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Une crise du travail salarié


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Vers la fin du travail?


* Plan

Introduction

1. Une crise du travail salarié

2. Une crise de l'Etat-providence

3. Le travail comme intégration sociale

Conclusion


* Introduction

Nous n'allons pas vers la disparition du travail. Il reste le moyen de satisfaire nos besoins. Et la satisfaction des besoins crée de nouveaux besoins. Ce phénomène de détour de production est probablement le contraire de ce que l'on imagine trop souvent sous le nom de progrès. Car la productivité réelle et globale n'est jamais aussi forte que celle que l'on brandit si facilement à court terme, à courte distance et à courte vue. Mais si le travail se raréfie, c'est pour des raisons d'opportunité financière. Ce n'est pas la valeur absolue, mais la valeur d'échange qui décide de la mise en production d'un produit nouveau. Ce n'est pas le travail qui disparaît, mais le travail salarié qui est en crise profonde.


* 1. Une crise du travail salarié

"Depuis la seconde guerre mondiale, grâce au droit du travail et au plein emploi, le statut du salariat était protecteur. Même dans le secteur privé, il empruntait sa logique à celle de la fonction publique. C'est ce qui est en train de se transformer (p. 95)". Car c'est à une crise du travail salarié que nous assistons. Nous avons déjà développé ce point dans Mode de Vie et Chômage. L'incompréhension du phénomène de la productivité accentue le chômage. Des idées fausses provoquent un arbitrage déplorable entre le salaire et l'emploi. Le fait est général dans les pays industrialisés. Il est plus fort en Europe qu'aux Etats-Unis. L'écart est considérable avec l'Asie. "Il ne faut pas oublier que les non-Européens travaillent plus que nous et que nous participons au même marché. Il faut rester compétitif, c'est une nécessité. Sinon, nous nous appauvrirons (p. 82)".

La méconnaissance de la productivité est accrue dans les pays qui ont une forte tradition de fonction publique (Allemagne, France). Elle prend des formes différentes selon les pays. Car notre organisation du travail reflète la culture de notre nation. "Dans les entreprises américaines, les relations sont de type contractuel; dans les entreprises néerlandaises, on multiple les instances de conciliation et on recherche collectivement le consensus. Dans l'entreprise française, les relations entre les responsables et les employés, entre les différentes catégories de salariés, se conforment à (ce que Philippe d'Iribarne appelle) la logique de l'honneur. (p. 68)"

Notre socialité prend sa source dans les relations féodales de la domination et de la séduction. La société bourgeoise démocratique, malgré tous ses discours fondateurs (Liberté, Égalité, Fraternité) et ses projets re-fondateurs (partis politiques de droite comme de gauche) n'a pas éliminé les modes de pensée, de référence ou de valeur de la société monarchique. "L'héritage aristocratique, transposé en esprit de compétition dès l'école, continue à marquer le style des relations entre individus (p. 68)".

En France, le système hiérarchique donne toute son importance au premier poste que l'on occupe dans une entreprise. "Une fois qu'on entre dans une entreprise, payé au SMIC, on a peu de chance d'être promu (p. 69)". On est loin des Etats-Unis où un cadre supérieur licencié peut prendre n'importe quel job, convaincu que ses compétences y seront reconnues un jour où l'autre.

Le travail qui disparaît est le travail prescrit, l'emploi subordonné d'une organisation taylorienne. Celle qui troque un labeur sans intérêt ni créativité contre un salaire relativement élevé. Car le stade suivant est l'automatisation du système technique. Il en va de même pour le travail de bureau qui ne fait pas appel à l'imagination ni à l'initiative. Le coût social de l'ennui est considérable. Un travail idiot n'est supportable que si la journée de travail laisse un loisir suffisant. Or, nous savons que cette course du travail et des loisirs est perdue d'avance.

La journée est trop courte (limite externe) pour contenir une journée de travail et une journée de loisir, encore moins deux journées de travail. Or le rapport loisir/travail est une limite interne fondamentale. Il faut sortir de ce cercle vicieux. Plus on simplifie le travail pour le rendre répétitif, plus on augmente la rigidité des procédures. Quand les demandes de la clientèle se diversifient, la standardisation ne permet plus les économies d'échelle. Il faudrait toujours une plus grande concentration. Et quand le travail est totalement normalisé, son informatisation est un jeu d'enfant. Mais une telle informatisation n'augmente pas pour autant la réactivité, la diversité et la souplesse des entreprises.

L'augmentation du rapport loisir/travail est un leurre. La solution n'est pas de réduire la durée d'un travail ennuyeux, elle est du coté d'un travail créatif de sens et de valeur. La bureaucratisation de l'entreprise est sans espoir. Sa productivité apparente est illusoire. Elle ne tiendra jamais ses promesses de loisirs enrichissants. D'où les revendications pressantes de réduction de la journée de travail. "Quand, dans notre histoire, on a diminué autoritairement et globalement le temps de travail, la production a baissé et nous nous sommes tous appauvris. Si l'on ne tient pas compte de la productivité et des conditions de la concurrence, la réduction du temps de travail se soldera une fois encore par l'appauvrissement (p. 89)". La réduction du temps de travail n'est pas une solution au niveau global, ni dans la situation actuelle. "Les périodes de réduction du temps de travail sont les périodes de progrès de productivité (p. 90)". Ce n'est donc vraiment pas le moment.

Ce qui disparaît aussi, c'est le travail définitif, dans le même métier et pour le même employeur. "On assiste maintenant à la fin d'une certaine forme de salariat stable... Le Rapport Boissonnat... suggère d'inventer un statut qui ne lie pas le salarié à une entreprise particulière mais à un réseau d'entreprises (p. 91)". C'est ce que nous pratiquons avec l'indépendance salariée. Une telle possibilité suppose la fin d'un chauvinisme d'entreprise. Une direction du personnel qui manifeste son opposition à tout projet de partenariat avec les clients et les fournisseurs, comme l'exige la conception simultanée du produit du process et de l'usage, est mal placée pour préconiser de telles solutions aux personnes qu'elle dégraisse. Il ne peut y avoir une culture pour les beaux jours et une pour les vaches maigres. C'est pourquoi nous attachons beaucoup d'importance au développement des organisations virtuelles. Elles n'existent pas sans une véritable logique de la valeur d'usage, en complément et correctif permanent de la valeur d'échange.

Ce qui disparaît enfin, c'est le travail garanti sans considération des besoins des usagers. "On peut se demander si l'un des effets pervers de la non flexibilité du travail en France n'est pas le développement du travail illégal - exemple d'une flexibilité quasi absolue. Trop de protection risque de nourrir la "flexibilité" illégale (p. 94)". Un exemple récent a montré que ceux qui prônent si fort le renvoi des immigrés savent les employer dans des ateliers clandestins. La flexibilité est une nécessité. "Mais c'est plus difficile en France, étant donné la part de l'emploi public ou assimilé au public (p. 94)". Nous avons déja développé tous ces points. Nous n'assistons pas à la disparition du travail mais à une crise de l'emploi salarié.


* 2. Une crise de l'Etat-providence

Pour Dominique Schnapper on ne peut séparer la crise économique qui réduit la source de l'impôt, de la crise politique qui est aussi une crise de la démocratie. "La crise de l'Etat-providence est d'abord une crise financière. Mais elle traduit aussi une crise du contrat social (p. 22)". "La crise financière est aussi une crise de l'intégration sociale par l'emploi et de la redistribution par l'Etat-providence (p. 25)".

Cette crise est très profonde. Nous ne pouvons la confondre avec les crises cycliques. Elle concerne toute notre vie, et pas seulement notre emploi. Ce sont notre mode de vie global, nos représentations de la vie, du travail, de la solidarité et de la productivité qui expliquent le chômage. Mais il faut prendre une distance allégorique pour bien s'en rendre compte.

Pourtant, il est facile de trouver un exemple. "Notre Sécurité sociale est organisée de telle sorte que tous les acteurs ont intérêt à dépenser (p. 23)". L'absence du concept de productivité globale est catastrophique même/surtout quand la productivité locale est une obsession générale. "On constate encore trop souvent qu'un malheureux malade subit le même examen douloureux, le matin dans un hôpital, et l'après-midi dans un autre... C'est aussi scandaleux pour le malade que pour la collectivité. Nous devons faire un immense effort pour mieux gérer le budget social, qui est supérieur au budget de l'Etat (p. 85)".

Comme le rappelle Philippe d'Iribarne la société française ne fonctionne pas sur une logique de la productivité mais sur une logique de l'honneur. Malgré le développement des relations marchandes, le rapport de suzerain à vassal a modelé la transformation de notre société.

"Le divorce qu'on constate aujourd'hui entre les citoyens français et les gouvernants est grave (p. 29)". "Que le patron gagne cinq fois, dix fois plus que vous, oui, mais au-delà... cela fait problème (p. 30)". "La formule "responsable mais pas coupable" est devenue fameuse, parce qu'elle répondait au sentiment, largement répandu, que les hommes politiques et, plus généralement, tous les membres de la caste dirigeante ne sont pas soumis aux mêmes règles que les autres (p. 30)". "L'existence d'un groupe dirigeant perçu comme une caste en France contribue à la rupture morale entre les citoyens et les dirigeants (p. 32)". Qui parlait de fracture sociale?

D'autant que le concept de classe n'a plus beaucoup de sens. "On assiste à toutes sortes d'émiettements dans des statuts ambigus. Je ne crois pas qu'il y ait quelque chose qui ressemble maintenant à une classe sociale clairement identifiée au sens marxiste du terme (p. 34)". "A partir du moment où il y a une requalification continue des postes de travail, où les individus exercent au cours de leur carrière professionnelle plusieurs métiers, nos catégories (CSP) deviennent moins efficaces (p. 45)". Mais l'organisation en ordres ou en castes ne correspond pas aux défis que nous devons relever. Les politiques se plaignent volontiers de la technocratie. Mais elle ne peut se développer que lorsque les élus n'assument pas la responsabilité de leur mandat. "De plus en plus souvent, les décisions semblent être prises non à l'intérieur du Parlement régulièrement et légitimement élu, mais à la suite de manifestations ritualisées et relayées par les médias (p. 41)". Pourtant, la nécessité d'un débat politique sur les projets n'a pas disparu. " La "fin de la politique" ou "la fin de l'histoire" ou la "fin de la démocratie" participent de la même utopie que la "fin du travail" (p. 38)".

La crise de la grande entreprise et celle de l'Etat-providence sont une seule et même crise. La crise de la technostructure est aussi la crise de la technocratie. Toutes deux contribuent à la crise de l'emploi salarié. Car nous vivons une crise des modèles autocentrés, une crise des organisations citadelles, en lutte pour l'occupation de l'espace géographique ou des parts de marché. Nous avons atteint l'âge du monde fini (au moins sur cette terre) et nous rentrons dans l'âge des interdépendances. Sans que notre cerveau de sapiens-demens ait subi la moindre mutation génétique, nous devons passer de la prédation et du pillage à la coopération et la conception.

La nouvelle donne internationale, imposée par l'émergence des nouveaux pays industrialisés (NPI), met fin au mode de guerre économique des Trente Glorieuses. Le travail idiot contre l'espoir de loisirs (Taylorisme), doublé de la politique des hauts salaires (Fordisme), triplé des politiques de relance par la consommation (pseudo Keynésianisme), quadruplé des déficits budgétaires (Reaganisme), quintuplé par l'exportation de l'inflation (démonétisation de l'or, Nixon, 1971) est terminé. Toute tentative dans ce sens aboutit à une délocalisation des activités vers les NPI. Finie la guerre économique inventée par les Mercantilistes. Nous sommes condamnés à inventer un véritable développement économique. Nous devons passer du jeu à somme négative au jeu à somme positive, plus digne, plus intelligent, plus profitable, mais donnant-donnant.

Chaque profession doit justifier sa productivité. Le bouclage des flux marchands ne saurait suffire. La percolation des revenus est une condition suffisante du profit. Il y faut aussi une condition nécessaire, que le hasard ne sait guère produire. Les redistributions supposent une création, préalable ou concomitante, d'un produit net suffisant.

"Pour l'instant, nous sommes arrivés à la limite des redistributions financières. Certains pensent même qu'on l'a dépassée. Il faudrait essayer d'inventer d'autres formes de solidarité, non financières (p. 86)". C'est ce que font les S.E.L, l'économie solidaire et le R.A.D. "Les cheminots et les chauffeurs de camion ont un niveau de formation comparable, un métier proche, ils n'ont pas la même position sociale, à cause de la protection que le statut de la SNCF donne à ses employés... La sécurité de l'emploi dans le public est devenue un privilège relatif (p. 86)". Et, c'est le moins que l'on puisse dire, cette sécurité n'est pas la contrepartie d'une permanence du service public. Curieusement, les privilèges vont avec le confinement, alors que l'autonomie devrait accompagner l'initiative.

"Les plus privilégiés, ce sont évidement les membres des grands corps de l'Etat qui pantouflent dans les entreprises publiques... Cumuler la sécurité de l'emploi avec les salaires des dirigeants d'entreprises concurrentielles apparaît en période de crise particulièrement choquant - surtout s'ils sont, en plus, responsables mais non coupables (p. 87)".

"L'Etat ne peut pas tout faire, il peut affirmer la légitimité des interventions sociales et les organiser, il peut contribuer à construire des équipements. Mais son rôle essentiel devrait être d'intervenir, en amont, à long terme, avant que se déclenchent les processus qui mènent à l'exclusion (p. 99)".


* 3. Le travail comme intégration sociale

Dans ce paragraphe, les enquêtes de Dominique Schnapper rejoignent nos discussions quotidiennes sur le R.A.D. - Emploi.

"J'ai observé combien les chômeurs étaient désocialisés et se sentaient atteints dans leur dignité personnelle (p. 43)".

Non, le travail ou l'activité ne sont pas des valeurs en voie de disparition.

"Il existe une véritable hiérarchie des statuts sociaux en fonction de leur distance à l'emploi (p. 48)".

Par ordre d'exclusion croissante, la sociologue constate, et nous confirmons:

a) "Les jeunes du secteur privé, exposés à la concurrence, sont parmi les premières victimes de la situation actuelle (p. 51)".

b) "Le passage à la retraite est parfois difficile, mais il ne remet pas en question la dignité du retraité(p. 49)" C'est pour eux que nous avons créé le Réseau d'Activités à Distance - Culture.

c) "Ce n'est pas le cas du chômeur qui "devrait" - en fonction de la norme du travail dont nous avons parlé - avoir un emploi (p. 49)". "Il s'ennuie, parce que le temps est déstructuré... il doit être un "bon chômeur" qui cherche du travail... L'humiliation qu'il ressent explique la solitude grandissante du chômeur (p. 49)".

d) "Le RMI est une nécessité, mais il est difficile qu'il ne soit pas perçu et vécu comme la consécration de l'échec (p. 50)". "Le nombre des allocataires du RMI atteint maintenant le million (p. 50)". Faute de véritables lieux d'insertion le RMI est insuffisant. "Les SDF ne sont pas seulement pauvres, ils sont humiliés (p. 99)".

Non, le travail n'est pas une valeur en voie de disparition. "Nous sommes dans des sociétés intégrées par la citoyenneté et le travail commun (p. 64)"."Il me semble que le terme d'intégration, outre sa légitimité dans la tradition sociologique, a l'avantage de rappeler qu'il existe des relations réciproques (p. 63)". "Chaque fois qu'on ferme une usine, les titulaires d'emplois modestes sont bouleversés pour des raisons financières évidentes, mais aussi parce qu'ils perdent un lieu d'affirmation de soi, d'indépendance et d'échanges sociaux, auquel ils sont attachés (p. 71)".

"L'entreprise est un lieu de la socialisation, essentiel dans une société productiviste, aussi bien que la famille et l'école (p. 73)". Ce fait est accentué par la crise de l'Etat-providence. Mais l'entreprise citadelle a vécu et l'intégration sera plus souple dans les organisations virtuelles. "A long terme, la reconnaissance sociale vient du salaire (p. 81)".

Merci à Dominique Schnapper de donner une formulation savante au vécu quotidien des exclus. Au cours de ses enquêtes, échelonnées sur plusieurs années, elle a pu distinguer les degrés du chômage.

a) "Le "chômage total", c'est la condition du chômage dans sa vérité crue: l'humiliation du chômeur, son ennui quotidien, l'affaiblissement des échanges sociaux qui débouchent parfois sur la solitude absolue. C'est cette expérience qui révèle a contrario la prégnance et l'intériorisation de la norme du travail (p. 54)".

b) "Les cadres supérieurs... luttent pour transformer positivement l'épreuve. Ils continuent à se définir en fonction du rapport au marché du travail... toute une stratégie qui consiste à nier la condition de chômeur pour pouvoir rester conformes aux attentes des employeurs potentiels. Ils savent que plus ils apparaîtront actifs et "positifs", plus ils auront de chances de retrouver un emploi (p. 55)". C'est avec cette population que le Réseau d'Activités à Distance a fait ses premières armes. Ils ont pris sur eux de financer leurs stages. Maintenant que nous avons fait la preuve de leur efficacité, pour différer le chômage, nous les mettons à la disposition de tous.

c) "Ce chômage, ainsi "différé", peut durer deux ou trois ans, mais ensuite les cadres supérieurs eux-mêmes sont de plus en plus nombreux à faire l'expérience du "chômage total" (p. 55)". C'est pourquoi ils prennent l'initiative de créer desorganisations virtuelles.

d) "Des jeunes chômeurs, diplômés, participant à la contre-culture des années post-soixante-huit, faisaient alors joyeusement l'expérience d'un chômage reconnu, grâce auquel ils pouvaient retrouver les loisirs des étudiants... J'avais alors parlé de chômage "inversé". Mais les enquêtes plus récentes ne retrouvent pas ce type d'expérience. Le "chômage total" est maintenant de plus en plus répandu. Les jeunes chômeurs aujourd'hui ne condamnent plus les obligations liées à l'emploi salarié, ils recherchent cet emploi (p. 55)". Et les étudiants anticipent leur recherche d'emploi sur le Réseau d'Activités à Distance - Culture.

Dans une société où les groupes de pression se font entendre dans la rue, faute de débat politique au parlement, "les chômeurs sont, pour la plupart, honteux et dispersés, privés d'échanges sociaux, ils ne revendiquent pas leur identité de chômeurs (p. 56)".

Le phénomène a changé au cours des fêtes de la fin de l'année 1997. Les occupations de batiments Assedic avaient pour cause la revendication d'une prime de Noël puis d'un relèvement de tous les minima sociaux. Une solidarité grégaire des chômeurs semble se constituer dans la revendication. Mais nous la constations, depuis des mois, dans la construction de l'activité et la reconquête de la dignité. Mais ce mouvement est d'autant plus discret qu'il ne met pas en avant le statut de chômeur. Pour des raisons évidentes d'efficacité.

Nous avons vu que la grande entreprise et l'Etat avaient développé un emploi très particulier. La disparition de cet emploi fourni met en danger la troisième institution de notre société. "On observe un lien statistique entre le chômage d'un des conjoints et la probabilité de séparation du couple (p. 62)". "L'affaiblissement de l'institution familiale, peut-être positive dans les milieux sociaux et culturels élevés, fragilise les femmes dans les milieux modestes (p. 61)".

Nous sommes passé de l'emploi fourni à l'emploi gagné. Le nom du site web "La course aux emplois" en témoigne. Mais il est temps de franchir un pas de plus. L'externalisation des entreprises, leur profonde réorganisation, imposée par la nouvelle performance industrielle change les conditions de l'emploi. Vient le temps de l'activité inventée. C'est ce que nous constatons sur le Réseau d'Activités à Distance. Certains stagiaires diplômés créent leurs sites web. Première étape de leur activité. Plusieurs de nos partenaires ont déja franchi le pas. A leur tour, ils aident les suivants. Spécialistes de la gestion de projet ou de la veille technologique, ils savent que le maître mot de l'emploi est la productivité autant que la qualité.

Nous rejoignons Bruno Lemaire quand il écrit "L'intégration sociale ne peut plus venir d'institutions. Elle viendra de comportements et d'attitudes nouveaux, qui ne postulent pas l'existence d'un contexte qui n'existe plus, celui d'un travail pour tous (alors qu'il y a, à l'évidence, des activités - non nécessairement marchandes - pour tous)".

Lui fait écho Dominique Schnapper: "La croissance ne contribuera peut-être pas directement à empêcher les "plans sociaux" des entreprises concurrentielles. Mais elle permettra de développer le secteur des services aux personnes dont nous avons parlé. La croissance est la condition nécessaire pour nourrir, reformer, de nouveaux secteurs d'activité (p. 99)".

Ce sont des attitudes coopératives et des comportements coopératifs qui permettront le développement de nouvelles activités. Demain, l'intégration passera plus par la participation que par l'appartenance.


* Conclusion provisoire

L'annonce de la fin du travail est trompeuse. Elle joue sur les mots. On se demande ce qu'elle peut augurer. Ce n'est pas le besoin qui disparaît. Il ne provoque pas, non plus, la fin du travail. Mais c'est le travail salarié et les possibilités de profit qu'il offrait qui tend à se raréfier. Nous connaissons une grave crise du travail salarié qui s'accompagne, pour des raisons qui ne sont pas seulement financières, d'une crise de l'Etat-providence. Un fort besoin d'autonomie se fait sentir dans les sociétés les plus dynamiques. Le travail reste la forme la plus importante de l'intégration sociale. Mais le travail salarié n'est pas la seule forme de travail et encore moins d'activité possible. Mais cette transformation de l'emploi s'accompagne d'un changement considérable des représentations que nous nous faisons du travail.

Hubert Houdoy

Créé le 6 Juin 1997

Modifié 9 Avril 1998


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* Suite

Un changement de représentation


* Définitions

Les termes en gras sont définis dans le glossaire alphabétique du Réseau d'Activités à Distance.


* Bibliographie

Les citations sont tirées de:

Dominique Schnapper, "Contre la fin du travail", entretien avec Philippe Petit, Conversations pour demain, Textuel, Paris, 1997

111 pages

79 F

Liste des Bibliographies

Liste des Auteurs nommés sur le R.A.D.


* Compléments

Causes du chômage

Critiques à Keynes

Économie plurielle

Flexibilité, Inflation et Chômage

Organisations Virtuelles

Robinson Crusoé

Syndicats et Chômage

Théorie classique du chômage


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Mise à jour: 16/07/2003