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Glossaire Détaillé, Lettre E, numéro 13

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Épididyme. Terme d’anatomie sexuelle. (a) Les épididymes sont des collecteurs et des canaux (déférents) qui conduisent les spermatozoïdes produits par les testicules vers la prostate où se mélangent les trois liquides composant le sperme.

(b) Didyme est un mot grec qui désigne des jumeaux. C’est le cas des deux testicules. Ils sont dominés (épi) ou surplombés par les épididymes.

Voir Supplice de Didyme . Déférent.

Épigenèse. (a) L’épigenèse fut l’une des thèses quant à la formation de l’être vivant au cours de l’embryogenèse. Elle s’opposait à la théorie de la préformation selon laquelle la forme individuée préexiste matériellement dans un germe, même si elle reste invisible. Pendant un temps, la découverte des spermatozoïdes a semblé donner tort à l’épigénèse.

(b) Le nom d’épigenèse vient de ce qu’elle suppose que la forme individuelle d’un être vivant n’est pas présente à la fécondation. Cette forme apparaît après (épi) la fécondation. Elle s’effectue progressivement à partir d’une substance d’abord indifférenciée.

Épiphyte. Terme de botanique. (a) Se dit d'un végétal (phyte) qui croît sur (épi) un autre, mais sans le parasiter (se nourrir à ses dépens).

(b) Attention aux lecteurs de la banlieue ! Le truc du machin n’est pas le machin du truc. <Épitaxie> ne vient pas de <épi> (dessus) et <taxer> (piquer, chourer, chouraver, voler). Épitaxie ne veut pas dire <vivre aux frais de celui que l’on taxe> mais en physique moléculaire le mot désigne un <phénomène d'enchevêtrement dirigé des molécules de deux corps ayant des analogies de structure>.

(c) L’épiphyte peut être neutre (ni parasite ni nourriture) ou bien vivre en symbiose avec son support (jeu à somme positive ).

(d) Au cours de sa croissance, la plantule de fougère est un épiphyte du prothalle dont elle provient. Puis celui-ci disparaît comme une réserve de nourriture qui a joué son rôle.

Voir Parasite. Saprophyte. Symbiote. Co-évolution. Une seule raison .

Épisode de la pirogue , texte, moment de retournement dans les relations de l’i ndividu Robinson avec l’ île du Désespoir . Celle-ci va devenir, peu à peu, l’ île de Robinson , par la médiation de l’ organisation Crusoé .

<<Mon désir de m’aventurer sur mer pour gagner le continent augmentait plutôt qu’il décroissait, au fur et à mesure que la chose m’apparaissait plus impraticable (p. 151)>>.
<<J’entrepris ce bateau plus follement que ne fit jamais homme ayant ses sens éveillés (p. 152)>>.

Ayant choisi un magnifique cèdre, il fut:

“vingt jours à le hacher et le tailler au pied...”
“quatorze jour à séparer à coups de hache sa tête vaste et touffue...”
“un mois à le façonner...”
“trois mois pour évider l’intérieur...”

Il obtint <<une belle pirogue assez grande pour recevoir vingt-six hommes, et par conséquent bien assez grande pour me transporter moi et toute ma cargaison (p. 153)>>. Mais il ne réussi ni à amener la pirogue à la mer ni à amener la mer jusqu’à la pirogue. <<J’en fus vraiment navré, et je compris alors, mais trop tard, quelle folie c’était d’entreprendre un ouvrage avant d’avoir calculé les frais et d’avoir bien jugé si nos propres forces pourraient le mener à bonne fin (Robinson Crusoé, p. 154)>>.

Voir Travail mal organisé . Crise générale de surproduction . Loi des débouchés .

Épistémologie, branche de la philosophie se consacrant à l’étude critique des sciences et cherchant à dégager les conditions, les moyens et les limites de la connaissance scientifique. Carnap, Bachelard, Canguilhem, Foucault, Serres, Althusser. - <<L’épistémologie est l’analyse des axiomes, des hypothèses et des procédures, voire des résultats, qui spécifient une science donnée: elle se donne, en effet, comme objectif d’examiner l’organisation et le fonctionnement des approches scientifiques et d’en apprécier la valeur. Ainsi conçue, l’épistémologie ne saurait se confondre ni avec la méthodologie, ni avec la théorie de la connaissance (ou gnoséologie) dénommée aussi parfois épistémologie, qui étudie, du point de vue philosophique, le rapport entre sujet et objet (Greimas, Courtès, p. 130)>>.

Voir Épistémologie génétique .

Épistémologie génétique , texte, approche originale et pluridisciplinaire, autour de Jean Piaget, consistant à confronter les connaissances scientifiques au processus de leur acquisition par l’enfant lors de son développement cognitif qui est une partie de la Psychologie génétique .

Toute connaissance s’acquiert par une interaction entre l’objet que nous cherchons à comprendre et les instruments ou questions que nous lui posons.
Les connaissances sont construites par un équilibre entre assimilation et accommodation.

Voir Constructivisme.

Épistémophilie, désir ou envie de connaître. Motivation fondamentale du chercheur (individu) et de la science (institution).

<<désir de savoir dans son expression la plus large: l’acquisition de connaissances nouvelles. Le désir de savoir est en rapport avec l’intérêt de l’enfant pour toute chose touchant à la naissance, à la sexualité et à la mort, et avec le rôle de l’interdit qui s’exprime dans l’attitude des parents en face des questions de l’enfant. (Fédida, p. 117)>>.

Voir Question de l’enfant . Question de l’adulte . Défaut d’instinct . Ignorance culturelle de la peur . Ignorance culturelle du doute . Ignorance culturelle du clitoris . Projet d’intelligibilité .

Épithalame. (a) Mot grec signifiant littéralement <près de la chambre (nuptiale)>. L’épithalame est un chant ou un poème en l’honneur des nouveaux époux.

(b) Dans la Grèce antique, les membres du cortège nuptial chantaient: <<Ô hymen ! Ô hyménée ! >>.

Éponyme. Adjectif. (a) Éponyme signifie: qui donne son nom à quelque chose ou à quelqu'un. Ainsi, le gisement éponyme de l’art azilien est la grotte du Mas d’Azil en Ariège (France).

(b) Salammbô est le nom d’un personnage littéraire. Il est inventé par Gustave Flaubert et donne son nom à un roman éponyme (du même nom). Le nom initial, prévu pour le roman au cours de la longue recherche de documentation menée par Flaubert, était “ Carthage”.

(c) Le Nom de la Rose est le nom d’un roman (1980) de Umberto Ecco . La Guerre du Feu (1911) est le nom d’un roman de Rosny Aîné (Joseph Henri Boex, 1856-1940). L’un et l’autre sont les titres de films éponymes de Jean-Jacques Annaud.

(d) Une époque géologique a un nom. Ce nom découle d’un lieu où le type de gisement a été trouvé pour la première fois. On dira que le bacsonien est une époque dont le site éponyme se trouve dans le Bac Thai. De même, on écrira: <<La culture de Bau Tro dont le site éponyme se trouve dans le Binh Tri Thiên (Maud Girard-Geslan, 1980)>>.

(e) Mythologie. Une ville tire généralement son nom d’un héros fondateur dont l’histoire est racontée par un mythe. Le héros éponyme est alors considéré comme le père ou le protecteur de toute la cité.

(f) Art. Dans l’art indien, le style d’Amaravati tire son nom du grand stupa d’Amaravati.

(g) Étymologie. Le peuple Hébreux aurait pour ancêtre éponyme Eber, arrière-petit-fils de Sem un des fils de Noé (Genèse, X, 21-24). Quant à lui, Sem serait l’ancêtre ou le héros éponyme de tous les sémites. Parce que Canaan se serait moqué de son père Noé, le peuple éponyme aurait été maudit.

(h) État éponyme. Un État porte souvent le nom d’un peuple. D’où la transition de l’ ethnie à la nation. Il y a donc une certaine tautologie à essayer de définir l’État français comme l’État du peuple français, car la France n’est pas vraiment une ethnie. C’est pourquoi toute définition d’un État implique une majorité éponyme et une ou des minorités ethniques. La définition d’une minorité nationale est donc celle d’une collectivité vivant au sein d’un autre État que son État éponyme.

Voir Parchemin. Palimpseste. Noé et ses fils .

Épouse. (a) En apparence, les termes <époux> et <épouse> seraient symétriques et désigneraient <celui, celle que le mariage unit>. Pourtant la symétrie disparaît quand on s’intéresse aux autres mots de la famille.

(b) Épouser signifie d’abord <prendre en mariage>, puis <s'attacher vivement à quelqu’un> au point d’adopter son point de vue et enfin <s'adapter exactement à une personne ou à une chose> comme le sable ou le matelas de mousse prennent la forme du corps.
(c) Depuis des millénaires, la femme n’a connu que deux statuts, celui de fille appartenant à son père et celui d’épouse achetée par le mari et donc de mère pour ses enfants. Le terme moderne de femme, comme être de désir et acteur de sa vie, est encore trop récent. Historiquement, le mariage n’a pratiquement jamais été une relation affective entre deux personnes. L’ institution du mariage organise des relations patrimoniales entre deux familles. Tout au plus, les libérations économique (travail et salaire féminin), juridique (divorce) et biologique (contraception, avortement) récentes ont-elles donné un peu de marge de manoeuvre à une relation sexuelle entre les époux. C’est pourquoi nous préférons limiter le terme de relation amoureuse à la relation de deux amants et non pas systématiquement de deux époux. Si les amants sont unis par le mariage, c’est un mariage ouvert . Et, dans ce cas, ce n’est pas l’institution du mariage qui gère leurs vies, mais leur amour. Nous pensons introduire ici beaucoup plus qu’une nuance.

Épreuve, texte, événement pénible, malheur, souffrance, qui éprouve le courage, qui fait apparaître les qualités morales.

Action d’éprouver quelque chose ou quelqu’un, opération permettant de le juger.
Compétition sportive.
Examen scolaire.
Histoire. Épreuve judiciaire: au Moyen-Age, épreuve destinée à faire apparaître l’innocence ou la culpabilité d’un accusé. L’ordalie ou Jugement de Dieu permet de ranger l’accusé dans son ordre.
Sémantique. La morphologie du conte de Vladimir Propp, dégage trois types d’épreuves subies par le héros.
<<Si les trois épreuves (qualifiante, décisive et glorifiante) ont la même organisation syntaxique, elles se distinguent toutefois (dans le schéma narratif canonique) par l’investissement sémantique, manifesté dans la conséquence. L’é preuve qualifiante correspond à l’acquisition de la compétence (ou des modalités du faire), l’ épreuve décisive à la performance, l’ épreuve glorifiante à la reconnaissance. Cette consécution des trois épreuves (dont les deux premières sont situées sur la dimension pragmatique, la dernière sur la dimension cognitive) constitue en fait un enchaînement à rebours, selon lequel la reconnaissance présuppose la performance, et celle-ci la compétence correspondante: il ne peut y avoir d’épreuve glorifiante que pour sanctionner l’épreuve décisive préalable, et, à son tour, l’épreuve décisive ne saurait être réalisée sans la présence (implicite ou explicite) de l’épreuve qualifiante (Greimas, Courtès, p. 131)>>.

Épreuve décisive , texte, seconde et principale épreuve du héros du conte ou du mythe.

(a) En secret, Zeus séduit et convainc Métis de droguer Cronos pour libérer ses frères.

(b) Seul sans témoin ni compagnon, Robinson Crusoé survit 27 ans sur son île.

Sémantique. <<Figure discursive rattachée au schéma narratif canonique, l’épreuve décisive (située sur la dimension pragmatique), correspond à la performance: logiquement présupposée par l’ épreuve glorifiante , elle présuppose elle-même l’ épreuve qualifiante . Du point de vue de la syntaxe narrative, l’épreuve décisive représente le programme narratif de base aboutissant à la conjonction du sujet avec l’ objet de valeur visé (ou objet de la quête) (Greimas, Courtès, p. 83)>>.

Épreuve glorifiante , texte, troisième et dernière épreuve du héros du conte ou du mythe.

(a) Zeus mène contre Cronos et les Titans, le combat qui fait de lui le roi des dieux de l’Olympe.

(b) Robinson Crusoé libère le capitaine du navire qui le ramènera en Angleterre. Les mutins qu’il installe sur l’île reconnaissent leur dette et sa propriété.

Sémantique. <<Figure discursive rattachée au schéma narratif, l’épreuve glorifiante se situe (à la différence des épreuves qualifiante et décisive, qu’elle présuppose) sur la dimension cognitive. Elle apparaît dans le récit lorsque l’ épreuve décisive s’est effectuée sur le mode du secret. En tant que performance cognitive (et faire persuasif) du sujet, elle appelle (au plan de la compétence correspondante) un pouvoir-faire-savoir figurativisé par la marque. En tant que sanction cognitive du Destinataire, dans le cadre de la composante contractuelle du schéma narratif, elle équivaut à la reconnaissance (Greimas, Courtès, p. 167)>>.

Épreuve qualifiante , texte, première épreuve du héros du conte ou du mythe.

(a) Zeus survit aux tentatives de dévoration de son père.

(b) Robinson Crusoé nage jusqu’au rivage lors du naufrage de son navire.

Sémantique. <<Figure discursive rattachée au schéma narratif, l’épreuve qualifiante (située sur la dimension pragmatique) correspond à l’ acquisition de la compétence (ou, plus précisément, des modalités actualisantes du savoir-faire et/ou du pouvoir/faire): elle est logiquement présupposée par l’ épreuve décisive . Du point de vue de la syntaxe narrative de surface, l’épreuve qualifiante peut être considérée comme un programme narratif d’usage, par rapport au programme narratif de base (correspondant à la performance) (Greimas, Courtès, p. 304)>>.

Équilibration, texte. Le développement des structures cognitives de l’enfant ne correspond pas à un plan préétabli, mais suit une direction identique (hors régressions) dans un processus d’équilibration de mécanismes opposés.

<<Une équilibration est nécessaire pour concilier les apports de la maturation, de l’ expérience des objets et de l’expérience sociale (Psychologie de l’enfant, p. 126)>>.
Ainsi l’exemple du jeu symbolique . <<Obligé de s’adapter... l’enfant ne parvient pas comme nous à satisfaire les besoins affectifs et même intellectuels de son moi dans ces adaptations... Il est donc indispensable à son équilibre affectif et intellectuel qu’il puisse disposer d’un secteur d’ activité dont la motivation ne soit pas l’ adaptation au réel mais au contraire l’ assimilation du réel au moi, sans contrainte ni sanctions: tel est le jeu, qui transforme le réel par assimilation plus ou moins pure aux besoins du moi, tandis que l’ imitation (lorsqu’elle constitue une fin en soi) est accommodation plus ou moins pure aux modèles extérieurs et que l’ intelligence est équilibre entre l’assimilation et l’ accommodation (p. 46)>>.

Voir Modèle de la cible . Modèle de l’artefact .

Équilibration par autorégulation , texte. Dans le développement mental de l’enfant, <<une équilibration est nécessaire pour concilier les apports de la maturation, de l’expérience des objets et de l’expérience sociale (p. 126)>>.

On assiste à un <<progrès continu conduisant des régulations à la réversibilité et à une extension ininterrompue de cette dernière. Quant à la réversibilité, elle n’est pas autre chose qu’un système complet, c’est-à-dire entièrement équilibré, de compensations, telles qu’à une transformation corresponde la possibilité d’une inverse ou d’une réciproque.

L’équilibration par autorégulation constitue ainsi le processus formateur des structures que nous avons décrites et dont la psychologie de l’enfant permet de suivre pas à pas la constitution, non pas dans l’abstrait, mais dans la dialectique vivante et vécue des sujets qui se trouvent aux prises, à chaque génération, avec des problèmes sans cesse renouvelés pour aboutir parfois, en fin de compte, à des solutions qui peuvent être quelque peu meilleures que celles des générations précédentes (Psychologie de l’enfant, p. 126)>>.

Voir Génération humaine . Approbation de Cyrano .

Auteur

Hubert Houdoy

Créé le 15 Décembre 1998

Modifié le 29 Juillet 1999

Suite

Glossaire Détaillé, Lettre E, numéro 14

Lettre F

Glossaire Détaillé, Lettre F, numéro 01

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Mise à jour: 16/07/2003