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Comment
peut-on définir utilement l’Utopie ?
Ce texte a été présenté
au Colloque sur l’Utopie, organisé par Gilles Chabré, au
Printemps 1996, pour l’Université
Coopérative Sans Distance du Roannais.
A. L’Utopie appartient à
l’histoire de la sociologie .
Rêve de la
construction d’une cité idéale (“La Cité du
Soleil” de Tommaso Campanella), l’utopie s’oppose à
la simple description des faits. Les utopistes se réclament de
“La République” de Platon ou des
prophéties de Joachim de Flore (1132-1202). Par
opposition, Aristote est revendiqué par le mouvement
positiviste.
Au siècle de la misère ouvrière, le courant utopiste
réapparaît avec Proudhon (“Philosophie de la
Misère”), Saint-Simon et
Fourier, tandis qu’ Auguste Comte ,
Karl Marx et Emile Durkheim
prétendent se limiter à l’approche des faits.
Le discours sociologique se situe toujours dans une dialectique
du positivisme et de l’ utopie. Cette
oscillation est bien traduite par Gavroche. Tombé par terre, le nez
dans le ruisseau, le jeune héros des
“Misérables” de Victor Hugo ne sait plus
si “c’est la faute à Voltaire” ou “la faute
à Rousseau”.
B. Les
utopies accompagnent chaque grand changement .
C. Deux conceptions de
l’utopie .
Sur la base de ces rappels, on peut
dégager deux approches de l’utopie:
D. Ce que
l’utopie n’est pas .
Le mythe est hors du
temps, de l’espace et de la société. Les rois dont parle
le mythe ne se confondent pas avec la monarchie. Les
héros qui peuplent les mythes ne sont pas des
acteurs sociaux. Ils sont des
références intemporelles. Ils sont dans
l’imaginaire. Ils constituent l’imaginaire. L’éternel
masculin et l’éternel féminin sont étrangers au
mouvement de libération des femmes. Héraclès n’est
pas un concurrent pour les championnats du monde. Tandis que le mythe est
éternel et asocial, l’utopie est historique. Elle vise une
transformation de la société.
C’est par
méthode, par nécessité dans l’ordre du discours,
que le mouvement utopique doit décrire un
modèle idéal et abstrait de
fonctionnement social. Quand la description méthodique et neutralisante
des faits tend à se confondre avec le fatalisme, le discours de
l’utopie doit créer un champ de réflexion.
La description de la société idéale
(Platon, Saint-Augustin, Thomas More, Campanella) n’est pas la
transcription d’un rêve, mais un recul théorique. Face
à la massivité des faits, il faut donner à la
pensée un lieu où se déployer. La science ne fait jamais
autrement quand elle produit des conjectures astreintes
à la contrainte de cohérence , avant de les
soumettre à l’ épreuve de la
réfutation, pour tester leur
pertinence. Ni les dogmes ni les empiries ne
s’astreignent à ce travail de réflexion.
Le discours du changement est méthodologiquement
nécessaire. Toutes les sciences se sont constituées par un
discours idéal qui s’oppose aux fausses évidences du
moment. Le discours utopique n’est jamais que le Discours de la
méthode qui trie les vraies et les fausses évidences en
remettant tout en cause. Ce sont les fausses évidences qui constituent
la véritable illusion, en laissant croire que rien ne pourrait plus
bouger.
Comme l’utopie,
l’idéologie met en marche des militants. Mais
l’idéologie appelle au combat. Les idéologies
s’affrontent parce que chacune prétend détenir la
vérité. Pour réaliser les
valeurs qu’elle porte, l’idéologie cherche
à détruire les valeurs opposées. Or toutes les valeurs
différentes sont des valeurs antagoniques pour les idéologues.
L’idéologie est une
déclaration de guerre. Elle propose un jeu à somme
négative . Guerre des ethnies, des peuples, lutte des classes
ou guerres de religions. Les idéologues et les dogmatiques ne
supportent pas la différence. Tant et si bien que
toute l’ énergie des militants se dépense
dans des actions de combat.
L’utopie admet la
différence des valeurs, la complexité des mécanismes et
la relativité des discours. L’utopiste prend la parole pour
rappeler la relativité. Radicalement différente, l’utopie
ne se situe dans un ailleurs que pour montrer la possibilité d’un
autrement. Elle s’appuie sur la complexité pour trouver des
leviers du changement, quand le discours simplificateur condamne à la
routine et au fatalisme.
E. Ce
qu’est l’utopie .
L’utopie est un
appel à l’imagination, un retour aux sources, un élan de
créativité, une ré-invention du lien
social .
L’utopie permet le mouvement, la
créativité et l’émergence. Elle utilise et renforce
les aspirations au changement.
F.
Pourquoi l’utopie aujourd’hui.
Avec la
crise de la grande entreprise industrielle et le
nouveau chômage massif, l’utopie est
d’actualité. Elle ne peut pas ressembler à celles de
Spartacus, ni de Thomas More ni d’Owen ni de Karl Marx.
Elle doit tirer la leçon de ses ancêtres. Mais,
comme le message de Socrate, elle s’appuie sur la certitude que les
exclus d’aujourd’hui portent en eux les moyens de leur
créativité.
Par contre, il faut sortir de la
dialectique qui caractérisait les changements
antérieurs. Les crises de l’ esclavage et du
servage sont des crises de retournement (révolution)
à l’intérieur de la totalité .
Toutes ont aboutit à des systèmes totalitaires
plus ou moins durables.
L’actuelle crise du
salariat n’est plus une crise dans la totalité. La crise
du salariat et la crise des relations qui l’accompagne
est aussi une crise de la totalité . Il n’est
plus question de retourner le système de pensée
hérité du passé, il faut en sortir, non pas vers un
utopique extérieur, mais en l’élargissant. Il faut nous
ouvrir à la globalité .
Auteur
Colloque sur l’Utopie
Créé en Mai
1996
Pour l’association UCSDR,
à Roanne.
Modifié le 3 Avril 1999
Définitions
Les termes
en gras (hors titres et intertitres) sont définis dans
le Glossaire Alphabétique du Réseau
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Complément
Revue de
Web
Un texte du canadien Pierre Allard, mmm@email.com
Pour en
finir avec le chômage
http://www.nouvellesociete.org/701.html
Et notre réponse dans le Chapitre-Dialogue.
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