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La Valeur
entre Économie et Psychanalyse
Ce
document est notre toute première publication. Son édition est
quasi-introuvable. Il a été présenté au colloque
“Pratiques Économiques et Pratiques Symboliques” à
Lille en Juin 1974, sous le titre: “Statut de la Valeur (et de la
plus-value) dans le cadre d’une articulation entre Économie et
Psychanalyse”. Organisé par Serge Latouche, ce colloque
préfigure la création du M.A.U.S.S.
par la présence de Jean Baudrillard, d’Alain Caillé et de
Jean-Joseph Goux.
Notre communication, laissée
inchangée ci-dessous, confrontait le principe de
réalité des économistes au principe de
plaisir de la psychanalyse historique . La
théorie marxiste était considérée comme la figure
la plus représentative ou la plus cohérente de l’
économisme. L’objectif du matérialisme
historique et dialectique nous paraît valable. Mais la
cible n’a jamais été atteinte. Elle
n’existe probablement pas, du fait même des contradictions
qu’il étudie. Le résultat provisoire est
l’édition définitive par Engels du
“Capital” inachevé de Marx. Pour nous,
“Le Capital” était un point de départ pour une
nouvelle “Critique de l’Économie Politique”.
Aujourd’hui, d’autres vocables sont plus utiles (écologie
politique, développement durable ,
chaos, fractalité,
complexité) que la référence à la
dialectique ignorante et aux dialectiques
dangereuses .
Depuis que nous avons quitté
successivement l’Université, la Micro-Informatique, le Trading et
l’Industrie, nous avons repris ce thème. Il est
présent dans le texte nommé: Économie du Temps. Nous l’avons
développé et illustré dans le cycle Robinson Crusoé.
Style du texte de 1974
Comme A la Recherche des
Déterminations Économiques de la Valeur, suite du même
Projet de Recherche, nous prenons Karl
Marx à ses mots. En effet, nous pensons que sa méthode
(l’étude des contradictions) était bien
supérieure aux résultats auxquels il a abouti.
Nous montrons ce qu’il aurait voulu dire:
Pour
ne pas confondre notre exposé du marxisme avec notre
critique, il est utile de résumer notre point de vue :
Nous cherchons donc le
fantasme et le modèle
d’intelligibilité qui ont bloqué ce projet.
Statut de la Valeur et de la
Plus-Value
dans le cadre d’une
articulation
entre Économie et
Psychanalyse
Plan
Position du problème
Les deux
référents de la valeur dans le discours de Marx
Peut-on établir une relation entre les deux
conceptions de la valeur ?
Conception
agrégative et conception distributive
Le quantum déterminé de la valeur
globale
L’extension du quantum de
valeur
La démonstration
marxienne du calcul différentiel
Plus-value relative et calcul différentiel
Travail physique et travail économique
1. Position du
problème
On peut concevoir l’articulation
entre Économie et Psychanalyse comme une complémentarité
gratuite. Marx donnerait la clé de la reproduction contradictoire des
formations sociales, et Freud donnerait une
interprétation, un sens à côté du
mécanisme. La Psychanalyse serait alors une “culture”, un
divertissement pour l’économiste “honnête
homme”. Ce n’est pas notre point de vue !
Pour nous,
cette articulation est nécessaire pour produire la connaissance du
réel et réaliser l’exigence
épistémologique du
matérialisme-historique-dialectique. Celui-ci se pose
comme un dépassement de la théorie classique de la connaissance
enfermée dans le dilemme
idéalisme/matérialisme et une critique de sa
prétention à connaître le réel sur cette base. Que
cette exigence critique ait été formulée par Marx et
Engels, ne prouve en rien qu’elle ait été respectée
par eux. Si leur discours relègue la théorie classique dans
l’idéologie, il serait faux de croire que lui-même ne
contient pas d’idéologie, i.e. n’est pas historique et ne
doit pas être dépassé à son tour. C’est
là notre point de vue !
Nous pensons en effet que le
matérialisme-historique-dialectique est à faire, à partir
du Marxisme, défini comme juxtaposition bancale du matérialisme
dialectique et du matérialisme historique, dont le lien est
assuré par l’utilisation formelle de la dialectique. Cette
utilisation se fonde sur le postulat selon lequel <<la logique est le
reflet de la matière en mouvement>> ce qui suppose qu’il
n’existe qu’une seule forme de mouvement de la matière. Or,
depuis Freud, Saussure et Lacan, nous savons que le langage est un instrument
de production du psychisme, un médiat entre le réel et
l’imaginaire, et que le rapport entre le
réel et la pensée qui le pense est un rapport
symbolique . La connaissance efficace
nécessite donc un travail sur les
représentations dont l’évidence est
toujours trompeuse. Là est l’erreur de Lénine
lorsqu’il dit:
C’est
que Lénine confond biologique et psychique. La théorie de
l’espace et du temps est un discours, i.e. relève du psychique et
non du biologique. Le corps biologique de l’animal est adapté au
milieu sans théorie de l’espace et du temps. Avec une autre
représentation symbolique de l’espace et du temps que la
nôtre, les indiens Hopi ont d’autres “évidences
premières” que les nôtres. Les représentations
psychiques sont donc le résultat d’un travail sur les sensations
fournies par le biologique, et le langage (au sens large) est
l’instrument-produit de ce travail symbolique. La logique n’est
donc pas le pure reflet d’une forme unique de mouvement
de la matière. Car si depuis Einstein l’unité
contradictoire de la matière est indéniable, on sait aussi
qu’il n’existe pas un temps en-soi, pas plus
qu’ une seule forme de mouvement et d’existence
de la matière. Physique, Biologique et Psychique
peuvent se définir comme trois types de rapports entre masse et
énergie, ayant chacun leur temps propre. C’est donc la conception
marxiste du temps qui empêche un véritable
matérialisme-historique-dialectique: nous le verrons à travers
le concept de valeur.
2. Les deux
référents de la valeur dans le discours de Marx
Il y a dans le concept de valeur une
référence implicite à
l’énergie (ou mouvement) en même temps qu’une
référence explicite au temps (de travail). Ces deux
références correspondent à la distinction entre substance
et mesure de la valeur. La substance de la valeur se définit comme un
Tout, dont chaque marchandise n’est
qu’une partie. <<... le travail qui forme la
substance de la valeur des marchandises est du travail égal et
indistinct, une dépense de la même force. La force de
travail de la société toute entière , laquelle
se manifeste dans l’ensemble des valeurs, ne compte par
conséquent que comme une force unique, bien qu’elle se compose de
forces individuelles innombrables...>>. On a donc une conception
distributive de la valeur. A chaque moment déterminé de son
histoire, la société capitaliste dispose d’une force de
travail définie, et la production ou appropriation réelle de la
nature sera la dépense de cette force de travail qui se
matérialisera en un ensemble de valeurs d’usage. La valeur
d’une marchandise particulière sera la part pour laquelle elle
rentre dans l’ensemble. On pourra donc comparer deux marchandises
quantitativement, malgré les différences qualitatives de leurs
usages, puisqu’elles ont en commun, d’être une partie du
Tout de la valeur. <<Le quelque chose de commun qui se montre dans le
rapport d’échange ou dans la valeur d’échange des
marchandises est par conséquent leur valeur>>. Si le contenu de
la marchandise est sa valeur, i.e. une part du travail social; la valeur
d’échange n’est que la forme phénoménale de
la valeur i.e. la manière dont elle se présente aux autres
marchandises.
Cette conception distributive de la
valeur permet de considérer la formation sociale comme une
totalité en mouvement et de voir comment la
distribution de cette force de travail structure la société
à travers la division du travail et
l’échange des marchandises. La forme de la
valeur définit la manière dont cette valeur se
distribue. Puisque la définition de la valeur est donnée par le
Tout et non par la partie, le travail cristallisé dans chaque
marchandise isolée est du travail abstrait , i.e. une
partie de ce travail social et non pas le travail concret du
producteur. De la valeur globale nous sommes passés à la valeur
d’un article par une opération abstraite de division.
De la substance à la mesure, s’opère le
glissement du mouvement au temps. Ce glissement est-il innocent ? A priori, il
nous semble licite.
Pour une masse donnée, temps de travail et
force productive sont en rapport inverse. Masse, temps et énergie sont
liés par une relation arithmétique stricte, que peuvent
définir les sciences de la nature. Marx est fidèle à son
<<point de vue, d’après lequel le développement de
la formation économique de la société est assimilable
à la marche de la nature et à son histoire.>>.
Seulement, nous considérons maintenant un article
isolé, un acte de production particulier défini comme
dépense d’une force de travail isolée, dans un temps
d’horloge qui n’est pas une partie du temps de travail total de la
société.
Nous découvrons donc chez Marx une
conception agrégative de la valeur concurremment
à la définition distributive repérée plus haut.
Cette double définition ressort du “double caractère du
travail présenté par la marchandise” que Marx a “le
premier” mis en relief.
Dans cette conception
agrégative, celle du travail productif de valeur d’usage, la
force qui produit n’est pas seulement la force humaine, mais les forces
naturelles qui l’assistent. Dans le rapport entre masse, temps et
énergie, l’énergie contient la force humaine et les forces
naturelles. La nature compte comme force productive. L’analyse en termes
de valeur d’usage relève de la technologie et le temps sera
défini en fonction des modifications mutuelles de la masse et de
l’énergie. Dans ce cas, le temps n’est pas un
étalon de lui-même , il n’est qu’un
opérateur de calcul des rapports entre masse et énergie dans la
matière.
Le temps qui sert à définir la
valeur proprement-dite (celle qui apparaît phénoménalement
comme valeur d’échange et non comme valeur d’usage) est un
temps qui se définit par lui-même, qui trouve en lui-même
sa propre mesure, pour lequel la partie est la mesure du tout, comme partie
aliquote, comme génération métonymique. Ce que Marx ne
peut pas savoir, c’est que ce temps-là, qui apparaît comme
une intuition première, au même titre que l’espace,
n’est qu’un produit-instrument des langages indo-européens
(B. Lee Whorf ) dont la théorie de la
relativité a montré les insuffisances pour penser la
matière. N’ayant pas connu Einstein ni B. Lee Whorf, Marx le
reprend de manière a-critique, ce qu’en 1974 nous ne pouvons
continuer à faire, sous peine de naturaliser, comme Marx, la
loi de la valeur capitaliste. La seule loi de la valeur qui
existe depuis la matière, <<indépendamment de toute forme
de société>>, c’est la loi de la valeur
d’usage ou de la relativité.
Mais
écoutons Marx:
Et puisque le temps ainsi défini est la mesure du travail,
la conception agrégative de la valeur est éliminée de
toute mesure. Seul est pris en compte le Tout de la valeur, mais nous
n’avons pas de moyen de le mesurer. Ce Tout est défini à
priori, comme le temps de travail dont la société dispose et
chaque marchandise en cristallise une partie, quelque soit
l’énergie dépensée et la masse transformée.
Nous avons donc deux conceptions opposées de la
valeur:
(a) Une conception distributive définit la valeur
comme un Tout, le temps de travail dont la société
dispose , et correspond à la valeur proprement-dite qui
apparaît phénoménalement dans chaque marchandise dans sa
valeur d’échange. Le rapport d’échange de deux
marchandises sera le rapport entre les parts du Tout qu’elles
représentent l’une et l’autre. Seul compte le temps,
indépendamment de la masse transformée en valeur d’usage
et de l’énergie dépensée sous forme productive. Ce
temps fantasmatique indo-européen présente la
propriété de se diviser en parties aliquotes de
lui-même, sans que l’on définisse sa substance qui
apparaît comme une évidence première, ni le rapport entre
sa substance et sa mesure opératoire (temps d’horloge). Or, de ce
fait, la valeur qui n’est qu’un rapport, une partie du Tout, peut
se présenter par un nombre entier (1 heure, 1 minute) et non par une
fraction du Tout. Le Tout n’a donc pas besoin d’être
précisé, autrement que par l’expression temps de
travail dont la société dispose ,
c’est-à-dire, par lui-même, l’inengendré. Le
référent de la Valeur est le Temps.
(b) La
conception agrégative est liée à la valeur d’usage.
Pour une marchandise prise individuellement, on pourra définir une
relation stricte entre sa masse, l’énergie dépensée
à sa transformation productive et la durée de cette
transformation. Nous avons une conception matérialiste de la production
de la valeur d’usage. Le référent de la
valeur d’usage est la matière mesurée
indifféremment par sa masse ou par son énergie.
3. Peut-on établir une relation entre
les deux conceptions de la valeur ?
4. Conception agrégative et conception
distributive
5. Le quantum
déterminé de la valeur globale
6. L’extension du quantum de
valeur
7. La démonstration
marxienne du calcul différentiel
8. Plus-value relative et calcul
différentiel
10. Travail physique et travail économique
Auteur
Rédigé au Printemps 1974
Présenté à Lille en
Juin 1974
Édité sur le R.A.D. le 29 Août 1999
Compléments
Suites du texte
A la Recherche des Déterminations
Économiques de la Valeur
Théorie classique du chômage
Théorie
keynésienne du chômage
Théorie Keynésienne du Chômage
6. Bref résumé de la théorie de
l’emploi
7. Les paramètres
fondamentaux
8. Le principe de la demande
effective
9. L’égalité
de l’épargne et de l’investissement
11. Le multiplicateur d’investissement
14. La préférence pour la
liquidité
15. La théorie
générale de l’emploi
Histoire de l’Émergence
du Capitalisme
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