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Nouveautés du Glossaire (20)




Suite de Nouveautés du Glossaire (19)





Mots définis entre le 12 Juin 1999 et le 12 Juin 1999





Fantasmatique. (a) Adjectif signifiant < relatif aux fantasmes> ou dont l’origine est un fantasme, une production de l'imagination correspondant à un désir, le plus souvent resté inconscient du sujet.

(b) Une représentation fantasmatique (comme le signifiant phallus ) se présente comme venant de l’extérieur, avec un effet de réalité (mirage, voix, hallucination, terrorisme des marchés ) alors que son origine est interne.

(c) Même un sens aussi immédiat , en apparence, que le sens de la vision , ajoute plus d’ informations venant du cerveau qu’il n’en reçoit par les signaux véhiculés le long du nerf optique.

(d) Nous sommes dépendants de représentations fantasmatiques parce que notre capacité de distinction ou de résolution mathématique de nos cinq sens, ne s’est développée qu’à partir d’un syncrétisme et d’un adualisme initial .

(e) Nous restons définitivement dans l’ impossibilité de distinguer avec certitude nos sensations internes et sensations externes . C’est pourquoi l’ incertitude est notre véritable lieu de vie.


Cahoter. texte. (a) Définition classique. <cahoter> signifie <ballotter et secouer>. Le sujet du verbe, cause immédiate, est généralement une charrette, le chariot de foin , un char, une diligence, un fiacre ou tout véhicule roulant sur un chemin cahoteux (qui comporte des irrégularités), la véritable cause causante quoique muette des cahots (chocs, soubresauts, dûs à une inégalité sur la route lors d'un transport en automobile ou en vélo).

(b) Au lieu d’être plan et de correspondre à son concept de plan de roulement, le chemin est une surface chaotique. La disposition des pierres sur la surface est un véritable chaos, sans ordre et contraire à leur fonction d’usage . Ces termes (verbe, adjectif, nom) manifestent l’intervention d’un malin, d’un destin, d’une fatalité, d’un sort contraire, d’un usage déplorable (pluies d’orage, usure, passages répétés, charrois sans roues) qui s’opposent au dessein du créateur de la voie de circulation. Mais les termes ne font que connoter cette influence néfaste. Par eux-mêmes, ils se contentent de dénoter une anormalité par rapport au plan imaginaire qui a servi de cible à la conception de la voie.

(c) Usage réaliste et dynamique. Dans <le marché cahote>, nous faisons un usage dynamique du verbe et réaliste du sujet. Le marché ne subit pas un chaos qui serait contraire à son plan préétabli ou à son dessein. Le marché n’a jamais eu de créateur, d’inventeur ni de concepteur. C’est pourquoi il est un chaos constitué de millions de machines désirantes inconscientes ou de micro-décisions inconséquentes. Il a seulement eu des théoriciens a posteriori dans les personnes d’ Adam Smith , de David Ricardo ou de Jean-Baptiste Say. Par contre, le marché est un chaos en action, comme en témoigne la forme fractale des courbes qui dessinent les conséquences de son absence de dessein. Il nous paraît plus juste de dire <le marché cahote> (cela se voit) que de dire <le marché régule> (cela se saurait) ou de faire usage du modèle de la persécution pour dire <le marché subit> (je sais bien que je décide d’acheter et de vendre sur ce marché).

Voir Dénotation. Connotation. Fractalité. Modèle de l’équilibre . Univers décisionnel du marché . Décideur. Responsabilité. Modèle du chaos . Modèle du marché . Modèle du marché équilibré .


Génération des nombres . Tous les domaines de la pensée et toutes les disciplines scientifiques se sont lentement et progressivement détachées d’une pensée unique, non pas synthétique mais syncrétique (d’avant toute distinction). Il s’agit de la religion. La philosophie a été la première fille à partir (se diviser, se séparer) par scissiparité . Le syncrétisme est caractéristique de l’ adualisme initial . Dans la religion primitive, la plus ancienne que nous puissions connaître, la création du monde est aussi la forme initiale de l’arithmétique. Dans une pensée magique, la génération des nombres est l’image fantasmatique de la production des nombres entiers naturels les uns par les autres, engendrement, à partir de l’unité, la Terre, la déesse mère, la Grande Mère .

(a) Addition et soustraction.

En arithmétique. Un s’ajoute à lui-même et ça fait deux. Un s’ajoute à deux et ça fait trois. Un s’ajoute à trois et ça fait quatre. Deux s’ajoute à trois et ça fait cinq. Un s’ajoute à cinq et ça fait six. Six s’ajoute à lui-même et ça fait douze. Un se retranche de douze et ça fait onze.

Dans la mythologie grecque. Gaia s’ajoute à elle-même et ça fait Ouranos. Gaia s’ajoute à Ouranos et ça fait Cronos. Gaia s’ajoute à Ouranos et ça fait Rhéa. Cronos s’ajoute à Rhéa et ça fait Zeus. Cronos se retranche (dans le lit de Gaia et coupe les couilles) d’ Ouranos et ça fait Aphrodite. Cronos soustrait les enfants de Rhéa en les dévorant. Rhéa soustrait Zeus que Cronos allait soustraire et ça fait Zeus en plus du côté des résultats. Moins par moins, ça fait plus.

(b) Réitération. Gaia s’ajoute à Ouranos et ça fait potentiellement les Titanides.

(c) Multiplication et division.

Gaia s’ajoute souvent à Ouranos et ça fait, en puissance, Gaia grosse des Titanides. Mais Ouranos les retient, les bloque dans les profondeurs de Gaia alors Cronos fait d’Ouranos un eunuque et libère tout d’un coup le contenu du ventre de Gaia et ça fait les Titanides. Il faut un peu de retenues pour faire des nombres. Zeus fait vomir Cronos qui rend les Titanides. Une retenue ne dure jamais éternellement. Elle disparaît avec le résultat de l’opération. Tous les enfants de Gaia se divisent en deux parties et ça fait les Olympiens et les Titanides.

Voir Faucille d’or . Castration. Fertilité. Fertilité féminine . Fécondation. Opération du Saint Esprit .


Ça fait . (a) L’expression “ça fait” est une expression enfantine (de moins de 7 ans à plus de 77 ans) pour exprimer aussi bien une opération mathématique, ses représentations identiques et celle de son résultat. Ainsi. <<1 et 1 ça fait 2>> ou 8 192 ça fait <<2 puissance 13>> ou <<1024 x 4096>> ça fait 4 194 304.

(b) < Ça fait> est une formule qu’aurait pu inventer Sigmund Freud pour sa seconde topique si son inconscient n’était pas un théâtre de représentation où “se donne” Oedipe ou “se joue” l’ inceste. Alors, <ça fait> est la parfaite illustration des machines désirantes de Gilles Deleuze et Félix Guattari.


Syncrétique. (a) Sens original. Le qualificatif de syncrétique se dit de la perception, de la vision globale d'un ensemble, avant toute distinction des éléments. Cela est caractéristique du syncrétisme infantile ou de l’ adualisme initial . Henri Wallon parle de la sociabilité syncrétique pour l’étape infantile courant de 1 à 3 ans. La sociabilité différenciée viendra après 3 ans. Symptôme de l’absence de distinction, <<tout sentiment est à la fois lui-même et son contraire>>, ce qui n’est pas le cas dans la combinaison ou la synthèse. Le passage d’un stade à l’autre supposera la réalisation d’un double processus: l’identification de soi et l’identification de l’autre, c’est-à-dire leur distinction par opposition. De même, la pensée syncrétique, avant 7 ans est suivie de la pensée logique. 7 ans est l’âge de raison.

(b) Sens dérivé. Retour à un état de non distinction par une fusion relativement cohérente (masquant les collages) de plusieurs théories ou doctrines. Le terme de synthétique est alors plus approprié. Le terme est plutôt employé pour décrire l’emprunt de divinités du colonisateur par les peuples colonisés et l’intégration dans leur panthéon.

(c) Une représentation syncrétique d’un phénomène ne permet pas de le contrôler ou de le reproduire. Ainsi le dessin en perspective sera impossible si la vision n’a pas séparé les objets des plans successifs dans la profondeur de la scène.


Synthèse.(a) Pensée synthétique . La synthèse est l’opération intellectuelle qui consiste à regrouper des faits ou des informations épars et à les rassembler en un tout cohérent. Pressée de conclure, la synthèse classique cherche à construire une totalité. Elle est généralement contredite ou dépassée par la suite des événements.

(b) Opération technologique. Une synthèse chimique est une combinaison de corps (simples ou composés) pour obtenir des corps plus complexes. On produit un artefact qui forme un tout.

Voir Analyse. Combinatoire.


Synthétique. (a) Terme de psycho-logique. On désigne par synthétique ce qui est relatif à la synthèse, cette opération intellectuelle qui consiste à regrouper des faits ou des informations épars et à les rassembler en un tout cohérent

(b) Terme technique. Un produit et une matière synthétiques proviennent d'une synthèse chimique, une combinaison de corps (simples ou composés) pour obtenir des corps plus complexes.

(c) Une pensée synthétique suppose une distinction préalable, une analyse. Contrairement au syncrétisme initial, la synthèse n’est jamais donnée par avance. Ce fut le “rôle historique” de la pensée du même que de réaliser les oppositions paradigmatiques et les spécialisations scientifiques qui rendront possible des rapprochement synthétiques toujours à reprendre dans la pensée de la diversité .

Voir Dialectique. Totalité. Globalité. Analyse lexicale . Analyse sous contraintes . Analyste.


Syncrétisme. (a) Le syncrétisme n’est pas la synthèse de choses préalablement distinctes, mais l’indifférenciation initiale de choses qui seront, ensuite, analytiquement distinguées ou séparées. Le syncrétisme est le plus important à la naissance, avec l’ adualisme initial (Baldwin).

(b) La perception suppose la différenciation d’éléments isolables et reconnaissables. C’est le rôle des schèmes d’assimilation . Les schèmes sont alors des briques modifiables par accommodation. La coordination de schèmes préalablement indépendants est la voie du constructivisme.

(c) Dans les représentations de la scène primitive , le syncrétisme infantile produit le fantasme archaïque des parents combinés .

(d) Historiquement et culturellement, nous sortons du syncrétisme par les oppositions paradigmatiques binaires de notre culture ethnique . L’ensemble du monde visible s’est trouvé opposé en deux principes antagoniques qui supposaient une domination de l’un sur l’autre pour sortir du chaos apparent (dieux et humains, homme et femme, verbe et chair, etc). Telle est l’origine de la pensée du même . Mais aussi celle du despotisme ancien et du totalitarisme récent.

Voir Accommodation. Constructivisme. Coordination. Différenciation. Indifférence. Synthétique. Domination comme principe . Principe d’organisation . Principe d’intelligibilité . Génération des nombres . Fantasmatique .


Carbonifère. Terme de géologie.

(b) Il y a environ 300 millions d’années, l’Amérique du Sud, l’Afrique septentrionale, l’Inde et l’Australie étaient en partie recouvertes d’une calotte glaciaire et formaient un seul bloc, au pôle Sud de la Terre, le Gondwana.

(c) La Laurasie, le second bloc, formé par l’Amérique du Nord et l’Eurasie, offrait un climat de type tropical. Une faune et une flore s’y épanouissaient tant qu’elles ont donné nos riches bassins houillers.

(d) La Méditerranée est un vestige d’une mer d’orientation est-ouest, la Téthys, entre le Gondwana et la Laurasie

Voir Dérive des continents .


Régurgitation. Terme de zoologie. (a) La régurgitation est un retour dans la bouche des aliments précédemment contenus dans l'estomac et sans effort de vomissement.


Xéromorphe. Terme de biologie.(a) En botanique et en zoologie, un individu ou une espèce xéromorphes sont adaptés à la sécheresse.

(b) Les sporophytes de certaines fougères xérophiles (plantes qui aiment les climats chauds et secs) présentent un recouvrement très dense de paillettes et de poils glanduleux. C’est le cas des espèces Ceterach officinarum , Cheilanthes ou Notholaena.

(c) D’autres espèces modifient leur cycle annuel. C’est le cas de Polypodium serratum .


Mettre des bottes . texte. (a) Mettre et porter des bottes est presque aussi important et signifiant que d’être un cavalier. Les chaussures font partie du spectacle social . Les bottes de cuir tiennent bien mieux aux pieds que les sabots (les éclots de bois des éclopés). Elles sont plus silencieuses que les galoches (chaussures de cuir avec une semelle en bois). Elles protègent tant du froid que de la boue des chemins. Dans une ferme du Forez, à la louée annuelle, le premier valet reçoit une paire de bottes pour l’année. Être botté, y de quoi plaire aux payses. Le “baraud” ou basse-courier qui ne s’occupe que de la basse-cour reçoit “une gale d’éclots” (une paire de sabots).

(b) Si d’aventure, allant de Montbrison (42600) à Ambert (63600) par le Col de la Croix-de-l’Homme-Mort (1163 m), vous faites halte dans un café de Saint-Anthème (63660), ne cachez pas vos bottes, même crottées. Au contraire, pour vous faire servir, montrez-les. Sinon, “vous ne valez pas tripettes”, les petites tripes que l’on servira dans votre assiette, mais sans la nappe.

(c) Tant que vous êtes à Saint-Anthème, pourquoi ne pas faire un tour à Sauvain (42990) ? C’est à la Maison Sauvagnarde que vous trouverez le Musée de la Fourme et du Sabot. Enfin ! C’est si ça vous “botte”.

Voir Du foin dans ses bottes . Écloper.


Lanlaire. (a) Déformation de <en l’air>, utilisée dans l’expression <envoyer faire lanlaire> qui signifie <envoyer promener> ou se faire foutre.

(b) De fait, il vaut mieux être deux et s’envoyer en l’air que d’être seul et de s’entendre envoyer faire lanlaire.

Voir Mettre des bottes . Du foin dans ses bottes . Écloper. Va-te faire foutre .


Écloper. (a) Écloper quelqu’un, c’est le rendre boiteux. C’est l’obliger à utiliser du bois (boiter) pour marcher. C’est, selon Oedipe, ce que fait tout homme, au soir de sa vie.

(b) Un éclopé durable est généralement un blessé grave. Mais un éclopé provisoire est tout simplement quelqu’un qui a perdu ses éclots, ses sabots de bois, ses chaussures ou ses bottes. Il suffit parfois d’un rien, d’une clope ou même de clopinettes, d’un cailloux dans sa botte de cuir pour se retrouver éclopé.

Et pour mieux tâter la tige, Gaspard coula la main en dedans, le long du mollet. (Henri Pourrat , Gaspard des Montagnes , Le Pavillon des Amourettes, Quatrième veillée, Cinquième pause)>>.

Voir Du foin dans ses bottes .


Du foin dans ses bottes . (a) Avoir du foin dans ses bottes est une forme de confort contre la transpiration. Cela suppose d’avoir du foin à perdre et des bottes à mettre. Mettre de la paille dans ses sabots est moins dispendieux. Car, une fois que la paille a séché les sabots, il est encore possible de la “mettre sous le cul des vaches” pour faire du fumier. Puisque le lisier est utilisé pour décomposer la cellulose. Mais le foin qu’on met dans les bottes, on ne peut plus le donner aux vaches. C’est que c’est délicat, c’te bestiaux-là. Ça laisse déjà ben assez de refus aux prés en été. Va pas leur faire encore refuser le foin en hiver. Enfin, c’que j’en dis. Tout ça, c’était d’avant l’ensilage !

(b) Mettre des bottes puis du foin dedans exige plusieurs générations de gens entreprenants, aventureux et chanceux.

(c) De nos jours, la marine à voile préférant l’aluminium, “les plus beaux sapins du monde” sont coupés, imprégnés de produits chimiques à Montrond-les-Bains (42210) et les poteaux télégraphiques sont exportés dans le monde entier.

(d) Nous avons volontairement maintenu et même ajouté aux digressions d’Henri Pourrat qui font le charme de la mise en abyme de ses contes de la veillée. Que n’a-t-il connu l’ hypertexte !

Voir Le chariot de foin . Charrette. Cavalier.





Auteur


Hubert Houdoy

Créé le 9 avril 1998





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Mise à jour: 16/07/2003