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Deux conceptions de la valeur dans “Le Capital” de Marx




“Statut de la Valeur (et de la Plus-Value) dans le cadre d’une articulation entre Économie et Psychanalyse”





* Plan général de la communication au Colloque de Lille


Position du problème

Les deux référents de la valeur dans le discours de Marx


Peut-on établir une relation entre les deux conceptions de la valeur ?

Conception agrégative et conception distributive

Le quantum déterminé de la valeur globale


L’extension du quantum de valeur

La démonstration marxienne du calcul différentiel


Plus-value relative et calcul différentiel

Temps et Phallus

Travail physique et travail économique

Conclusion





* 3. Peut-on établir une relation entre les deux conceptions de la valeur ?


On pourrait définir le temps de travail dont la société dispose en relation avec <<les échanges organiques entre la nature et l’homme>>. Étant donné l’ensemble des connaissances, les normes culturelles relatives au travail dans une société donnée, en un point de son histoire, pour une population active définie et une journée de travail précisée, le temps de travail dont la société dispose doit permettre de transformer mutuellement telle masse et telle énergie, i.e. faire passer la matière de telle forme à telle autre forme. Dans ce cas, la durée est définie de manière matérialiste et la mesure du travail “créateur de valeur” serait en accord avec sa définition comme “médiateur des échanges organiques entre la nature et l’homme”. Conception agrégative et conception distributive seraient deux regards portés sur le même travail et la mesure du travail par le temps pourrait être effectuée en toute rigueur matérialiste. Un travail isolé de 1 heure serait une partie du travail global et réduit, par ce fait même, à du travail abstrait et simple. Le seul fait de mesurer chaque chose (acte de travail ou marchandise produite) au même temps résoudrait les multiples problèmes de la réduction concret/abstrait, complexe/simple, individuel/social.


C’est à juste titre que Marx pourrait conclure ainsi le paragraphe relatif au “ double caractère du travail présenté par la marchandise”:


La substance de la valeur et la grandeur de la valeur sont maintenant déterminées. Reste à analyser la forme de la valeur .>>.


Dans ce contexte, Énergie et Temps seraient strictement liés par la Masse d’objets naturels transformés en valeurs d’usage. Le travail ne constituant pas la seule activité de la société, on pourrait, avec cette méthode, définir l’énergie disponible pour le non-travail. Pour une période donnée (1 an), le rapport entre population active et population non-active (défini par les normes culturelles ) définirait précisément le rapport entre Temps de travail de la Société et Temps libre de la Société. Ce temps libre de la société pourrait faire l’objet lui aussi d’une conception distributive et se rapporter au même étalon. Une “dialectique du temps libre et du temps de travail” serait possible. Rappelons, très fermement, que la valeur n’aurait de sens que distributivement. Toute valeur individuelle est une partie de la valeur globale et à ce titre temps de travail abstrait et non pas temps de travail concret. Tout schéma de transformation de valeur en quoi que ce soit devrait commencer par la ligne du total et non par les branches prises une à une... A cette condition, toute transformation distributive est possible théoriquement, quelque soit son rapport à la pratique quotidienne. Enfin, dans ce contexte rendant possible un véritable matérialisme-historique-dialectique, tout surplus de matière (sous forme de masse ou d’énergie) approprié par l’homme sur la nature pour accroître la force productive du travail (au sens où on parle de vertu dormitive de l’opium) pourrait se mesurer en termes de temps. En combien d’années l’homme brûle-t-il le pétrole ? En combien d’années la nature, dans telles et telles conditions de reproduction, peut-elle produire le même quantum de pétrole ou son équivalent énergétique ? Quel est le rapport entre ces deux nombres d’années ? Si le premier est inférieur au second, l’homme est débiteur de la nature, sous l’angle de la reproduction du méta-système homme-nature. Cela veut dire qu’il diminue la probabilité d’effectuer par la suite le même emprunt énergétique. Et cette évolution de la probabilité représente le rapport entre travail accumulé et travail vivant , c’est-à-dire ce qui permet de définir le Progrès ou le “cours de l’Histoire”. En effet:

Dans le même contexte de la reproduction de l’éco-système, cet emprunt du sous-système humain au sous-système naturel, mesuré soit en énergie disponible soit en différence de temps historique, représente une modification du rapport (force de travail humaine) / (force naturelle) dans le total de l’énergie disponible dans une période définie. La société, ne reproduisant pas les sources d’énergie qu’elle utilise, accroît ainsi le temps de travail dont la société dispose , pour une masse de richesses matérielles définies. La distribution de la population en producteurs et non-producteurs trouve alors une “limite nécessaire” (sous l’ hypothèse méthodologique de reproduction ) étant donnés les paramètres suivants:


Temps de Travail global,

Masse de Richesses Matérielles,

Temps Libre + Temps de Travail = Temps de la Période.


On peut définir alors un lien nécessaire (toujours sous la même hypothèse méthodologique) entre degré de développement des forces productives et rapports sociaux de production. Tous les grands principes marxiens sur l’ Histoire trouvent donc une possibilité de mesure théorique en gardant le << point de vue d’après lequel le développement de la formation économique de la société est assimilable à la marche de la nature et à son histoire (Marx)>> dont nous savons qu’il <<peut moins que tout autre, rendre l’individu responsable de rapports dont il reste socialement la créature, quoiqu’il puisse faire pour s’en dégager (Marx)>>.

En se plaçant dans l’optique de la reproduction des systèmes, on peut définir des “rapports” qui fonctionnent comme des “limites et moyennes régulatrices” dont Quételet a démontré l’existence dans les phénomènes sociaux lorsqu’il a prouvé:


Ces différents rapports constituent alors une grille de lecture à travers laquelle on va produire un effet d’intelligibilité ou une connaissance de ce qui sera défini comme le réel. On a ainsi produit une théorie de l’histoire du rapport homme-nature, ce qui est l’objectif méthodologique et épistémologique du matérialisme-historique-dialectique. Notons que dans cette optique, la forme qui définit les relations entre quantité et qualité, correspondrait à la notion contemporaine de “mise en forme” ou degré de complexité mesuré par l’ information.





* 4. Conception agrégative et conception distributive


Nous venons de montrer que le point de vue de Marx nécessitait une relation précise entre les deux conceptions de la valeur. Mais peut-on écrire rigoureusement que le total de la conception agrégative est égal au Tout de la conception distributive ?


Étant données les propriétés spécifiques de la définition du Temps et de sa mesure par parties aliquotes de lui-même, il serait absurde et vide de sens de dire que: “le Tout du Temps est égal au total des temps partiels ”. On ne tire pas d’une convention arbitraire (étalon) la moindre information sur la substance de ce qu’elle doit mesurer. La question doit se poser en d’autres termes. Si le temps est la mesure du travail, il s’agit de savoir quel est ce travail. Et puisque lui-même est une dépense de force, il importe de savoir qu’elle est cette force.


Nous avons vu que, dans la conception agrégative, la force humaine est assistée de forces naturelles. En est-il de même pour la conception distributive du travail créateur de valeur ?



Marx ne considère donc pas ici la “force” mais la “valeur” et nous met en garde contre toute confusion ou indécision pharisaïque qui <<n’ont pour but que de dissimuler une tentative inutile, celle d’expliquer une plus-value par la simple réapparition de valeurs avancées>>.

L’augmentation de valeur (plus-value) vient d’une prolongation de la durée du travail au-delà du <<point où un simple équivalent de la valeur de la force de travail serait reproduit et ajouté à l’objet travaillé>>.


En tant que différence de temps en-soi, la plus-value n’a aucun rapport logique avec la valeur d’usage. Le temps qui la caractérise est un temps en-soi qui redouble le temps matérialiste de la valeur d’usage. Le temps de la valeur proprement-dite et de la plus-value est un temps en-soi. Il faut conclure que la plus-value n’a rien à voir avec un surplus de richesse matérielle (produit net ).


Dans une lettre à Marx du 19 décembre 1882, Engels reproche à Podolinski d’avoir confondu travail physique et travail économique en supposant qu’un homme ayant absorbé 10.000 unités caloriques pourrait laisser derrière lui plus d’énergie que celle reçue. Engels explique alors le surplus par le fait que l’homme utilise conjointement d’autres énergies que celles emmagasinées dans son organisme.


Mais une question se pose. Si la valeur proprement-dite est mesurée par le temps de travail dont la société dispose , si ce temps est un en-soi du temps et si enfin la force de travail humaine peut créer plus de valeur qu’elle n’en a reçu, comment déterminer un étalon fixe de la valeur ? Sinon, comment évolue-t-il ? Son évolution peut-elle se mesurer strictement ?





* 5. Le quantum déterminé de la valeur globale


Dans le chapitre du Livre III consacré à l’égalisation du taux général du profit par la concurrence, Marx postule un quantum global déterminé de la valeur. Analysant le besoin social sous l’angle de la reproduction de la société, Marx en donne une définition abstraite qu’il distingue de la demande effective.


C’est en considérant la société comme un système contenant un quantum fixe de temps de travail qu’il faut reproduire que l’on peut définir des lois d’équilibre, à la condition de repérer dans le mouvement de la société, les tendances antagoniques.


Nous savons que cet équilibre se fait par la concurrence sur le marché où il prend l’apparence phénoménale de l’offre et de la demande.



Car:


Donc, c’est la valeur marchande qui explique les fluctuations de l’offre et de la demande et non l’inverse.



Le rapport de l’offre et de la demande reflète:

(1) Le rapport entre valeur d’usage et valeur d’échange, entre marchandise et argent; entre acheteur et vendeur.

(2) Le rapport entre producteur et consommateur, bien que tous deux puissent être représentés par des tiers, à savoir des commerçants. Quand on considère l’acheteur et le vendeur, il suffit de les confronter l’un à l’autre, individuellement, si l’on veut dégager le rapport dans son ensemble.



Dans l’affrontement de ces forces, qui déterminera la valeur marchande, la victoire est fonction de la cohésion.



Si les producteurs sont en infériorité, la solidarité cesse entre eux et celui qui peut produire à meilleur marché:


On voit comment l’offre et la demande, qui mettent en scène des “classes et catégories sociales qui se partagent le revenu global de la société” impliquent la transformation de la valeur en valeur marchande . Cela tient au fait qu’il n’y a pas identité entre valeur et revenu (Livre II). Sous la loi de l’offre et de la demande joue la loi de la valeur puisque le temps de travail dont la société dispose est donné.


N.B. On remarquera au passage l’analogie entre le raisonnement de Marx et la méthode de Carnot pour déterminer le rendement maximal des machines thermiques.


Mais la production capitaliste n’est pas la production marchande:



Mais il n’y a pas de substitution de l’un à l’autre, car la loi de la valeur joue sous le prix de production. Tandis que la loi de la valeur est une loi naturelle cachée (essentielle) le prix de production apparaît à la conscience des capitalistes et de leurs idéologues:



La loi de la valeur définit l’ensemble du système, tandis que les prix de production peuvent n’apparaître que dans une partie de celui-ci. Car l’égalisation des valeurs individuelles ou des valeurs marchandes de certains secteurs peut se heurter à certains obstacles. C’est le cas pour la rente foncière qui est possible dans la mesure où la loi de la valeur régit l’ensemble du système capitaliste sans que toutes les valeurs soient réduites au prix de production.


Au terme de cette longue citation, il apparaît que Marx ne tient compte que de la valeur proprement-dite et que, dans celle-ci, il inclut la plus-value. La valeur d’usage est totalement évacuée. La circulation des marchandises et de la monnaie n’est considérée que comme support de la distribution sociale de la valeur globale. Il s’agit d’un modèle théorique, élaboré selon les principes dialectiques issus des sciences de la nature. Ce modèle d’intelligibilité se caractérise par un principe de conservation de la valeur et par une propriété de réversibilité parfaite . Il est copié sur le premier principe de la thermodynamique et les lois de la mécanique céleste. Il ne s’agit pas des mouvements réels des produits, des hommes, des matières premières et des industries, mais de l’explicitation de la nature intime du capital.


N’oublions pas que l’analyse de la concurrence réelle n’est pas encore faite et ne sera jamais faite par Marx. Prendre le Livre III du Capital pour une analyse empirique, c’est buter sur les problèmes faux et donc insolubles de la transformation.


Rappelons cette citation extraite du Livre I Section IV.



Dans ces conditions, on conçoit très bien que la valeur soit analysée pour elle-même, indépendamment de sa relation dialectique à la valeur d’usage . Le temps qui la mesure est un temps en soi et la plus-value est une différence pure. Il n’y a pas de passage théorique entre temps matérialiste et temps en soi. Conception agrégative (valeur d’usage) et conception distributive (valeur) n’ont pas le même statut épistémologique. Dans cette optique, la notion de force productive n’a pas à être précisée ni conceptualisée. Sera baptisé “accroissement de la force productive” tout ce qui fait diminuer l’en soi du temps de travail.


Si le quantum de la valeur globale est constant, toute baisse de la valeur d’échange d’un article se traduit par la hausse de tous les autres relativement à lui. Cela correspond à la monnaie-marchandise.


Par contre, si le quantum évolue, comme nous allons le voir, il faut trouver la cause de cette évolution en lui-même. La hausse de la valeur sociale ne peut pas s’expliquer en termes de valeur d’usage. Elle doit être une propriété en soi de la valeur ou plus exactement de ce qui crée la valeur: la force de travail. Le seul point de contact entre valeur d’usage et valeur se fait par la force de travail. La quantité disponible de force de travail humaine constituera la limite à la génération spontanée (en soi) de la plus-value.





* 6. L’extension du quantum de valeur





* 7. La démonstration marxienne du calcul différentiel





* 8. Plus-value relative et calcul différentiel





* 9. Temps et Phallus





* 10. Travail physique et travail économique





Conclusion





* Auteur


Hubert Houdoy



Rédigé au Printemps 1974

Présenté à Lille en Juin 1974

Édité sur le R.A.D. le 29 Août 1999





* Compléments


Plus-Value et Taux de Profit


Suites du texte


A la Recherche des Déterminations Économiques de la Valeur

Projet de recherche


L’Économie du Temps

Cycle Robinson Crusoé


Théorie classique du chômage


Théorie classique du chômage


Théorie keynésienne du chômage


Théorie Keynésienne du Chômage


1. Originalité de Keynes

2. Le chômage classique

3. Les postulats classiques

4. La loi des débouchés

5. Le chômage involontaire

6. Bref résumé de la théorie de l’emploi

7. Les paramètres fondamentaux

8. Le principe de la demande effective

9. L’égalité de l’épargne et de l’investissement

10. La propension à consommer

11. Le multiplicateur d’investissement

12. L’incitation à investir

13. Le taux de l’intérêt

14. La préférence pour la liquidité

15. La théorie générale de l’emploi

16. Conclusions sur Keynes

Critiques à Keynes


Production et Appropriation


Propriété ou Possession


Histoire de l’Émergence du Capitalisme


Des Marchés et des Métiers





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Mise à jour: 24/12/1999