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Glossaire Détaillé, Lettre F, numéro 01

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Lettre E

Fable des Abeilles , (= Bernard de Mandeville), texte. Allégorie économique sur les intérêts économiques comparés du vice et de la vertu. Bon exemple de problème mal posé, du type de celui de la poule et de l’oeuf.

<<Barbon (1690) écrivait que <la Prodigalité est un vice préjudiciable à l’Homme, mais non au Commerce...> et que <l’Avarice est un vice préjudiciable à la fois à l’Homme et au Commerce>. En 1695 Cary soutenait que, si tout le monde dépensait plus, chacun aurait un revenu supérieur et <pourrait vivre plus largement>. Mais c’est la Fable des Abeilles de Bernard de Mandeville qui contribua le plus à vulgariser l’opinion de Barbon... La Fable des Abeilles est un poème allégorique <Les Murmures de la ruche ou les Fripons devenus honnêtes>. L’auteur y dépeint la situation épouvantable d’une communauté prospère où brusquement, dans l’intérêt de l’ Épargne, les citoyens décident de renoncer à la vie luxueuse et l’Etat d’arrêter les armements... La morale est donc que: <La Vertu seule ne peut faire vivre les nations dans la Splendeur. Qui veut ramener l’âge d’or doit accueillir également le Vice et la Vertu.>

Par les deux passages ci-après, extraits du commentaire qui fait suite à l’allégorie, on verra que celle-ci ne manquait pas de base théorique. <Une sage économie, que d’aucuns appellent Épargne, est dans les familles privées le moyen le plus sûr d’augmenter les patrimoines. Certains estiment que dans l’ensemble d’un pays, fertile ou non, la même méthode peut être appliquée et doit produire le même effet. Ils pensent par exemple que les Anglais pourraient être beaucoup plus riches qu’ils sont, s’ils étaient aussi économes que certains de leurs voisins. C’est à notre avis une erreur.> Mandeville conclut au contraire: <Tout l’art de rendre une nation heureuse et florissante consiste à donner à chacun la possibilité d’être employé. Pour y parvenir, le premier souci d’un Gouvernement doit être de favoriser tous les genres de manufactures, d’arts et de métiers, que l’homme peut inventer; le second d’encourager l’agriculture et la pêche afin que la nature tout entière soit, comme l’homme, mise à contribution. C’est par cette politique et non par une futile réglementation de la prodigalité et de l’économie qu’on peut accroître la grandeur et le bonheur des nations. Que la valeur de l’or et de l’argent croisse ou décroisse, la satisfaction des sociétés dépendra toujours des fruits de la terre et du travail des hommes; lesquels forment ensemble un trésor plus sûr, plus inépuisable et plus réel que l’or du Brésil ou l’argent du Potosi.> (Keynes, Théorie Générale, p. 375)>>.

Face muqueuse . texte. Terme de biologie. (a) Chez les organismes évolués ou complexes, certaines des cellules biologiques effectuent leurs échanges avec le milieu intérieur. La composition de ce milieu est maintenue dans une étroite fourchette de variation en partie par l’ osmorégulation.

(b) Pour maintenir le milieu interne, l’action de l’ épithélium des tissus extérieurs est orientée par l’asymétrie de sa structure. Le tissu cellulaire y est un milieu an- isotrope. Il n’a pas les mêmes propriétés selon le sens dans lequel il est traversé. Le côté externe de l’épithélium (qui n’est pas toujours l’extérieur de l’ organisme) est généralement lubrifié par des cellules secrétrices de mucus. C’est ce côté que l’on nomme <face muqueuse>, au pôle apical des cellules. Inversement, le côté interne est en contact avec les liquides ou les sérosités internes. C’est le pôle basal des cellules.

(c) Les substances échangées avec l’extérieur doivent franchir des membranes cellulaires successives. Ce principe de sélectivité est répété en cascade. Il est pourtant le même à tous les niveaux. Toutes ces structures manifestent des propriétés dites <de membrane biologique >.

Voir Face séreuse .

Face séreuse . Terme de biologie. (a) La face séreuse d’une cellule biologique ou d’un tissu de cellules identiques désigne le côté interne de la cellule. La face séreuse est en contact avec les liquides ou les sérosités internes. L’autre face est en contact avec le milieu externe. Ce milieu externe (air respiré, aliments ingérés) peut être à l’intérieur de l‘ enveloppe globale de l’organisme.

(b) L'asymétrie de toute membrane biologique est complétée par des pompes (coeur, pompe ionique). C’est ainsi que, contrairement aux principes de l’ osmose et de l’ osmorégulation, des transports d’eau s’effectuent même en l’absence d’un gradient osmotique. Il arrive même qu’ils se fassent vers le milieu le plus dilué.

Voir Face muqueuse . Corps plein . Corps virtuel . Membrane biologique . Pression osmotique . Turgescence.

Facétisation. (a) Procédé de représentation des images dans certains modeleurs géométriques développés pour la Conception Assistée par Ordinateur .

(b) Pour économiser la mémoire de l’ordinateur et plus précisément la partie de la mémoire consacrée au stockage de l’image en vue du rafraîchissement de l’écran, certaines formes complexes sont approximées par une succession de facettes planes. La facétisation peut donner une idée fausse tant de l’esthétique d’une pièce que de son encombrement. D’où la préférence des concepteurs pour le rendu réaliste et la réalité virtuelle .

Facette. En conception orientée objet et en CAO. La modélisation fondamentale comporte de multiples facettes: fonctionnelles, physiques, cinématiques, ... et géométrique. Les facettes fonctionnelles sont diverses: point de vue de l'installateur, point de vue de l'utilisateur, point de vue de la maintenance, point de vue de la sécurité, etc. Les facettes physiques sont nombreuses: résistance des matériaux, rhéologie (écoulement de la matière et refroidissement dans le moule), électricité, électromagnétisme, etc. La facette géométrique est UNIQUE. Ce qui n’empêche pas des représentations multiples de la même forme géométrique.

Facility Management , (= externalisation du service informatique), forme d’externalisation consistant à confier à une entreprise extérieure le traitement des données informatiques de l’entreprise.

Voir Externalisation.

Faiblesses de la théorie des organisations , texte. Les théories des organisations font un trop grand usage de la théorie de la décision sans vraiment étudier de très près ni les mécanismes de la prescription qui différencient les organisation ni les nouvelles exigences de l’ apprentissage croisé entre prescripteurs (ex-décideurs) et réalisateurs (ex-exécutants).

<<En comprenant les situations de conception, nous éclairons mieux les situations où le rapport de prescription est plus stable, plus marqué et moins réversible... Elles nous indiquent a contrario les faiblesses des théories courantes des organisations, qu’elles soient d’origine gestionnaire ou sociologique.
Une analyse inadéquate des rapports de prescription et de leur variété observable...
L’absence d’une typologie des savoirs mobilisés dans l’activité...
L’absence d’analyse des apprentissages croisés qui conditionnent le succès et les crises des coopérations entre les acteurs. (p. 120)>>.
<<En identifiant le rapport de prescription réciproque spécifique au processus de conception on atteint une forme de coopération dont toutes les autres peuvent être déduites. On conçoit donc que l’on puisse attendre des recherches sur les processus de conception au moins un remaniement et peut-être une reconstruction de nos paradigmes organisationnels (p. 120)>>.

Voir Décideur. Spectacle décisionnel .

Faillir à . Verbe intransitif. (a) Faillir à quelque chose, c’est commettre une faute, manquer à quelque chose (honneur, obligation, contrat, dette). D’où l’expression <faillir à son devoir>.

(b) Pour Descartes, l’erreur est une manière de faillir.

<<Si je tiens de Dieu tout ce que je possède, et s’il ne m’a point donné de puissance pour faillir, il semble que je ne me doive jamais abuser>>.

L’erreur (manque, défaut, non-être) est à la connaissance ce que le mal est à l’obligation morale. C’est l’opinion (croyance ou préjugé) qui comporte la possibilité de l’erreur. Par la volonté, je suis libre de dire oui ou non à cette pensée, de lui donner mon assentiment. Ainsi, quand je pense, je suis pleinement. Cogito, ergo sum .

(c) Pieux suicide ou grève de la faim. Chez les Cathares, la peur est de ne pas être fidèle à son engagement et de mourir dans un état impur. Par la pratique de l’endura (jeûne prolongé entraînant la mort) le consolé expire avant de faillir à son engagement.

Voir Vassal faidit .

Faire de la sémantique , texte. Employée dans le monde du verbe , de la représentation politique et des médias, l’expression <faire de la sémantique> est péjorative (connotations négatives).

Ce refus de la sémantique n’est pas innocent. Il manifeste un refus de l’ individuation. Quand il n’est pas un snobisme, tourné vers le spectacle, le besoin de faire de la sémantique est tourné vers l’ intériorité personnelle. Il témoigne du souci d’élaborer ses propres sentiments et représentations à partir de ses propres émotions.
Pour un individu, faire de la sémantique c’est vouloir que son discours social traduise le langage du corps au lieu de répéter des bribes de langage automatique. Faire de la sémantique, c’est chercher à signifier ses émotions au plus près de leur vécu. C’est accepter d’apporter à la collectivité des parleurs la richesse de sa différence, plutôt que de se cantonner dans un illusoire lieu commun , au sens péjoratif du terme.

Faire l’amour . Expression désignant une rencontre interindividuelle, amoureuse ou marchande, qui se manifeste ou se poursuit par des rapports sexuels .

Cette expression est très polysémique. Son sens est très différent selon le contexte.
Dans le cas de la prostitution, il s’agit d’un rapport marchand et contractuel. Un désir rencontre un acteur professionnel. <Faire l’amour> est alors la désignation conventionnelle pour le coït. L’expression <pour faire l’amour, c’est tant> s’oppose à <pour faire un pompier c’est tant>.
Dans le cas de la relation sexuelle , faire l’amour, au sens de coït, peut être considéré comme le but de la relation. Mais le relation, pour ne pas être marchande se déroule néanmoins comme un jeu à somme nulle . Tout se passe comme s’il y avait un gagnant et un perdant. Pendant la relation, l’enjeu est l’occupation de la position de sujet du désir . Pourtant, dans sa phase finale, ce jeu peut se jouer à qui perd gagne . Celui qui semblait avoir occupé la position de sujet apprécie rarement de se trouver dans la situation de “plaqué par l’autre”.
Dans la relation amoureuse , faire l’amour dépasse largement la pratique coïtale. Toutes formes de dialogue, d’ étreintes ou de caresses qui manifestent à la fois de la tendresse et du désir, sont une manière de faire vivre la relation amoureuse ou faire l’amour être-là, ce jour-là.

Voir Offrir les caresses de l’âme .

Faire la relation , texte. (1) Faire le récit. Rendre compte. Accuser réception. Verbaliser le langage du corps ou le langage d’amour . Refuser le rapport sujet-objet (désir). Transformer le signal en signe. Accepter qu’il fasse sens. Donner une formulation linguistique à ce qui était virtuel ou aurait pu rester caché, non-dit. Chercher à nouer une relation de confiance par un comportement coopératif .

(2) Faire le lien . Eurêka. Établir une relation logique ou sémantique entre deux informations pour en tirer une connaissance nouvelle. Relier un élément de la mémoire des informations avec un élément ou un sous-réseau de la mémoire des connaissances .

Voir Approbation. Oui. Approbation du désir .

Faire la roue . L’expression <faire la roue> désigne soit:

une figure de gymnastique consistant à poser les mains au sol, à tourner autour d’elles, puis à se remettre debout, les pieds au sol et les mains en l’air.
la parade sexuelle du paon. Il écarte son plumage pour accroître l’effet spectaculaire des plumes du paon .
Sens dérivé. Faire la roue désigne la vanité, la drague, le ballet ou la parade sexuelle.

Voir Se parer des plumes du paon .

Faire peau neuve . Changer radicalement d’attitude, de conduite, de comportement ou tout simplement en donner l’impression (look) en changeant de vêtements. Il suffit parfois d’une douche pour se sentir un autre.

Le sens de cette locution illustre l’importance de la peau dans la relation à soi-même et avec autrui.

Voir Peau d’inscription . Peau d’échange . Sens du toucher . Violence. Amour mystique . Sauver sa peau . Se mettre dans la peau .

Faire le départ . Le verbe <partir> ayant signifié < partager>, <faire le départ> c’est <faire le partage> entre diverses catégories.

Il est plus facile de partager un gâteau qu’une maille. Il est très difficile de ne pas se départir de son calme lorsque l’on se trouve dans la situation de départager des ex aequo ou d’ avoir maille à partir .
Les institutions font le départ entre les individus qui bénéficient de la différence institutionnelle permettant de leur reconnaître l’ appartenance, et ceux qui sont soumis à l’ exclusion. Ce départ ne s’explique pas par un finalisme naturel. Ces différenciations institutionnelles, comme la différenciation sexuelle , n’existaient pas <au départ> de l’espèce humaine. Mais certaines sont directement héritées de la sociologie animale qui fut la notre

Voir Zoopsychologie. Zoosémiotique.

Faire le lien , texte. Relier, mettre en relation (opposition, complémentarité, présupposition, présupposition réciproque, implication, conséquence, causalité) deux informations ou deux connaissances. Le résultat est une nouvelle connaissance.

Faire lien est la caractéristique de la connaissance par opposition à sa matière première, l’ information.

Voir Anamnèse. Catharsis. Mémoire affective . En attendant Godot .

Faire lien , texte. Comportement d’ouverture, attitude coopérative, visant à tisser des liens pour constituer son réseau de relations.

Faire lien est tout le contraire de l’attitude passive et statique consistant à spéculer sur une appartenance:

appartenance sociale (“Tout de même, nous sommes entre gens bien comme il faut”. Mais tout aussi bien: “Entre ouvriers”.),
appartenance nationale (“Je paye des impôts, moi, Monsieur”.) ou
appartenance ethnique (“La France aux français”, si possible blancs, catholiques, riches, obtus et de bonnes familles.).

Faire lien est une attitude montrant que l’on s’engage dans une relation interpersonnelle véritablement liée aux qualités personnelles de soi-même et de l’autre personne. Condition de la confiance, de la solidarité et de l’ intimité. Celles-ci ne sont pas basées sur l’appartenance commune à une totalité institutionnelle.

Faire lien entre eux (nouer un noeud, une amitié) et faire le lien (connaissance) entre les informations dont ils disposent est justement ce dont sont incapables Estragon et Vladimir dans “ En attendant Godot ” de Samuel Beckett. Ils se contentent donc d’appartenir à l’ humanité comme population ou à La Création , comme l’esclave appartient à son maître.

Voir Nouer une relation . Comportement coopératif . Faire signe . Apprivoiser. Le Petit Prince . Le renard . Saint-Exupéry. Testament et testicule .

Auteur

Hubert Houdoy

Créé le 15 Novembre 1997

Modifié le 19 Août 1999

Suite

Glossaire Détaillé, Lettre F, numéro 02

Lettre G

Glossaire Détaillé, Lettre G, numéro 01

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Mise à jour: 16/07/2003