Pouvoir



(A) Croyance.



(a) Le pouvoir désigne l'autorité, la puissance ou le gouvernement d'un pays. C'est en quoi la politique peut se définir comme la lutte pour la conquête puis pour l'exercice prolongé du pouvoir.


(b) Le pouvoir est un crédit de confiance, une marge d'influence, une possibilité d'action dont on dispose par les fonctions que l'on occupe. C'est ainsi que Cambyse II fit condamner le juge Sisamnès pour avoir abusé de son pouvoir afin de s'enrichir. C'était il y a très longtemps.


(c) Un pouvoir est un mandat ou une procuration que l'on donne à une personne pour qu'elle nous représente et agisse en notre nom (par exemple voter) pendant notre absence.


(d) Le pouvoir est une propriété d'une substance (l'opium a une vertu dormitive ou le pouvoir de faire dormir) ou d'un instrument (la matraque a un pouvoir contondant). On mesure le pouvoir de pénétration d'une aile dans la masse d'air par sa finesse.


(e) Un pouvoir (dont le type est à préciser par un qualificatif) désigne l'ensemble des personnes investies d'une certaine autorité. Le pouvoir législatif (Parlement) se distingue du pouvoir exécutif (Gouvernement) comme du pouvoir judiciaire (Tribunaux). En France, le pouvoir temporel (dans le siècle et sur les corps) est distinct du pouvoir spirituel (hors du temps et sur les âmes) depuis le Concordat de 1801. Celui-ci introduit le principe de la séparation des Églises et de l'État.



(B) Illusion.



(a) En fait. Tout pouvoir est une illusion. Cette illusion est le résultat d'une hiérarchie dans la société, d'une violence symbolique entre les hommes et d'une division politique du travail.


(b) Il n'y a pas de lieu social dans lequel un "pouvoir de faire" pourrait être supérieur à celui (faible mais réel) que chacun peut ressentir en lui. Dans un monde de positions, la chaîne hiérarchique des positions donne l'illusion que la position supérieure donne le maximum de pouvoir de faire faire. En fait, la position supérieure donne le maximum de pouvoir d'empêcher, de bloquer. Les micro-décisions de chaque individu, en chaque instant de notre vie, sont les seules détentrices du vrai pouvoir.


(c) Citation :


- <<J'ai donc à faire voir dans ce premier point que la fortune nous joue, lors même qu'elle nous est libérale. Je pouvais mettre ses tromperies dans un grand jour, en prouvant, comme il est aisé, qu'elle ne tient jamais ce qu'elle promet ; mais c'est quelque chose de plus fort de montrer qu'elle ne donne pas cela même qu'elle fait semblant de donner. Son présent le plus cher, le plus précieux, celui qui se prodigue le moins, c'est celui qu'elle nomme puissance. C'est celui-là qui enchante les ambitieux, c'est celui-là dont ils sont jaloux à l'extrémité, si petite que soit la part qu'elle leur en fait. Voyons donc si elle le donne véritablement, ou si ce n'est point peut-être un grand nom par lequel elle éblouit nos yeux malades. (Jacques-Bénigne Bossuet, "Sermon sur l'Ambition", 1643)>>.


(d) Voir Domination comme principe. Domination masculine. Gérard David. Habeas corpus. Le Jugement de Cambyse. Lieu social masculin. Pouvoir créateur. Pouvoir d'achat de la monnaie. Pouvoir traditionnel. Pouvoir pervers.


(e) Lire "Domination Masculine". "Harcèlement Moral".



(C) Justification de la prééminence.



(a) Dans "Le Conte d'hiver", William Shakespeare oppose le pouvoir pour le bien (justifiable) et le pouvoir pour le mal (injustifiable).


(b) Citation :


- <<LEONTE. - Qu'est-ce à dire ?... Arrière cette audacieuse ! Antigone, je t'avais chargé de ne pas la laisser venir près de moi ; je savais qu'elle le tenterait.

ANTIGONE. - Monseigneur, je lui avais défendu, sous la menace de votre déplaisir et du mien, de se présenter devant vous.

LEONTE. - Quoi ! n'as-tu pas pouvoir sur elle ?

PAULINE, au roi. - Oui, pour m'interdire le mal ; mais ici, à moins qu'il n'ait recours au même moyen que vous, et qu'il ne me commette au geôlier pour avoir commis le bien, soyez-en sûr, il n'aura pas de pouvoir sur moi.

(William Shakespeare, "Le Conte d'hiver", Acte II, Scène III)>>.


(c) Voir Obéissance.



(D) Délégation de pouvoir.



(a) Le pouvoir de l'Etat vient d'une "délégation" de pouvoir "faite" par le peuple.


(b) Délégation consciente et délibérée. C'est ce qu'affirme la théorie du contrat social et c'est ce qui se réalise quand une nation élit une assemblée constituante pour se donner une constitution.


(c) Délégation ou abandon inconscient. Cette délégation est encore plus courante, mais dans une forme de l'inconscience naturelle. Un peuple attribue un pouvoir à une autorité quand il projette sur elle des images parentales pour mieux s'installer dans la relative inconscience et l'irresponsabilité de l'enfant.


(d) Les limites du pouvoir le plus tyrannique sont celles de cette délégation. Le tyran est nu si le peuple ne lui attribue pas le pouvoir, dès que cesse cette délégation inconsciente et cette projection de puissance. C'est ce que Denys le Tyran sait bien et qu'il fait comprendre à Damoclès.


(e) La tyrannie n'est pas possible dans les domaines pour lesquels le peuple n'est pas prêt à faire cette délégation, ni consciente, ni inconsciente. En témoignent certaines impossibilités de retour en arrière.


- <<La gratuité - sa relative irréversibilité - tient non pas grâce au pouvoir, mais à côté du pouvoir, souvent en dépit du pouvoir, parce qu'elle est endossée par la société qui ne s'imagine plus vivre sans elle. C'est un indice très riche des limites que connaît tout pouvoir politique quel qu'il soit, qui tient à des rapports de force ancrés dans les profondeurs de la vie sociale, peut-être même dans les profondeurs de la vie tout court, et sur lesquels les joutes et les succès électoraux interviennent beaucoup moins que ne le croient ceux qui s'y adonnent. (Jean-Louis Sagot-Duvauroux, "Pour la gratuité", Desclée de Brouwer, 1995, mais aussi document du web)>>.



(E) Pouvoir et responsabilité.



(a) L'espèce humaine a acquis une responsabilité à l'égard de la nature, car il a maintenant une puissance technique suffisante pour détruire, non pas la nature absolument, mais la forme actuelle de la nature sur Terre, grâce à laquelle il a pû vivre jusqu'à ce jour.


(b) Référence philosophique :


- <<Le pouvoir, associé à la raison, entraîne de soi la responsabilité. (Hans Jonas, "Das Prinzip Verantwortung", Francfort, 1979, traduction française de Jean Greish, "Le Principe Responsabilité. Une éthique pour la civilisation technologique", Flammarion, Paris, 1995, Chapitre V. La responsabilité aujourd'hui : l'avenir menacé et l'idée de progrès, I. L'avenir de l'humanité et l'avenir de la nature, 3. Perturbation de l'équilibre symbiotique par l'homme)>>.


(c) Voir Développement durable. Homo sapiens demens. Réchauffement climatique.


(d) Lire "Domination Masculine".



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Hubert Houdoy


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