Synchronie



(A) Economie Politique.



(a) Terme emprunté à la linguistique structurale pour désigner la simultanéité de la détermination des prix à chaque période, dans une logique d'appropriation.


(b) Cette détermination synchronique de l'utilité instantanée rentre en contradiction avec la détermination diachronique des coûts de production. C'est ainsi que le prix de vente peut être très au-dessus (surenchère) ou très au-dessous (mévente, crise de surproduction) du prix de revient de la marchandise concernée. D'où l'importance de ce que l'on nomme la loi du marché.


(c) Non seulement les agents réagissent immédiatement aux chocs externes par une modification des prix, mais l'études des anticipations montrent que l'économie réagit immédiatement à l'annonce d'un choc futur (changement de réglementation). C'est une confirmation du primat de la synchronie, forme de processus fractal du futur.


- <<Les modéles de l'Ecole des anticipations rationnelles ont traditionnellement été associés à la configuration point-selle dans laquelle il n'existe qu'une seule trajectoire stable et une infinité de trajectoires divergentes. Comme la stabilité de la variable endogène est en général une condition d'équilibre intertemporel, par exemple lorsque des contraintes d'équilibre de long terme (des conditions de transversalité) sont prises en compte, l'équilibre à anticipations rationnelles est unique dans cette configuration. Sous l'hypothèse d'anticipations rationnelles, la réaction de l'économie à un choc exogène annoncé est alors diamétralement opposée à celle que l'on obtiendrait sous l'hypothése alternative d'anticipations adaptatives. On sait en effet, en particulier depuis la célébre critique de Lucas, que l'économie répond instantanément aux changements annoncés de politiques économiques. Les variables endogénes les plus flexibles du modèle, qui sont souvent des prix de biens, sautent brutalement sur la trajectoire point-selle pour que l'évolution de l'économie reste compatible avec l'équilibre. L'évolution est ensuite continue, même au moment où la politique économique est effectivement mise en oeuvre. Au contraire, sous l'hypothèse d'anticipations adaptatives, l'économie n'aurait pas réagi dès l'annonce d'une perturbation à venir des fondamentaux mais seulement lors du choc. Sans doute l'un des exemples les plus connus de la littérature est-il le phénoméne de sur-réaction du taux de change mis en évidence par Dornbusch. Lorsque les autorités monétaires décident d'augmenter la quantité de monnaie d'une petite économie ouverte, le taux de change s'adapte instantanément, mais doit répondre plus vivement au choc monétaire à court terme qu'à long terme. En d'autres termes, la monnaie se déprécie fortement jusqu'à ce que sa valeur soit compatible avec la trajectoire point-selle, puis s'apprécie lentement au fur et à mesure que le taux de change évolue le long de cette trajectoire. (Stéphane Gauthier, GREQAM, Université Aix-Marseille 2 et DELTA, Unité Jointe de Recherche CNRS-EHESS-ENS, thèse, "Sur la solution fondamentale d'un modèle linéaire avec mémoire", document du web)>>.


(d) Une approche synchronique d'un problème, sans nier l'apport de l'Histoire, peut faire abstraction de la chronologie ou de la diachronie. Surtout si les sources documentaires ou archéologiques manquent.


- <<Il y a un monde entre l'énoncé de ces principes généraux et leur mise en oeuvre analytique. Nous nous y sommes essayés dans "La monnaie entre violence et confiance" (2002), tout particulièrement dans son chapitre deux. Rappelons que l'objet de cette réflexion ne porte aucunement sur les origines historiques de la monnaie, c'est-à-dire sur la manière dont elle a été inventée et s'est diffusée. La question posée est tout autre. Il s'agit de comprendre comment les rapports marchands, une fois supposés advenus, appellent logiquement la monnaie pour accéder à une existence stabilisée. Autrement dit, l'analyse est synchronique : on cherche à expliciter les conditions institutionnelles par lesquelles la reproduction de cette structure sociale abstraite qu'est l'économie marchande est obtenue. Ce point devait être souligné car, dans le passé, nous avons pu donner l'impression de vouloir construire une analyse de l'émergence historique de la monnaie. (André Orléan, "Crise de la souveraineté et crise de la monnaie : L'hyperinflation allemande des années 1920", in "La monnaie dévoilée par ses crises", sous la direction de Bruno Théret, Éditions Odile Jacob, 2005)>>.


(e) Voir Contradictions capitalistes.


(f) Lire "AEH Valeur".



(B) Linguistique



(a) Citation :


<<Le terme de synchronie a été proposé par F. de Saussure, par opposition à diachronie, pour dénommer la simultanéité comme critère de réunion (en vue d'études systématiques) d'un ensemble de faits linguistiques qui constituent ainsi un état de langue. La synchronie a été un concept opératoire, dans la mesure où elle a permis de fonder celui de système linguistique (conçu comme une hiérarchie relationnelle, dont le fonctionnement est assuré par sa propre organisation interne). S'il a été ainsi utile pour penser le système, le concept de synchronie ne l'est plus pour l'analyser. Cette notion, en effet, est aussi imprécise que celle de présent, par exemple. Une métaphore, inventée par le sujet parlant au moment même où il parle, est-elle un phénomène d'ordre synchronique ou diachronique ? Un état de langue (donc une synchronie) dure plusieurs centaines d'années et comporte des transformations internes (dénommées conversions par l. Hjelmslev) nombreuses et variées. La linguistique d'aujourd'hui opère en achronie, le concept de synchronie n'étant plus opératoire (Greimas, Courtès, "Sémiotique. Dictionnaire raisonné de la Théorie du langage", page 374)>>.


(b) Voir Achronie. Temporalité.




(C) En Mathématiques.



(a) Les mathématiques, depuis les "Eléments" d'Euclide, semblent particulièrement dans la synchronie ou l'achronie.


(b) Pourtant, la réduction progressive de la vision ontologique des nombres et leur abstraction grandissante vers la théorie des ensembles sont un aspect de leur diachronie ou de leur Histoire.


(c) Le problème diachronique ne disparaît jamais complètement.


(d) Ontogenèse. On retrouve la diachronie, à l'échelle individuelle, dans l'apprentissage des mathématiques.


(e) L'intuitionnisme exige un "procédé constructif" pour les idéalités mathématiques. Ce procédé légitime leur existence et garantit la non-absurdité de leur interprétation. La constructibilité d'un système d'axiomes introduit une diachronie et une sémantique dans le champ de ce qui semblait synchronie et syntaxe pures.






* * *


Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Mardi 1 er Juillet 2008



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