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9. L'égalité de l'épargne et de l'investissement


Achats, ventes et stocks des entrepreneurs

"Durant une période de temps quelconque un entrepreneur vend des produits finis aux consommateurs et aux autres producteurs pour une certaine somme que nous désignerons par A. Il dépense aussi une certaine somme que nous désignerons par A1 pour acheter des produits finis aux autres entrepreneurs. Et il parvient à la fin de la période avec un équipement en capital ayant une valeur G, l'appellation d'équipement comprenant tant ses stocks de produits finis que ses stocks de produits non finis, i.e. son capital circulant (Keynes, p. 71".

Entretien et amélioration de l'équipement

"Pour obtenir ce que nous considérons comme le revenu de la période courante, il faut donc déduire de la valeur de A+G-A1 une certaine somme représentant la partie de cette valeur qui a été fournie (en un certain sens) par l'équipement transmis à la fin de la période précédente (Keynes, p. 71)".

Le fait de ne pas utiliser l'équipement oblige néanmoins l'entrepreneur à l'entretenir.

"Supposons qu'il eût alors dépensé une somme B' pour l'entretien et l'amélioration de son équipement et que, s'il avait dépensé cette somme, la valeur de l'équipement eût été G' à la fin de la période (Keynes, p. 72)".

Le coût d'usage (U) payé aux autres entrepreneurs et le coût de facteur (F) payé aux facteurs de production forment le coût premier de la production. Il faut que le revenu généré par l'emploi soit supérieur au coût premier pour que le profit soit positif.

"Appelons cette quantité (G'-B')-(G-A1), qui mesure le sacrifice de valeur entraîné par la production des richesses A, le coût d'usage de ces richesses et donnons-lui pour symbole U. Le montant que l'entrepreneur a payé aux autres facteurs de production en échange de leurs services, montant qui du point de vue de ces facteurs est leur revenu, sera appelé le coût de facteur F des richesses A. Et nous appellerons coût premier de la production A la somme du coût de facteur F et du coût d'usage U(Keynes, p. 72)".

Revenu de l'entrepreneur ou profit brut

"Nous pouvons dès lors définir comme revenu de l'entrepreneur l'excès de la valeur des produits finis qu'il a vendus au cours de la période sur son coût premier. Ceci signifie que le revenu de l'entrepreneur, ainsi défini, est égal à la quantité qu'il s'efforce de rendre maximum en faisant varier son échelle de production; qu'il est égal en d'autres termes à son profit brut suivant l'acception courante du mot - laquelle s'accorde avec le bon sens. Par suite, comme le revenu du reste de la communauté est égal au coût de facteur de l'entreprise, le revenu global est égal à A-U (Keynes, p. 72)".

Le coût premier (coût d'usage + coût des facteurs) est une dépense certaine de l'entrepreneur. Dans la période, il est un revenu assuré pour les autres, quel que soit l'usage qu'ils en feront. Le revenu que l'entrepreneur génère pour lui est hypothétique. Le profit n'est pas assuré. Il est la conséquence d'une prise de risque basée sur des anticipations multiples. Le profit ne viendra qu'avec la dépense du premier revenu créé. Le revenu global est la valeur de la production A moins le coût d'usage U. Comme la propension à consommer est inférieure à l'unité, tout le revenu ne sera pas consommé. Une partie du revenu sera épargnée. Cette épargne est, a priori, défavorable au profit, puisqu'elle remet en cause la vente des produits (A) de l'entrepreneur. L'épargne bloque le circuit. L'entrepreneur laisserait le circuit se bloquer s'il ne faisait pas d'investissement spontané. Autrement dit, l'entrepreneur "sait" qu'il faut donner pour recevoir ou plutôt "investir pour profiter". Son investissement crée le revenu pour les autres. La consommation de tous crée son revenu particulier. L'épargne réduit le revenu vers lui, sous forme de consommation finale. Il faudra qu'elle y vienne autrement. C'est comme placement que l'épargne peut boucler le circuit qu'impliquent les formules mathématiques. Et un bouclage complet suppose que l'épargne compense strictement l'investissement.

"Autant que nous sachions, personne ne conteste que l'épargne soit l'excès du revenu sur la dépense pour la consommation (Keynes, p. 80)".

La consommation, quant à elle, est celle des consommateurs (consommation finale)et celle des producteurs entre eux (consommation productive).

"La dépense pour la consommation peut être définie sans ambiguïté [Sigma](A-A1), où [Sigma]A représente le total des ventes faites pendant la période et [Sigma]A1 le total des ventes faites par un entrepreneur à un autre entrepreneur (Keynes, p. 81)".

Nous avons tous les élément pour connaître l'épargne.

"Le revenu et la consommation se trouvant maintenant définis, la définition de l'épargne, qui n'est que l'excès du revenu sur la consommation, se déduit naturellement de leurs définitions. Puisque le revenu est égal à A-U et la consommation à A-A1, il s'ensuit que l'épargne est égale à A1-U (Keynes, p. 81)".

L'épargne est l'achat des biens entre les entrepreneurs moins le coût d'usage lié à l'emploi courant.

"Notre définition du revenu conduit aussitôt à celle de l'investissement courant. Cette quantité ne peut être en effet que l'addition à la valeur de l'équipement résultant de l'activité productrice de la période. Il est clair qu'elle est égale à ce qui vient d'être défini sous le nom d'épargne. Car elle représente la partie du revenu de la période qui n'a pas été absorbée par la consommation (Keynes, p. 81)".

C'est ainsi que Keynes montre la nécessaire égalité de l'épargne et de l'investissement.

Sémantiquement parlant, cette égalité fait partie du modèle comme l'impossibilité du chômage involontaire était inhérente au modèle classique.

"Ainsi, bien que le montant de l'épargne résulte du comportement collectif des consommateurs individuels et le montant de l'investissement du comportement collectif des entrepreneurs individuels, ces deux montants sont nécessairement égaux puisque chacun d'eux est égal à l'excès du revenu sur la consommation (Keynes, p. 82)".

Pour Keynes, il vaut mieux raisonner sur les raisons (actives) de la dépense (consommation ou investissement) que sur celles (passives) de l'épargne.

"L'épargne n'est en réalité qu'un reliquat. Les décisions de consommer et les décisions d'investir déterminent conjointement les revenus (Keynes, p. 83)".

Nous avons bien, chez Keynes, l'intuition d'un réseau de décisions. Mais ces décisions ne sont pas de même nature. C'est en quoi la propension à consommer et l'incitation à investir sont deux paramètres keynésiens fondamentaux.

Hubert Houdoy

Créé le 2 Mai 1997

Modifié le 7 Novembre 1997.


* Précédents

1. Originalité de Keynes

2. Le chômage classique

3. Les postulats classiques

4. La loi des débouchés

5. Le chômage involontaire

6. Bref résumé de la théorie de l'emploi

7. Les paramètres fondamentaux

8. Le principe de la demande effective


* Suite

10. La propension à consommer


* Définitions

Les termes en gras sont définis dans le glossaire alphabétique du RAD.


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Mise à jour: 16/07/2003