illustration

Réseau d'Activités à Distance

rad2000.free.fr

Sommaire


Vous lisez

http://rad2000.free.fr/keynes03.htm

3. Les postulats classiques


Selon Keynes, la théorie classique de l'emploi repose sur deux postulats fondamentaux:

Ceci veut dire que le salaire d'une personne employée est égal à la valeur qui serait perdue si l'emploi était réduit d'une unité...(Keynes, p. 27)".

Ceci veut dire que le salaire réel d'une personne employée est celui qui est juste suffisant (au jugement des personnes employées elles-mêmes) pour attirer sur le marché tout le volume de travail effectivement employé...(Keynes, p. 27)".

Le premier postulat

Le premier postulat est cohérent avec les hypothèses traditionnelles sur l'état des techniques et de l'équipement dans la courte période. A court terme, les techniques étant données et l'équipement étant installé, les producteurs choisissent les quantités d'emploi et de production qui maximisent leur profit. Si des producteurs anticipent une demande accrue, ils peuvent embaucher une main-d'oeuvre additionnelle et produire une plus grande quantité de marchandises. Mais cette production supplémentaire n'est pas optimale. Elle se situe aux limites du potentiel productif. Le rendement est moindre que dans la situation précédente. Ceci est valable dans tous les secteurs. En particulier dans le secteur qui produit les biens de consommation.

Les emplois supplémentaires ne produisent pas de marchandises supplémentaires dans le même rapport que le faisaient les emplois déjà en place. C'est la loi des rendements décroissants. La masse des salaires nominaux (fiches de paye) augmente, mais la quantité des biens de consommation augmente dans une moindre mesure. Les salaires nouveaux achètent moins de biens de consommation (salaire réel) que ne le faisaient les salaires précédents. A proximité du seuil de plein emploi, le salaire réel diminue pendant qu'augmente l'emploi. Le profit nominal anticipé ne diminue pas, par hypothèse. Car si les entrepreneurs anticipaient une baisse de leur profit pour une hausse de production, ils n'augmenteraient pas leur production. Le profit réel est fonction de la réalisation ou non des anticipations. Si les profits réels augmentent, le processus se prolongera. Ce qui supposera un véritable investissement, une capacité de production accrue.

"Par conséquent, si l'emploi augmente, il faut en règle générale que dans la courte période la rémunération de l'unité de travail, exprimée en biens de consommation ouvrière, diminue et que les profits augmentent (p. 39)".

Keynes ne remet pas en cause cette hypothèse. L'emploi n'augmente qu'avec la baisse du salaire réel. Keynes n'abandonne pas le modèle de l'équilibre.

Le second postulat

Le second postulat suppose réalisé le plein emploi que l'on veut atteindre. Les classiques se placent toujours, par hypothèse, à proximité du plein emploi. Du point de vue des comportements des agents économiques, à proximité du plein emploi, il est normal que les salariés ne cherchent pas à travailler plus si le salaire nominal augmente moins vite que la fatigue ou l'ennui et plus vite que le niveau de vie réel. Ce comportement est pertinent.

En situation de plein emploi, les salariés ne peuvent pas travailler plus. Pourquoi? Parce que nous sommes au plein emploi! C'est une question de cohérence dans le discours du théoricien.

D'un point de vue purement sémantique, un plein emploi dans lequel il serait encore possible d'accroître l'emploi serait-il vraiment un plein emploi? Sémantiquement parlant, le plein emploi ne laisse pas à la population active le choix de travailler plus ou non. Le plein emploi est, par définition, le plein emploi. Il n'y a pas plus plein emploi que le plein emploi.

Seul le discours publicitaire, qui joue sur la polysémie comme le font les écrivains et les comiques, peut inventer une lessive qui lave plus blanc que blanc.

"- Je m'excuse de vous déranger, monsieur Omo... Le nouvel Omo, est-ce qu'il lave plus blanc que l'ancien Omo?

De fait, on ne peut pas discuter.

"Ce qui ne peut se dire, il faut le taire. (Ludwig Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus, 1921)".

Parler de chômage volontaire est vide de sens (cohérence). Ce qui ne veut pas dire que l'indemnisation du chômage ne provoque pas des arbitrages collectivement néfastes entre travail au SMIC et survie au RMI (pertinence). C'est logiquement que l'expression "chômage volontaire" n'a pas de sens dans le discours classique. Ou alors, ce sont les termes utilité et désutilité qui n'ont pas de sens. Du point de vue de la cohérence, dire qu'à l'équilibre l'utilité et la désutilité du travail sont égales en valeur et opposées en signe est une tautologie. Équilibre, utilité et désutilité trouvent leur sens dans une rigoureuse interdéfinition. Ces trois termes appartiennent à un module d'assimilation ou à un réseau de connaissances. Mais, en dehors de l'équilibre, et donc chaque fois que l'on parle d'un chômage réel (constaté dans les faits), les termes d'utilité et de désutilité n'ont plus de sens. Leur écart ne peut servir à qualifier de volontaire (intention) une situation de fait (pertinence).

Pour Keynes le plein emploi n'a rien d'automatique. Il sort donc du système de représentation des classiques. C'est pourquoi il lui a fallu tant de temps pour rédiger la Théorie Générale. Pour lui, l'hypothèse classique est arbitraire. Les arguments valables dans la situation de plein emploi ne peuvent s'appliquer dans le cas, plus probable, du sous emploi. En refusant ce postulat, Keynes introduit les phénomènes monétaires au coeur du modèle. La monnaie n'est plus neutre. Elle n'est plus un voile mais un prisme déformant. Keynes opère une nette distinction entre le salaire nominal (qu'accepte ou refuse le salarié potentiel) et le salaire réel (qu'il ne constate que plus tard).

Hubert Houdoy

Créé le 2 Mai 1997

Modifié le 3 Novembre 1997.


* Précédents

1. Originalité de Keynes

2. Le chômage classique


* Suite

4. La loi des débouchés


* Bibliographie

Coluche. Les inoubliables.

Tous ses sketches, toutes ses chansons.

Production Martinez, Lederman, Fixot.

Paris, 1992.


* Définitions

Les termes en gras sont définis dans le glossaire alphabétique du RAD.


* Retours
* Pour votre prochaine visite

Quoi de Neuf sur le RAD?


Reproduction interdite
Association R.A.D. - Chez M.Houdoy - 18, rue Raoul Follereau - 42600 Montbrison - FRANCE.
* Fax: 04 77 96 03 09
Mise à jour: 16/07/2003