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Glossaire
Détaillé, Lettre P, numéro 08
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Glossaire Détaillé, Lettre P, numéro
07
Pastorale. (a) La
pastorale est un genre littéraire créé en Espagne par la
“Diana” (1559, 1561) de Jorge de Montemayor (vers
1520-1561) et introduit en France par L’Astrée
(1607-1629) d’ Honoré d’Urfé
(1557-1625). Il fut raillé par Molière (1622-1673) et
Jean-Baptiste Lully (1632-1687) dans “Le Bourgeois Gentilhomme”
(1670) où Monsieur Jourdain chante:
(b) Le mouton
et le tigre, l’agneau et le loup, le pâturage et les bois,
opposent la culture humaine à la
nature sauvage comme à la ville inhumaine où
l’homme est un loup pour l’homme. Les pastorales se
déroulent dans une culture qui tient lieu de nature. Les prés
sont le lieu d’un bonheur à portée de réalisation.
Les forêts sont le symbole de la fascination et du danger. C’est
dans la forêt que s’aventure Actéon. C’est là
qu’il voit la merveilleuse beauté de
Diane chasseresse . Mais elle le fait dévorer par ses
chiens. Diane ou Artémis, la
vierge farouche, est aussi le prénom de Diane de
Châteaumorand, le grand amour d’Honoré d’Urfé.
Au pays d’Urfé, on raconte (“La légende dorée
forézienne”, Anne Carcel, Robert Bouillier, Musée Alice
Taverne, 1994, Ambierle) que la femme qui épousa
successivement les deux frères, Anne
d’Urfé d’abord puis Honoré ensuite, avant
de les quitter tous deux, était <<douée d’une telle
chasteté qu’elle esgale la déesse des forests qu’on
honore de son nom.>>. Et en Forez, on s’y
connaît en frondaison comme en chasse !
(c) De fait,
l’amour platonique est au coeur des pastorales. Plus exactement, comme
dans les pastourelles, on y chante un amour , qui pour
être un amour physique , n’est fait ni de la
domination du seigneur sur la bergère ni de la
séduction de la belle paysanne par les biens
de luxe du bourgeois de la ville. Cette inspiration sera encore celle
du Gaspard des Montagnes d’ Henri
Pourrat . Au contraire, mettre des bottes et mettre
du foin dans ses bottes , c’est de là que
viendront les malheurs d’Anne-Marie Grange et
l’impossibilité de son mariage avec Gaspard.
(d) Le genre
de la pastorale est présent dans de nombreuses cultures. Il met
toujours en scène des bergers. Ce ne sont pas toujours des moutons
qu’ils gardent. Radha, la favorite de Krishna, est une jeune Gopi, une
vachère. En Angleterre, depuis la fin de la Guerre des Deux-Roses, le
licenciement des suites seigneuriales et la suppression des cottages de
laboureurs, par des bergers producteurs de laine pour Calais, Thomas
More avait dénoncé ce pays d’
Utopie où <<les moutons mangent les
hommes>>. Mais ces bergers ne pratiquent ni la culture du sol, ni la
guerre. Ils n’appartiennent ni à la classe servile des
producteurs ni à la classe dominante des
guerriers . Ils échappent ainsi, mais seulement dans
l’imaginaire, à la division politique du travail
. Ces bergers ne font pas la guerre mais ils dissertent sur l’
amour.
(e) Quand elle ne devient pas un genre de
récupération, une mode littéraire, la
pastorale est une critique de la hiérarchie
auto-reproductible , de ses contraintes dans les coeurs et de ses
méfaits dans la société. Ces contraintes n’ont rien
de mystérieux pour Honoré d’Urfé et pour sa
famille. Depuis que François I er a repris leur titre aux
Comtes de Forez , il a instauré un bailli de la
noblesse de Forez. Et depuis Claude
d’Urfé , le constructeur de la Bastie
d’Urfé , dans sa famille, on est bailli de père
en fils. Anne d’Urfé , le frère
aîné, ira dans le métier de guerre. Il sera capitaine du
château de Montbrison. Il épousera Diane
de Châteaumorand , la fille d’un riche et puissant
seigneur de la région. Honoré, le cadet (Antoine, qui a vingt
ans de moins qu’eux, compte pour du beurre), ira dans les ordres, car la
famille à des droits sur des abbayes et sur des chapitres.
Hélas, c’est Honoré qui aime à la fois la guerre et
Diane de Châteaumorand. Anne aime la religion et Marguerite de
Lupé. Pourtant il est bailli du Forez en 1574, par la mort de son
père. Le Duc de Nemours, la Ligue et Henri IV les pousseront à
faire une de ces permutations qui font l’histoire du Forez. Anne fera
annuler son mariage par le pape, Honoré, chevalier de Malte, sera
réduit à la vie civile avant d’épouser sa belle
et... de se séparer d’elle. C’est pourquoi, les bergers des
pastorales ne sont ni prêtres, ni guerriers ni laboureurs. La pastorale
est une longue dissertation sur l’amour et sur la
mariage parce que, d’emblée, ils ne sont pas
compatibles.
(f) D’un point de vue ethnique, la
pastorale se déroule chez des peuples pasteurs. Mais ces peuples
n’existent pas concrètement. Ils pourraient être les
nomades des steppes, si de temps en temps n’apparaissait pas un
empire des steppes . Les peuples bergers des pastorales
n’ont pas la tentation de fonder des dynasties chez les peuples
cultivateurs. C’est pourquoi ils ne sont pas des
cavaliers ni des grands nomades. Les bergers des pastorales
poussent leurs troupeaux ou les suivent à pied. Ils pourraient
appartenir aux peuples amérindiens dans lesquels Pierre Clastres voyait
“La Société contre l’État”. Alors, ce
serait avant l’introduction du cheval domestique par
les Espagnols qui suivent Christophe Colomb, quand les
travois étaient tirés par des chiens. Mais ces
peuples (Sioux, Cheyennes) ne sont pas des bergers, ce sont des chasseurs. Les
peuples qui se rapprochent le plus des conditions requises sont les lapons et
leurs troupeaux de rennes. Mais un seul d’entre eux est entré
dans la mythologie, très récente, le Père Noël, ses
rennes et son traîneau. Le mode de vie des autres semble trop dur. Et
puis les rennes rappellent les chevaux. Les pastorales supposent plus de
prairies, plus de sources et moins de neige.
(g) Les sources qui
jaillissent, les rivières auprès desquelles on se promène
et à qui l’on confie volontiers ses sentiments, ses regrets, ses
espoirs et ses souvenirs, font partie des pastorales. A Diane, peut-être
trop chasseresse, doit se combiner Mélusine, un
être à corps de femme et à queue de serpent. Une femme
primitive, jaillie des sources, symbole d’un amour sans
péché, avant qu’elle ne donne d’un
côté Eve et de l’autre le
Malin serpent chassé par Apollon
sauroctone . A la fin de l’empire Romain, les gaulois
représentent des Jupiters cavaliers faisant écraser par leurs
chevaux des géants sans pieds (comme les
sirènes) mais à queue de serpent.
(h)
Les bergers et les bergères des pastorales sont des paysans libres,
sans seigneurs mais aussi sans labours. Ils ne gagnent pas leur pain à
la sueur de leur front. Ils ne sont ni Robinson Crusoé
, le naufragé solitaire avec ses chèvres, ni Waris
Dirie , la fleur du désert avec ses chameaux.
Ces deux héros sont deux prototypes, l’un
littéraire, l’autre contemporaine, du nomade
moderne . Les auteurs et les héros des pastorales ne peuvent
assumer les trois fonctions . Alors ils s’efforcent de
les éviter toutes les trois. C’est pourquoi la pastorale reste la
formulation anticipée d’une utopie, à laquelle il manque
un véritable mouvement d’émancipation et de
libération des tabous.
Voir La Diana .
Utopie n’est pas idéologie . Utopie
n’est pas illusion . Utopie n’est pas
mythe .
Pathologie. (a) Terme de
médecine ou de biologie. La pathologie est l’étude des
causes et des symptômes des maladies.
(b) Par un
sens dérivé, le pathologique désigne ce qui n’est
pas normal voire contre nature. Or la
souffrance est aussi naturelle que la santé. Et la
santé est un état provisoire qui ne présage rien de bon
(ni de mauvais). Malgré le serment d’Hippocrate, la maladie et la
mort sont naturelles.
Pathogène, texte. Médecine. (a) Est pathogène
(générateur de pathos, de
souffrance) tout ce qui provoque les maladies, par opposition
à la santé.
(b) Un microbe est un
agent infectieux et pathogène.
Voir
Normal. Normalité naturelle .
Normalité culturelle . Pathologie.
Pathos, texte.
Médecine. (a) Sens étymologique. Le pathos désigne la
souffrance, la maladie, la pathologie.
Voir
Pathogène.
Patrilinéaire, texte, (a) Mode de filiation et
d’organisation sociale reposant sur la seule ascendance paternelle.
(b) Un système patrilinéaire est un système
unilinéaire de filiation.
Voir
Alliance. Tissu social .
Tissage. Matrilinéaire.
Patrilocale, (/ matrilocale),
texte. (a) Relatif à la résidence du
père.
(b) Sans lien nécessaire avec le système de
filiation (patrilinéaire,
matrilinéaire, cognation), la
résidence d’un nouveau couple est patrilocale
quand il s’installe auprès de la famille, des parents, du mari.
Patronymie. texte.
(a) La patronymie est l’étude des patronymes, les noms de
familles dont on hérite par le père. En France, le patronyme
n’a été imposé que par la Révolution de 1789
et le Code Civil de Napoléon.
(b) Toponymie et
patronymie sont souvent liées. Dans le Livradois et le
Forez, Béal, Bergougnoux, Bonnefont, Bouchetal, Buisson, Chabrier,
Chaize, Chambon, Chasaing, Chavassieux, Chazelles, Cherblanc, Chevaleyre,
Clavelloux, Colombet, Combes, Crozet, Drutel, Fraisse, Giroux, Gourre, Goutte,
Grataloup, Hospital, La Mure, La Roue , Mazet, Montarboux,
Olagnon, Palay, Péragut, Pinay, Soleillant, Triouleyre, Vernet, Vial,
Vialle et bien d’autres, sont ou furent des toponymes (noms de lieux)
autant que des patronymes.
(c) Dans les armées de la
Révolution, quand la Patrie était en danger, on a
incorporé à tour de bras. A ceux qui n’avaient pas de nom
de famille, on donnait celui de leur métier, de leur outil de travail
ou de leur chevelure: Béal (le canal du moulin),
Bouvier (le conducteur de boeufs), Chauve, Cognat (la cognée), Faivre,
Fèvre ou Lefèvre (l’or-fèvre ou le fondeur
d’autre métal), Grange, Jacques (le paysan), Leblanc, Leblond,
Lebrun, Lecouvreur, Leforestier, Martin (le laboureur), Martial ou Martinet
(le marteau), Masson, Meunier, Mosnier, etc.
(d) Quand le patronyme
reprend le toponyme et que celui-ci découle de la
végétation (Le Vernet, La Faye, Chesnay, Frênaie), on se
trouve porter le nom d’un arbre. <<Comme un arbre dans la ville...
(Maxime Leforestier)>>.
(e) Inversement, quand un homme a une
tête de cheval (visage longiligne) et qu’on l’affuble de ce
surnom, il devient aussi le nom de son habitation. Le
Chevallard ne reflète plus qu’une vague ressemblance
anatomique. En effet, la toponymie et la patronymie sont, à
l’inverse de la Physique, le domaine des
événements particuliers.
Texte Le Forez en définitions.
Paul Ranson . Paul Ranson est un des peintres
français qui constituèrent le groupe des nabis
(prophètes en hébreux). Né en 1862 et mort
prématurément en 1909, il est sûrement le plus
caractéristique représentant de ce mouvement.
Voir Noé. Suzanne et les deux
vieillards . Suzanne au bain . Le
Cyclope .
Paul Sérusier . (a)
Peintre symboliste français, Paul Sérusier est né
à Paris en 1864. Il est décédé à Morlaix le
6 Octobre 1927. Il étudie d’abord la philosophie. Puis il se
tourne vers l’Art à l’Académie Jullian. Son
succès est très rapide. A 26 ans, il a une Mention du Salon pour
“le Tisserand breton”. Le couvercle d’une boîte
à cigares (Le Talisman) le rend célèbre. Pour
Sérusier la peinture est un langage, nous dirions
aujourd’hui une sémiotique planaire . Le tableau
exprime un message par ses symboles graphiques.
(b) “Le Triptyque
de Pont-Aven” ou “La Cueillette des Pommes” a
été peint vers 1891. Le choix des couleurs traduit
l’influence de Paul Gauguin . Le titre ne cache pas la
référence à l’école de
Pont-Aven. Malgré son titre, c’est une huile sur toile monobloc
de 73 x 133 cm. Elle appartient à la collection J. C. Bellier de la
Galerie Bellier à Paris.
(c) Contrairement aux premiers
triptyques des peintres flamands, il s’agit d’une seule
scène comme d’un seul support. La “Cueillette des
Pommes” se poursuit dans les trois “panneaux”
découpés par le pinceau du peintre. Le pommier
est dans le panneau central. C’est pourquoi ce panneau est plus haut que
les autres. Mais ses branches basses se prolongent dans les deux panneaux
latéraux.
(d) Le découpage du tableau en triptyque permet
d’isoler les trois âges de la vie. “Le Triptyque de
Pont-Aven” est donc une référence
géométrique à l’ énigme
posée par le Sphinx à Oedipe.
Tandis que l’enfant marche à quatre pattes et que le vieillard se
fait aider d’une canne, l’âge mûr est
l’âge central ou médian de la vie. On y est dans la force
de l’âge. L’âge central est celui de la marche debout.
Il est aussi celui de la plus grande élévation
du corps plein . En effet, les personnages du panneau central
sont debout, les bras tendus. Ils sont montés sur des échelles
pour cueillir les pommes.
(e) “Le Triptyque de
Pont-Aven” est aussi un “ paysage nabi ”.
Avec les encouragements de Gauguin, Paul Sérusier à
créé le groupe des nabis depuis 1889. Le découpage en
triptyque permet aussi de donner un traitement différencié aux
trois rôles ou aux trois statuts féminins: fille, femme,
mère. Pour un peintre nabi, qui s’identifie
à un prophète juif, le pommier
est l’ arbre de la connaissance .
Dans tout le tableau,
hormis l’innocent qui boit le lait de sa mère
(péché originel ), il n’y a pas un seul
Adam avec qui croquer la pomme.
Voir Maison de
Rubens . Goûter au fruit de l’arbre de la
connaissance . Eve. Adam et Eve .
Suzanne. Pommes d’or . La
sensualité .
Paupérisation
ouvrière . La thèse de la pauvreté de plus en
plus marquée de la classe ouvrière est une lecture pessimiste de
la théorie marxiste (voire classique, avec
Malthus). Cette thèse annonce au capitalisme une issue
par la misère (crise finale, grand soir). Il est aussi possible de
faire une lecture prévoyant ou espérant une sortie vers le plein
développement de la productivité et des
capacités d’innovation.
Voir
Exploitation. Domination.
Exploitation ouvrière . Plus-value.
Force de travail .
Texte Déterminations économiques de la Valeur.
Pays de nulle part . Lieu impossible. Espace
imaginaire.
Voir En attendant Godot .
Auteur
Créé le 7 Juin 1998
Modifié le 13 Novembre 1999
Suite
Glossaire Détaillé, Lettre P, numéro
09
Lettre Q
Glossaire Détaillé, Lettre
Q, numéro 01