Pensée de la diversité



(A) Généralités.



(a) La pensée de la diversité n'est acquise par l'individu qu'avec le niveau des opérations formelles de l'esprit. A ce stade, la notion de combinatoire et les capacités de raisonnement formel permettent d'imaginer une infinie variété, sur la base, préalablement acquise, de la pensée du même. Ceci suppose abstraction et réduction.


(b) Au niveau de l'entreprise, grâce à la Conception Assistée par Ordinateur (CAO), l'Ingénierie concourante, l'Ingénierie Assistée par Ordinateur (IAO) et l'informatique industrielle, la pensée de la diversité se manifeste actuellement avec le développement de la variété systématique ou délibérée. Elle fait éclater l'entreprise citadelle et développe la notion de réseau dans les pyramides hiérarchiques.


(c) Au niveau d'organisation de l'humanité, la pensée de la diversité est encore une radicale nouveauté. Elle est exactement l'inverse du conformisme, du racisme, du sexisme et de la purification ethnique. Mais elle prend tournure avec l'indéniable développement des réseaux socio-techniques (internet, intranet, train, avion, route, téléphone, hôtellerie) à l'échelle mondiale.


(d) Tandis que la pensée du même, inaugurée par l'hommo-sexualité du verbe et la prohibition de l'inceste naturel, vient buter sur les limites terrestres de la mondialisation de l'économie, une pensée de la diversité est nécessaire pour réconcilier la pensée organisatrice des organisations réelles et le chaos structurant des systèmes spontanés.


(e) La pensée de la diversité n'est ni absolue ni éternelle, mais relative et historique. Elle suppose que chaque génération humaine reconnaisse l'antériorité d'une nature-mère déjà-là. La pensée de la diversité ne prétend pas à une création ex nihilo comme le signifiant phallus, ni connaître le monde de toute éternité comme le logos.


(f) Chaque individu ou chaque génération se reconnaît comme un nomade moderne, navigant sur les réseaux socio-techniques dont il se sent indissociablement solidaire. D'autant qu'ils seront toujours-là, mais transformés, pour les suivants, quand lui-même disparaîtra. Car le nomade moderne sait qu'il est mortel. Il en assume les multiples implications.


(g) Méthodologie scientifique. La méthode adoptée par la Physique (statistiques, loi des grands nombres) et la Biologie est adaptée à la pensée du même. Etudier les atomes et les molécules dans la mesure où il se ressemblent est une démarche tout à fait légitime. Il en va encore de même pour les capacités intellectuelles ou affectives de l'homme. Ainsi Jean Piaget étudie-t-il les étapes logiques de la démarche constructiviste de "tout enfant", dans la mesure où il n'a pas trop d'inhibitions du fait de sa névrose infantile. Mais cette démarche s'avère incomplète, dans la mesure où "aucun enfant" n'est l'enfant normal défini par Jean Piaget. C'est pourquoi la pensée de la diversité doit prendre le relais ou assurer le complément d'explication. Et tel est justement le cas de la psychanalyse historique. Et même quand elle prétend trouver des universaux (complexe d'Oedipe ?), seules comptent, pour le sujet, leurs modalités personnelles, irréductibles. Les méthodes éducatives (appliquées au plus grand nombre) et les méthodes analytiques (applicables au cas particulier de chacun) ne peuvent être confondues. Telle est la source du désaccord entre Anna Freud et Mélanie Klein, à propos de la Psychanalyse de l'enfant. Citation :


- <<Je pense que si l'analyse des enfants s'est si peu développée par rapport à celle des adultes, c'est parce qu'on ne l'abordait pas, comme on le faisait pour celle-ci, dans un esprit de recherche libre et sans préjugés. L'analyse des enfants se trouvait dès sa naissance entravée et étouffée par certaines idées préconçues. Si nous considérons la première analyse d'un enfant, fondement de toutes les autres (l'analyse du petit Hans), nous constatons qu'elle n'avait pas ce défaut. Certes, elle ne faisait pas encore appel à une technique particulière : le père de l'enfant, qui avait poursuivi cette analyse partielle sous la direction de Freud, était fort peu versé dans la pratique analytique. Malgré cela, il eut le courage d'aller fort loin et les résultats qu'il obtint furent bons. Dans le résumé auquel je me suis reportée plus haut, Freud déclare qu'il aurait aimé lui-même aller plus loin encore. (Mélanie Klein, "Colloque sur l'analyse des enfants", 1927, in "Essais de psychanalyse, 1921-1945", page 181)>>.


(h) Voir Capabilité. Logique de la diversité. Logique du même. Sen. Théories sexuelles infantiles.


(i) Lire "Réseau Pyramides". "Réseaux Nomades". "Souris Hommes".



(B) Illustrations.



(a) Médecine. La pensée de la diversité gagne les sciences biologiques et la recherche des médicaments.


(b) Cancer. Le changement de paradigme a d'abord le goût amer de l'échec.


- Citation : <<Au premier abord, c'est une mauvaise nouvelle : le géfitinib, un nouveau médicament anticancéreux, ne donne de bons résultats que sur 10 % environ des patients atteints d'un "cancer du poumon non à petites cellules". Devrait-on alors laisser cette molécule, déjà commercialisée sous le nom d'Iressa, en dernière ligne de l'arsenal thérapeutique ? Tout le monde ne le pense pas. Car dans le cas sur dix où le traitement s'avère efficace, la réponse est particulièrement rapide et la tumeur régresse de manière spectaculaire. Voulant expliquer cette spécificité, les chercheurs ont découvert cette année que les tumeurs sensibles au géfitinib étaient porteuses de mutations génétiques spécifiques. Ces mutations sont situées dans le gène qui gouverne la synthèse du récepteur du facteur de croissance endothélial (EGFR ou Epidermal Growth Factor Receptor). Et c'est sur ce récepteur, précisément, qu'agit le géfitinib. Le géfitinif appartient en effet à un nouveau genre d'anticancéreux appelé "thérapies ciblées". (Sciences et Vie, Hors-série 229, Perrine Vennetier, "Cancers, des traitements à la carte, décembre 2004)>>.


(c) Puis on s'aperçoit que, depuis des années, on inflige à des patientes des traitements inutiles qui ont parfois de lourds effets secondaires.


- <<L'approche traditionnelle de la recherche clinique en cancer consiste à comparer des traitements à travers des essais randomisés et à extrapoler, pour chaque patiente, le bénéfice trouvé en moyenne. Ce qui signifie souvent que beaucoup de patientes sont "trop" traitées alors que seules quelques-unes en tirent un véritable bénéfice. Et ce, parce que le cancer du sein se développe de façon très différente chez chaque femme. (Consortium européen de recherche TransGIB, cité par Perrine Vennetier, "Cancers, des traitements à la carte, décembre 2004)>>.


(d) Dans sa manière de comprendre, la science avait fait de la moyenne une sorte de divinité.


(e) On sort enfin de cette mythologie, pour découvrir l'individu. C'est un autre cadre mental pour le chercheur.


- <<Cet apport de la génomique bouleverse complètement notre approche du cancer. Nous entrons dans un cadre conceptuellement différent où la tumeur est caractérisée comme un individu. (Professeur Gilbert Lenoir, Institut Gustave Roussy, Villejuif, cité par Perrine Vennetier)>>.


(f) Neurologie et informatique. On ne peut comprendre la conscience, si on considère le cerveau comme un ordinateur, c'est-à-dire un artefact, totalement construit avant de fonctionner.


- Citation : <<Les cerveaux ne sont pas des machines du type de l'ordinateur, construits tous de la même façon et appliquant des programmes identiques. Chaque cerveau est différent des autres et son fonctionnement suppose l'intégration dynamique de nombreuses aires différentes, tant dans le cerveau lui-même que d'un individu à l'autre. (Notes de lecture de Jean-Paul Baquiast, sur "Plus vaste que le ciel. Une nouvelle théorie générale du cerveau" de Gérald M. Edelman, document du web, 12 août 2004)>>.




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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Vendredi 27 Juin 2008



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