Pensée


(a) Dans le dialogue de Platon, intitulé "Théétète", Socrate considère la pensée comme un dialogue de l'âme avec elle-même. La pensée est un discours que l'âme se tient et que la voix ne profère pas.


- <<J'ai déjà dit que la pensée était un phénomène tout à fait physique, résultant de la fonction d'un organe qui a la faculté d'y donner lieu.... Quel est l'homme qui ignore les effets que peut produire sur son individu la vue d'une femme belle et jeune, ainsi que la pensée qui l'a reproduit à son imagination lorsqu'elle n'est plus présente ? (Lamarck, "Histoire naturelle des animaux sans vertèbres")>>.


(b) L'abbé Etienne Bonnot de Condillac ("Traité des sensations", 1754) identifie la sensation et la pensée. Au contraire, Jean-Jacques Rousseau les oppose.


(c) Quelle que soit son origine, la pensée est à la base de la construction de la noosphère.


(d) La pensée nous a permis de développer notre culture. Elle ne nous a pas, pour autant, fait échapper à la nature.


(e) Le fait que la pensée puisse s'appliquer à la connaissance de la nature reste une possibilité de la nature sur elle même.


- <<La pensée, on l'oublie trop souvent, est un art, c'est-à-dire un jeu de précision et d'imprécision, de flou et de rigueur. (Edgar Morin, "Le paradigme perdu : la nature humaine", page 134)>>.


(f) Définition.


- Citation : <<Ensemble de phénomènes psychiques. On distingue une pensée vigile, réaliste, orientée vers l'adaptation au monde extérieur, et une pensé autistique ou onirique, régie par les besoins affectifs. La première, obéissant aux principes rationnels formés au cours du développement et au contact de la réalité, est socialisée ; elle s'exprime par la position (jugement) ou le mot (idée, concept). La seconde, échappant aux lois de la logique, dé-socialisée, emploie surtout des représentations symboliques, chargées de valeurs affectives; on la trouve chez les schizophrènes, mais elle apparaît, chez l'homme normal, dans les rêves. On peut dire, d'une façon générale, que la pensée onirique (ou autistique) contient les phénomènes refoulés par la conscience vigile. C'est une pensée privée, qui se satisfait dans le symbole et ne requiert pas l'usage du langage, car elle n'est pas destinée à être communiquée. La pensée vigile, au contraire, est intimement liée au langage parlé ; les béhavioristes (J.B. Watson) considèrent même qu'elle n'est rien de plus que la parole demeurée subvocale par suite de l'insuffisance des incitations motrices parvenant aux organes phonateurs. Si cette explication paraît abusive, il n'en reste pas moins vrai que la pensée vigile est un acte qui oriente tout l'organisme vers la communication. Les expériences le prouvent de manière certaine : si on demande à un sujet de penser à un objet précis, on enregistre sur sa langue et sur ses lèvres (ou sur le bout des doigts dans le cas d'un sourd-muet) des courants d'action comparables à ceux qui sont constatés lorsque des paroles sont réellement prononcées. Le langage et la pensée sont donc intimement liés et s'influencent réciproquement : l'un et l'autre se développent parallèlement et le trouble de l'une se répercute sur l'autre. (Dictionnaire de Psychologie)>>.


(g) Idéalisme. La religion chrétienne a tendance à croire que la pensée (celle de Dieu) précède toute réalité matérielle (sauf celle de Dieu, pour le chrétien qui veut être cohérent). Pourtant, dans la tradition de la Bible, l'idée d'une création ex nihilo n'apparaît qu'un ou deux siècles avant Jésus-Christ. Mais la religion chrétienne n'est pas la seule à partager cette illusion ethnique. Le Verbe étant supposé premier, reste à expliquer comment le Verbe se fait chair.


(h) Matérialisme. Le reflet marxiste. Pour Karl Marx, toute pensée abstraite est le reflet (plus ou moins direct) d'un mouvement concret de la matière. Ce point de vue matérialiste qui opère une révolution par rapport au point de vue idéaliste ou religieux ci-dessus, ne fait que mettre le cul par dessus la tête à une même idée de la totalité.


(i) Pour nous, la pensée est une des nombreuses formes de mouvement de la réalité matérielle. La pensée est un processus symbolique qui se déroule dans le cerveau. Mais le contenu psychique de la pensée disparaît quand on décrit, de l'extérieur, l'état d'excitation du réseau de neurones. La pensée a ses propres lois et ses propres structures. Elles ne sont que le reflet de la pensée et non de la matière pensée. Elles sont, en grande partie, des lois proches de celles du langage, sans être forcément les mêmes (mentalais). C'est pourquoi il est possible de reproduire certains mécanismes de la pensée grâce à la mémoire des ordinateurs.


- <<Kant a proclamé que l'espace et le temps étaient des catégories a priori de l'entendement, inscrites dans notre sensibilité. Je propose une variante : ce n'est pas l'espace et le temps, ce sont les groupes, le groupe des déplacements euclidiens et celui des translations temporelles, qui sont nos catégories a priori. Ce n'est pas une lubie de mathématicien, mais plutôt une introspection de la pensée qui conduit à voir des groupes partout. (Jean-Marie Souriau, interwiev, "Le journal de math des éléves", 1995, document du web)>>.


(j) C'est la méthode scientifique, celle du projet d'intelligibilité, qui doit assurer la cohérence des pensées et la pertinence des conjectures face à la réalité indépendante.


- <<La pensée n'est qu'un éclair dans une longue nuit, mais c'est cet éclair qui est tout. (Henri Poincaré)>>.


(k) Pour la religion chrétienne, la pensée peut être un péché.


- <<«La véritable pudeur, soit conjugale, soit viduelle, soit virginale, n'est possible que quand elle est unie à la vraie foi ("Du Mariage et de la Concupiscence", livre I, n. 5)». Telles pourront être épouses, veuves ou vierges, et cependant elles ne seront pas pudiques, si leur volonté se souille par de coupables désirs, si elles rêvent de honteuses jouissances à se procurer. Comment donc osez-vous dire qu'elles sont pudiques, alors même que leur âme se plonge dans la fornication ? Et cette âme fornicatrice, l'Ecriture nous dit qu'on la rencontre dans tous les impies. (Saint Augustin, "Contre Julien d'Eclane", Livre IV, §48)>>.


(l) Par le développement de la pensée rationnelle (selon la raison), le monde moderne a développé une considérable instrumentalité.


(m) Dangerosité de la pensée : "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme".


- <<Il n'est pas de pensées dangereuses, c'est la pensée elle-même qui est dangereuse. Son aspect le plus périlleux du point de vue du sens commun est que ce qui avait un sens tandis qu'on y réfléchissait, se réduit en fumée dès que l'on veut l'appliquer à la vie de tous les jours. [...] Sur le plan pratique, penser signifie que chaque fois qu'on se heurte à une difficulté de la vie, il nous faut repartir de zéro pour prendre une décision. (Hannah Arendt, "La Pensée", posthume)>>.


(n) Voir Déconstruction. Dissémination. Inconscient. Isomorphe. Jacques Derrida. La Création. Le Créateur. Logique floue. Macchabées. Pensées. Refoulement. Réfutation. Réfutabilité. Résolution. Vigilance.


(n) Lire "Réalité Représentations". "Trois Niveaux". "Souris Hommes".


(o) Sur le site web du Réseau d'Activités à Distance :


- "Bonnes et Mauvaises Humeurs"

http://rad2000.free.fr/bonnhume.htm


- "Chapitre-Renaissance"

http://rad2000.free.fr/threnais.htm






* * *


Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Vendredi 27 Juin 2008



Explorer les sites.

Réseau d'Activités à Distance

A partir d'un mot

Le Forez

Roche-en-Forez



Consulter les blogs.

Connaître le monde

Géologie politique


Nota Bene.

Les mots en gras sont tous définis dans le cédérom encyclopédique.