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6. Bref résumé de la théorie de l'emploi


Laissons la parole à J. Keynes qui résume sa théorie avant d'exposer le détail de ses arguments:

"Dans ce résumé nous supposerons que le salaire nominal et les autres coûts de facteurs restent constants par unité de travail employé (p. 49)".

"Lorsque l'emploi croît, le revenu global augmente. Or l'état d'esprit de la communauté est tel que, lorsque le revenu réel global croît, la consommation globale augmente, mais non du même montant que le revenu. Par suite les employeurs réaliseraient une perte, si l'emploi supplémentaire était consacré en totalité à produire des biens de consommation. Pour qu'un certain volume de l'emploi soit justifié il faut donc qu'il existe un montant d'investissement courant suffisant pour absorber l'excès de la production totale sur la fraction de la production que la communauté désire consommer lorsque l'emploi se trouve à ce niveau. Car, faute d'un tel montant d'investissement, les recettes des entrepreneurs seraient inférieures au chiffre nécessaire pour les décider à offrir ce volume d'emploi. Il s'ensuit que, pour une valeur donnée de ce que nous appellerons la propension de la communauté à consommer, c'est le montant de l'investissement courant qui détermine le niveau d'équilibre de l'emploi, i.e. le niveau où rien n'incite plus les entrepreneurs pris dans leur ensemble à développer ni à contracter l'emploi. Le montant de l'investissement courant dépend lui-même de ce que nous appellerons l'incitation à investir et nous verrons que l'incitation à investir dépend de la relation entre la courbe de l'efficacité marginale du capital et la gamme des taux d'intérêt afférents aux prêts d'échéances et de garanties diverses.

Ainsi, la propension à consommer et le montant de l'investissement nouveau étant donnés, il n'y aura qu'un seul volume de l'emploi compatible avec l'équilibre; tout autre volume conduirait à une inégalité entre le prix de l'offre globale et le prix de la demande globale de la production considérée dans son ensemble. Ce volume ne peut être plus grand que le plein emploi; en d'autres termes le salaire réel ne peut être moindre que la désutilité marginale du travail. Mais en général il n'y a pas de raison de penser qu'il doive être égal au plein-emploi. C'est seulement dans un cas spécial que la demande effective se trouve associée au plein emploi; et pour que ce cas se réalise il faut qu'il y ait entre la propension à consommer et l'incitation à investir une relation particulière. Cette relation particulière, qui correspond aux hypothèses de la théorie classique, est, en un certain sens, une relation optimum. Mais elle ne peut exister que si, pour des raisons fortuites ou voulues, l'investissement courant assure un montant de demande exactement égal à l'excès du prix de l'offre globale de la production résultant du plein emploi sur le montant que la communauté désire dépenser pour la consommation lorsqu'elle est employée à plein (p. 50)."

Ce qui est la règle pour les classiques est l'exception pour Keynes. Le plein emploi est une situation limite. Et, dans cette occurrence, Keynes admet toutes les hypothèses des classiques. La loi des débouchés qui détermine la valeur et la théorie quantitative de la monnaie qui détermine les prix sont réconciliées. Au lieu de ne s'intéresser qu'à ce cas particulier, Keynes nous offre une Théorie Générale de l'Emploi, de l'Intérêt et de la Monnaie.

La propension à consommer est un paramètre sociologique fondamental d'une nation économique. Pour Keynes, sa nature est d'ordre psychologique et non pas économique. Peut-être faudra-t-il voir, un jour, en quoi cette propension est liée aux représentations culturelles d'une société. Les mécanismes économiques ne sont pas universels puisqu'ils s'inscrivent dans une logique psycho-sociologique qui leur imprime ses paramètres fondamentaux. C'est en ce sens qu'une économie de marché s'inscrit dans une organisation sociale, jadis le royaume ou la nation, demain le réseau. Mais il ne peut y avoir de société de marché.

La propension à consommer étant donnée par l'ensemble de la population nationale visée par le modèle keynésien, c'est le montant de l'investissement des entrepreneurs qui détermine le niveau d'équilibre de l'emploi. Là encore, rien d'automatique entre les marchandises. Nous ne sommes pas dans une théorie substantialiste de la valeur. Le montant global de l'investissement résulte de la multitude des anticipations des entrepreneurs. Leur incitation à investir dépend du rapport entre l'efficacité marginale de leur capital et les taux des intérêts. Hormis la tendance culturelle à ne pas tout consommer, qui fait des entrepreneurs des pionniers de la croissance, le taux de l'intérêt est le principal obstacle à l'investissement et donc au plein emploi. Comme le salaire réel ne peut diverger de la désutilité marginale du travail (il faut manger pour vivre), il faudrait que l'investissement compense exactement le manque de consommation, non seulement dans leurs montants (ce que Keynes supposera), mais surtout dans leurs motivations, (ce qui serait providentiel). Or, Keynes le libéral, ne croit pas plus en la main invisible qu'en la propriété étatique des moyens de production. C'est donc le taux de l'intérêt qui fait diverger durablement une consommation spontanée et un investissement risqué dont les motivations sont étrangères l'une à l'autre. Faute de cette équilibration automatique, postulée par les classiques, le plein emploi sera toujours en contradiction avec les taux des intérêts. Il est donc surprenant que l'on ne sache pas lire en Keynes l'explication d'un divorce durable entre les marchés financiers et le plein emploi.

"Cette analyse nous explique le paradoxe de la pauvreté au sein de l'abondance. Le seul fait qu'il existe une insuffisance de la demande effective peut arrêter et arrête souvent l'augmentation de l'emploi avant qu'il ait atteint son maximum. L'insuffisance de la demande effective met un frein au progrès de la production alors que la productivité marginale du travail est encore supérieure à sa désutilité (p. 52)".

Ce bref résumé, par Keynes lui-même, de la Théorie Générale, montre toute la différence entre le déterminisme mathématique sous-jacent à la loi des débouchés et son usage marginaliste d'une part, et le possibilisme keynésien, qui redonne aux hommes l'initiative et la responsabilité des situations dans lesquelles ils se mettent collectivement. Il ne se confond pas non plus avec le volontarisme pseudo-keynésien des plans de relance, des déficits budgétaires ou des déficits commerciaux. A en croire Keynes, la Science Économique est beaucoup plus une science sociale qu'un chapitre de la science physique. Mais peut-être n'a-t-il pas pu sortir définitivement du cadre de pensée des classiques?

Hubert Houdoy

Créé le 2 Mai 1997

Modifié le 4 Novembre 1997.


* Précédents

1. Originalité de Keynes

2. Le chômage classique

3. Les postulats classiques

4. La loi des débouchés

5. Le chômage involontaire


* Suite

7. Les paramètres fondamentaux


* Définitions

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Mise à jour: 16/07/2003