Individu Robinson


(a) Nous opposons l'individu Robinson, à la fois à l'<organisation Crusoé> et à l'<île de Robinson>.


(b) Lors du naufrage de son navire, l'individu Robinson nage et lutte pour ne pas mourir. Cette survie ou épreuve qualifiante, est un don qui requiert de nombreuses compétences pour ne pas se transformer en désespoir.


(c) C'est par la médiation de l'organisation Crusoé que le héros va développer les compétences nécessaires à sa performance. Cette performance est la mise en valeur de l'île de Robinson. Le titre de gouverneur lui sera décerné et reconnu à l'issu de l'épreuve glorifiante qui se déroule dans la 28 ème année.


(d) Dans la terminologie propre à René Girard et à la théorie mimétique, la distinction entre l'individu Robinson et l'organisation Crusoé permet à Robinson Crusoé d'échapper à la folie, en passant de la médiation interne à la médiation externe.


(e) On peut faire une distinction entre l'individu (Tanne) et l'écrivain (Isak Dinesen).


- <<Cette vaine dépense d'énergie et d'imagination - pour ses vêtements, son allure, ses stratégies sociales - aggravait sa nervosité et son mouvement de va-et-vient entre dépression et exaltation. Avant la fin de l'année, Tanne souffrait de ce que l'on appelait alors l'épuisement sentimental. Thomas, qui était revenu en vacances de l'institut polytechnique, s'avéra sensible aux besoins de sa soeur et la « persuada » de venir avec lui en voyage à Finse, dans les montagnes de Norvège. Là-bas, se rappelait-il, « elle avait ressenti pour la première fois la beauté des paysages de la campagne, ce dont elle avait toujours eu besoin. Elle n'avait jamais fait de ski auparavant, mais le premier matin, alors que nous regardions au-dehors le gigantesque glacier d'Hardanger, elle cria, ravie : " Il faut que nous allions là-haut, même si nous devons en mourir ! " Et elle ne cessa de faire des culbutes tout le temps que dura la descente sur la pente gelée». D'une certaine façon, Tanne avait souvent à l'esprit le suicide, mais comme une solution plus imaginaire que réelle. L'un de ses héros décide qu'il va mettre fin à sa « malheureuse existence », mais cette résolution lui apporte un tel soulagement qu'il n'a pas besoin de la mettre en pratique. Jules Bertillon, le « célèbre poète français », raconte à des seigneurs et nobles dames assemblés dans un manoir que, étant jeune, il avait été trompé par une jeune fille qu'il adorait et que, rejeté par des éditeurs, il avait «projeté de se suicider sans vraiment penser le faire». Il était, leur dit-il, au bord d'un quai, à Paris, et regardait l'eau avec le profond désir de trouver la paix, «[...] et il se composa alors une épitaphe : puisque je n'aime personne et que personne ne m'aime, puisque je n'éprouve plus de joie et que rien ne me rend heureux, puisque je ne suis bon à rien et que rien ne me paraît bon, alors adieu, monde cruel. Mais, continue-t-il, l'on a des hésitations et des pensées insoupçonnées [...] Il me vint à l'esprit de façon aiguë que je ne pouvais faire cela pour l'amour de Dieu, et que c'était à Lui ou à Son univers que je devais d'être un artiste. J'ignore comment j'acquis cette conviction, car je n'avais jamais cru à aucun dieu auparavant. Je pris également conscience du fait que les péchés de l'être humain Jules Bertillon continuaient de l'affliger pour la grâce du poète Jules Bertillon». Autant Tanne faisait-elle tout un roman de la mort et du suicide, autant Tanne avait-elle comme son héros une extraordinaire, et même, pourrait-on dire, héroïque volonté de survie. Cette ressource de foi, insoupçonnée jusqu'à ce qu'elle dût se mesurer au désespoir de la névrose, fut une façon de l'exprimer. Elle en avait une autre : cette confiance en son talent, cette sensation d'être débitrice de «Dieu ou de Son univers», cette conviction qu'elle avait de posséder au plus profond d'elle-même une qualité trop précieuse pour être détruite. Elle ne put pas toujours compter sur cette force, comme nous l'avons vu par le nombre de ses dépressions, mais elle ne lui fit pas défaut dans les pires moments de sa vie, et particulièrement lors du plus critique, la période qui suivit son retour d'Afrique, après qu'elle eut tout perdu. Son premier livre, les Sept Contes gothiques, en est le fruit. L'être humain Karen Blixen était affligé par ses «péchés» - ses désirs, ses erreurs et ses chagrins - et voulait mourir. Mais l'artiste Karen Blixen trouva le courage d'y puiser la trame de ses contes.(Judith Thurman, "Karen Blixen", Robert Laffont, 1986, page 118)>>.


(f) Voir Héros. Hospitalité de Robinson. Individualisme. Instance. Institution. Mise en valeur mutuelle. Nomade moderne. Procès de mise en valeur. Travail amoureux. Vendredi.


(g) Lire "Ile Robinson". "Mise Mutuelle". "Robinson Crusoé".







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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Mardi 1 er Juillet 2008



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