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Thématique de l'Autonomie


Apprentissage de l'autonomie, (= Touraine), texte. "Si l'on admet que l'important est de renforcer la capacité de libre action de l'enseigné, il faut tirer de ce principe deux conséquences également importantes: la première, c'est qu'il faut se soucier au moins autant de l'enseigné, à tous les âges, que de la "matière" à enseigner; la seconde, c'est que l'apprentissage ne peut pas aller sans un travail et un effort de l'apprenti qui lui donnent une capacité d'initiative qu'il appliquera ensuite dans d'autres domaines (p. 345)". "Pour que cela soit possible, il faut que l'école soit dirigée par elle-même et non plus par un service administratif ou par le marché du travail (p. 346)".

Aspects de l'autonomie, texte, on peut "définir l'autonomie comme la capacité de produire et de choisir ses propres règles (renvoyant à sa signification étymologique), donc comme la capacité de gérer ses propres processus d'action (Maggi, 1993). L'autonomie signifie élaborer ses propres règles d'action ou bien maîtriser les règles qui ont été posées au préalable. Ici nous proposons d'ajouter que l'autonomie comporte deux aspects: individuel et collectif. Sous le premier, il s'agit d'actions individuelles indépendantes; sous le second il s'agit d'actions d'un collectif qui affirme ses propres règles et sa capacité en tant qu'acteur collectif de les élaborer et de les mettre en oeuvre (p. 249)".

Autonomie, capacité momentanée de fonctionner sans se connecter à une source d'énergie (pour une machine), d'information ou d'affection (pour les humains). Un ordinateur portable peut fonctionner sans être branché sur le secteur pendant quelques heures. Un ordinateur de poche dispose de 52 heures d'autonomie avec deux piles bâtons qui tiennent facilement dans une poche. Connecté à un téléphone mobile, il permet d'accéder au courrier électronique, d'émettre des fax et de consulter le minitel de presque n'importe où. Contribue à la mobilité de l'individu. Ne suffit pas à son autonomie psychologique.

Autonomie et auto-organisation, texte, "L'autonomie concerne ici, non la contestation de l'ordre de la production, mais la production d'un ordre par les stratégies des acteurs développées dans les failles de la structure formelle pour les uns, par la combinaison d'une multiplicité des règles pour les autres. Dans les deux cas, l'accent est mis sur la production de règles selon un processus de construction en commun d'un ordre légitime, qui ne se résume pas à la simple protestation (p. 247)".

Autonomie et contraintes, texte. "L'autonomie renvoie à deux aspects: l'action basée sur des choix possibles dans un cadre de contraintes (action sous contraintes) et l'action visant à redéfinir le cadre de contraintes (action sur les contraintes). L'autonomie est donc considérée comme un type d'action et un mode de régulation des actions contrôlés par le décideur... L'autonomie ainsi définie permet de concevoir que des actions pourront être développées pour redéfinir le cadre existant ou pour revenir sur des décisions prises (p. 152)".

Autonomie et hétéronomie, texte, "En tant que combinaison d'une pluralité de règles, la régulation du processus d'actions de travail est toujours composée d'hétéronomie et d'autonomie... Si la finalisation est imposée et si les modalités des échanges ne sont pas imposées, alors nous sommes en présence d'une situation discrétionnaire. Mais la discrétion peut porter sur la finalisation des actions communes, en ce sens que les échanges peuvent être requis par une régulation imposée. L'autonomie sera effective lorsque la régulation est autonome... Aucun processus ne peut être complètement autonome, du fait qu'il est en relation avec d'autres processus. D'un autre côté, aucun processus ne peut être complètement hétéronome, du fait que sa régulation est le résultat toujours changeant de négociations entre tous les facteurs concernés, aux différents niveaux de décisions (p. 254)".

Autonomie et intervention, texte, "L'autonomie mesure ici la possibilité d'intervention ouvrière à partir d'une division du travail évaluée par le contenu discrétionnaire actuel ou potentiel des postes de travail (Rouvery et Tripier, 1973); selon ces auteurs, l'autonomie exprime la discrétionnalité qui peut être classée en quatre niveaux: elle est nulle lorsque le travail est commandé par la machine, réactive lorsqu'il faut apprécier la situation, adaptative quand il y a un choix à faire en relation avec l'interprétation et active lorsque l'opérateur, confronté à des problèmes imprévus, doit non seulement diagnostiquer la situation, mais intervenir en amont ou en aval du processus de production pour y répondre (p. 244)".

Autonomie et réaction ouvrière, texte, "L'autonomie concerne ici la capacité de modifier les normes de travail et les méthodes préconisées; l'objet d'analyse, ce n'est plus l'évaluation du poste ou de la situation de travail, mais les réactions ouvrières au contexte structuré, réactions analysées au travers des pratiques de travail. Les travaux sur les variation des normes de production et sur les variations de l'allure de travail ont servi à mesurer l'influence des ouvriers sur l'ordre préconisé... a) Il s'agit tout d'abord de définir la norme de travail acceptable, en se mettant d'accord sur cette norme... b) Il s'agit ensuite d'exprimer son autonomie... En même temps, la conquête de l'autonomie est l'occasion de créer un acteur collectif et de développer des liens de solidarité dans le groupe (p. 245)".

Autonomie et système social, texte, Voir Autonomie et discrétionnalité, Autonomie et réaction ouvrière, Autonomie et auto-organisation, "Toutes ces pratiquent attestent d'une part du fait que le système social de la situation de travail n'est jamais constitué d'avance, mais bien qu'il se construit et que dans cette construction une place importante est occupée par des affirmations mettant en avant l'autonomie et les échanges mutuels dans les processus d'action. Elles signifient d'autre part, que les systèmes de production requièrent de tels comportements: l'autonomie et avec elle les formes interactives de coopération ne constituent pas un résidu du fonctionnement et de l'efficacité des systèmes de production, mais bien la condition première de la performance organisationnelle (p. 248)".

Autonomie niée, texte, "Une première interprétation considère les comportements qui s'écartent du programme établi comme des infractions illégitimes: tout écart à la norme de travail est interprétable comme une déviance provenant d'un déficit de prescriptions, qui doit être comblé par la formulation de nouvelles règles ou comme un manque de respect de la règle donnée par le programme. Or la régularité de tels comportements désigne les limites du modèle classique d'organisation qui ne parvient pas à confiner les exécutants dans un rôle passif, ni même à les contraindre à une logique d'obéissance, malgré toutes les tentatives de ce modèle pour isoler les individus et les obliger à limiter leurs interventions au simple respect des consignes (p. 255)". Voir Confinement. Système technique.

Autonomie psychologique, texte, "Avec les progrès de la coopération sociale entre enfants et les progrès opératoires corrélatifs, l'enfant en vient à des relations morales nouvelles fondées sur le respect mutuel et conduisant à une certaine autonomie, sans qu'il faille naturellement exagérer la part de ces facteurs par rapport à l'action continuée des précédents (p. 100)". Dans les jeux de règles, les plus grands voient "dans la règle un produit d'accord entre contemporains, et admettent qu'on puisse la modifier pourvu qu'il y ait consensus, démocratiquement réglé (p. 100)". "D'autre part, un produit essentiel du respect mutuel et de la réciprocité est le sentiment de la justice souvent acquis aux dépens des parents (à l'occasion d'une injustice involontaire, etc). Or, à 7-8 ans déjà et de plus en suite la justice l'emporte sur l'obéissance elle-même et devient une norme centrale, équivalant sur le terrain affectif à ce que sont les normes de cohérence sur le terrain des opérations cognitives (à tel point qu'au niveau de la coopération et du respect mutuel il existe un parallélisme frappant entre ces opérations et la structuration des valeurs morales) (p. 101)". Action juste et raisonnement juste ont la même origine. Voir Négociation d'autonomie. Réseau de centres de décision.

Autonomie régulée, texte, "Une interprétation encore différente considère l'autonomie comme le moteur d'une activité de régulation conduisant à produire en commun des règles pertinentes. Les pratiques de travail dont on discute ne seraient ni des infractions, ni des déviances fonctionnelles, ni l'affirmation d'une opposition à l'ordre du processus, mais bien la production de solutions originales combinant divers types de règles (de contrôle et autonomes)... Le processus construit de cette façon son propre ordre, son action organisationnelle... L'action collective se construit sur fond de pluralité de règles et de points de vue et non sur une unité de vue (p. 258)".

Autonomie survalorisée, texte. Cette interprétation considère "l'autonomie constatée comme l'affirmation de la liberté des opérateurs dans le processus de travail. Pour affirmer leur espace de liberté, les individus s'opposent au processus hétéronome: au travers de leurs échanges et de leurs interactions se construit le processus réel, dans une confrontation entre les règles posées par l'encadrement et les règles affirmées par les opérateurs. Le résultat de ses interactions n'est ni prévisible, ni programmable, car il provient de conflits, de transactions et d'accommodements réciproques (p. 257)". Voir Grégaire.

Autonomie tolérée, texte, "Une deuxième interprétation vise à ramener l'autonomie constatée à des pratiques tournées vers l'obtention des résultats: les pratiques de travail sont bien reconnues parfois comme déviantes au regard des schémas préconisés, mais cette déviance est acceptée, à condition qu'elle permette de sortir la production. Si l'infraction est vue comme la condition du résultat, alors la déviation est considérée comme fonctionnelle. Dans cette interprétation, le but est inchangé, mais les voies et moyens pour y parvenir sont multiples: la trop grande rigidité des prescriptions nuit à l'efficacité de la prescription et la perte partielle du contrôle constatée s'avère être la condition du contrôle... Il s'agit d'une manière de voir la réalité qui vise à traduire, non seulement toute autonomie en discrétion, mais qui transforme les échanges mutuels mis en place par des choix autonomes, en relations contrôlées de l'extérieur par une coordination hétéronome (p. 256)". Voir Déviance.

Hubert Houdoy


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Mise à jour: 16/07/2003