Croyances monétaires


(a) Au même titre que les paramètres psychosocologiques définis par John Maynard Keynes dans sa "Théorie Générale", les croyances monétaires largement admises et partagées dans un pays font partie de la définition de la nation économique. Elles sont les fondements (non pas du réel, mais) d'un cadre de pensée, qui canalise aussi des émotions collectives (réaction des Allemands à l'occupation française de la Rhur).


(b) Référence théorique :


- <<Les croyances monétaires sont bien plus que des théories économiques. Elles intègrent des considérations à la fois morales, sociales et politiques : morale en ce qu'elles prennent appui sur une certaine idée du bien collectif et des valeurs qui le constituent ; sociale parce qu'elles ont en vue la stabilité des hiérarchies entre groupes et classes ; politique, enfin, parce qu'elles ont vocation à s'insérer dans une perspective stratégique précisant ce qu'il faut faire et comment. Les exemples français et allemand sont de ce point de vue sans ambiguïté. Si la Banque de France défend la déflation, c'est au nom de la morale et d'une certaine vision de la stabilité sociale. De même, la faveur dont jouit la théorie de la balance des paiements dans les milieux dirigeants allemands est étroitement liée à leur refus politique du Traité de Versailles. Par ailleurs, on a montré quel rôle structurant ces croyances collectives jouaient de par la charge affective qui était investie en elles. Elles construisent les références sur la base desquelles les acteurs privés et publics prennent leurs décisions. À notre avis, ces croyances constituent une dimension essentielle et négligée du fait monétaire. Négligée parce que les approches économiques usuelles ont trop tendance à réduire la monnaie à son seul rôle d'instrument facilitant les échanges. Or, la monnaie est bien plus qu'un instrument. Elle est avant tout un lien. Elle est ce qui unit, elle est ce par quoi une communauté de destin se constitue et se fortifie. L'expression la plus visible de cette unité est à trouver dans les convictions monétaires qui soudent le corps social. La puissance de la monnaie se mesure directement à la force de l'engagement collectif en leur faveur. On retrouve ici, sous une forme transformée, l'idée traditionnelle de confiance mise en avant par François Simiand puis Marc Bloch. La confiance en la monnaie est ce qui échappe à la manipulation politique, ce qui lui fait face. C'est cette confiance qui est la source véritable du pouvoir des banques centrales. C'est sur elle que les banques centrales prennent appui pour contraindre le pouvoir politique, et non leur indépendance statutaire. C'est là un pouvoir qui ne doit rien à la légalité et qui doit tout à la conviction partagée des acteurs économiques. Comme le souligne Charles Goodhart (1992) : «Une Banque centrale «indépendante» aura toujours besoin de conserver ses soutiens électifs et politiques en s'assurant qu'une partie suffisante de la population comprend et accepte ses objectifs et ses actions» (31). Tel est le point fondamental. Il ne faudrait pas que la revendication d'indépendance statutaire fasse perdre de vue cette réalité. (André Orléan, "Croyances monétaires et pouvoir des banques centrales", in "Les banques centrales comme institutions économiques", Albin Michel, 2007, document du web, Conclusion)>>.


(c) Ces croyances collectives sont plus fortes que les fondamentaux dont l'existence et la connaissance ne sont pas aussi évidentes qu'il pourrait sembler.


(d) Voir Banque centrale. Croyance. De facto. Illusion légaliste.


(e) Lire "Réseaux Nomades".




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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Mercredi 2 Juillet 2008



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