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Glossaire Détaillé, Lettre D, numéro 01

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Lettre C

Daïmôn. (a) Daïmôn est un mot grec d’où vient <démon>. Le “démon de Socrate” était son intuition et sa prémonition: <<Ce je ne sais quoi qui vous prend, vous emporte et vous force>> de quitter un lieu où se déroulera une rixe, une bagarre, une manifestation, une avalanche ou une catastrophe juste après votre départ. L’ange tutélaire et l’ange gardien en sont les formes religieuses.

(b) Généralisation interculturelle. Il n’est pas de culture qui n’ait d’esprits, d’anges, d’archontes, d’archanges, de génies, de démons, de démiurges, de fravartis, de djinns, de chérubins, de séraphins, d’éons, d’elfes, de farfadets, de muses ni de fées. La seule question est de savoir si on accepte des instances intrapsychiques, si on en fait des êtres extérieurs appartenant à l’ institution officielle (les anges de “La Hiérarchie céleste”, pour l’ecclesia d’où l’Église) ou si on les repousse, par exclusion, dans la géhenne du feu de l’Enfer ou des Enfers.

(c) Les travaux sur la transe chamanique, sur les expériences psychédéliques liées à la prise de L.S.D., sur l’hypnose ou sur la méditation, incitent à introduire une hiérarchie des états de conscience. Le Daïmôn ou l’intuition serait l’un d’entre eux. De même, l’ergonomie cognitiviste (Nathalie Bonnardel, Françoise Darses) suppose que l’expert réalise une compilation de ses connaissances d’où il tirerait ses intuitions.

Voir Malin. Serpent. Ange. Séraphin. Échelle de Jacob . Descente aux Enfers . Monde d’Hadès . Paradigme opportuniste . Inspiration. Paradis perdu .

Dame. Une dame est une femme. Mais une dame n’est pas n’importe quelle femme. Ce peut être une femme grande (bien née), vertueuse, brillante, talentueuse et distinguée, surtout s’il s’agit d’une grande dame.

Dans le monde artistique, la dame est la Diva ou la grande Actrice.
Une dame est une femme respectable, une femme à qui on doit le respect, pour sa beauté, pour sa richesse, pour son talent, pour ses origines ou pour sa situation sociale.
Un dame est une femme du monde, du beau monde, de celui qui compte. Ce n’est ni une “ fille” (prostituée) ni une drôlesse, ni une pauvresse.
Une dame n’est pas une bonne (domestique), certainement pas une bonne femme, ni une femme bonne et encore moins une femme trop bonne
Seule une institution peut donner le respect à une femme. Les plus classiques sont la famille (naissance, quartiers de noblesse) et l’ institution du mariage .
On doit rarement le respect à une femme pour ses relations ou pour ses fréquentations. Bien au contraire, c’est souvent ainsi que l’on déroge et que l’on fréquente des “filles”. Une fille peut être une mère mais certainement pas une dame. La fille-mère n’est même pas une femme puisque le terme évite soigneusement le mot.
Une vielle fille, bigote de surcroît, peut faire une femme célèbre (Marthe Richard), mais certainement pas une dame.

Voir Trois personnages féminins .

Dame de charité , texte. Une dame de charité est une dame (une femme, mais respectable ) qui consacre une partie de son temps et de son argent à aider des personnes dont la situation économique et sociale est plus délicate ou plus précaire que la sienne.

Une dame de charité est soumise par une institution ou se soumet elle-même (instance morale du sur-moi) à un spectacle social dont les motivations sont essentiellement religieuses. Elle doit aider ou se doit d’aider ces personnes à gagner leur paradis. Il ne s’agit pas du Paradis Terrestre . Il est désaffecté depuis le péché originel d’ Adam et Eve . Il ne s’agit pas du paradis sur terre ni du rêve américain. Ce paradis est dans l’autre monde. Il est dans l’au-delà de la mort de la chair .
Comme la dame de charité (toutes variantes confondues) est soumise à cette obligation par des institutions (Église, classe sociale, ethnie, nation), il importe que cette activité charitable soit visible voire spectaculaire. N’oublions pas que dans de nombreux pays le droit de vote est aussi un devoir et que la liste des non-votants est publiée. Le vote y est donc spectaculaire.
Une variante de la dame de charité est la dame patronnesse . Il s’agit de la femme d’un patron. Elle s’occupe des ouvriers, des paysans ou des journaliers de son mari. Ce sont donc ses pauvres à elle. Son spectacle social est beaucoup plus politique que religieux.
Une autre variante de la dame de charité est la bigote. Sa motivation n’est pas politique ni sociale. Sa motivation est inconsciente. Elle réside essentiellement dans le refoulement sexuel.
Une dame de charité fait tout ou partie des sept oeuvres de charité comme le lui demande sa pratique de la religion chrétienne (tableaux de Bruegel et de ses descendants). La “Dame de Charité” est le titre d’un tableau de Jean-Baptiste Greuze (1725-1805).
Parmi ces oeuvres, la visite et l’assistance aux blessés et aux malades l’amène à s’occuper des gueules cassées revenant des guerres où est engagé son pays.

Voir Sept oeuvres de charité . La Charité . Charité et exclusion . Très juste raison de charité .

Dame patronnesse . Une dame patronnesse est une variante de la dame de charité .

Une dame de charité est une dame (femme, mais respectable ) qui consacre une partie de son temps et de son argent à aider des personnes dont la situation économique et sociale est plus délicate ou plus précaire que la sienne.
Une dame patronnesse est une bourgeoise, une femme de patron. Elle s’occupe des ouvriers, des paysans ou des journaliers de son mari. Ce sont donc ses pauvres à elle.
<<Pour faire une bonne dame patronnesse il faut savoir... rayer de ses listes une bougresse... qui fréquenterait un socialiste (Jacques Brel)>>.
Car, quelque soit le degré de l’écart économique entre les disponibilités de la dame patronnesse et les revenus de ses pauvres, elle est une femme soumise à son patron de mari. Lui-même est soumis aux contraintes de la reproduction du capital de son entreprise familiale.

Voir Mâle dominant . Femme-mise-sous. Sept oeuvres de charité .

Dame Nature , texte, métaphore désignant la nature ou l’ Univers comme notre mère à tous. Comme réalité empirique elle est déjà-là lorsque chacun de nous accède à la vie. Comme matière première , elle est le fond de nos matières premières et de nos sources d’énergie .

Si le travail est le père des richesses; par le produit net la nature en est la mère (W. Petty). C’est en quoi, le destin d’ Oedipe est métaphoriquement le notre. Par notre travail mais aussi dans notre amour, nous épouserons tous celle qui fut notre mère. Comme le Sphinx, elle est une belle et cruelle source d’énigmes pour l’homme.
Cette réalité indépendante dont nous cherchons à acquérir la connaissance est la réalité lointaine d’un réel voilé . Même si les rites sociaux et culturel cherchent à nous en cacher la nécessité, à notre mort, elle sera notre dernier logement. Car elle est le toujours-là dont nous cherchons à comprendre les contraintes et les ressources.
Ce sera l’occasion de lui faire le contre-don de cette matière dont elle nous a fait le don initial.

Voir Gaia. Déméter. Perséphone.

Danaé, personnage de la mythologie grecque ayant inspiré de nombreux peintres.

On admirera tout particulièrement le tableau du Titien (Danaé, huile sur toile, 129 x 180 cm, Musée du Prado, Madrid).
Comme la Vierge Marie , elle donna naissance à un fils sans avoir connu d’homme .
Fille d’ Acrisios, roi d’Argos, et mère de Persée (vainqueur de la gorgone Méduse).
Un oracle avait annoncé que le fils de Danaé tuerait Acrisios. Celui-ci tenta de détourner le destin (fatum). Il enferma sa fille, sous la garde d’une servante. Zeus se manifesta sous la forme d’une pluie d’or . C’est ainsi que, après bien des péripéties, Danaé donna naissance à Persée.
Tout comme Oedipe tua son père Laïos sans savoir qui il était, Persée finit par tuer accidentellement son grand-père Acrisios. Comme discobole Persée était aussi dangereux qu’ Apollon.

Voir Opération du Saint-Esprit . Fatalité. Le verbe se fait chair . Productivité masculine absolue . Productivité naturelle relative . Gorgones .

Dangereuse harmonie . Mythologie grecque. Fille d’ Ares et d’ Aphrodite, Harmonie épousa Cadmos, le fondateur de Thèbes.

Les dieux assistèrent à leur mariage. Ils leur offrirent des cadeaux. Hermès offrit une lyre à Cadmos. Déméter lui donna du grain. Une robe de marié et un collier, oeuvre d’Héphaïstos furent la cause des malheurs des enfants et des petits enfants d’Harmonie.

Voir Cadeau. Cadeau colonial .

Daniel. Personnage biblique. Mené en captivité à Babylone après la prise de Jérusalem, il se fait remarquer et apprécier par Nabuchodonosor.

Il interprète un songe de son fils Balthazar: <<25. L’écriture tracée, c’est: Mené, Mené, Teqel et Parsîn. 26. Voici l’interprétation de ces mots: Mené: Dieu a mesuré ton royaume et l’a livré; 27. Teqel: tu as été pesé dans la balance et ton poids se trouve en défaut; 28. Parsîn: ton royaume a été divisé et donné aux Mèdes et aux Perses. 29. Alors Balthazar ordonna de revêtir Daniel de pourpre, de lui mettre au cou une chaîne d’or et de proclamer qu’il gouvernerait en troisième dans le royaume.(Daniel, 5, 25-29)>>.
La jalousie des mages de l’entourage du roi lui vaut d’être jeté dans la fosse aux lions. Le lendemain, il était miraculeusement sain et sauf. Après une longue nuit de jeûne, d’abstinence sexuelle et d’insomnie, <<le roi éprouva une grande joie et ordonna de faire sortir Daniel de la fosse. On fit sortir Daniel de la fosse et on le trouva indemne, parce qu’il avait eu la foi en son Dieu. (Daniel, 6, 24)>>.
Enquêteur sagace et rusé, le prophète Daniel évite à Suzanne d’être injustement condamnée pour adultère. Elle avait courageusement refusé ses faveurs sexuelles à deux vieillards influents, maîtres-chanteurs de surcroît. Par des interrogatoires séparés et précis des deux faux témoins, il met en évidence leurs contradictions sur le lieu présumé de l’adultère (sous un acacia ou sous un tremble). C’est ainsi qu’il les confond de mensonge.

Voir Suzanne et les deux vieillards . Suzanne au bain . Nabi. Paul Ranson .

Dans l’air du temps . L’expression <c’est dans l’air du temps> fait référence à la possibilité:

pour une idée d’apparaître simultanément en plusieurs lieux, ou
pour une invention d’être faite, indépendamment, par plusieurs personnes.

C’est ainsi que Les Muses , les inspiratrices des concepteurs, sont représentées par des êtres aériens, ailés, munis de plumes.

Voir Les muses ont des ailes . Inspiré. Inspiration.

Dans le nez . Sémiotique corporelle . L’expression <avoir quelqu’un dans le nez> est une manière de dire qu’on ne peut <pas le sentir>.

A priori, Cyrano de Bergerac <ne peut pas voir en peinture> toute personne lui faisant la moindre remarque sur son “appendice nasal”. Pas question de lui placer le moindre < poil au nez >.
Il faudra l’amour de Roxane pour empêcher que le grand Cyrano (poil au dos) n’embroche tout cru (poil au cul) le jeune baron Christian de Neuvillette .
Christian vivant, il sera son ami intime.
Mort, il l’aura toujours en odeur de sainteté .

Voir Sens de l’odorat . Odeur du phallus . Intersémioticité. Langage du corps . J’ai fait mieux depuis .

Dans le tas . (a) <Dans le tas> est une locution qui signifie <parmi> ou <sur le nombre>. Face à une foule de gens on se dit, dans le tas il y en aura bien un qui sera médecin (pour secourir un blessé) ou qui habitera telle région (pour faire de l’auto-stop).

(b) En restant dans le tas, dans l’anonymat, on peut pincer les fesses des filles dans le métro ou dans le bus. C’est un moyen de ne pas être vu et donc de ne pas être pris la main dans le sac. Rester dans le tas est la stratégie de Monsieur Toulemonde .
(c) Dans la vie quotidienne, le harcèlement est la force des faibles. Le grain de sable est puissant soit dans la mécanique soit “dans le tas”. Jamais une micro-décision ne peut avoir autant d’impact que sur la mise à mort réelle ou sur la mise à mort rituelle du bouc émissaire involontaire par le harcèlement moral.

Voir Tas. Avalanche. Cataclysme. Catastrophe.

Dans sa chair , texte, mémoire corporelle des affects. Le travail de deuil montre que l’oubli des contenus affectifs n’est pas aussi simple que l’ oubli des contenus syntaxiques .

Nous limitons trop facilement le processus de mémorisation à celui qui se déroule dans le cerveau et concerne les représentations. Mais nous connaissons, dans notre chair, la trace de nos affects, sous la forme de somatisations, de maladies, de symptômes ou de stigmates. Même si le cerveau reste le lieu de la douleur, la mémoire concerne aussi les affects. Cette charge affective leste considérablement les représentations, leur mobilisation et leur usage (inhibition, lapsus, acte manqué ).
D’où la profonde différence entre la logique (purement dénotative) et la sémantique psychologique , qui ne peut ignorer les connotations.
Raison de plus pour ne pas ignorer le rôle réparateur du plaisir pour oublier les dégâts de la douleur dans la chair. Ce qui n’empêche pas la psychanalyse d’être une thérapie par le verbe. Car la mobilisation des représentations par association d’idées peut contribuer à la remémoration et à la réactualisation catarthique des affects perturbateurs.
Et puis, en dernière instance, contrairement à la mémoire de Sisyphe , la mort est la possibilité de l’oubli pour la chair.

Voir Dénotation. Sémantique et logique . Sémantique et syntaxe . Mémoire des contenus sémantiques . Mémoire énergétique et signifiante . Heureux mortel .

DAO, (/CAO), voir Dessin Assisté par Ordinateur.

Darwinisme social , texte, récupération de la partie la moins fondée des travaux de Darwin sur l’évolution, la sélection du plus apte par la lutte pour la vie, pour justifier ou naturaliser la situation sociale des ouvriers ou des chômeurs, dans une des périodes les plus noires de l’émergence du capitalisme: le bouclage du système des prix dans une économie de rente et avant l’ économie de crédit .

Voir Salaire et profit . Niveau de l’emploi . Niveau général des salaires .

David de Dinant . (a) Personnage encore peu connu, David de Dinant est maître es arts. Il écrit sur la météorologie, la physique, les sciences naturelles et la génération. Il fut condamné comme Amaury de Bène au synode de Paris en 1210. Cette condamnation est réitérée en 1215 par Robert de Courçon. Ses écrits étaient pourtant une réponse critique au dualisme (le double principe) du docétisme ou des Cathares. Le problème c’est qu’une fois posée la coupure du verbe et de la chair qui rend nécessaire la médiation du Christ et des prêtres, il n’est pas facile de maintenir cette coupure entre le dualisme radical (le Bien et le Mal) et la cicatrisation salvatrice (la substance unique).

(b) Albert le Grand reproche à David de Dinant son panthéisme. Il l’accuse d’avoir déformé la pensée d’ Aristote. Nicolas de Cues s’y réfère dans son “Apologia doctae ignorantiae”.

<<Il est manifeste qu’il n’y a qu’une seule substance non seulement de tous les corps mais même de toutes les âmes, et elle n’est rien autre que Dieu lui-même. La substance de laquelle sont tous les corps est appelée hylè, la substance de laquelle sont toutes les âmes est appelée ratio sive mens (...) Si donc le monde est Dieu lui-même, en dehors de lui-même perceptible au sens, ainsi que Platon, Zénon, Socrate et beaucoup d’autres l’ont dit, la hylè du monde est donc Dieu lui-même; la forme adventice n’est rien autre que ce que Dieu rend sensible, lui-même.>>.

(d) S’agissant de l’être humain, la dualité du corps et de l’âme est résolue au niveau supérieur. L’être supérieur est la matière première ou Dieu. David de Dinant en conclut à l’identité de la cause efficiente (Dieu) et de la cause matérielle (hylè).

(e) Giordano Bruno s’est inspiré des thèses de David de Dinant.

Voir Amauriciens. Godin d’Amiens . Ça rentre par une oreille .

Auteur

Hubert Houdoy

Créé le 7 Juin 1997

Modifié le 28 Juillet 1999

Suite

Glossaire Détaillé, Lettre D, numéro 02

Lettre E

Glossaire Détaillé, Lettre E, numéro 01

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Mise à jour: 16/07/2003