Diachronie



(A) Généralités.



(a) La diachronie (terme récent, datant du XX ème siècle) d'un processus désigne son évolution dans le temps.


(b) Etymologie. Les termes grecs <dia> et <khronos> signifie respectivement "à travers" et "temps". L'évolution diachronique est l'évolution historique, géologique ou cosmologique, c'est-à-dire "dans le temps". Starobinski évoque l'histoire des mots <action> et <réaction>.


- <<On le sait bien, la plupart des linguistes ont opté aujourd'hui pour une approche synchronique. Ils n'ont que faire de la "vraie" source archaïque des mots, qu'ils tiennent pour un mirage. [...] pour comprendre notre époque et notre situation présente, il y a beaucoup à attendre de l'histoire de la langue, parce que celle-ci est inséparable de l'histoire des sociétés, des savoirs, des pouvoirs techniques, et qu'à ce titre elle a valeur d'indice. Elle nous aide à reconnaître en quoi nous différons. Cela équivaut à dire que la variation sémantique du vocabulaire est elle-même un signifiant, et que celui-ci, en renvoyant à la contexture des "états de langue" successifs, fait mieux percevoir le changement des "états de culture". Ainsi peut-on satisfaire aux exigences d'une connaissance différenciée. (Jean Starobinski, "Action et Réaction. Vie et aventures d'un couple", Seuil, La librairie du XXe siècle, 1999, pages 10-11)>>.


(c) L'opposition entre la diachronie et la synchronie de la langue naturelle est une caractéristique de la linguistique structurale fondée par Saussure.


(d) Voir Chronos. Diachronie naturelle.



(B) Terme d'Economie Politique.



(a) <Diachronie> est un terme emprunté à la linguistique, pour désigner le mécanisme de constitution des coûts de production par la succession dans le temps des étapes de la production.


(b) Linguistique : <<F. de Saussure a introduit la dichotomie synchronie / diachronie pour désigner deux modes d'approche distincts des phénomènes linguistiques. Seul, le concept de synchronie importait, à vrai dire, à Saussure, car il lui permettait de fonder la linguistique en tant qu'étude des systèmes cohérents : le terme de diachronie en vint alors à recouvrir le domaine d'études de la grammaire historique. Ainsi, l'opposition entre la synchronie et la diachronie, tout en articulant deux dimensions temporelles de recherche, a été longtemps saisie comme une opposition entre l'attitude structurale et la démarche atomiste à l'égard des faits de langage (Greimas, Courtès, p. 97)>>.


(c) La diachronie s'oppose à la synchronie.


(d) La prise en compte réelle de la diachronie fait diverger les idées que l'on se fait de l'équilibre économique et de l'équilibre des économistes.


(f) La théorie néoclassique fait une séparation entre diachronie et synchronie. En particulier pour la monnaie. Selon Paul Samuelson, l'invention archaïque de la monnaie résulte d'une croyance mystique totalement dépasée par nos sociétés depuis les Lumières. Mais, maintenant qu'elle existe, elle joue dans la pure synchronie, à la manière d'un "lubrifiant des échanges (John Stuart Mill)". Mais on peut regarder les échanges humains de marchandises à travers elle, car elle n'est qu'un voile transparent et neutre.


- <<Si une telle analyse met en scène une certaine dualité, ou ambivalence, propre au fait monétaire, celle-ci ne dégénère pas pour autant en paradoxe. En effet, si la monnaie est à la fois indispensable et neutre, c'est selon deux directions distinctes, auxquelles sont associées deux temporalités qui ne sauraient se chevaucher. La première temporalité est celle qui correspond à la constitution de l'espace marchand. Dans ce temps, la monnaie est essentielle ; c'est elle qui permet la création de ce nouvel univers. Dans sa dimension synchronique, la monnaie efface toute trace de cette origine pour ne plus exister que comme simple outil. Cette dichotomie, dont le temps est le porteur, permet d'éviter les paradoxes de l'auto-institution : la qualité sociale, collective, du signe monétaire est totalement absorbée dans le temps de la genèse ; une fois produite, cette qualité se présente aux yeux des agents comme une donnée, comme une ressource qui est à leur entière disposition. La monnaie est alors acceptée par les individus en raison des services qu'elle procure. (André Orléan, "L'Origine de la monnaie", Revue du MAUSS, 4 ème trimestre 1991, L'inachèvement monétaire ou l'impossible transparence, La neutralité monétaire ou la disparition de la monnaie )>>.


(g) Voir Causalité. Contradiction entre synchronie et diachronie. Croyance. Détermination diachronique. Détermination synchronique.


(h) Lire "AEH Valeur".








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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Mardi 1 er Juillet 2008



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