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Concevoir
le Produit et son Usage
Racine
Ce document appartient au Cycle de la Conception des Produits, des Catalogues et des
Entreprises
Plan
Introduction
1. Dialoguer avec le client.
2.
Partenariat entre client et fournisseur.
3. La méthodologie des
partenaires.
4. Conception simultanée du produit et de son
usage.
Conclusion
Introduction.
Le technique du graphe d’exploration des possibles,
présentée dans un article précédent,
s’appuie sur notre expérience industrielle de la
conception assistée par ordinateur . Elle
dégage un modèle émergent de cette activité. La
conception explore un domaine de réalisation. Elle fait de
l’entreprise une organisation apprenante.
Contrairement aux présupposés de la filière
inversée , le fournisseur ne connaît pas les besoins
précis de ses clients. La communication des partenaires doit être
le premier moteur de la conception. La réduction du secret accompagne
un décloisonnement des fonctions de l’entreprise. La conception
de chaque produit est aussi une réorganisation du catalogue et un repositionnement de
l’entreprise. Ce mouvement récent est un défi pour les
grandes entreprises industrielles. Il transforme les
citadelles en réseaux de communication. Il
différencie l’organisation du travail sur la
connaissance de celle du travail sur la matière.
Certes, les entreprises ne sont pas en mesure de tracer le
graphe d’exploration des possibles. Mais, au niveau politique de la
conception de l’entreprise, au niveau stratégique de la
conception du catalogue et au niveau tactique de la conception du produit, la
démarche exploratoire gagne sur la perspective
décisionnelle . Pour que la décision ne soit pas seulement un
spectacle décisionnel , il faut abolir le
privilège de décision et partager cette
responsabilité avec toutes les sources de
bifurcations. Les entreprises réduisent les lignes
hiérarchiques longues. Certaines les remplacent par trois cercles.
Elles augmentent la cohérence des décisions
entre les cercles pour accroître la productivité
globale de l’entreprise. Car les fonctions tertiaires ne
doivent plus absorber les gains de productivité des ateliers de
production.
Nous montrerons comment, dans le droit fil de la conception simultanée du produit et du process
le partenariat entre client et fournisseur réalise la
conception simultanée du produit et de son
usage.
1. Dialoguer avec le client.
1. 1. Séduire
L’entreprise développe la qualité. Quand les
clients mécontents retournent les produits, il est trop tard pour
l’image de marque. Les défauts doivent être
détectés avant la sortie de l’entreprise et à
toutes les étapes du processus. La qualité totale est
l’affaire de chacun. Toute l’entreprise doit se mobiliser pour
détecter les défauts à la place du client. Après
les tests destructifs, on invente les tests non-destructifs. Après la
qualité du produit, on s’intéresse à celle du
processus. Tout cela est bel et bon. Mais la Direction de la Qualité
est comme toute direction fonctionnelle. Pour être connue, elle doit
faire parler d’elle. Arrive la communication pour la communication. On
organise des concours, des challenges. On crée un “Trophée
Qualité”. L'entreprise se décerne des satisfecits. Loin du
client, on finit par se décerner des trophées avant que le
laboratoire ne disqualifie le produit.
Ce comportement est
significatif de la filière inversée .
L’entreprise oublie que sa compétence, réelle, est
incommensurable avec celle du client. Même quand la réalisation
du concept est parfaite, le besoin, instable, est celui de
l’utilisateur. Le produit doit satisfaire au
déroulement de l'activité du client. Le contrôle interne
est nécessaire. Il ne peut se substituer au dialogue avec la
clientèle. La meilleure manière de dialoguer durablement avec
lui est de l’associer à la conception. La filière
inversée, maternage du client, complète le paternalisme au sein
de l’entreprise. L’un et l’autres s’appuient sur une
symbolique profondément enracinée en chacun de
nous. Mais aujourd’hui, les contraintes du réel
se tendent, au point de l'emporter sur celles du symbolique. Le fournisseur
emploie toujours le langage de la séduction. L'imaginaire est
mobilisé pour la captation du sujet. La persuasion clandestine ne
disparaît pas. Mais la séduction est
balancée par des contraintes objectives de plus en
plus fortes de l’ organisation potentielle englobante.
Pour le client, la mécanique de son procès de production vaut
bien les yeux de Chimène.
1. 2.
Dialoguer
La mondialisation incite
chaque entreprise à définir sa niche sur le marché. La
spécialisation en découle. Tout en respectant les
normes et en s’appuyant sur les standards du
métier, chacun élabore sa propre combinaison productive. La
recherche de l’efficience accentue les contraintes
spécifiques. Les conditions de la production dévoilent leur
logique interne. Celle-ci s'impose avec force. Un producteur efficace est un
acheteur exigeant. Et, comme les situations ne se ressemblent pas, il devient
impossible de penser en lieu et place de l’utilisateur.
Reconnaître la spécificité du client,
c’est redécouvrir la valeur d’usage et
introduire une plus grande variété
dans le catalogue. Le développement de
produits plus spécifiques ouvre la voie aux petites
séries . La tension des flux appelle les ateliers flexibles.
La souplesse exige la participation de tous et la responsabilité de
chacun. Coopération interne, partenariat externe, l’entreprise
inaugure un nouveau travail basé sur le couple coopération et conception. La composante
laborieuse cède du terrain. La dimension cognitive en gagne. En huit
années passées dans l’industrie
électromécanique, j’ai animé plusieurs groupes de
réflexion et vécu autant de partenariats à
l’extérieur. Mon expérience n’est pas encore la
norme. Mais elle témoigne d’un changement significatif. Elle
incite à prendre la mesure de cette évolution.
2. Partenariat entre client et fournisseur
2. 1. Fin de la filière inversée
Nous sommes définitivement rentrés dans un monde
(organisation potentielle ) fini et complexe. La croissance
par répétition à l’identique, la pesée du
même, sont derrière nous. La filière
inversée , décrite par J. K. Galbraith, n’est
plus aussi aisément praticable. La technostructure,
qui lui correspondait, subit cette mutation. À l'intérieur, la
direction reprend les rênes du pouvoir. Il lui reste à comprendre ce qui se passe aux échelons
inférieurs. À l'extérieur, la
domination séductrice rencontre la résistance
des utilisateurs. Une société comme IBM a découvert
durement la fin des marchés captifs .
De
nouveaux rapports s’instaurent avec une clientèle plus
diversifiée. Elle était symboliquement segmentée par
l'action marketing du fournisseur. Sa propre activité productive est la
base de son individuation. La prise de
conscience de sa différence la rend plus combative. Elle ne
demande plus des gadgets pour se différencier par des
signes. Sa spécialisation la rend différente.
Les dangers courus la rendent exigeante.
Les nouveaux outils du
marketing direct permettent de suivre chaque client. Les outils de l'
infocentre analysent dans tous les sens les données
commerciales. Les producteurs qui vendent via des distributeurs cherchent
à retrouver des informations sur leurs clients. Ils
centralisent les données commerciales des distributeurs. Leurs
ordinateurs établissent toutes sortes de statistiques sur la
clientèle. On repère les clients caractéristiques. Des
moyennes sont établies. Chaque distributeur est positionné par
rapport à cette moyenne. Il peut alors définir ses propres
lignes de développement des ventes. Les catalogues électroniques sur internet sont une
autre technique d'approche. On observe la navigation des prospects sur les
serveurs web, comme on filme les comportements d’achat dans les
rayonnages. C’est la dernière étape avant le dialogue
délibéré. Mais ce dernier pas est psychologiquement et
sociologiquement difficile.
2. 2. Différenciation
réelle
2. 3.
Sémiotiques
Les vendeurs ont l’habitude de
discuter avec les acheteurs. Ces deux métiers sont semblables. Ils
partagent le souci de la valeur marchande. Seul le signe, positif ou
négatif, de la valeur, les oppose. L’un voit
“revenu”. L’autre lit “dépense”. Ils
parlent le langage de la valeur d’échange . Leur
système sémiotique est monétaire. Le
contrôle de gestion participe à ce monde partiel.
Par contre, le vendeur ne pratique pas la conception.
L’acheteur ne connaît pas l’usage du produit. Aujourd'hui,
le concepteur a besoin de rencontrer l’utilisateur. Entre eux le
dialogue ne porte pas sur la valeur d’échange. Il concerne la
définition exploratoire de la valeur d'usage . Leur
langage commun décrit les formes fonctionnelles du
produit. Leur système sémiotique est géométrique. L’un y voit la solution d’un ensemble de contraintes.
L’autre anticipe un fonctionnement dans son
contexte d'utilisation. Le contrôle de qualité doit
participer à ce point de vue sur le monde.
2. 4.
Taylor et Fayol
Qui connaît l’entreprise
sait qu’il existe des services missionnés pour communiquer avec
l’extérieur et des services cloîtrés. C’est la
division du discours qui accompagne la division du
travail. Avec le système de Fayol, la France est allée plus
loin que les pays anglo-saxons. Il y a ceux qui parlent. Il y a ceux qui font.
Faire en parlant n’est pas donné à tout le monde.
Développer la communication entre concepteur et utilisateur est un
défi cognitif et relationnel pour les personnes. La formation individuelle vient à bout de ce
problème. Mais cette communication est aussi un challenge organisationnel pour l’entreprise.
Ce changement de comportement est aussi difficile pour le client
industriel que pour le fournisseur. L’utilisateur final des moyens de
production est à l’usine. Donner la parole à
l’utilisateur final, c’est remettre en cause la division du travail instaurée par Taylor. Les
méthodes pensent. La production exécute. Certes, le bureau des
méthodes peut formuler les contraintes adressées initialement au
fournisseur. Mais le concepteur se pose de nombreuses questions. Il les
résout seul, arbitrairement, faute d’interlocuteur. Ces questions
mériteraient des réponses précises, justifiées par
les opérateurs de production ou de maintenance. Le dialogue avec
l’extérieur remet en cause la division de la parole au sein de
l’entreprise. Autrement dit, l’exigence de différenciation
des produits vient buter sur les conséquences de l’
organisation taylorienne ou de l’organisation à
la française de Fayol.
3. La
méthodologie des partenaires
3. 1.
Méthodologie de conception
L’entreprise
doit se doter d’une méthode de conception . Elle
peut l’acheter sur le marché du conseil. Mais elle doit se
l’approprier. Elle est trop dépendante de sa politique. Elle doit
la décliner selon sa stratégie d’
innovation.
Une certaine démarche
d'innovation correspond à la stratégie de “premier sur le
marché”, Une autre démarche convient à qui veut
être “second sur le marché”. Ainsi de suite.
C’est encore une autre démarche qui prévaudra, quelques
années plus tard, quand il sera temps de spécialiser les
produits.
Une méthode de conception est une gymnastique
intellectuelle. Elle tourne à vide. Et c’est bien ainsi. Comme
les cours théoriques et les cas d’école, elle vise
à inculquer des principes à qui n’a pas encore d’
expérience. Elle fournit un langage commun aux futurs
acteurs. Disposer des mêmes mots ! Les employer dans le même
contexte ! Quel atout pour la communication ! Mais, dans la pratique
quotidienne, elle se transforme en une démarche de
conception .
3. 2. Apprentissage
Apprendre une méthode, c’est se préparer
à reconnaître les situations futures. Dans la pratique
ultérieure, le concepteur replacera les expériences dans les
cases prévues par la méthode. Une bonne combinatoire de
critères le prépare à classer et à
mémoriser une grande variété de circonstances. On
acquiert une méthode commune pour se préparer à
communiquer efficacement. Chacun mémorise le vocabulaire et assimile
les concepts. Cela facilite la capitalisation
ultérieure du savoir-faire. La méthode est un
outil de communication entre les personnes et entre les services. Elle ne fait
pas émerger les solutions. C’est le rôle de la
démarche.
3. 3. Conjecture et
réfutation
Une méthode de
conception est une conjecture scientifique. Soumise
à l’expérimentation, elle en sort indemne,
améliorée ou réfutée. Dans le dernier cas, il faut
complexifier la méthode: augmenter la combinatoire des cas
prévisibles. Soumettre la méthode à des tentatives de
réfutation par la conception est un moyen de
l’apprentissage organisationnel. Mais, pour
cela, il importe d’élargir la perspective de la conception
à l’ensemble de l’entreprise et la regarder du point de vue
des partenaires.
3. 4. Les trois cercles de
l’entreprise
3. 4. 1. Le cercle
politique
Au niveau politique, une innovation est un
coup de force. Elle vise un changement de la position de l'entreprise sur le
marché. L'innovation modifie les rapports de pouvoir,
d' alliance et de séduction. On peut
innover seul et jouer contre tous les autres (Walkman: Sony). On peut innover
en accord avec les concurrents, pour établir une nouvelle norme (Net
Computer: Oracle, Sun, Netscape, Ibm, Apple, etc.). On peut innover en
partenariat avec des clients leaders de leur marché (Catia: Ibm,
Boeing; Métaphase: Sdrc, Bull, Schneider, etc.).
3. 4. 2. Le cercle stratégique
Au niveau stratégique, une innovation est un marchandage.
En fonction des rapports d'alliance et de pouvoir, en fonction des
réserves financières des entreprises, il faut
conjecturer la valeur marchande du produit
et les parts de marchés . Sur cette base, il faut
choisir les lieux et les moyens de la production. Dans l'hypothèse d'un
partenariat, la direction marketing du fournisseur négocie avec la
direction des achats du client. En fonction des objectifs politiques et des
moyens financiers du projet d'innovation, client et fournisseur
définissent le cadre financier, organisationnel et temporel du
produit en conception . Il est souhaitable de constituer un
groupe stratégique. Ce groupe assure une représentation du
projet pendant la durée de son déroulement. Il évite que
les concepteurs et les utilisateurs de l'équipe de projet ne se sentent
isolés.
3. 4. 3. Le cercle tactique
Au niveau tactique, la conception proprement dite est une
exploration. Elle se déroule au sein d'une équipe de projet.
Celle-ci regroupe des concepteurs du fournisseur et des utilisateurs du
client, affectés au projet. Les contraintes et inconnues sont
multiples:
La méthodologie de conception doit couvrir le champ
de ses trois cercles. Ceux qui travaillent depuis plusieurs années sur
les formes nouvelles de la conception aboutissent
à des travaux sur la coopération
comme en témoigne le colloque coopération
et conception.
4. Conception simultanée du produit
et de son usage
4. 1. Trois exemples
vécus
La présente section s'appuie sur
trois expériences de partenariat:
4. 1. 1. L'expression
des utilisateurs
Dans chacun des cas, je
représentais les utilisateurs du logiciel chez le client. Pendant les
années précédentes, j'avais joué le rôle du
développeur-fournisseur. Les utilisateurs directs n'étaient pas
véritablement admis comme interlocuteurs. Le fournisseur d'un logiciel
dominant, qui se comporte parfois comme un fournisseur dominant de logiciel,
préfère discuter avec la direction informatique. Question de
langage et de référentiel communs forgés
par une longue fréquentation. Pour contourner l'obstacle, les
fournisseurs des logiciels émergeant orientent leur communication vers
les utilisateurs directs. Ils s'efforcent de parler un langage moins
informaticien. Ils arborent une stratégie de développement
"customer driven". La stratégie de pénétration des
commerciaux accentue les contradictions entre les fonctionnels et les
opérationnels chez l'industriel client. Il est à noter que dans
les cas où la pression des utilisateurs directs réussit à
imposer un logiciel émergeant contre le logiciel dominant, le nouveau
fournisseur intronise néanmoins le nouveau responsable informatique
comme seul interlocuteur.
Nous insistons sur les faits suivants:
Ces faits contradictoires sont liés
à la complexité des produits. Plus un produit, matériel
ou logiciel, est complexe, plus l' ergonomie cognitive est
contraignante. Il ne s'agit pas seulement de la productivité
opératoire (fonctions requises, économie de gestes) liée
à une représentation en acte . Il s'agit
d'assimiler une représentation en pensée . Il
ne suffit plus de se comporter comme un agent interactif (user friendly) dont
l'utilisateur prévoit et comprend les actions. Le logiciel doit se
comporter comme un agent coopératif capable de coopérer avec l'utilisateur.
4. 1. 2. Le nombre de partenaires
4. 1. 2. 1. Partenaires séparés
Dans le cas de la Conception Assistée par Ordinateur, le
client Télémécanique était seul partenaire de
Dassault Systèmes. Le fournisseur était pris dans d'autres
contrats de partenariats avec d'autres clients. Dans notre cas, il s'agissait
de développer de nouvelles fonctionnalités du modeleur
géométrique. Le logiciel de base, élaboré pour les
surfaces de la carrosserie automobile et de l'industrie aéronautique,
ne pouvait suffire à générer les formes complexes et
denses des produits électromécaniques. Pendant que nous
développions les fonctionnalités requises par notre
métier de mouliste, d'autres sociétés
développaient les fonctions qui leur faisaient défaut. Une
pluralité de partenaires séparés permettait au
fournisseur d'élargir la palette de ses clients, sans changer une base
logicielle conçue pour l'automobile et l'aéronautique. La
relation client-fournisseur dépendait beaucoup de la compétence
des interlocuteurs (cercle tactique) et du pouvoir de marchandage des
entreprises respectives (cercle stratégique).
4.
1. 2. 2. Partenaires conjoints
Dans le cas des Bases de
Données Techniques, le client Schneider Electric partageait son
rôle avec d'autres partenaires. Chacun d'eux avait une vision
précise de ses besoins. Chacun avait essayé de développer
lui-même un produit ou de transformer un standard du marché. Il
ne s'agissait pas d'ajouter de nouvelles fonctionnalités sur une base
existante. Il s'agissait de produire conjointement une nouvelle base. Tous les
partenaires, qu'ils soient client (Schneider), fournisseur (Sdrc) ou futur
développeur de fonctionnalités (Bull) avaient mesuré les
limites des bases de données relationnelles. Plusieurs
clients avaient envisagé de développer dans la technologie
"Orientée Objet". Les financiers ont imposé le
développement externe. Le fournisseur construisait une nouvelle base
avec une nouvelle technologie. La pluralité des partenaires conjoints
définissait une base capable de résoudre la combinaison la plus
complexe des problèmes les plus délicats de chacun des
partenaires. Le logiciel commun ne résoudrait pas tous les
problèmes. Il fournirait les outils pour développer toutes les
variantes préalablement repérées. Le jeu était
clair pour tous les partenaires. L'intérêt commun était
perçu par tous.
4. 1. 2. 3. Clients
leaders
Dans le cas des Bases de Composants,
Télémécanique a adhéré à un projet
de normalisation française, à visée européenne
puis mondiale, des futurs catalogues
électroniques de composants mécaniques. Le projet
était mené par des industriels liés aux dépenses
de l'Etat: Aérospatiale, Giat, Dassault-Aviation, DCN. Peugeot puis
Télémécanique représentaient l'industrie
privée. Les clients du logiciel étaient leader du projet.
L'Association Française de Normalisation représentait la chambre
d'enregistrement. La société SGAO, qui développait le
logiciel, testait la faisabilité des contraintes cumulées des
partenaires. Ce projet est un exemple extrême. Il témoigne d'une
anticipation par les clients. Du fait de sa taille et de ses ambitions, il
aurait mieux trouvé sa place dans un projet européen
financé par la commission. Peut-être était-il trop
franco-français dans son inspiration ? Aujourd'hui que la France
rejoint l'OTAN, il aurait peut-être pris une autre orientation. Dans ce
dernier exemple, le partenariat dépendait beaucoup de la clarification
des besoins particuliers des clients leaders. Les difficultés
rencontrées provenaient d'un déficit de formulation initiale des
attentes. Ce projet était dirigé par les clients, mais il
excluait les utilisateurs. Il s'agissait bien de produire un logiciel. SGAO
espérait le vendre. Mais le logiciel n’était qu’une
preuve de la faisabilité des normes en cours d'élaboration. Le
logiciel avait une valeur normative. Il n'avait pas de valeur
d'usage immédiate. Les utilisateurs opérationnels ne
pouvaient se projeter dans un horizon aussi lointain et abstrait.
4. 2. Leçons à tirer
Ces trois expériences marquent, à des
degrés divers, une tendance à la participation des clients dans
l'élaboration des produits.
Des entreprises clientes
dialoguent avec le fournisseur lorsqu'elles acquièrent une
compétence suffisante dans les techniques de production du fournisseur.
En informatique, la généralisation des micro-ordinateurs a
contribué à contester la parole du fournisseur dominant. Le
développement des partenariats témoigne d'une plus grande
culture hors du domaine de spécialité.
D'autres
entreprises clientes dialoguent avec le fournisseur quand elles n'ont plus les
moyens humains et financiers de développer elles-mêmes. L'
externalisation des activités non stratégiques
et le recentrage sur le métier de base accélèrent ce
phénomène.
Des fournisseurs cherchent le
partenariat avec des clients leaders pour:
Malgré les obstacles linguistiques et
organisationnels à la communication avec les utilisateurs, le besoin de
connaître les conditions de l'usage incite à rechercher le
dialogue avec ceux-ci.
Les utilisateurs éprouvent des
difficultés à exprimer leurs besoins:
Tant et si bien que l'utilisateur
que cherchent-évitent les fournisseurs est un être fantomatique
et souvent contradictoire.
Conclusion
Le
passage d'un marché de vendeurs à un
marché d'acheteurs incite les fournisseurs à
rechercher le partenariat de clients leaders. Dans le fonctionnement concret
des projets, le besoin se fait sentir de dialoguer avec les utilisateurs de
l'entreprise cliente. Cette conception simultanée du produit et
de son usage rencontre des difficultés supérieures
à la conception simultanée du produit et du
process . Il reste à comprendre la nature exacte de ces
difficultés. Certaines requièrent un développement de la
communication et surtout de l’écoute dans
l’entreprise. D’autres incitent à mieux comprendre les
mécanismes des apprentissages individuel et
organisationnel. L’organisation apprenante
modifie considérablement sa représentation de la décision dans l’organisation. Toutes ces
difficultés posent la question du développement de l’autonomie individuelle non seulement dans
l’entreprise, mais dans la société.
Publication en librairie
Pilotage et évaluation des processus de
conception
Sous la direction de Jacques Perrin pour ECOSIP:
Pierre Barthélemy, Nathalie Bonnardel, Hubert Houdoy, Claude
Pellegrin, David Raviart, Olivier Sénéchal, Christian Tahon.
Éditions L’Harmattan
5-7, rue de
l’école-Polytechnique, 75005, Paris
55, rue Saint-Jacques,
Montréal (Qc), Canada H2Y 1K9
Auteur
Créé le 14 Juin 1996
Modifié le 16
Mai 1999
Définitions
Les
termes en gras sont définis dans le glossaire
alphabétique du R.A.D.
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