Réseau d'Activités à Distancerad2000.free.fr |
Vous lisez
http://rad2000.free.fr/glosdu05.htm
Glossaire
Détaillé, Lettre U, numéro 05
Précédent
Glossaire Détaillé, Lettre U, numéro
04
Utilité. (a)
L’utilité est le fait d’être utile.
(b) C’est aussi la tarte à la crème ou la
tautologie de la théorie économique
néo-classique.
Utilité
d’appropriation , (/coût de production), texte. Utilité d’un bien ou d’un
service envisagée au moment de son appropriation.
(a)
Contrairement au coût de production (issu du
passé) qui obéit à une détermination
diachronique propre aux mécanismes de la
production, les mécanismes d’
appropriation obligent chaque individu à faire un
choix instantané de l’usage de tout revenu monétaire
(consommation, placement, investissement ou thésaurisation).
(b)
L’utilité qui reflète ce choix est une
utilité instantanée , d’ordre
synchronique. Elle n’est pas pour autant une utilité
marginale . L’instant relève de l’
événement et de la discontinuité
fractale.
(c) L’utilité marginale est
l’utilité de la dernière unité produite ou
consommée. L’unité marginale relève de la
série continue.
Utilité du
salaire , texte,
(/désutilité).
(a) L’utilité du salaire est
l’ utilité procurée au travailleur par le
fait de travailler et de toucher un salaire.
(b) Quand on raisonne
à la marge (calcul marginal, marginalisme,
utilité marginale ) il peut s’agir tantôt
de l’utilité de travailler, tantôt de
l’utilité de travailler une heure de plus par mois ou par an.
(c) Le changement marginal est relatif au problème
considéré. Pour un planificateur national, ajouter 0, 1%
d’emploi est un calcul marginal. Pour le chômeur, passer du
chômage à l’emploi n’est pas marginal mais
fondamental.
(d) La fractalité des
phénomènes réels (géologie,
météorologie, économie) condamne le calcul à la
marge, car les mécanismes changent fondamentalement en fonction de la
résolution mathématique avec laquelle on simule
le système.
(e) Parler de chômage volontaire pour ceux qui
refusent de faire 1 heure de plus par mois reste très marginal.
(f) Parler de chômage volontaire pour 12, 5% de la population
activable n’est plus un phénomène marginal relevant des
infinitésimaux du calcul différentiel. L’usage d’un
terme et d’une méthode ne sont licites et signifiants que dans le
cadre étroit d’un domaine de validité.
Utilité instantanée , texte. (a) La théorie classique de
l’offre et de la demande qui prétend expliquer les
prix ne considère le marché
que dans l’instant où s’affrontent l’offre et la
demande dans un mécanisme d’enchères.
(b)
C’est respecter les apparences ou les
épiphénomènes. Mais c’est enlever toutes les
explications causales sur lesquelles on voudrait s’appuyer.
(c)
Car les coûts de production reflètent une
série virtuellement infinie de coûts situés dans le
passé (amortissement). Et le prix d’achat anticipe imaginairement
une série virtuellement infinie d’usages (Pierrette et le pot
à lait).
(d) Mais, comme ses usages ne sont
qu’imaginés, ils appartiennent bien à l’instant de
l’achat. Quitte à disparaître dans la minute qui suit
l’achat. Adieu veaux, vaches, cochons, couvées. De fait,
l’utilité instantanée, qui se distingue de la
théorie de la valeur-travail, devrait déboucher
sur une théorie des bifurcations et de la
fractalité. Mais alors, l’économiste rend
la parole aux acteurs de la société civile.
Assumer les trois fonctions , c’est accepter de ne plus
être un prêtre ou un clerc disposant d’un
savoir dont la source est énigmatique pour le commun des mortels.
Utilité marginale . (a)
L’utilité marginale est l’utilité de la
dernière unité (produite ou consommée). Elle est
dépendante de la résolution mathématique
de la simulation du chercheur et de la résolution
psychologique de l’ anticipation et de la
motivation de l’ acteur résolu
.
(b) Selon A. Silem, 1991:
(c) L’utilité marginale est un moyen de maintenir la
fiction du modèle de l’équilibre . Elle
masque le fait que le marché est un lieu où
s’affrontent perpétuellement une détermination
diachronique des coûts de production et une
détermination synchronique des utilités
d’appropriation .
Utilité,
principe d’utilité , (John-Stuart Mill), texte.
(a) Le principe d’utilité
est l’explication tautologique de la valeur des
marchandises par l’ utilité
qu’elles procurent.
(b) Au lieu d’approfondir le
problème soulevé par les Classiques (Adam Smith
, Robert Malthus, David Ricardo) et
Karl Marx , les néo-classiques le remplacent par le
modèle de l’équilibre .
(c) Le
prix de marché est la mesure de l’utilité
abstraite que les acheteurs attribuent aux marchandises.
(d) D’un
point de vue épistémologique, c’est un recul du
projet d’intelligibilité .
(e) D’un
point de vue politique, cette pirouette est aussi une forme de
démocratie. Elle refuse de décréter ce que les
consommateurs doivent demander (utilité concrète) et ce que les
producteurs doivent produire (travail productif).
Remarque: Il est
possible d’abandonner le point de vue utilitaire et
d’admettre que chaque problème (répercussion des salaires,
changement des techniques, travail productif, valeur d’usage,
développement durable) exige son propre système sémantique. On
s’aperçoit alors que l’ utilité
(demande) et le coût (offre) appartiennent à
deux mécanismes distincts qui sont, respectivement, la
production et l’ appropriation.
L’ économie monétaire mélange,
inextricablement, ces deux mécanismes.
Voir Coût
de production , Utilité d’appropriation
.
Utopie, texte. (a)
Rêve de la construction d’une cité idéale,
l’utopie s’oppose à la simple description des faits. Les
utopistes se réclament de “La République” de
Platon. Par opposition, Aristote est revendiqué par le
mouvement positiviste. Au siècle de la misère ouvrière,
le courant utopiste réapparaît avec Saint-Simon et Fourier,
tandis qu’Auguste Comte, Marx et Durkheim prétendent se limiter
à l’approche des faits. Le discours sociologique
se situe toujours dans une dialectique du positivisme et de
l’utopie.
(b) On peut dégager deux approches de
l’utopie:
(c) Une motivation
irréductible. Elle prend systématiquement le contre-pied des
pouvoirs. Elle nie les faits les plus massifs. Quand le logos domine, elle le
refuse. Quand la monnaie se généralise, elle
prétend s’en passer.
(d) Une motivation
réaliste. Elle constate la
complexité de la
réalité et du discours. Elle accepte que ses analyses ne
soient pas les seules. Elle admet des valeurs à coté de celles
qu’elle cherche à promouvoir. Quand la soumission aux faits
provoque le fatalisme et un désespoir, elle montre
qu’un avenir existe. Ce modèle du pays de
nulle-part ne prétend pas à
l’universalité. Il montre que quelque chose est possible.
L’utopie, envisagée sur ce mode, redonne de
l’espoir quand tout semble
désespéré. Elle est d’actualité chaque fois
qu’un mode d’organisation atteint ses limites intrinsèques.
(e) Ce qu’est l’utopie:
Utopie n’est
pas idéologie . texte.
L’utopie n’est pas l’idéologie.
(a) Comme
l’utopie, l’idéologie met en marche les militants. Mais
’idéologie appelle au combat. Les idéologies
s’affrontent parce que chacune prétend détenir la
vérité. Pour réaliser les
valeurs qu’elle porte, l’idéologie cherche
à détruire les valeurs opposées. Or toutes les valeurs
différentes sont des valeurs antagoniques pour les idéologues.
(b) L’ idéologie est une
déclaration de guerre. Guerre des ethnies, des peuples, lutte des
classes ou guerres de religions. Les idéologues et les dogmatiques ne
supportent pas la différence . Tant et si bien que
toute l’énergie des militants se dépense dans des actions
de combat.
(c) L’utopie admet la différence des valeurs,
la complexité des mécanismes et la relativité des
discours. L’utopiste prend la parole pour rappeler la
relativité. Radicalement différente, l’utopie se situe
dans un ailleurs pour montrer la possibilité d’un autrement. Elle
s’appuie sur la complexité pour trouver des leviers du
changement, quand le discours simplificateur condamne à la routine et
au fatalisme.
Voir Jeu à somme négative
. Jeu à somme nulle .
Utopie
n’est pas illusion . texte.
L’Utopie n’est pas l’illusion.
(a) C’est par
méthode, par nécessité dans l’ordre du discours,
que le mouvement utopique doit décrire un
modèle idéal et abstrait de
fonctionnement social.
(b) Quand la description méthodique et
neutralisante des faits tend à se confondre avec le fatalisme, le
discours de l’utopie doit créer un champ de réflexion. La
description de la société idéale
(Platon, Saint-Augustin, Thomas More)
n’est pas la transcription d’un rêve, mais un recul
théorique. Face à la massivité des faits, il faut donner
à la pensée un lieu où se déployer. Le discours du
changement est méthodologiquement nécessaire.
(c) Toutes
les sciences se sont constituées par un discours idéal qui
s’oppose aux fausses évidences du moment. (Le “Rien ne se
perd, rien ne se crée.” de Lavoisier ne manque pas de
culot. Guillotinez-moi ça ! Ceci fut fait le
8 mai 1794). Le discours utopique n’est jamais que le discours de
la méthode qui trie les vraies et les fausses évidences en
remettant tout en cause. Ce sont les fausses évidences qui constituent
la véritable illusion, en laissant croire que rien ne pourrait plus
bouger.
Utopie n’est pas mythe . texte. L’Utopie n’est pas le mythe.
(a) Le mythe est hors du temps, de l’espace et
de la société que pourtant il construit et façonne.
(b) Les rois dont parle le mythe ne se confondent pas avec la
monarchie. Les héros qui peuplent les mythes ne sont
pas des acteurs sociaux, mais des
références intemporelles.
(c)
L’éternel masculin (Jacqueline Kelen) et l’éternel
féminin sont étrangers au mouvement de libération des
femmes.
(d) Héraclès
n’est pas un concurrent pour les championnats du monde, tandis qu’
Alcibiade a participé aux Jeux Olympiques.
(e)
Le mythe est éternel et asocial. Il masque les contradictions dans une
identité ethnique qui fonctionne comme une
identité statique . L’utopie est historique.
Elle vise une transformation de la société.
Voir
Éternité.
Auteur
Créé le 20 Avril 1999
Modifié le 25 Juillet 1999
Suite
Lettre V
Glossaire Détaillé, Lettre V, numéro
01