Autonomie des croyances collectives


(a) L'autonomie des croyances collectives désigne le fait qu'une croyance collective est différente de la somme des croyances privées des individus qui composent ladite collectivité.


- <<Autrement dit, tout le monde croit la proposition P : P est donc la croyance individuelle de chacun des membres du groupe. Mais, simultanément, tout le monde croit que l'opinion collective est Q. (André Orlén, "Jeux évolutionnistes et normes sociales", in Economie Appliquée, numéro 3, tome L, 1997)>>.


(b) Mais cette différence, qu'exprimait déjà la formule de la "théorie de la forme" ou Gestalt theory, "le tout est plus que la somme des parties", peut se transformer en une véritable autonomie voire un divorce du "tout" d'avec les parties.


(c) La forme extrême de cette autonomie est le fait qu'un groupe peut avoir une croyance collective et le comportement correspondant (tous les boursiers vendent une monnaie ou une catégorie d'actions), tandis que chacun des membres du groupe a une croyance privée opposée (croire que la monnaie ou les titres sont sous-évalués et "devraient" être achetés au lieu de vendus). C'est particulièrement le cas pour la croyance sociale, distincte de la croyance partagée et de la croyance commune.


(d) L'autonomie des croyances collectives vient de ce qu'une croyance collective est formée par un petit nombre de personnes à croyance enracinée et un grand nombre d'individus �croyance virale. En outre, elle ne porte pas sur la croyance de chacun, mais concerne la croyance sur la croyance. C'est ce qu'illustre parfaitement l'effet Reagan, réaliséà Wall Street, en novembre 1987.


- <<Un exemple d'une telle situation nous est donné par ce que j'ai appelé dans un article antérieur <l'effet Reagan>, car une telle configuration a été observée à propos d'une déclaration du président Reagan rapportée par le New York Times du 12 novembre 1987. Dans cette déclaration, Reagan afirmait que le dollar avait sufisamment baissé. Cette intervention a été suivie d'une remontée du dollar. Cependant, ayant interrogé divers cambistes, le journaliste du New York Times s'est rendu compte que personne n'accordait de crédit aux déclarations du président Reagan dont l'expertise économique était fortement mise en doute par les opérateurs financiers. Le journaliste surpris demande alors à ces interlocuteurs pour quelles raisons ils avaient néanmoins acheté du dollar. La réponse qu'il obtint fut que, si chacun d'eux étaient bien persuadé de l'inanité des propos de Reagan, ils tenaient cependant pour fort probable que les autres cambistes lui apporteraient un certain crédit. Pour cette raison, il était judicieux d'acheter du dollar en prévision de sa hausse, mécanisme qui autoréalise la hausse anticipée. (André Orléan, "Jeux évolutionnistes et normes sociales", in Economie Appliquée, n°3, tome L, 1997)>>.


(e) Ainsi s'expliquent des paradoxes, qui ne sont pas simplement dûs à une mauvaise foi ou à une dissimulation délibérée.


- Adolf Hitler a pris le pouvoir en Allemagne selon des formes légales, la majorité des électeurs ayant voté pour lui aux élections. Pourtant, de nombreux Allemands peuvent, à juste titre, prétendre ne pas avoir cru aux convictions du Führer.


(f) Une telle hypothèse est compatible avec celle de la <banalité du mal>. Cette surprenante banalité des auteurs de la Solution Finale est constatée par Hannah Arendt, philosophe juive allemande, à Jérusalem, lors du procès d'Adolf Eichmann. Il est inutile de supposer une monstruosité génétique chez Hitler, Goering, Himmler et Eichmann. Il est inutile de supposer une épidémie de schizophrénie en Allemagne. Une telle hypothèse est aussi corroborée par les expériences de Stanley Milgram , rapportées dans "Soumission à l'autorité" (Calmann-Lévy, 1974).


(g) Cette interprétation va à l'encontre de la tendance naturelle d'Homo Sapiens Demens à procéder à la diabolisation de ce qui le perturbe :


- <<Je crois que le diable était fou de rage d'avoir vu Dieu donner naissance à Jésus. Il lui fallait son opposé. Je regarde Hitler comme la réponse à Jésus. Voir les choses autrement, c'est considérer Hitler comme un homme ordinaire, ce qui est impossible>>.


(h) On évite ainsi le raisonnement du romancier Norman Mailer ("Un Château en forêt", 2007) qui conclut qu'Hitler a été programmé par Satan lui-même pour imposer une catastrophe au peuple juif.


- <<Norman Mailer a donné libre cours à son talent d'investigateur pour décrire l'enfance d'Hitler. Il lui fallait trouver une réponse à cette question qui le taraude tant : le dictateur nazi était-il un homme comme les autres ou une créature du diable ? Pour raconter l'enfance de celui qui n'est pas encore un monstre, l'écrivain américain adopte le point de vue de Dieter, un SS qui travaille sous les ordres d'Heinrich Himmler, mais n'obéit qu'à son seul maître : le diable. Dieter est un démon, un des fonctionnaires de la pléthorique administration satanique, chargé de surveiller les premiers pas d'Adolf afin que ce gamin complexé et hésitant ne s'écarte pas du droit chemin et exprime, le moment venu, son potentiel meurtrier. La famille Hitler romancée par Mailer constitue un noeud gordien inextricable. Le père, Alois Hitler, est un officier des douanes, anticlérical forcené, obsédé par sa virilité. Il rêve d'une ascension sociale plus rapide. Klara, à la fois sa femme et sa nièce, peut-être même sa fille - hypothèse historiquement plausible selon Mailer -, se réfugie dans une religiosité de pacotille. Toute bondieuserie est bienvenue à condition d'échapper à la vérité inavouable de l'inceste. Adolf, le fruit de cette union contre nature, est un gamin irascible et perturbé. Il transmet volontairement la rougeole à son frère cadet - qui en mourra -, plus brillant, plus séduisant, dont le brio est une menace pour ses plans diaboliques. Gothique et réaliste, "Un château en forêt" bat en brèche les thèses de la philosophe Hannah Arendt sur la «banalité du mal» au sujet d'Adolf Eichmann, un des artisans de la «solution finale». «Comment peut-on faire preuve d'aussi peu d'imagination ? fulmine Mailer. Nous sommes, bien au contraire, confrontés à une situation extraordinaire où les cieux et l'enfer sont les protagonistes. J'ai fait de l'enfance d'Hitler une saga métaphysique. Un théâtre antique où les dieux bataillent avec les hommes. C'était le seul moyen de décrire au plus près ce qui s'est vraiment passé.»

- A quel moment Hitler est-il entré dans votre vie ?

Dès 1932. J'avais 9 ans. Ma mère m'avait prévenu : «Ce type va exterminer les juifs.» Son instinct était redoutable. Elle avait grandi dans une petite ville du New Jersey, au milieu de gamins catholiques, qui la battaient pour un oui ou pour un non. C'est une expérience désagréable, mais formatrice. Hitler était l'homme qui voulait me tuer. Il est parvenu à exterminer une bonne partie du judaïsme européen. Je ne m'en suis jamais remis. Un an après la fin de la guerre, j'ai décidé, avec ma première femme, de suivre des cours d'hébreu et de culture juive. Un de mes professeurs a évoqué le point de vue marxiste sur l'histoire, puis le point de vue psychanalytique. Il s'est arrêté sur la théorie juive de l'histoire, unique en son genre et, selon lui, la plus à même de nous aider à comprendre le monde. Le fondement de cette théorie tient en un seul mot : «catastrophe». J'appartiens à l'école catastrophiste de l'histoire. J'ai grandi dans l'idée que les juifs sont nés pour être persécutés. J'ai dû tourner le dos à mon judaïsme pour échapper à ce sentiment de persécution, et y revenir bien plus tard. Cela explique que je ne me sois attelé que maintenant à "Un château en forêt".

- Qu'est-ce qui vous fascine tant dans la figure d'Hitler ?

Il est difficilement explicable. En fait, non : il ne l'est pas. A condition de s'appuyer sur la métaphysique. La philosophie des Lumières nous a sortis du Moyen Age et nous a permis d'échapper à Dieu ou au diable. Nous n'avons plus besoin de Dieu aujourd'hui. Nous sommes, en principe, les patrons de la planète. Hitler remet en cause cette théorie. Il est possible de comprendre Staline. Il y avait un motif à ses meurtres. Il lui fallait tracer sa route. Il a fait preuve d'une brutalité incroyable, mais celle-ci est au moins intelligible. Pas celle d'Hitler. Il est un mélange de force et de faiblesse. Il tuait les juifs aux dépens de ses objectifs militaires et politiques. Les juifs étaient un virus à éradiquer à tout prix. Je ne trouve pas d'explication à cela. J'ai commencé à accepter que Dieu et le diable jouent un rôle-clé dans notre existence. Je pense qu'il y a un conflit permanent entre Dieu, le diable et les humains. A tout moment, deux des protagonistes peuvent faire alliance contre le troisième. La psychologie moderne exclut la métaphysique de nos affaires. C'est une erreur. Accepter la métaphysique, c'est se donner le moyen de comprendre la part irrationnelle de certains comportements humains. Je ne crois plus depuis longtemps en un dieu omniscient qui régenterait nos vies. J'envisage notre Dieu comme un dieu existentiel, qui ignore de quoi le futur est fait. A partir du moment où j'ai accepté ce dieu existentiel, je pouvais m'attaquer à Hitler.

- Combien de temps avez-vous travaillé sur "Un château en forêt" ?

Cinq ans, sans compter le temps passé à me documenter. J'ai passé sept ans sur "Harlot et son fantôme", onze sur "Nuit des temps". J'ai lu tout ce qui a été écrit sur Hitler en anglais, jusqu'à ce que mon cerveau jette l'éponge. Ces lectures ont pourtant été effacées avec le temps. Dès que vous avez trouvé votre voie, il faut mettre de côté celle des autres. Je suis un grand tenant des valeurs du roman. L'histoire se préoccupe des faits, sauf que ces derniers sont toujours déformés ou réévalués avec le temps. La tâche de l'historien consiste à contredire des faits pourtant établis. Dans un roman, vous établissez un rapport différent à la vérité. Je prends toujours l'exemple d'une femme mariée qui prend un amant. Lire "Madame Bovary" lui sera d'une aide précieuse. Elle aura un modèle en fonction duquel elle pourra se déterminer. En ce sens, le roman est plus proche de la réalité que l'histoire.

- Vous avez souvent été fasciné par les figures de criminels - Gary Gilmore dans "Le Chant du bourreau", Lee Harvey Oswald pour "Oswald". Un mystère américain. En quoi sont-ils différents d'Hitler ?

Ils ont tous un dénominateur commun, même si Hitler représente un cas extrême. Ils souffraient tous d'une crise d'identité. Ils ne savaient plus qui ils étaient. J'inclurais Marilyn Monroe dans le lot avec mon roman, "Mémoires imaginaires de Marilyn". C'était une petite blonde inconnue. Du jour au lendemain, elle devient une idole du grand écran. Gary Gilmore avait déclaré : «Pourquoi ai-je tué quelqu'un ?j e n'ai jamais envisagé de faire une chose pareille, ce n'était pas ma vision du monde. Je mérite d'être tué pour cela.» J'écris sur des gens qui perdent leurs repères. Je sais au moins de quoi je parle. J'ai perdu mes repères à 25 ans, après le succès de mon premier livre, "Les Nus et les Morts" [largement autobiographique, il raconte l'odyssée d'un petit groupe de soldats américains qui se heurtent aux Japonais pendant la guerre du Pacifique]. Je suis devenu une célébrité du jour au lendemain. J'étais un autre. Il m'a fallu vingt ans pour m'en remettre. Je ne pouvais plus être un simple observateur qui revient chez lui pour relater ce qu'il a vu : j'entrais dans une pièce et je devenais le centre de toutes les attentions. J'ai compris après deux décennies que ce statut m'ouvrait de nouvelles portes. Il me permettrait d'écrire sur des gens différents, dont la vie a aussi profondément changé du jour au lendemain. Il faut lire mes romans à l'aune de ce choc intime.

[...]

- Vous écrivez sur Hitler avant qu'il ne devienne l'homme que l'on connaît, alors qu'il n'y a aucun signe laissant présager un tel monstre.

Le narrateur le sélectionne parmi plusieurs candidats. Ce n'est pas comme si Hitler était l'élu. Je joue beaucoup avec cette idée. Soit il était choisi, soit il était l'élu. Je crois que le diable était fou de rage d'avoir vu Dieu donner naissance à Jésus. Il lui fallait son opposé. Je regarde Hitler comme la réponse à Jésus. Voir les choses autrement, c'est considérer Hitler comme un homme ordinaire, ce qui est impossible.

- D'où votre thèse d'un Hitler fruit d'une union incestueuse, à laquelle assiste le diable. Une conception aussi unique que celle de Jésus que vous décriviez dans "L'Evangile selon le fils".

Hitler ne pouvait être conçu comme une personne ordinaire. Aucun historien n'a prononcé le mot d'inceste à son propos, mais on devine bien que la probabilité d'un tel événement est réelle. J'ai toujours pensé que Dieu et le diable, ou leurs représentants, sont présents à l'occasion d'une relation sexuelle hors normes. je vous le dis : ils sont là. Le diable était présent lors de la conception d'Hitler, comme Gabriel était présent à celle de Jésus. ("Le grand entretien, "Norman Mailer", in Le Monde 2, 4 août 2007, pages 12-13)>>.


(i) A l'inverse, cette théorie catastrophique de l'histoire peut être considérée comme un virus de l'esprit qui dispose d'une propriété d'autoréalisation, de même que, pour un automobiliste, surveiller le fossé de peur d'y aller et le meilleur moyen d'y tomber.


(j) Depuis le tournant cognitif, opéré dans certaines sciences sociales et dans une branche (minoritaire) de l'Economie Politique, cette autonomie des croyances collectives fait l'objet d'études détaillées et de simulations numériques.


- <<Dans «What is a Collective Belief ?» (in Bourgine P. et J.-P. Nadal (éds.), Cognitive Economics, Berlin, Heidelberg et New York, Springer-Verlag, 2004, 199-212), nous nous sommes intéressés aux différentes définitions possibles de la croyance collective : quel sens donner à la proposition «le groupe G croit P» ? L'idée la plus simple correspond à ce que les théoriciens des jeux appellent la croyance partagée : lorsqu'on dit que «le groupe G croit P», il s'agit d'une manière condensée de dire que «la majorité des membres de ce groupe croit P». Pour qui adhère à cette définition intuitive, la croyance du groupe est le reflet direct des croyances individuelles. En conséquence, il ne saurait y avoir une quelconque autonomie de la croyance collective par rapport aux croyances individuelles. L'approche autoréférentielle des marchés financiers nous a conduit à proposer une définition originale de la croyance collective : la croyance collective d'un groupe y est définie comme ce que la majorité des membres du groupe pense être la croyance du groupe. Autrement dit, pour un individu i, déterminer ce que le groupe G croit revient alors à s'interroger sur la manière dont les autres membres du groupe envisagent cette même question. Cette définition est très différente de la définition intuitive présentée précédemment. Dans «What is a Collective Belief ?», nous avons analysé les propriétés de cette forme de croyance collective et démontré trois propriétés. Premièrement, la notion de saillance ou de point focal introduite par Schelling correspond à cette nouvelle définition. Deuxièmement, la croyance du groupe ainsi définie est étroitement dépendante du contexte culturel et historique définissant l'identité du groupe considéré. Troisièmement, et c'est là notre résultat central, la croyance du groupe ainsi définie est déconnectée de ce que les individus croient réellement. C'est là un résultat étonnant. Tous les individus peuvent croire P et, simultanément, croire que le groupe croit Q, et cela sans contradiction logique. On parle alors d'une autonomie de la croyance collective vis-à-vis des croyances personnelles. C'est cette situation qu'on retrouve sur les marchés financiers. Elle permet de penser des configurations insolites dans lesquelles, par exemple, tous les participants vendent une monnaie alors même qu'ils la considèrent tous comme sous-évaluée au regard de leur opinion privée, et cela sans avoir besoin d'invoquer une quelconque irrationalité des investisseurs. Á l'issue de cet ensemble de travaux, on possède un cadre général d'analyse, testé sur les faits financiers, qui laisse toute sa place aux croyances et aux représentations collectives. Notre projet d'enseignement et de recherche se propose de l'approfondir conformément aux deux axes mentionnés. Cette analyse participe de ce que nous avons nommé «Le tournant cognitif en économie» [Revue d'Économie Politique, vol.112, n°5, septembre-octobre 2002,717-738], à savoir un ensemble de recherches économiques actuelles qui, à la manière de la théorie des «bulles rationnelles» ou des «équilibres de taches solaires», convergent pour montrer l'impact des croyances sur les phénomènes réels. La spécificité de nos propres travaux est d'insister sur la dimension collective et normative des représentations. Cette analyse rencontre naturellement les travaux que, de longue date, les sciences sociales ont consacrés à cet objet, par exemple les réflexions qu'a menées la sociologie sur l'action et la délibération collective. Cette alliance entre disciplines joue un rôle central dans le courant dit de «l'économie des conventions» qui réunit économistes et sociologues. C'est là une direction que notre projet se propose encore d'approfondir. Autant l'économiste est à l'aise dans la sphère quantitative, autant son analyse des représentations n'en est qu'à ses débuts. Par exemple, lorsqu'on cherche à écrire une histoire des conventions financières, on se heurte à cette difficulté que les représentations ne sont pas «stockées» à la manière des prix dont on retrouve l'historique aisément dans des banques de données. Nous espérons que notre direction d'études pourra contribuer à une sensibilisation de l'économie à ces problèmes. Á nouveau, la question de l'enseignement est ici centrale en tant qu'il s'agit d'influer sur la formation des jeunes chercheurs. (André Orléan, "Croyances et représentations collectives en économie", Projet pour une direction d'études cumulante à l'EHESS, 17 mars 2005)>>.


(k) En somme, il y a autonomie des croyances collectives, folie des peuples (chaque Allemand de 1933 ne faisant que s'adapter à ce que tout le monde semblait croire et vouloir autour de lui) ou délire des marchés, quand chacun croit que tout le monde croit. En remplaçant les individus d'un groupe ou de la société par les instances psychiques au sein d'une personalité, on peut généraliser ce principe de contagion mimétique et intimidante à la genèse de certaines formes de psychose individuelle.


(l) Voir Croyance sociale. Métaplan. Table à trois pieds. Thérie des conventions.


(m) Lire "Réalité Représentations". Réseaux Nomades".






* * *


Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Mercredi 2 Juillet 2008



Explorer les sites.

Réseau d'Activités à Distance

A partir d'un mot

Le Forez

Roche-en-Forez



Consulter les blogs.

Connaître le monde

Géologie politique


Nota Bene.

Les mots en gras sont tous définis dans le cédérom encyclopédique.