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Thématique, Érotisme

Érotisme, texte, une des formes du dialogue du verbe et de la chair. "L'érotisme est une forme particulière de l'activité sexuelle; le mot vient du nom que portait le dieu de l'amour dans la mythologie grecque: Éros. L'activité sexuelle de reproduction est commune aux animaux sexués et aux hommes, mais, apparemment, les êtres humains seuls ont fait de leur activité sexuelle une activité érotique. Leur érotisme diffère de la sexualité animale en ceci qu'il associe la vie intérieure à l'acte sexuel. <L'érotisme est dans la conscience de l'homme ce qui met en lui l'être en question (Georges Bataille, l'Érotisme, 1957)>. Cela dit, l'activité sexuelle des hommes n'est pas nécessairement érotique; elle le devient chaque fois qu'elle n'est pas seulement rudimentaire, qu'elle n'est pas simplement animale. Georges Bataille distingue trois formes d'érotisme: l'érotisme des corps, l'érotisme des coeurs et l'érotisme sacré. (Encyclopédie Hachette, p. 1504)". Comme l'épicurisme et au contraire de la pornographie, l'érotisme n'est pas esclave du désir.

Voir Méditation. Intimité. Corps virtuel. Corps virtuel commun. Relation amoureuse. Caresses intérieures. Caresses échangées.

Caresses acceptées, texte. Il s'agit, bien sûr, de caresses données. Mais elles se distinguent des caresses simplement reçues par l'approbation et la participation (guidage, stimulation, réciprocité). Accepter une caresse, c'est admettre sa propre attente. Nous accusons réception de la caresse par la manifestation du plaisir qu'elle nous procure. Cette manifestation, qui est une approbation du désir, est aussi une amplification du plaisir. Elle inclut une prise de conscience qui double l'enregistrement dans la mémoire des informations (en l'occurrence, la mémoire corporelle) par une inscription et par des relations dans la mémoire des connaissances. Accepter une caresse, c'est admettre une relation entre la cause, l'action de l'amant(e), et l'effet, le plaisir de l'aimé(e). Accepter une caresse, c'est nouer une relation avec le partenaire.

Voir Oui. Murmures d'approbation. Mots d'amour. Corpus amoureux commun. Corps virtuel commun. Caresses intérieures. Caresses extérieures. Caresses du désir. Amant.

Caresses de désir, texte. Les caresses du désir tendre se distinguent à la fois des caresses de tendresse et des gestes du désir. Elles en forment la synthèse et le dépassement. Elles expriment et renforcent l'amour puisqu'il contient à la fois le désir et la tendresse. Les luttes de pouvoir sont absentes des caresses du désir tendre. Si positions il peut y avoir, elles relèvent du Kama Sutra et non pas de la hiérarchie sociale.

Caresses du clitoris, texte.

Caresses du pénis, texte.

Caresses échangées, texte. Ensemble des caresses données et des caresses acceptées par les amants dans un comportement coopératif manifestant une approbation du désir par chacun d'eux. Pour chaque amant, faire la relation des caresses reçues (murmures d'approbation) c'est accepter de nouer une relation avec l'autre. C'est chercher à établir, par la verbalisation, par la formulation linguistique, comme sujet de l'énonciation, une relation de sujet à sujet. C'est dépasser une relation de sujet à objet ou un simple rapport d'objet sexuel à objet sexuel. C'est commencer à assumer, si peu que ce soit, la fonction signifiante au lieu de se cantonner l'un dans la fonction guerrière et l'autre dans la fonction productive du repas et du repos du guerrier. C'est sortir de la totalité pour s'ouvrir à la globalité par l'échange.

Voir Moi-peau. Peau d'échange. Peau d'inscription.

Caresses extérieures, texte. Caresses classiques des amants. Caresses données sur la partie de la peau qui délimite la silhouette de l'amant(e) ou du parent. Rapidement mises en pratique, ces caresses données ne sont pas forcément des caresses acceptées. A forte symbolique publique, elles peuvent être données pour le caresseur ou pour le public autant que pour être reçues. La satisfaction esthétique tirée de la beauté de la silhouette peut y jouer un grand rôle. En ethologie, la silhouette est le signal qui distingue les congénères des autres. Les caresses extérieures marquent donc l'appartenance à une entité commune (couple, famille). Elles peuvent être une forme d'appropriation au sens de prise de possession. Même s'il est admis dans la même organisation citadelle, éventuellement très restreinte (couple d'amants), l'individu caressé est encore considéré par le partenaire caressant comme un individu citadelle. Cette reconnaissance de l'appartenance peut même être la motivation ou le mobile de la relation. Silhouette contre appartenance. Ce n'est pas forcément une mésalliance que de faire rentrer une belle pouliche dans le patrimoine familial. Dans la société du spectacle, c'est une autre manière de redorer les blasons. Encore dépendantes de la vision, de l'esthétique, des apparences, de l'appartenance, des normes et des conformismes, les caresses extérieures sont loin d'épuiser la sémiotique corporelle propre au toucher, à l'odorat et au goût. Échangées dans un contexte de profonde intimité et de confiance, elles peuvent aussi être une occasion de développement du moi-peau.

Voir Caresses intérieures. Langage d'amour.

Caresses intérieures, texte. Caresses intimes que se donnent mutuellement les amants. Occasion de faire vivre et d'exprimer l'intériorité corporelle. Les caresses intérieures sont les caresses données sur la partie de la peau qui n'est pas en contact avec le milieu extérieur. Le baiser profond et le coït sont deux des nombreuses caresses intérieures. Mais elles font presque partie des caresses extérieures tant elles furent mises en scène et ritualisées par le cinéma. Dans les véritables caresses intérieures et privées, la satisfaction esthétique ou sociale (possession) tirée de la beauté de la silhouette est absente. Les règles d'hygiène et de propreté apprises dans l'enfance peuvent se montrer propices ou défavorables selon la manière dont elles ont été inculquées ou assimilées (propre ou pur, mouillé ou dégoûtant, odorant ou sale). La sémiotique corporelle du toucher remplace celle de la vue. La géométrie devient beaucoup plus complexe et variable. La beauté intérieure et la sensibilité remplacent la beauté plastique et la fermeté (siliconée). Le goût et l'odorat ne peuvent rester à la porte de la chambre d'amour. Les caresses intérieures sont une acceptation de l'intrusion de l'autre dans l'intimité de la personne. Il y a toujours un instant de basculement entre l'intrusion et la caresse. Le sadomasochisme s'en alimente. Le viol ne pouvant être considéré comme une caresse, les caresses intérieures sont des caresses acceptées. Leur approbation est d'autant plus importante. Encore plus que pour les caresses extérieures, le plaisir ne peut être passager. La caresse intérieure d'aujourd'hui prépare encore plus le plaisir de demain que celui d'aujourd'hui. Loin des stéréotypes, les caresses intérieures n'ont de sens que pour une exploration à deux des intériorités corporelles mutuelles. Elles participent ainsi au renforcement d'un moi-peau par le dialogue confiant avec l'autre, dans des jeux érotiques où l'amour doit admettre que le hasard joue aussi son rôle. Nous ne sommes plus dans la pensée du même et de la reproduction. Nous sommes en plein dans la pensée de la diversité.

Voir Oui. Approbation du désir. Caresses extérieures. Désir mutuel. Désir tendre.

Caresses vaginales, texte.

Échec de la caresse, texte, caresse pouvant conduire à de l'ennui ou même à une douleur.

La notion d'échec de la caresse n'a de sens que dans la technique sexuelle en séduction. Le séducteur n'a pas appliqué correctement sa connaissance des plaisirs d'organes. Ou il connaît mal la géographie de l'objet sexuel sur lequel il pratique sa technique de domination par l'empire des sens.
La notion d'échec de la caresse n'a pas de sens dans l'érotisme amoureux. Dans la relation amoureuse, l'activité principale est l'exploration d'une terra incognita par les amants. La relation sexuelle est mise au service de cette découverte commune dans le plaisir. Au cours de cette exploration, il peut se produire des surprises: jouissances extrêmes ou simplement nouvelles, mais aussi des douleurs accidentelles. Elles font partie du jeu de la découverte. Une douleur accidentelle n'est pas un échec de la caresse, mais la découverte d'une nouvelle zone corporelle. Toutes ne sont pas érogènes, mais toutes peuvent éventuellement le devenir. Rien ne dit que la douleur d'aujourd'hui ne sera pas un plaisir de demain.

Voir Paradoxe de la technique sexuelle en amour.

Esclave du désir, texte. "Le désir est un moteur de créativité, d'épanouissement; en cela, il nous rapproche du bonheur. C'est l'esclavage dans lequel il nous enferme qui nous en éloigne.... Grâce à la purification de l'esprit, à l'ouverture du coeur et à la confiance en la vie que procure la méditation, le méditant associe de moins en moins la recherche du bonheur à la satisfaction de ses désirs. (Manon Arcand, S'initier à la méditation, p. 89)".

Voir Reconnaître nos peurs. Épicurisme. Détachement émotif.

Être humain, texte, être un humain, c'est d'abord être. Expérience de l'être apaisé, la méditation rapproche la culture et la nature. Sa pratique inscrit la réalité dans la conscience de chaque individu. Tandis que la pensée nous pousse à toujours distinguer, couper et séparer, la méditation rappelle que dans "être humain" il y a d'abord le fait d'être. La simple joie d'être est un trésor que chacun de nous peut expérimenter. La joie permet un détachement de l'ego. C'est l'ego, dans ses états de développement partiel, qui nous incite à confondre notre "être" et ce que nous "croyons être". La méditation développe notre ego afin qu'il puisse se détacher de notre image du corps plein. Comme l'amour, elle développe notre corps virtuel, notre personnalité profonde. Située au-delà du plaisir, la méditation nous évite d'être esclave du désir.

L'érotisme, comme exercice d'intersémioticité entre ceux qui sont de véritables amants, est une forme de la méditation (tantrisme). La réunion dans l'amour, le renforcement des sens (sens de la vision, odorat, audition, parole, goût, sens du toucher) les uns par les autres nous rapprochent de la plénitude de l'être.

Fellation, texte, caresses du pénis de l'un par la bouche de l'autre. Sa symbolique et sa valeur érotique sont fortement dépendantes de la relation des partenaires.

Dans la relation sexuelle, si l'homme occupe la position dominante de sujet du désir et impose à une femme passive et soumise celle d'objet sexuel, il est compréhensible que cette pratique sexuelle ne soit pas la "tasse de thé" de celle qui accomplit son devoir conjugal.
Dans la relation amoureuse, lorsque les amants sont des sujets, à égalité de sentiment et de position, la fellation fait partie des caresses intimes les plus satisfaisantes pour les deux partenaires. La femme qui pratique la fellation est en droit d'attendre tant l'orgasme clitoridien que les plus exquises caresses vaginales.
Dans la pédophilie, quand le pédophile (homme adulte) impose à l'enfant (garçon ou fille) de sucer son pénis comme le fruit de l'arbre de la connaissance, qu'il soit la proie d'un fantasme mystique ou pas, il commet le crime pédophile.

Voir Goûter le fruit de l'arbre de la connaissance. Phallus. Signifiant phallus. Le verbe se fait chair.

Mots caressants, texte. Exprimer par des mots les caresses que je viens de donner. Rendre par le regard la caresse que tu viens de me prodiguer. Jamais les amants n'ont l'impression de se répéter. Et ils ont raison. Les mots caressants d'une part, les regards en forme de caresses d'autre part, sont de propices et salutaires exercices d'intersémioticité en amour.

L'intersémioticité est un échange d'informations issues de nos diverses sémiotiques. L'intersémioticité n'est pas une redondance. Elle est rendue nécessaire par nos sémiotiques discontinues. Elle tisse des liens entre les informations, contribuant à les transformer en connaissances. L'intersémioticité approfondit la connaissance des amants. Elle enrichit la relation amoureuse.

Obligation de performance, texte. Ordre reçu ou impérieux appel intérieur à réaliser de véritables exploits (financiers, technologiques, commerciaux, sportifs voire sexuels).

L'obligation de performance régit le monde du travail. Elle résulte d'une vision erronée des activités, en fonction du modèle de la cible et du modèle de l'artefact. Toute activité humaine est alors conçue sur le modèle de l'artefact. Tout s'organise comme s'il s'agissait de produire un objet bien déterminé par un schéma de définition, selon une démarche ressemblant à un processus de fabrication. Or les événements ne se laissent pas définir, manipuler et assembler comme des pièces de Légo.
Par les individus qui vivent dans les deux mondes, l'obligation de performance se transporte souvent dans le monde de l'amour. Elle n'y provoque pas moins de ravages sur la confiance en soi et sur la motivation.

Voir Obligations sexuelles. Désir incertain. Terrorisme de l'orgasme.

Obligations sexuelles, texte. Les obligations sexuelles résultent d'un transport de l'obligation de performance, issue du monde du travail vers le monde de l'amour. Ce transfert s'est effectué dans les années récentes, sous l'influence d'une certaine sexologie d'inspiration techniciste. Celle-ci confond le moyen (orgasme) et la fin (échanges amoureux).

Les obligations sexuelles de performance, comme l'obsession de l'orgasme, témoignent d'une application à l'homme des visions cartésiennes des animaux-machines. Elles témoignent d'une absence totale de tendresse dans les relations sexuelles.
Une voie unique mène à l'orgasme. Elle doit être parcourue le plus rapidement, sans perte de temps sur des organes sans intérêt pour la copulation. Comme c'est le cas avec le clitoris.

Voir Tendre. Désir tendu. Modèle de la cible. Désir incertain.

Paradoxe de la technique sexuelle en amour, texte. La technique sexuelle est une technique au service de la domination ou de la séduction. Elle vise à connaître tous les plaisirs d'organes susceptibles de séduire le partenaire, même et surtout en l'absence de sentiments.

Dans la relation sexuelle, la technique sexuelle fait partie de la stratégie de séduction de chacun des partenaires. C'est ainsi qu'ils rivalisent pour occuper la position dominante de sujet du désir et pour éviter celle d'objet sexuel.
Dans la relation amoureuse, il y a une profonde contradiction à chercher à procurer un plaisir d'organe par la seule technique quand la satisfaction est celle de la présence ou co-présence des deux amants à eux-mêmes. Dans la relation amoureuse, l'activité principale est l'exploration d'une terra incognita par les amants. Ils construisent leur corps virtuel commun en développant la sensibilité du corps virtuel de chacun. La relation sexuelle ne disparaît pas pour autant. Mais elle est mise au service de cette découverte mutuelle et de cette construction commune dans le plaisir. Dans ce cas, la relation de sujet séducteur à objet sexuel n'est plus de mise. Elle doit être dépassée par une relation de confiance, de confidence et de très grande intimité.
Au cours de cette exploration, il peut se produire des surprises: jouissances extrêmes ou simplement nouvelles, mais aussi des douleurs accidentelles. Les surprises, heureuses ou malheureuses, font partie du jeu de la découverte. Une douleur accidentelle n'est pas un échec de la caresse, mais la découverte d'une nouvelle zone corporelle. Toutes les zones ne sont pas érogènes, mais toutes peuvent éventuellement le devenir. Rien ne dit que la douleur d'aujourd'hui ne sera pas un plaisir de demain.
La mémoire corporelle peut garder la trace d'un traumatisme. C'est ce que révèle une douleur accidentellement découverte. Le véritable amant, à la différence du technicien de la séduction, se mettra à la recherche de la cause du traumatisme dans l'espoir d'effacer la souffrance enkystée.
L'échec, si échec il y a, n'est pas dans un défaut de perfection de la technique sexuelle. Il est dans l'oubli que, dans la relation amoureuse, le désir qui cherche à recevoir et procurer du plaisir s'appuie sur la tendresse intemporelle qui cherche à effacer les souffrances (d'hier comme d'aujourd'hui). Dans la relation sexuelle, la tendresse résulte, au mieux, de la satisfaction du désir.

Voir Refuser d'être amoureux. Silence des sentiments.

Plaisir d'organe, texte. Le plaisir d'organe est un plaisir localisé dans un organe, sans faire appel au reste de la personne. Le plaisir pris comme le plaisir donné peuvent n'être que des plaisirs d'organes.

Exemples courants:

(1) la miction ou le fait d'uriner fait du bien par où cela passe. Il n'y a pas besoin d'être amoureux pour cela.
(2) la chaleur des rayons du soleil sur des corps peu vêtus, comme ceux qui jonchent les plages estivales, peut provoquer des plaisirs sur les organes génitaux tant des hommes que des femmes.

Les plaisirs sexuels peuvent n'être que des plaisirs d'organes. Mais ils peuvent être beaucoup plus. C'est surtout le cas dans la relation amoureuse où toute la personnalité (corps virtuel) des amants est impliquée. Il est alors totalement réducteur de ne voir dans le plaisir des caresses échangées qu'un simple plaisir d'organe.

Voir Technique sexuelle en séduction. Paradoxe de la technique sexuelle en amour.

Regard en forme de caresse, texte. Une manière de sortir de l'image du corps plein, due à la construction sociale des corps, principalement par notre sens de la vision, consiste à utiliser le regard à la manière du sens du toucher. Dans la relation amoureuse, un utile exercice d'intersémioticité est de faire des caresses avec le regard. On découvre alors les vertus spécifiques de chaque sens comme outil de communication.

Voir Mots caressants.

Sémiotiques discontinues. Contrairement à une vision euclidienne et simpliste du monde (espace vide, infini, continu, homogène et isotrope recevant des atomes infinitésimaux, durs et insécables) nous connaissons l'Univers par des systèmes de représentation et/ou de signes qui produisent tantôt des modèles tantôt des connaissances, mais de manières différenciées, partielles et discontinues. Nous n'aurons jamais un modèle direct et objectif du monde. C'est pourtant ce que nous le laisse supposer une idée naïve de notre sens de la vision. D'où la nécessité d'une intersémioticité. Nous devons croiser les informations que produisent nos sémiotiques discontinues. Nous le ferons en multipliant les exercices d'intersémioticité.

Voir Regard en forme de caresse. Mots caressants.

Hubert Houdoy

Créé le 15 Octobre 1998

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