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Nouveautés du Glossaire (48)




Suite de Nouveautés du Glossaire (47)





Mots définis entre le 10 Août 1999 et le 11 Août 1999





Zweig. Voir à Stephan Sweig .

Voir La Pitié Dangereuse .


Prédestination. (a) Le pasteur André Dumas (président du journal “Réforme”) donne une belle définition de la notion de prédestination:

(b) La prédestination est le thème central de la pensée de saint Paul, de saint Augustin, de Godescalc d’Orbais, de Jean Scot Érigène (“De divina praedestinatione liber”, en 851), de Marguerite de Valois (1492-1549), du calvinisme (“L’Élection éternelle de Dieu”), de Luis Molina (“Concordia liberi arbitrii cum gratiae donis”, 1588), de Blaise Pascal (“Provinciales”), du Jansénisme et de Malebranche (1638-1715). La notion de prédestination s’oppose à celle de liberté humaine comme à l’espérance du salut divin pour tous.

(c) La référence au bon plaisir montre l’usage que les puissants ont pu faire de ce mystère. Il n’est pas un monopole de la Chrétienté. Il va sans dire que si Dieu a créé certains hommes <<plus égaux que les autres (Coluche)>>, il est inutile d’aller contre la domination.

(d) Mais la même argumentation a parfois été retournée par les victimes (Macchabées) contre les tourmenteurs, au nom de la vie éternelle .

(e) Les Libertins marqueront, par leurs idées et par leurs comportements, une réaction de saturation face aux discussions sur la grâce et la prédestination.

Voir François de Sales . Totalité. Certitude. Absolu chrétien . Incertitude. Globalité.


Cardinal de Retz . (a) Fils de Philippe-Emmanuel, comte de Joigny, général des galères de France, Jean-François Paul de Gondi, Cardinal de Retz (1613-1679), est un galant, un factieux, un Frondeur (1648), un pamphlétaire (“Manifeste du duc de Beaufort”, “Remontrance au roi”), un Libertin, un homme d’Église, coadjuteur de l’évêque de Paris, “papabile”, un ami de saint Vincent de Paul et un grand écrivain.

(b) De “La Conjuration de Fiesque” (1639) à ”La Vie du cardinal de Rais” (publication en 1717), mémoires dédiées à Madame de Sévigné, ses écrits, comme plus tard ceux de Tolstoï, sont une méditation sur le pouvoir et l’i ronie de l’Histoire . Ils sont aussi un témoignage du classicisme à la française.

(c) Ces portraits sont clairs et précis. Ainsi celui de Anne de Gonzague, princesse palatine (1616-1684), la Frondeuse fille de Charles de Gonzague, duc de Nevers et de Mantoue:

(d) Pour l’histoire littéraire et touristique. Son cousin germain, René de Vassé, sieur d’Esguilly, vint lire L’Astrée, la pastorale d’ Honoré d’Urfé au château de La Bastie d’Urfé .



Guillaume le Pieux . texte. (a) Guillaume le Pieux est le premier Comte de Lyon et Comte de Forez que nous connaissions avec un peu de précisions. Il est mort en 918, succédant à d’autres comtes.

(b) Après que la ville de Feurs (le Forum Segusiavorum, capitale des Ségusiaves), reliée par des voies romaines à Lyon (Lugdunum), Roanne (Rodumna), Saint-Paulien (Ruessium, capitale des Vellaves) et aux villes d’eaux (Aquae Segetae , Sail-sous-Couzan, Sail-les-Bains, Saint-Romain-le-Puy, Source de Fontboine ) ait été pillée par les Francs et les Alamans vers 270, la région entra dans une période de chaos . L’histoire de Saint-Romain-le-Puy montre l’importance croissante de Lyon.

(c) La première dynastie des Comtes de Forez est créée vers 870 par Guillaume I er. A cette date, saint Aubrin, évêque de Lyon, mentionne Montbrison dans une donation de vignes.

(d) On mentionne encore, “in Castello Montisbrisonis”, un hôpital des pauvres de 15 lits. Il aurait été créé par un des comtes Guillaume (mort en 1010).


Comtes Guillaume . texte. (A) Plusieurs comtes de Lyon et de Forez ont porté le prénom de Guillaume, tout comme les Comtes de Forez de la Maison d’Albon ou de Viennois seront souvent des Comtes Guy de Forez . Nous connaissons peu de choses de cette époque troublée pendant laquelle l’ Histoire se déroule plus au Nord (Vikings), plus à l’Est (Hongrois) et plus au Sud (Sarrasins).

(B) Succession, dates approximatives et contexte:

(a) Guillaume I er aurait créé le c omté vers 870. C’est l’année du Traité de Meersen, le 8 août. Après l’éviction de Louis II, la Lotharingie est partagée entre Louis le Germanique (à l’Est) et Charles le Chauve (à l’Ouest).

(b) Guillaume le Pieux meurt en 918. A l’Est, les Hongrois pillent la Lorraine et détruisent Brème.

(c) Guillaume le Jeune lui succède et meurt en 926. Tandis qu’en 923 Henri I er l’Oiseleur, roi de Germanie, annexe la Lotharingie, en 926, les Hongrois envahissent la Lorraine, la Champagne et ravagent l’Italie en une guerre de pillage. Les Vikings imposent un tribut aux Carolingiens. De 926 à 942, Odon est le second abbé de Cluny.

(d) Guillaume Tête d’Étoupe succède à Eble Manzer à la mort d’icelui en 935. Les Hongrois envahissent la Bourgogne et l’Italie. Les grands défrichements commencent vers 950. En 951, l’évêque du Puy, Godescalc conduit le premier pèlerinage français à Saint-Jacques de Compostelle . Le trafic relatif des routes de France sera sérieusement modifié pour longtemps. En 989, au Puy-en-Velay, l’expression “bourgeois de la cité” (burgensis civitatis) apparaît dans un document. En 990, au concile du Puy, apparaît l’idée de “trêve de Dieu”. En 993, fondation du chapitre de la cathédrale, au Puy. En 997, la peste se répand en Occident.

(e) Guillaume, le fils d’Étienne de Gévaudan, meurt en 1010. Il aurait créé un hôpital des pauvres à Montbrison. En 1005-1006, Raoul Glaber décrit une grande famine en Europe occidentale. Adoption généralisée de la charrue lourde en Occident.

(f) Guillaume l’Ancien meurt à la Première Croisade, à Nicée, en 1097. Consécration de l’église Saint-Étienne à Nevers. Les croisés franchissent le Bosphore en Mai. Les Byzantins s’emparent de Nicée le 19 Juin. En Occident, les laboureurs utilisent la herse.

(g) A nouveau un Guillaume le Jeune lui succède. Il meurt vers 1115. Louis Vi, roi de France, condamne à la pendaison les chefs de la commune de Laon. Foires à Bar-sur-Aube et à Troyes en Champagne. A Metz, les bourgeois et les chanoines créent une commune jurée.


Lotharingie. texte. La Lotharingie, d’où vient <Lorraine>, est une partie de l’ancien royaume (quasi-européen) de Charlemagne.

(a) La Lotharingie est créée à la mort de l’empereur Lothaire I er, en 855. Son royaume est partagé entre ses trois fils. Lothaire II est le second fils. Il reçoit la partie septentrionale qui s’étend de la Frise au plateau de Langres et au Jura. La <Lotharingie> est le <Lotharii regnum>.

(b) Lothaire II meurt sans héritier (légitime), en 869. Charles le Chauve (823-877) roi de France (843-877) et empereur d’Occident (875-877) et Louis le Germanique (vers 806 -876) roi de Germanie (843-876), ses oncles, convoitent ses terres. Charles n’attend pas. Il se fait couronner roi à Metz. Mais, dès 870, au traité de Meersen, il doit accorder à Louis la partie la plus à l’Est du royaume de Lothaire: Aix-la-Chapelle, Alsace, Cologne, Jura, Mayence, Trèves.

(c) C’est donc de Charles le Chauve, alors roi des Francs, que le premier des Comtes Guillaume (Guillaume I er) aurait tenu, en 870, le Comté de Forez .

(d) En 928, après des valses hésitations de la noblesse locale, la Lotharingie est un duché intégré au royaume de Germanie. En 959, le duché est divisé en Basse-Lorraine au nord et Haute-Lorraine au sud.


Saint Martin . texte. (a) Il existe plus de 500 villages nommés “Saint-Martin” en France.

(b) Ils témoignent de l’avant l’évangélisation de la Gaule par cet officier romain d’Amiens qui n’hésitait pas à donner à un mendiant la moitié de son manteau (l’autre appartenait à Caesar). Il s’agit de Martin de Tours.

(c) Fils d’un tribun militaire, il est né à Sabaria en Pannonie vers 316. Attiré par la vie monastique, il doit d’abord servir dans la garde impériale à cheval. Redevenu civil, il est baptisé par Hilaire, à Poitiers. Comme lui, il doit momentanément s’exiler à cause du développement de l’arianisme.

(d) Il fonde à Ligugé le premier monastère de la Gaule, dans le silo à blé d’une ancienne villa romaine. Il est élu évêque de Tours malgré lui, le 4 juillet 371. Mais, moine par vocation, il fonde le monastère de Marmoutier, de l’autre côté de la Loire.

(e) Grand destructeur d’idoles païennes mais “auteur” de nombreux miracles, saint Martin est mort à Candes le 8 novembre 397. Il était fâché avec les notables religieux qui lui reprochaient sa simplicité. Ceci explique son succès populaire. Martin est le premier saint non- martyr.

(f) Martin I er (vers 590-655) est un autre saint. Mais lui fut pape (649-655) et subit le martyre de la part de l’empereur Constant II.


Saint-Martin-la-Sauveté. texte. (a) Saint-Martin-la-Sauveté (42260), près des Salles (42440) ou des Cornes d’Urfé à Champoly est un village ligérien de 898 habitants en 1999. A lui seul, son nom est toute une Histoire.

(b) Une voie romaine , reliant Lyon à Clermont, passait par Saint-Martin et par Lestra (strata, route pavée) aux pieds de la butte de Cervières (42440). Il devait passer par Saint-Martin-Lestra entre Lugdunum (Lyon) et le Forum Segusiavorum (Feurs). Plus au Sud, une autre voie passait par La Post, origine de l’actuelle Noirétable.

(c) Le village n’a pas pu reprendre le nom de saint Martin (vers 316-397) avant l’évangélisation de la Gaule par ce cavalier romain qui donna la moitié de son manteau.

(d) La première mention d’une “sauveté” date de 987. Il s’agit d’un village de l’Albigeois. Il existe “la sauvetas” entre Saint-Anthème et le Col de la Croix-de-l’Homme-Mort .

(e) Bastide, Sauveté, Villefranche, Villeneuve, Bourgneuf désignent les premiers bourgs dans lesquels l’exercice des métiers artisanaux et celui du commerce marchand sont libres. Ainsi des ruraux échappent-ils au servage par un premier exode rural. Les défrichements (essarts) du IX ème siècle accompagnent l’apparition et la généralisation de la charrue lourde et de la herse. Le maréchal-ferrant, le charron et le bourrelier s’installent dans les bourgs. Encore ruraux, les bourgs deviennent bientôt urbains grâce aux marchands et aux chanoines. D’où le développement, parfois délicat, de communes jurées et de métiers réglés. Le terme <burgensis civitatis> signifiant “bourgeois de la cité” est mentionné en 989, au Puy-en-Velay.


Puy-en-Velay. texte. (a) La ville du Puy, un ensemble de pics de basalte, dans le Velay, a progressivement détrôné Ruessium ou Saint-Paulien, l’antique capitale des Vellaves. Il y eut cinq évêques à Saint-Paulien avant que le siège épiscopal et les précieuses reliques de Saint Georges, sans lesquelles il n’y a pas de pèlerinage, ne soient transférées au Puy à la fin du IX ème siècle par Norbert de Poitiers.

(b) En 951, l’évêque du Puy, Godescalc conduit le premier pèlerinage français à Saint-Jacques de Compostelle . Un des quatre chemins de Compostelle partait du Puy, passait par Conques et continuait par Moissac.

(c) En 1096, c’est au Puy-en-Velay que les chevaliers se regroupent autour d’Adhémar de Monteil, évêque de la ville et légat du pape. Pierre l’Ermite et les pauvres sont déjà à Constantinople.

(d) Peire de Vic, “le Moine de Montaudon”, est le plus célèbre troubadour d’Auvergne. Tel un ministérial allemand, il tient en fief la seigneurie de la cour du Puy. Le Forez, où l’on parlait le franco-provençal, ne relevait ni de la langue d’oc ni de la langue d’oil. La cuisine n’est ni à l’huile ni au beurre. Mais la fourme, née à Roche-en-Forez, se décline en fourme d’Ambert et en fourme de Montbrison.

(e) Peire Cardenal (1180-1278), noble du Puy, étudie à l’université de Saint-Maiol. Vers 1204, il est au service de Raimond VI de Toulouse. Il y côtoie bien d’autres troubadours, dont Raimond de Miraval, Aimeric de Peguilhan, Aimeric de Belenoi, Adémar le Noir, Gui de Cavaillon, Gausbert de Puycibot. Après l’ Inquisition de Bernardo Gui et les Croisades d’Amaury de Montfort contre les Cathares et Albigeois (béguins), Peire Cardenal trouve refuge à Montpellier auprès du roi d’Aragon, Jacques le Conquérant. Il continue à chanter le “joi d’amor”. Il fréquente Arnaut de Villeneuve, le protecteur des spirituels. Il connaît aussi Pierre Olive. Ce théologien spirituel occitan est proche des idées d’ Ubertin de Casale (vers 1259-vers 1328) popularisé par Le Nom de la Rose de Umberto Eco .

(f) Saint Antoine de Padoue (vers 1195-1231) aurait converti un notaire libertin du Puy en se prosternant régulièrement devant lui. Il expliquait ainsi son attitude:

(g) Anne-Marie Martel (1644-1673), fille du procureur du roi au Puy-en-Velay, fonda la congrégation de l’Instruction du Saint-Enfant-Jésus. La congrégation regroupait des religieuses en communauté et des “béates”, des filles pieuses isolées dans les hameaux reculés des montagnes du Velay, du Vivarais et du Gévaudan. C’est elles qui répandirent l’instruction et l’art de la dentelle du Puy.

(h) Jules Vallès (né Vallez, 1832-1885) est un enfant de la paysannerie du Puy.

Voir Béguine. Libre Esprit .


Soudure des récoltes . texte. (a) Dans tous les pays, la soudure des récoltes désigne ce moment délicat où les nouvelles céréales ne sont pas encore bonnes à la moisson et à la consommation humaine tandis que les réserves alimentaires des humains et des animaux se font rares. Deux dangers se profilent alors:

(b) Dans les pays du Sahel, la moitié des habitants souffrent de la faim de façon chronique. La famine devient plus aiguë en période de soudure des récoltes. Les petits paysans de l’intérieur brésilien connaissent un endettement systématique. Dans les pays de mousson, les plantes de saison sèche (fèves, millets, pois) quoique rustiques, peuvent faciliter la soudure alimentaire. Dans une bonne partie de l’Europe, semé à l’automne et récolté au début de l’été, le seigle était un adjuvant de la problématique soudure.

(c) Dans nos régions, un dicton traduit cette période. Il est de bon augure d’avoir de l’argent dans sa poche, dans son bas de laine, dans sa cassette gris-rouge, dans sa lessiveuse ou le creux de sa cheminée lorsque le coucou fait entendre son chant printanier. Cet argent témoigne de ce que l’on pourra tenir le temps de la soudure. Malheur à celui qui n’a ni monnaie ni réserve de nourriture pour lui et pour ses bêtes. Dans de très nombreux pays, surtout dans les montagnes, la contrainte de la soudure a provoqué des migrations saisonnières de scieurs de long comme ceux du Forez, de bûcherons, de colporteurs ou de marchands ambulants comme ceux de l’Oisans.

(d) Le Carême est une traduction religieuse de la période où le paysan se serre plus souvent la ceinture qu’il ne le voudrait. L’ esclavage pour dette est aussi la conséquence dramatique d’une soudure impossible.





Auteur


Hubert Houdoy







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Mise à jour: 16/07/2003