Global
(a) Apparition. L'adjectif <global> est un terme de 1864. Il apparaît sous la plume de James Darmesteter (Château-Salins 1849 ; Maisons-Laffitte 1894). James Darmesteter est linguiste, comme son frère Arsène.
- <<Philologue brillant et historien passionné, il était inscrit dans la grande euphorie scientiste du siècle. Mais autant que ses travaux, sa vie même se présente comme une passerelle entre les cultures : juif et français, ses origines et son parcours reflètent la problématique de l'intégration des minorités et de l'assimilation culturelle. Après avoir reçu une éducation hébraïque traditionnelle, il s'est d'abord complètement détaché de la communauté juive, adoptant une carrière au service de l'État laïc et refusant toute obligation religieuse. Profondément républicain et patriote, il voua un véritable culte à Jeanne d'Arc et à la Révolution, rédigea un manuel scolaire d'histoire patriotique et de nombreux articles passionnés, jusqu'à tomber dans l'excès à la fin de sa vie : dans les années 1890, qu'il vécut comme celles d'une décadence pour le pays, il évolua vers un conservatisme moral et politique qui donna à son patriotisme une teinte nationaliste.» (Aurélie Darbour, mémoire de maîtrise, 1999, Toulouse-Le Mirail)>>.
(b) Définition. <Global, globale, globaux> signifie "pris en bloc" par opposition à "considéré pièce par pièce" ou "point par point". Ainsi le global s'oppose-t-il au local.
- <<A ce stade, nous avons besoin d'une nouvelle approche pour progresser: celle de la topologie, qui traite de certaines formes invariantes des espaces. Un espace euclidien n'est pas aussi simple qu'il y paraît. Une surface sans courbure, par exemple, n'est pas nécessairement le plan. Il suffit de découper une bande dans le plan et d'en coller les extrémités pour obtenir un cylindre. Mais il présente une différence fondamentale avec le plan : il est fini dans une direction. Ce type de propriété relève de la topologie et non de la courbure. En découpant le plan et en le recollant, nous n'avons pas changé sa forme locale, sa courbure, mais nous avons changé radicalement sa forme globale, sa topologie. (Jean-Pierre Luminet, "Cet espace qui nous chifonne...", document du web)>>.
(c) Etymologie. Le nom latin masculin <globus, globi> signifie "corps rond", "sphère", "globe", "boule", "pelote", "peloton", "masse", "parti (factieux)", "bande", "séquelle".
- Le verbe latin <globo, as, globavi, atum, globare> signifie "donner une forme arrondie à", "arrondir", "former en groupe", "en peloton".
(d) En 1741, Voltaire emploie le mot <globe> pour désigner la Terre comme un "globe terrestre".
(e) Apprentissage et pédagogie. Au jardin d'enfants, la "méthode globale" d'apprentissage de la lecture est une méthode qui demande à l'enfant de reconnaître la forme globale d'un nom, comme une image, sans passer par la phase analytique de reconnaissance des lettres, une à une. C'est l'inverse du "b a ba".
(f) Distinction. Les termes <globalité> et <totalité> sont souvent employés comme des synonymes. Nous introduisons entre eux une nuance très importante :
- le tout fait l'objet d'une sommation ou d'une division et peut être connu (réellement, naïvement ou fantasmatiquement) de manière exhaustive ;
- la notion de globalité implique l'impossibilité concrète d'une telle totalisation. A dire vrai, ce n'est pas le tout qui se distingue de la somme des parties, mais c'est leur globalité.
(g) Le tout est une somme exhaustive. Il est difficile de penser un tout qui ne serait pas cette somme. C'est pourquoi il est préférable de distinguer le tout (totalisable) du global, qui est non-totalisable.
- <<Ce qui est important, c'est la distinction des ensembles et du tout. Si on les confond, le tout perd tout son sens, et l'on tombe dans le paradoxe célèbre de l'ensemble de tous les ensembles…le tout est d'une autre nature, il est de l'ordre du temps : il traverse tous les ensembles, et c'est lui précisément qui les empêche de réaliser jusqu'au bout leur propre tendance, c'est à dire de se fermer complètement… le tout… n'est pas un ensemble, mais le passage perpétuel d'un ensemble dans un autre. C'est très difficile à penser… (Gilles Deleuze)>>.
(h) Références d'usage du terme :
- <<L'évaporation des océans est la façon première pour l'eau d'entrer dans l'atmosphère. Les grandes surfaces des océans (plus de 70 % de la Terre est recouverte par les océans) permet l'évaporation à grande échelle. Sur une échelle globale, la quantité d'eau qui s'évapore est quasi identique à la quantité d'eau qui retombe. Bien que cela varie géographiquement. L'évaporation est plus commune au-dessus des océans que les précipitations, alors qu'au-dessus des terres, les précipitations sont plus fréquentes que l'évaporation. La plupart de l'eau évaporée des océans se retrouve dans les océans comme précipitations. Seul 10 % d'eau évaporée des océans est transportée au-dessus des terres et retombe comme précipitations. Une fois évaporée, une molécule d'eau passe environ 10 jours dans l'air. (USGS, Le cycle de l'eau", document du web, L'évaporation et le cycle de l'eau)>>.
- <<Depuis toujours, la guerre a divisé les scientifiques. Aujourd'hui c'est encore plus vrai face à la proclamation, de la part de la superpuissance hégémonique mondiale, de l'inévitabilité de la juste guerre totale, globale, préventive contre le soi-disant terrorisme global. Il me semble que la résistance/opposition du monde scientifique à une telle guerre n'est pas aussi forte et déterminée qu'elle devrait l'être. On comprend que faire entrer le monde dans une logique de guerre longue, globale, totale se traduit par des budgets considérables en hausse vertigineuse pour la recherche de pointe dans tous les domaines, mais l'aubaine financière ne saurait en aucun cas légitimer la tiédeur de la résistance/opposition des scientifiques. (Riccardo Petrella, Louvain, "Globalisation, universités et développement", 2002, Université Laval, Québec)>>.
(i) <Global> et <globalité> (1936 sous la plume d'Aragon) sont trop tardifs pour être présents dans la littérature classique, du XI ème au XIX ème siècle.
(j) Voir A partir d'un mot. Conception agrégative de la valeur. Conception distributive de la valeur. Illusion ethnique. Loi de reproduction automatique de la société. Synergie.
(k) Lire "AEH Valeur". "Statut Valeur". "Economie Temps". "Initier Méditation".
* * *
Auteur. Hubert Houdoy Mis en ligne le Mercredi 28 Mai 2008
Explorer les sites.
Consulter les blogs.
Nota Bene. Les mots en gras sont tous définis dans le cédérom encyclopédique.