein d'attentions et de tendresse,
que le ou la caressée pourrait ne plus
douter du sens de la distraction et ne pas
hésiter à faire sa
valise.
Caresse solitaireLa caresse solitaire est
une caresse dans laquelle le caresseur est
aussi le caressé.
- Beaucoup trop de caresses
solitaires sont machinales et inconscientes, comme sucer son
stylo, se gratter le ventre, se toucher le sexe ou se caresser les
joues.
- Les caresses solitaires du clitoris et du
pénis ont reçu le nom de
masturbation, avec une très forte
connotation péjorative et culpabilisante.
- Pourtant, dans la relation
sexuelle, les gestes du désir ne se
distinguent pas beaucoup de cette masturbation. Passer de
l'auto-stimulation à la stimulation par personne
interposée n'est pas une révolution mais un premier pas.
D'autres suivront quand le désir saura se combiner
avec la tendresse.
-Dans la relation
amoureuse, le partage des caresses du désir
tendre est fondamental pour le développement de la
relation. Il ne peut y avoir
d'érotisme qui ne comporte une part
d'auto-érotisme. Une très grande jouissance est
provoquée par le constat du plaisir de l'autre et par
l'audition de sa merveilleuse acceptation. C'est
l'érotisme réflexif.
- Si on veut à
tout prix utiliser les catégories du bien et du mal, n'oublions pas que
seuls les termes de <bien> et de <mal> sont en opposition
paradigmatique dans le plan du signifiant de la
langue naturelle. Les notions elles peuvent
se mélanger.
- Et souvenons-nous que si nous avions opposé
aussi radicalement le <bas> et le <haut>, nous n'aurions jamais pu
monter en haut d'une chaise du seul fait que nous étions en bas. De
même que notre taille corporelle a pu passer de <petite> à
relativement <grande>, notre relation affective peut toujours passer de
<sexuelle> à <amoureuse>.
Caresse solitaire
machinaleLa caresse solitaire est une
caresse dans laquelle le caresseur est aussi
le caressé. Beaucoup trop de caresses solitaires sont
machinales et inconscientes, comme sucer son stylo, passer sa
main dans ses cheveux ou se caresser les joues. Elles sont le minimum de
tendresse que nous nous offrons à nous-même pour
nous encourager à nous aimer, à aimer, à travailler et
à vivre.
- On gagne à développer ou simplement
à prendre conscience de ces nombreuses caresses que notre corps
réclame et que nous lui accordons sans plus
d'attention. Elles gagneront à être moins
inconscientes et moins distraites. La qualité de la caresse est dans la
présence. Rien n'est plus profond que la peau.
Même vis-à-vis de soi-même, il importe de la
considérer beaucoup plus comme une peau
d'échange que comme une peau
d'inscription.
Caresses du
désirLes caresses du désir tendre
se distinguent à la fois des caresses de tendresse et
des gestes du désir.
- Elles en forment la
synthèse et le dépassement. Elles expriment et renforcent
l'amour puisque celui-ci contient à la fois le
désir et la tendresse.
- Les luttes
de pouvoir sont absentes des caresses du désir tendre. Si
"position" il peut y avoir, elle relève du Kama Sutra
et non pas de la hiérarchie
sociale.
CaresseurLe caresseur prodigue, avec un
minimum de tendresse et une dose variable d'autre
chose, des caresses à la personne
caressée.
- La qualité de la caresse vient
de la clarté de la relation dans laquelle elle
s'insère.
- Au premier chef, c'est au caresseur de faire attention
à la qualité de sa tendresse et à la
nature de cette autre chose incluse dans sa caresse.
- Le
caresseur doit veiller à la réception et à
l'acceptation de ses caresses.
- Dans la caresse
solitaire, le caresseur est aussi le caressé.
- Dans la
caresse amoureuse, le caresseur et le caressé sont des
sujets. L'amant et l'amante
jouent alternativement ou simultanément les partitions du caresseur et
du caressé.
- Dans la relation sexuelle, quand la
domination, au lieu d'être une domination
culturellement assistée prend la voie plus personnelle de la
séduction, le caresseur peut être un
expert en caresse ou une experte en
caresses.
- Dans la prostitution qui est une
relation marchande, le caresseur fait son métier sans
désir, sans amour mais sûrement avec plus de tendresse que dans
certaines caresses distraites. Il est seul dans ce rôle
non réversible. Par contrat, la prostituée a
une obligation de performance à l'égard de son
client sexuel qui ne la caresse
pas.
CaresséLe caressé a la
responsabilité du décodage du message transmis par le
caresseur via la caresse. C'est à lui
qu'il incombe de déterminer la part de tendresse mais
aussi la nature et la part d'autre chose qu'elle contient: du
désir, de l'impatience, une noix de quémande,
un rien de reproche, deux doigts de soupçons, un zeste
d'inquiétude ou deux rondelles de ressentiment.
- Le
caressé peut connaître l'ennui parce que son
attente n'est pas en phase avec les intentions du
caresseur.
- Le caressé peut connaître le doute
sur la ou sur les multiples significations du message.
- Le
caressé peut hésiter sur la réponse ou
sur les réponses à donner aux diverses composantes de la
caresse.
- Le caressé peut accepter les caresses,
manifester sa satisfaction par la parole, le regard et répondre
à la caresse. Il est alors simultanément ou successivement
caresseur et caressé.
Cinq sensLes cinq
sens de l'homme sont à la base de cinq sémiotiques
corporelles différentes.
- Leurs
informations sensuelles et sensitives doivent être
recoupées et reliées entre elles pour produire des
connaissances. Sans
intersémioticité, les cinq sens peuvent nous
enfermer dans le clivage des représentations et le
fétichisme.
Deux sens de
l'hallucination:
- Sens de la
vision.
- Sens de l'ouïe.
Des sens de
la mémorisation, de la vérification, de la distinction et de la
construction:
- Sens du toucher.
- Sens de
l'odorat.
- Sens du goût.
Produire un
langage du corps sur la base de cinq sens n'a pas été fait une
fois pour toute. De même que la langue naturelle n'est
faite que de mots artificiels et doit être produite et
développée par chaque génération
humaine, le langage du corps ne sera construit et
disponible que par et pour ceux qui s'en servent dans leur
vécu et dans leur expérience.
La fonction sémiotique ne peut faire l'objet d'une
division du travail.
Coups"Les coups !
Oui, ça fait mal". Si on ne les confond pas avec les grandes bourrades
des amitiés viriles ou sportives, les coups sont toujours l'expression
d'une violence physique.
- Quand les coups ou les cris
se nichent et se cachent dans des caresses ou dans des
mots d'amour, on obtient une forme de violence
symbolique.
Geste de
désoeuvrementLes plus beaux gestes de l'âme, comme
les plus beaux mots d'amour et les plus belles
caresses de la tendresse, sont en
perpétuel danger de devenir des gestes ou des bruits de
désoeuvrement.
- Ils restent des mots ou des gestes du
désir, mais d'un désir
distrait.
Gestes du désirLes
gestes du désir ont pour but d'atteindre un plaisir.
Le désir attend une satisfaction: le plaisir
immédiat. Puis il s'apaise, se déplace ou
disparaît. C'est la stratégie du plaisir pris.
Elle relève d'une attitude de domination. Ces gestes
créent une relation de sujet à
objet.
- Les gestes du désir s'inscrivent dans
une relation sexuelle et non pas amoureuse. Le cinéma
a largement codifié cette gestuelle. Master et Johnson ont fait le
reste avec la description anatomique des chemins de l'orgasme.
- Le
sens du toucher cherche à prendre un plaisir que le
sens de la vision a suggéré et souvent
anticipé.
- <<Un coup d'oeil à son dos, ses hanches,
quand s'efface le galantin. Un regard quand elle se penche et laisse deviner
un sein. Elle sait déjà ses mains, les contours de sa bouche, le
cambré de ses reins qu'elle a noté en douce. (Le ballet,
Céline Dion)>>.
- Les gestes du désir
opèrent une transgression, une effraction du corps
plein. Car la sexualité est le défaut de la cuirasse
pour le corps social individuel.
- <<Il a su les codes et donné
les bons mots de passe. Encore un peu d'alcool et que tombent les
cuirasses. Livrées les clés des corps, enfin
les peaux s'embrassent.> (Le ballet, de Jean-Jacques
Goldman, chanté par Céline Dion)>>.
- La parade sexuelle
fait encore partie du spectacle social par le rôle
dominant et précurseur de la vision. La peau y reste une
surface d'inscription plus que d'échange. Les gestes
du désir participent à une stratégie pour le
contrôle de la relation.
- Deux individus citadelles
rivalisent. Qui s'imposera comme décideur ?
- Deux
désirs livrent un combat pour l'obtention de la
position dominante du sujet sur l'objet.
- Ainsi, dans une
organisation hiérarchique, le harcèlement
sexuel montre que l'appartenance à un service
est ou se transforme en une possession sexuelle. Souvent, le
harcèlement se contente de la signifier, de la dénoter ou de la
connoter.
- Il ne faut pas confondre les gestes du désir avec les
caresses de désir. Elles sont réservées
au désir tendre de
l'amour.
TendresseTandis que le
désir ne connaît que des
objets, la tendresse est à l'échelle des
sujets.
- La tendresse ne connaît pas les organes comme des
objets partiels, pleins (sens de la vision) et
détachables (dévoration, oralité). Elle n'a pas d'objets
où se matérialiser. Elle échappe ainsi à toute
capitalisation.
- La tendresse s'adresse à un sujet
global. Elle le reconnaît par la vision. Elle perçoit ses
blessures narcissiques. Elle les soigne par des
caresses. Elle n'exige aucune demande préalable. La
tendresse est un élan spontané qui vise la reconstitution du
sujet blessé. Elle lui apporte réconfort, encouragement,
approbation, protection, compréhension ou
acceptation. Elle lui permet de reprendre sa marche.
- La
tendresse est une expérience naturelle de l'oblation. Elle se retrouve
chez tous les mammifères en présence des petits. Elle est
déclenchée par la reconnaissance de ces traits qui donnent un
aspect mignon à la silhouette. Elle
provoque un mouvement de protection du petit. Cette attitude de donateur
spontané inhibe provisoirement les pulsions agressives (pulsion
de mort).
- Le don de tendresse n'est pas social. Il n'attend aucun
contre-don. Il ne comporte pas d'objet à
donner, à recevoir ni à rendre. Il ne génère pas
d'institution ni de commerce: ni kula, ni potlach, ni
père noël, ni fête des mères.
- Le don de
tendresse ne relie que deux sujets. Mais il développe leurs
instances et permet d'autres relations. Instantané, il
ne vise pas sa propre perpétuation. Pourtant la tendresse peut faire
communiquer durablement deux personnes réunies par une autre relation.
D'où la constance de la tendresse.
- Sans matérialisation, la
tendresse est gestuelle. Elle ne fait circuler que des émotions. Le don
de tendresse s'exprime par les caresses: celles des mains, celles de la voix
ou celles du regard.
- Les caresses de tendresse ne sont pas
les gestes du désir. La caresse donne. Le geste prend.
La tendresse renforce les sujets fragilisés, quand le désir se
porte sur de beaux objets. Les caresses visent la reconstitution de
l'intégrité corporelle ou psychique. Bien que transitoire, la
tendresse permet l'ouverture des sujets à l'extérieur de la
relation tendre. Car elle instaure ou restaure la confiance.
Elle renforce la capacité à faire confiance. Elle permet la
transition vers un réseau ouvert. La tendresse favorise la
compréhension mutuelle des sujets.
- Souvent pré-verbale, la
tendresse véhicule des émotions indicibles,
notre part d'animalité originelle et permanente, notre inconscient.
Notre corps est fait dans le même matériau (la chair) que celui
des animaux. Et ils peuvent nous donner des leçons de caresses. La
tendresse favorise la transmission des informations, le
verbe qui l'accompagne. Elle contribue à la
connaissance.
Tendresse est l'égale du
désir- Quand la tendresse est
l'égale du désir, nous obtenons
l'amour. La capacité subversive du
désir (Carmen, Vénus) est
doublée par celle de la tendresse (Antigone). C'est
pourquoi le message d'amour (Bouddha, Jésus, Mani) n'est pas vraiment
celui de la totalité sociale. - Pour les
amants, la frivolité du désir est
compensée par la stabilité de la tendresse
intemporelle.
- De plus, l'amour combine les voies sensorielles: la
captation visuelle du désir compose avec
l'expression tactile de la tendresse. La tendresse pacifie le
désir: la rivalité des sujets pour la primauté dans la
relation d'objet est transformée par le respect et le
développement du sujet. L'amour se développe pleinement dans la
réciprocité. La combinaison du désir
mutuel et de la tendresse mutuelle engendre le désir
tendre. Le désir tendre favorise l'épanouissement du
désir mutuel. Car la satisfaction du désir est le plaisir. Mais,
en l'absence d'amour, elle est suivie du déplaisir.
C'est à ce moment-là que se termine la relation
sexuelle provoquée par la seule rencontre de deux
désirs.
- Par contre, dans la relation
amoureuse, les amants donnent libre cours à
leur tendresse mutuelle. Dans l'amour tendre, les caresses de
la tendresse prennent le relais des étreintes du
désir. Ce sont les caresses du bonheur. Ce qui a pu se
vivre, quelques temps, comme objet de désir, se trouve
reconstitué comme sujet par la tendresse.
- L'amour est favorable
à l'autonomie. Le sujet social ose reconnaître son désir.
L'approbation met fin à la dialectique des deux
désirs. Une relation de sujet à sujet
s'instaure. Elle est renouvelée par la constance du désir
tendre. L'amour est procréateur de véritables
sujets. La soumission à la conformité (prise pour le
réel) est remplacée par l'assomption de la réalité
(sur base d'approbation).
Tendresse
intemporelleToute tendresse n'est pas une
tendresse intemporelle. Il est des tendresses passagères ou
provisoires. On se souvient de celle de Saddam Hussein caressant un petit
garçon blond, otage et fils d'otage. La tendresse instantanée
peut être instinctive, face à une souffrance instantanée.
Elle reste une relation de sujet à objet. Elle est tournée vers
l'objet pour sa réparation comme objet en bon état. La tendresse
intemporelle est celle qui cherche à calmer les souffrances
passées et les souffrances invisibles ou incompréhensibles. La
tendresse intemporelle est une relation de sujet à sujet. Elle est
tournée vers le sujet pour son installation, son maintien et son
développement dans une position de sujet.
Voir
Souffrance apaisée. Caresses de
tendresse. Corps virtuel.
Tendresse prime
sur le désirQuand la tendresse prime sur le
désir, y compris celui de vivre, elle bouscule le
pouvoir.
- C'est la piété d'Antigone pour
son frère Polynice mort sans sépulture par un décret de
son oncle Créon. La fille d'Oedipe brave l'interdit de
Créon. Au risque de sa vie, même pour un geste
symbolique, elle ensevelit le corps de son frère. Car la mort
du verbe (interdiction de tenir un discours de vérité
sur le vécu) est plus douloureuse que la mort
de la chair (décès biologique). La symbolique du geste
d'Antigone (jeter trois poignées de poussière sur le corps de
Polynice) est justement la constitution, la reconstitution ou l'affirmation du
corps virtuel de son frère. Le devoir impérieux
de le maintenir intact vient de ce que le corps virtuel de Polynice et celui
d'Antigone appartiennent, avec celui de Jocaste défunte (pendue) et
d'Oedipe mutilé (aveugle), au même corps virtuel
commun de la famille. Trop de deuils simultanés (Laïos,
Jocaste, Polynice: trois générations créent la
filiation linéaire) empêchaient Antigone de
faire son deuil de Polynice, malgré son amour pour
Haemon.
- Les femmes de Mai réclament leurs enfants et clament leur
souvenir. Sous une forme plus courante, la primauté de la tendresse sur
le désir désigne celles qui sont plus mères que
femmes.
- La religion catholique sanctifie la Sainte Vierge. Elle cultive
l'image de la pietà. La vierge de pitié. La
mère de douleur (mater dolorosa) au pied de la croix. La tendresse de
Marie pour le fils mort, sans le désir pour le père nourricier.
Sanctification de la mort du fils (cf Abraham et Isaac) et de la douleur de la
mère, pour mieux récupérer la tendresse
et exclure le désir. La religion (le groupe des
prêtres) contribue à réserver la tendresse à la
femme. L'ethnie organisée en totalité (par le pouvoir guerrier)
en dissuade l'homme, par le bizutage. D'où la
division sexuelle des émotions dans le cadre de la
division politique du travail.
AuteurHubert Houdoy
Créé le 17 Novembre
1998
Modifié le
BibliographieLe traité des
caresses
Docteur Leleu
Éditions J'ai lu 7004/5,
302
pages
34 francs
Le traité du
désir
Docteur Leleu
Flammarion
Paris, 1997
357
pages
94 francs
DéfinitionsTrouver les définitions des
termes en gras dans le texte.
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Mise à jour: 16/07/2003