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Glossaire Détaillé, Lettre U, numéro 05




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Glossaire Détaillé, Lettre U, numéro 04





Utilité. (a) L’utilité est le fait d’être utile.

(b) C’est aussi la tarte à la crème ou la tautologie de la théorie économique néo-classique.


Utilité d’appropriation , (/coût de production), texte. Utilité d’un bien ou d’un service envisagée au moment de son appropriation.

(a) Contrairement au coût de production (issu du passé) qui obéit à une détermination diachronique propre aux mécanismes de la production, les mécanismes d’ appropriation obligent chaque individu à faire un choix instantané de l’usage de tout revenu monétaire (consommation, placement, investissement ou thésaurisation).

(b) L’utilité qui reflète ce choix est une utilité instantanée , d’ordre synchronique. Elle n’est pas pour autant une utilité marginale . L’instant relève de l’ événement et de la discontinuité fractale.

(c) L’utilité marginale est l’utilité de la dernière unité produite ou consommée. L’unité marginale relève de la série continue.


Utilité du salaire , texte, (/désutilité).

(a) L’utilité du salaire est l’ utilité procurée au travailleur par le fait de travailler et de toucher un salaire.

(b) Quand on raisonne à la marge (calcul marginal, marginalisme, utilité marginale ) il peut s’agir tantôt de l’utilité de travailler, tantôt de l’utilité de travailler une heure de plus par mois ou par an.

(c) Le changement marginal est relatif au problème considéré. Pour un planificateur national, ajouter 0, 1% d’emploi est un calcul marginal. Pour le chômeur, passer du chômage à l’emploi n’est pas marginal mais fondamental.

(d) La fractalité des phénomènes réels (géologie, météorologie, économie) condamne le calcul à la marge, car les mécanismes changent fondamentalement en fonction de la résolution mathématique avec laquelle on simule le système.

(e) Parler de chômage volontaire pour ceux qui refusent de faire 1 heure de plus par mois reste très marginal.

(f) Parler de chômage volontaire pour 12, 5% de la population activable n’est plus un phénomène marginal relevant des infinitésimaux du calcul différentiel. L’usage d’un terme et d’une méthode ne sont licites et signifiants que dans le cadre étroit d’un domaine de validité.


Utilité instantanée , texte. (a) La théorie classique de l’offre et de la demande qui prétend expliquer les prix ne considère le marché que dans l’instant où s’affrontent l’offre et la demande dans un mécanisme d’enchères.

(b) C’est respecter les apparences ou les épiphénomènes. Mais c’est enlever toutes les explications causales sur lesquelles on voudrait s’appuyer.

(c) Car les coûts de production reflètent une série virtuellement infinie de coûts situés dans le passé (amortissement). Et le prix d’achat anticipe imaginairement une série virtuellement infinie d’usages (Pierrette et le pot à lait).

(d) Mais, comme ses usages ne sont qu’imaginés, ils appartiennent bien à l’instant de l’achat. Quitte à disparaître dans la minute qui suit l’achat. Adieu veaux, vaches, cochons, couvées. De fait, l’utilité instantanée, qui se distingue de la théorie de la valeur-travail, devrait déboucher sur une théorie des bifurcations et de la fractalité. Mais alors, l’économiste rend la parole aux acteurs de la société civile. Assumer les trois fonctions , c’est accepter de ne plus être un prêtre ou un clerc disposant d’un savoir dont la source est énigmatique pour le commun des mortels.


Utilité marginale . (a) L’utilité marginale est l’utilité de la dernière unité (produite ou consommée). Elle est dépendante de la résolution mathématique de la simulation du chercheur et de la résolution psychologique de l’ anticipation et de la motivation de l’ acteur résolu .

(b) Selon A. Silem, 1991:

(c) L’utilité marginale est un moyen de maintenir la fiction du modèle de l’équilibre . Elle masque le fait que le marché est un lieu où s’affrontent perpétuellement une détermination diachronique des coûts de production et une détermination synchronique des utilités d’appropriation .


Utilité, principe d’utilité , (John-Stuart Mill), texte.

(a) Le principe d’utilité est l’explication tautologique de la valeur des marchandises par l’ utilité qu’elles procurent.

(b) Au lieu d’approfondir le problème soulevé par les Classiques (Adam Smith , Robert Malthus, David Ricardo) et Karl Marx , les néo-classiques le remplacent par le modèle de l’équilibre .

(c) Le prix de marché est la mesure de l’utilité abstraite que les acheteurs attribuent aux marchandises.

(d) D’un point de vue épistémologique, c’est un recul du projet d’intelligibilité .

(e) D’un point de vue politique, cette pirouette est aussi une forme de démocratie. Elle refuse de décréter ce que les consommateurs doivent demander (utilité concrète) et ce que les producteurs doivent produire (travail productif).

Remarque: Il est possible d’abandonner le point de vue utilitaire et d’admettre que chaque problème (répercussion des salaires, changement des techniques, travail productif, valeur d’usage, développement durable) exige son propre système sémantique. On s’aperçoit alors que l’ utilité (demande) et le coût (offre) appartiennent à deux mécanismes distincts qui sont, respectivement, la production et l’ appropriation. L’ économie monétaire mélange, inextricablement, ces deux mécanismes.

Voir Coût de production , Utilité d’appropriation .


Utopie, texte. (a) Rêve de la construction d’une cité idéale, l’utopie s’oppose à la simple description des faits. Les utopistes se réclament de “La République” de Platon. Par opposition, Aristote est revendiqué par le mouvement positiviste. Au siècle de la misère ouvrière, le courant utopiste réapparaît avec Saint-Simon et Fourier, tandis qu’Auguste Comte, Marx et Durkheim prétendent se limiter à l’approche des faits. Le discours sociologique se situe toujours dans une dialectique du positivisme et de l’utopie.

(b) On peut dégager deux approches de l’utopie:

(c) Une motivation irréductible. Elle prend systématiquement le contre-pied des pouvoirs. Elle nie les faits les plus massifs. Quand le logos domine, elle le refuse. Quand la monnaie se généralise, elle prétend s’en passer.

(d) Une motivation réaliste. Elle constate la complexité de la réalité et du discours. Elle accepte que ses analyses ne soient pas les seules. Elle admet des valeurs à coté de celles qu’elle cherche à promouvoir. Quand la soumission aux faits provoque le fatalisme et un désespoir, elle montre qu’un avenir existe. Ce modèle du pays de nulle-part ne prétend pas à l’universalité. Il montre que quelque chose est possible. L’utopie, envisagée sur ce mode, redonne de l’espoir quand tout semble désespéré. Elle est d’actualité chaque fois qu’un mode d’organisation atteint ses limites intrinsèques.

(e) Ce qu’est l’utopie:


Utopie n’est pas idéologie . texte. L’utopie n’est pas l’idéologie.

(a) Comme l’utopie, l’idéologie met en marche les militants. Mais ’idéologie appelle au combat. Les idéologies s’affrontent parce que chacune prétend détenir la vérité. Pour réaliser les valeurs qu’elle porte, l’idéologie cherche à détruire les valeurs opposées. Or toutes les valeurs différentes sont des valeurs antagoniques pour les idéologues.

(b) L’ idéologie est une déclaration de guerre. Guerre des ethnies, des peuples, lutte des classes ou guerres de religions. Les idéologues et les dogmatiques ne supportent pas la différence . Tant et si bien que toute l’énergie des militants se dépense dans des actions de combat.

(c) L’utopie admet la différence des valeurs, la complexité des mécanismes et la relativité des discours. L’utopiste prend la parole pour rappeler la relativité. Radicalement différente, l’utopie se situe dans un ailleurs pour montrer la possibilité d’un autrement. Elle s’appuie sur la complexité pour trouver des leviers du changement, quand le discours simplificateur condamne à la routine et au fatalisme.

Voir Jeu à somme négative . Jeu à somme nulle .


Utopie n’est pas illusion . texte. L’Utopie n’est pas l’illusion.

(a) C’est par méthode, par nécessité dans l’ordre du discours, que le mouvement utopique doit décrire un modèle idéal et abstrait de fonctionnement social.

(b) Quand la description méthodique et neutralisante des faits tend à se confondre avec le fatalisme, le discours de l’utopie doit créer un champ de réflexion. La description de la société idéale (Platon, Saint-Augustin, Thomas More) n’est pas la transcription d’un rêve, mais un recul théorique. Face à la massivité des faits, il faut donner à la pensée un lieu où se déployer. Le discours du changement est méthodologiquement nécessaire.

(c) Toutes les sciences se sont constituées par un discours idéal qui s’oppose aux fausses évidences du moment. (Le “Rien ne se perd, rien ne se crée.” de Lavoisier ne manque pas de culot. Guillotinez-moi ça ! Ceci fut fait le 8 mai 1794). Le discours utopique n’est jamais que le discours de la méthode qui trie les vraies et les fausses évidences en remettant tout en cause. Ce sont les fausses évidences qui constituent la véritable illusion, en laissant croire que rien ne pourrait plus bouger.


Utopie n’est pas mythe . texte. L’Utopie n’est pas le mythe.

(a) Le mythe est hors du temps, de l’espace et de la société que pourtant il construit et façonne.

(b) Les rois dont parle le mythe ne se confondent pas avec la monarchie. Les héros qui peuplent les mythes ne sont pas des acteurs sociaux, mais des références intemporelles.

(c) L’éternel masculin (Jacqueline Kelen) et l’éternel féminin sont étrangers au mouvement de libération des femmes.

(d) Héraclès n’est pas un concurrent pour les championnats du monde, tandis qu’ Alcibiade a participé aux Jeux Olympiques.

(e) Le mythe est éternel et asocial. Il masque les contradictions dans une identité ethnique qui fonctionne comme une identité statique . L’utopie est historique. Elle vise une transformation de la société.

Voir Éternité.





* Auteur


Hubert Houdoy



Créé le 20 Avril 1999

Modifié le 25 Juillet 1999





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Lettre V


Glossaire Détaillé, Lettre V, numéro 01


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Mise à jour: 24/12/1999