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Comment en finir avec le chômage




Une publication du RAD - Dialogue :







Notes de Lecture

de Hubert Houdoy


sur “Pour en finir avec le chômage”

http://www.nouvellesociete.org/701.html


de Pierre J.C. Allard

mmm@email.com





Pierre Allard se présente en ces termes:


<<Il y a maintenant plus de 30 ans que je travaille dans le domaine de la main d'oeuvre et que, comme tant d'autres, je cherche une solution au problème universel du chômage. Pendant toutes ces années (à titre de haut fonctionnaire, conseiller, expert, consultant, intervenant à des dizaines de projets à travers le monde, de Djibouti à l'Alberta et du Gabon en Chine) j'ai produit bien plus que ma part d'études, d'analyses et de rapports pour élaborer des "initiatives", des "programmes", des "politiques", des "plans globaux" de réforme de l'éducation, de la formation, de l'emploi...

Au fil des ans j'ai compris, comme tant d'autres, que DES MESURES DE CRÉATION D'EMPLOIS NE RÉGLERAIENT RIEN, puisque c'est notre structure même d'encadrement du travail et d'affectation des ressources humaines qui est désuète. Hélas, les décideurs qui commanditent les études de main-d'oeuvre (et en redemandent !) acquiescent au diagnostic mais ne s'attaquent jamais au problème de fond. Ils sont trop occupés.>>.


Puis il résume ainsi son diagnostic et son ordonnance:


<<Le Diagnostic.


Nous vivons la phase terminale de la révolution industrielle et LES EMPLOIS VONT PRESQUE TOUS DISPARAÎTRE:

(a) dans le secteur de production des biens, parce que le maintien de la productivité et de notre compétitivité exige l'accélération de l'automation;

(b) dans le secteur tertiaire , parce qu'UN EMPLOI N'EST PAS UN ENCADREMENT EFFICACE pour la créativité, l'initiative, la motivation, l'empathie requises; le fournisseur de services doit rendre ses comptes à l'utilisateur;

Nous avons autant que jamais besoin de travail, mais NOUS N'AVONS PLUS BESOIN DU TRAVAILLEUR SALARIÉ; c'est du travail autonome de l'artisan, du professionnel, de l'entrepreneur, du créateur et du communicateur que nous avons besoin.

Ceci exige:


L’Ordonnance.


Le partage du travail afin qu'il y ait un emploi pour quiconque veut un salaire.

Le revenu annuel garanti pour tous, en contrepartie d'un emploi ou d'une affectation à la formation.

L'inventaire et l'enregistrement professionnel, afin que nous connaissions nos ressources humaines.

La constitution d'une maquette des emplois, pour connaître et prévoir nos besoins en main-d'oeuvre.

L'implantation d'un système informatisé de placement, pour optimiser l'utilisation des compétences.

Le soutien financier et technique à l'entrepreneurship personnel des travailleurs autonomes.

La création d'un ministère des Ressources humaines (emploi, revenu garanti... et formation professionnelle).

Après quoi, comme nous en parlerons bientôt au document "Éducation" qui suivra, il faudra implanter:

La formation professionnelle spécifique en entreprise pour tous les postes salariés.

L'imputation aux "apprenants" du coût de toute éducation/formation autre qu'universelle.>>.


Pierre J.C. Allard développe ensuite le détail de son argumentation que nous vous invitons à lire à l’adresse: http://www.nouvellesociete.org/701.html


Nous commenterons (HH) certains morceaux choisis (PJCA), <<mis entre crochets de citation>>.





* Qu'est-ce qu'une société ?


PJCA. <<Qu'est-ce qu'une société ? Une société, c'est d'abord une structure d'échange à laquelle chaque participant en titre apporte sa contribution; la complémentarité des apports permet la division du travail et un mieux-être pour tous. Souvent, le pouvoir, l'autorité (l'argent dans une économie monétaire) peuvent introduire des biais et faire qu'on reçoive plus ou moins que ce que l'on donne, mais le principe demeure d'une participation au bien commun. Il n'y a qu'aux enfants et à ceux qui en sont vraiment incapables qu'on accorde de bon gré le privilège de ne pas contribuer à l'effort collectif.>>


HH. Cette définition de la société est une définition idéale et idéelle, du type de celles que l’on trouve dans les déclarations des droits de l’homme ou dans les préambules des constitutions. Elle correspond à nos souhaits et à nos discours. Elle ne correspond ni à l’ensemble de nos pulsions, ni à la majorité de nos pratiques. Elle fait référence à un modèle théorique dans lequel la société fonctionne comme une totalité rationnelle. Nous nous garderons de confondre l’ hypothèse méthodologique de reproduction simple , qui permet de produire un tel discours méthodologique de référence, avec la prétendue ontologie d’une réelle loi de reproduction automatique de la société . Car la réalité est une globalité plus complexe et plus chaotique que les modèles qui nous aident à nous construire une réalité apparente .





* Solidarité.


PJCA. <<Ceux qui travaillent encore aiment de moins en moins ceux qui ne travaillent pas et la condescendance envers les exclus du travail devient de la hargne. Tous les signes sont là qui annoncent une fissure de plus en plus profonde entre ceux qui contribuent à la production et les autres. La solidarité qui découle d'une croyance profonde que nous y gagnons à être ensemble (et qui est une condition essentielle au maintien d'une société) est devenu bien fragile. C'est ça, la véritable crise.>>


HH. Ce point est fondamental. La tolérance au non-travail est fonction des causes que l’on attribue à celui-ci (paresse ou crise du travail salarié) et des remèdes que l’on croit possible.

Il est important de voir que c’est le salariat qui est en crise et que la société a toujours [inclexcl:produit de l’exclusion. D’autant que si beaucoup de chômeurs tentent de créer leur propre activité, ils ne sont pas toujours les plus aptes à cela. Certains, qui ont toutes les compétences pour cela, s’en garderont bien, tant que les réglementations seront si défavorables au travail indépendant. Le travail autonome de demain ne doit pas être confondu, ni avec les professions libérales ni avec le travail à domicile d’hier.





* Travail, besoin, emploi, activité .


PJCA. <<Le travail, c'est un effort qu'on consent pour obtenir un résultat. Il y aura donc toujours du travail à accomplir, aussi longtemps que tous nos besoins ne seront pas comblés et que tous nos désirs ne seront pas satisfaits. Dire qu'il n'y a plus de travail est donc une absurdité. Le problème actuel n'est pas que nous manquions de travail, mais que nous manquions d'emplois; ce qui n'est pas du tout la même chose. L' emploi n'est qu'une façon de travailler parmi plusieurs; c'est celle qui consiste à exécuter certaines tâches, ou à s'acquitter de certaines fonctions, en considération d'un salaire prédéterminé. Il y a d'autres façons de travailler et d'autres modes de rémunération.>>


HH. Après l’ esclavage et le servage, le salariat est la troisième forme du travail dominé dans une totalité. Mais, dans la globalité de la réalité, rien n’oblige à réduire les activités à ce qu’en donne une opposition trop radicale entre monde du travail et monde de l’amour . Les activités productives de la vie ont toujours dépassé le labeur producteur des seuls biens matériels.





* De la machinisation de l’homme aux réseaux socio-techniques .


PJCA. <<Maintenant, ce sont de vraies machines qui font (et qui feront de plus en plus) ce que faisaient ces ouvriers industriels de jadis qu'on traitait comme des machines. Le problème, c'est que pour le travail qui exige encore une intervention humaine directe, l'emploi n'est simplement pas la meilleure structure d'encadrement et de rémunération. Les emplois sont donc en voie de disparition.>>


HH. La réduction des activités au travail et de celui-ci à un job appauvri ont préparé la mécanisation. Elle est le véritable domaine de la totalité et de la modélisation. Réjouissons-nous de ce que ce processus de réduction puisse enfin aboutir à l’automatisation. Même si elle n’est pas aussi simple qu’on pourrait le penser. Entrons délibérément dans la société de connaissance que réclame le développement continué de notre économie industrielle. Il y aura de plus en plus besoin de réflexion et de concertation pour diriger la machine industrielle. Plus le moteur tourne vite, plus les phares doivent éclairer loin et plus le pilote doit anticiper. Nous sortons du prétendu futur objectif pour entrer dans l’avenir inventé conjointement.





* Productivité et compétition par les économies d’échelle .


PJCA. <<Il y a deux siècles qu'on remplace des travailleurs par des machines, mais un seuil important a été atteint il y a une quarantaine d'années. Avant 1955, on satisfaisait globalement à une carence de biens de consommation: il s'agissait de produire plus; plus de machines ne voulait pas dire moins de travailleurs, mais plus de production. Vers 1955, on a atteint le point de saturation de la demande effective, ce qui signifiait que, globalement, les baisses de prix découlant d'une mécanisation plus poussée ne pouvaient plus rendre les produits accessibles à un nombre suffisant de nouveaux consommateurs pour justifier que l'on garde au travail tous les travailleurs en place à produire au niveau taux de productivité que permettaient les nouveaux équipement. Depuis 1955, le pourcentage de la main-d'oeuvre employée dans le secteur industriel a donc commencé à décliner.>>


HH. Nous sommes sortis d’une économie définie avant tout par la pénurie. Nous sommes rentrés dans une économie où la pénurie, au lieu d’être première (en termes de valeur d’usage ) est organisée par la concurrence des capitaux, en termes de valeur d’échange .

C’est ainsi que la pénurie des uns côtoie les excédents des autres. Les difficultés de la PAC, la Politique Agricole Commune, pour les paysanneries françaises en sont une bonne illustration.


La mécanisation ne sert pas à produire plus pour satisfaire les besoins, mais à produire plus pour vendre moins cher pour éliminer le concurrent.





* Plus de problème pour produire . Mais produire quoi ?


PJCA. <<Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, nous pouvons non seulement produire de plus en plus avec de moins en moins de travailleurs, mais nous ne pouvons même pas sérieusement considérer qu'une augmentation quelconque de la production des biens industriels que nous consommons pourrait techniquement exiger de mettre au travail un seul travailleur de plus. Dans la quasi-totalité des cas, augmenter la demande pour les biens industriels exigerait simplement d'augmenter l'équipement. C'est ça, la réalité.>>


HH. Comme Keynes l’expliquait déjà, la concurrence ne peut pas remplacer la production à la demande. Nous devons donc passer plus de temps à définir les besoins (en inter-relation) pour passer moins de temps à vendre ce dont on n’a pas déjà besoin. Telle sera la société de connaissance , dans laquelle la concurrence serait seconde.





* Relever le défi pour éviter la catastrophe .


PJCA. <<Non seulement il n'y a pas d'espoir d'une résurgence spontanée de l'emploi dans le secteur industriel, mais même le niveau actuel d'emploi n'y est maintenu que par des contraintes artificielles qui sont nuisibles. Le choix, c'est d'agir ou de ne pas agir; de prendre les mesures nécessaires pour faciliter la migration en bon ordre des travailleurs industriels vers de nouveaux défis... ou de les voir chassés en panique hors des usines où ils auront de moins en moins leur place.>>


HH. De fait, les interventions suggérées par une fausse analyse de la situation ont pour conséquence d’aggraver le mal.





* Pas de secteur tertiaire refuge .


PJCA. <<Depuis que la main-d'oeuvre abandonne le secteur industriel, elle émigre vers les services. Il y a deux générations que ça dure, mais il ne faut pas présumer qu'on créera encore des emplois dans le secteur tertiaire. Il y aura du travail dans le secteur des services, mais pas nécessairement des emplois. Idéalement, on n'y créera plus d'emplois.>>


HH. La crise du travail salarié touche autant le primaire, le secondaire et le tertiaire.





* Désirs et activités ne sont pas limités.


PJCA. <<Les activités "non-programmables" constituent la vraie part réservée au travail humain dans le processus de production. C'est suffisant: il y a certainement assez de désirs humains dont la satisfaction exige l'exécution de tâches "non-programmables" pour garder tout le monde au travail jusqu'à la fin des temps ! Au travail oui; mais dans le cadre d'un emploi ? Rien n'est moins sûr...>>


HH. Les activités non-programmables sont infinies, mais les activités les plus urgentes à développer sont celles (définition des besoins dans des projets) qui permettront de programmer la production dans le cadre d’une programmation des besoins. Ceci n’a rien à voir avec le projet soviétique de planification autoritaire.





* Micro-décisions et dictature des marchés .


PJCA. <<En théorie, c'est le consommateur qui décide en dernier ressort du nombre des emplois qui seront préservés. En effet, quand il existe au poste un aspect non-programmable, c'est que la machine (par définition) ne peut pas faire exactement ce que peut faire un être humain; quand on lui offre un service mécanisé de substitution, le consommateur perd donc un élément du service qui lui était rendu par le travailleur. Il peut refuser d'accepter cette perte, si elle lui semble intolérable, ou il peut l'accepter et "faire avec" si le produit de substitution lui offre un rapport qualité/prix qui lui semble plus avantageux.>>


HH. La meilleure manière de mettre fin au dédoublement de personnalité du consommateur qui “décide” inconsciemment ce qu’il rejette dans son discours conscient, c’est de concevoir le produit et l’usage entre les concepteurs et les utilisateurs.





*. Le nomade moderne


PJCA. <<Ce sont des travailleurs autonomes, pas des employés, qui fourniront à la population les services non-programmables dont elle a besoin. Ils le feront pour les services existants et, dans toute la mesure où on le leur permettra, ils chercheront aussi à le faire pour ces postes de travail en mutation dont le système n'a pas encore défini s'ils seraient conservés ou si on leur substituerait des machines.>>


HH. L’esclave était attaché à son maître. Le serf était attaché à la glèbe du domaine. Le salarié appartient à son entreprise. Le nomade moderne ne se définit plus par une appartenance octroyée (inclusion) ou refusée (exclusion). Non seulement il veille à son employabilité, mais il crée sa propre activité sur les réseaux socio-techniques auxquels il participe.





*. Les services complexes .


PJCA. <<Il y a une offre de travail excédentaire pour les petits boulots, mais pas pour les services qui exigent une formation longue et un équipement coûteux. Ici, les ouvriers manquent et la demande est pratiquement infinie. N'espérons pas, cependant, qu'on créera des centaines de milliers d'emplois pour répondre à cette demande. Deux contraintes économiques rendent irréaliste la création massive d'emplois dans le domaine des services complexes.>>


HH. Des services complexes, personnalisés, seront fournis par des nomades modernes . Ils se caractérisent par un haut niveau de compétences. Le développement des services complexes doit se comprendre dans sa complémentarité avec les réseaux socio-techniques. Ceux-ci diffusent les outils et les informations de base. Les travailleurs autonomes produisent puis ajoutent leurs connaissances. La conception même des réseaux socio-techniques devra se réaliser dans un contexte de conception simultanée du produit, de son process et de son usage. Au couple client-fournisseur, régi par la valeur d’échange , s’ajoute le couple concepteur-utilisateur préoccupé de la valeur d’usage .






*. Information publique et connaissance privée


PJCA. <<La première contrainte économique, c'est que la prestation de services complexes, tout comme la production industrielle, exige un investissement préalable. C'est l'éducation/formation qui est ici le multiplicateur qualitatif de la productivité des services, comme la machine est le multiplicateur quantitatif de la production industrielle. Il existe cependant une différence essentielle entre un investissement dans l'industrie et un investissement en éducation/formation: la machine peut demeurer la propriété de l'investisseur et lui rapporter un profit ou un dividende, alors que l'éducation/formation ne peut être appropriée; elle profite entièrement au travailleur.>>


HH. La distinction entre l’ information (dont le traitement et la diffusion sont automatisables) et la connaissance (toujours personnelle et subjective) est fondamentale pour comprendre en quoi la société industrielle sécrète d’une part les réseaux socio-techniques (le développement d’internet) et d’autre part une société de connaissances entre les nomades modernes.





*. Le revenu moyen du nomade moderne


PJCA. <<Il est clair que le développement de notre société passe par l'affectation d'un pourcentage croissant des travailleurs à la prestation de services complexes. Ceci, toutefois, n'est possible que si on trouve une solution au problème du financement d'un effort d'éducation/formation qui, avec l'accélération du rythme des changements technologiques, deviendra inévitablement encore plus important qu'il ne l'est déjà, et si (mais n'y pensons même pas pour le moment !) on peut convaincre les fournisseurs de services complexes que si leur nombre augmente et que le travailleur moyen de l'avenir devient un fournisseur de services complexes... sa rémunération moyenne ne pourra être que celle du travailleur moyen.>>


HH. Les investissements matériels les plus lourds seront assumés par des entreprises de plus en plus partenaires sur des réseaux socio-techniques . C’est elles qui assureront la partie incompressible des emplois. Pour les autres, si nous allons vers un travail autonome pouvant être rendu à distance, il ne sera ni le travail à domicile misérable du capitalisme naissant, ni la notabilité rentable des anciennes professions libérales (médecin, notaire, avoué, avocat, pharmacien).





On trouvera bien d’autres analyses à l’adresse: http://www.nouvellesociete.org/701.html





* Co-Auteur


Hubert Houdoy



Créé le 3 Avril 1999

Modifié le 20 Novembre 1999





* Définitions


Les termes en gras sont définis dans le glossaire alphabétique du RAD.










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Mise à jour: 24/12/1999