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Glossaire
Détaillé, Lettre E, numéro 16
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Glossaire Détaillé, Lettre E, numéro
15
Érotisme et
sacrifice . (a) Georges Bataille (1897-1962) a dressé un
parallèle éclairant entre l’acte sexuel et les
sacrifices humains du monde antique.
(b) Le jeu sexuel
dont parle Bataille est un jeu à somme nulle . Il
n’est pas le seul jeu possible. Quand on fait l’amour, on ne fait
pas forcément la guerre. Mais encore faut-il le faire savoir. La
conception de Bataille concerne particulièrement ce que nous nommons la
séduction ou la joute. Dans la
relation sexuelle , il y a un gagnant, le sujet du
désir et une victime, l’ objet du
désir . Mais cette relation, où ne jouent que
deux désirs, ne se confond pas avec
la relation amoureuse . Dans cette dernière, le
désir se combine à la
tendresse, pour donner l’ amour.
C’est ainsi que sujet et objet ne sont plus des
positions (familiales, sexuelles, institutionnelles ou
sociales) mais des instances présentes chez les deux
amants.
(c) Le caractère limité
n’est pas celui de la nature, du corps biologique dans
toutes ses potentialités. Ce qui est limité, c’est la
silhouette, le corps plein . Par contre, ce
que recherche le sacrificateur ou celui qui prend son plaisir sur le dos ou
plutôt sur le ventre de la femme, est l’éternité, la
durée illimitée.
(d) Ce qui est illimité,
c’est le corps virtuel . Les corps virtuels des amants
ne sont pas pris dans une relation de contenant à
contenu ni dans une relation de conquête de position.
Par contre, l’érotisme des amants a bien comme condition un
dénuement. Le corps plein et la peau
d’inscription sont laissés de côté, en
même temps que les vêtements. Mais il ne s’agit pas
d’un sacrifice. Comme l’ ego dans la
méditation, il laisse la place quand il a rempli sa
fonction.
Voir Narguer la mort .
Don Juan . Pénétration.
Profondeur. Élévation.
Plaisir pris . Détachement de l'ego
.
Érotisme réflexif . L’
érotisme de la relation amoureuse la
plus oblative restera toujours, au moins comme composante, l’
auto-érotisme sans lequel il n’aurait jamais vu
le jour. L’érotisme réflexif est cette augmentation du
désir et du plaisir des amants par le
constat et l’ acceptation mutuels. Le constat du
plaisir donné à l’autre reste un plaisir que l’on se
donne à soi. Et c’est tant mieux. Le donnant-donnant n’a
aucune limite dans le sens du don de tendresse et de plaisir. Seuls les
“saints tristes” pourraient s’en plaindre.
Voir
Désir tendre . Désir mutuel .
Désir constant .
Erotisme
sexuel , texte. L’érotisme
n’est pas la sexualité ni le
plaisir. L’érotisme sexuel est la
particularité de la recherche du plaisir dans la relation
sexuelle . L’érotisme suppose d’être deux.
Non pas pour le nombre des partenaires (l’
auto-stimulation est possible), mais pour l’interaction
et l ’altérité. Or le corps
virtuel est déjà la reconnaissance d’un autre
corps que le corps plein . L’érotisme
échappe donc aux stricts mécanismes de la construction
sociale des corps .
Dans la relation sexuelle,
se déroulent principalement le ballet de deux corps
pleins et une joute pour la reconnaissance .
L’érotisme sexuel tient compte des contraintes de la
domination masculine et de celles de la
séduction féminine . Pourtant la
pensée de la diversité et la relation
amoureuse peuvent en émerger, à l’initiative
d’un des partenaires (Schéhérazade) ou
à la surprise des deux (Marius et Jeannette).
Voir
Erotisme amoureux . Sultan Shahriyar .
Domination comme principe . Domination
masculine . Principe d'intelligibilité .
Types sexuels . Types sexuels masculins .
Types sexuels féminins . Technique sexuelle en
séduction . Chemin de plaisir . Amour
dialogué .
Ésaü.
Personnage biblique. (a) Ésaü, le fils
aîné d’ Isaac, était velu. Une
chanson de carabins est consacrée à ce “roi des barbus,
roi des poilus, roi des velus”.
(b) Son
frère cadet, Jacob, ne l’était pas. Il
lui fallu un plat de lentille et bien d’autres ruses
(peau de bête) pour lui ravir son droit
d’aînesse et la bénédiction
paternelle.
Voir Échelle de Jacob .
Hiérarchie. Ironie de
l’Histoire .
Esclave. (a)
L’esclave (guerrier vaincu, femme capturée, enfant né en
captivité, producteur agricole endetté pour des
générations) n’est pas une exception. Il semble être
dans une situation très courante. Le développement de l’
esclavage se reproduit bien souvent dans l’
Histoire. L’esclave est avant tout victime de la
domination sous sa forme la plus nette et la plus brutale.
L’ exploitation ne fait que traduire certains aspects
économiques de la reproduction de cette domination. Dans la
relation maître-esclave , l’esclave n’est
rien et le maître est tout, pour lui ou à ses yeux. C’est
la recherche de cette situation qui se joue dans la torture ,
du fait du manque de peau du tortionnaire. La
différence entre l’esclave, le serf et le
salarié réside dans le fait que le corps
même de l’esclave appartient au maître. Il peut en faire la
capture, l’élevage, l’acheter, le vendre, le faire
travailler ou le tuer comme un quelconque élément de son
cheptel. Dans l’esclavage, il n’y a aucune
distance. Dans l’état totalitaire et
esclavagiste, le maître comme l’esclave est asservi à la
domination comme principe .
(b) Le domestique (esclave
familial), le serf et le salarié sont en situation de
dépendance. Mais ils ont une relative
propriété de leur corps. Avec le remplacement des
corvées par les redevances en nature
ou en monnaie, bien que restant attaché à la glèbe du
fief, le serf a une certaine initiative dans
l’organisation de son travail. Quand au salarié, il est
responsable de la recherche de son emploi et de la gestion de son
employabilité dans le temps. Ainsi s’accentue la
distance dans les activités. A l’opposé,
les organisations virtuelles sont l’émergence
d’un réseau d’activités
à distance à l’échelle mondiale.
(c)
La Boétie (dans le “Contr’un”),
à moins que ce ne soit Michel de Montaigne lui-même (selon une
thèse récente), a montré la nécessité de la
servitude volontaire pour la perpétuation de la
servitude forcée . Une défaite brutale, une
domination provisoire, c’est perdre une bataille mais ce n’est pas
perdre définitivement la guerre, comme le disait un jeune
général .
(c) Nous sommes tous et toujours, peu
ou prou, esclaves de la division politique du travail et de
la division sexuelle des émotions . L’exemple de
Robinson Crusoé, comme celui de
Waris Dirie , montre que la véritable
libération, celle des hommes, des femmes et des esclaves, exige
d’ assumer les trois fonctions . La crise du travail salarié, malgré son lot
d’ exclusion, n’est peut-être pas la fin du
monde.
Voir Sabines. Esclave du
désir . Marchés d’esclaves .
Supplice des esclaves . Spartacus.
Guerre des Mercenaires . Contagion
démocratique . Salariat. Salariat
sexiste . Salarié chef de famille .
P’tite bonne .
Esclavage. (a) L’esclavage désigne
l’état ou la condition de l' esclave: le
guerrier vaincu, la femme et l’enfant enlevés. On peut le mettre
à mort, le vendre ou le contraindre à travailler pour soi. Ainsi
parle-t-on de l’instauration ou de l’abolition de l'esclavage.
Depuis plus de 4 000 ans, l’esclavage a été la forme la
plus courante et la plus radicale de la division du travail .
Il semble bien que la révolution néolithique
(pierre polie, culture, élevage, villes) soit aussi celle de la
domestication de l’homme par l’homme dans une relation de
hiérarchie. La découverte (1492) et le pillage
de l’Amérique (Auri sacra fames ) se sont
traduits par un renouveau de l’esclavage. A cette époque, il
tendait à disparaître de la
Chrétienté d’Europe où il avait
été remplacé par le servage .
(b) Par métaphore,
l’esclavage désigne l’état de ceux qui sont soumis
à une tyrannie, même s’ils ne sont pas des esclaves.
(c) Dans un sens figuré, l’esclavage désigne une
grande dépendance économique ou psychologique.
Il exprime l’assujettissement de quelqu'un à quelque chose. Le
drogué, quand il ressent le manque, est esclave de sa dope. La
dépendance s’accompagne souvent d’une attitude
irresponsable de contre-dépendance.
(d)
L’esclavage (esclave) et la servitude (serf) sont
d’abord des formes de domination avant d’offrir
des possibilités d’ exploitation
économique (notion floue). L’exploitation ne
fait que résumer les conditions économiques de la reproduction
d’une domination. Dans l’esclavage, le dominé produit les
subsistances du dominant. Mais dans tout système qui se reproduit,
chacun produit des biens et des services pour que d’autres soient
dispensés de les produire. Si on voit là de
l’exploitation, ce mot ne veux plus rien dire. En outre,
l’esclavage, le servage et le salariat ne peuvent pas s’expliquer
par une <<propriété spécifique de la force
de travail de produire plus de valeur qu’elle
n’en a reçu. (Karl Marx )>>. La notion de
plus-value n’est pas un concept
simple. Au cas où elle serait vraiment utile, sa théorie
reste à faire.
(e) L’abolition forcée de
l’esclavage dans les États du Sud
(confédérés), sous la pression de ceux du
“Nord” (Union, salariat industriel de la vieille
Angleterre, travail indépendant rural des pionniers de l’Ouest),
est la cause de la Guerre de Sécession (“Civil War”,
1861-1865) des États-Unis. Dans cette Histoire, le Nord industriel
était surtout protectionniste. Par contre, le Sud des plantations de
coton était libre-échangiste. Il voulait continuer à
exporter son coton en Europe. D’où la valeur symbolique des
accords industriels entre les familles Mayne (Ory) et Hazard (Georges), dans
le roman et le feuilleton télévisé “Le Nord et le
Sud”.
(f) Dans les sociétés primitives, sans
État ou contre l’État (Pierre Clastres, “La
Société contre l’État”), l’esclavage et
la torture se dégagent peu à peu d’une
des formes de l’anthropophagie ou du cannibalisme. Dans
les petits groupes nomades, l’esclave est souvent adopté et
inclus dans le système des alliances matrimoniales.
C’était aussi le cas dans la Rome primitive
(l’enlèvement des Sabines) des agriculteurs. Ce
fut encore le cas de Madame Jemyson, une fille de colons américains
enlevée par des indiens des forêts du Nord.
(g) La grande
propriété esclavagiste (Sumer, Egypte, Perse, Grèce,
Rome, plantations de sucre et de coton aux Amériques, Goulag,
horreur des camps ) n’a rien à voir avec ce
système clanique. Les deux systèmes ont longtemps
cohabité. Entre les deux (domesticité et servitude, parents
pauvres et esclaves), il y a l’État totalitaire.
Celui-ci est guerrier, pillard et esclavagiste (galères, mines de sel).
Entre la servitude volontaire et la servitude forcée,
il y a la domination comme principe . Mais comme principe
exclusif et total.
Cet esclavagisme étatique,
celui des armées romaines de l’Empire s’oppose à
l’esclavage familial de la République. Au V ème
siècle avant Jésus-Christ, Lucius Quinctius Cincinnatus, arbitre
entre les patriciens et les plébéiens, est le
parangon mythique du paysan-citoyen. Sous l’Empire,
chaque légionnaire sert le système étatique totalitaire
dans l’espoir, toujours déçu, de devenir un colon, un
propriétaire et un citoyen de la République. Or celle-ci est
défunte depuis Jules César .
(g) Dans la
Controverse de Valladolid , Bartolomé de Las
Casas (“Histoire des Indes “) s’opposera à
des théories esclavagistes, du type de celle d’Aristote, encore
soutenues par Sépulveda. Selon ce dernier, les
populations indigènes devaient être subjuguées et
réduites à la foi . Le joug est bien
le symbole de cette domestication voire réduction de l’homme
à l’esclavage. Outre le grand Aristote, divulgué par saint
Thomas d’Aquin, Sépulveda pouvait s’appuyer sur l’
Auctoritas de saint Paul. Il disposait encore de la
référence de saint Augustin ,
pour qui l’esclavage est un châtiment de Dieu:
(h) Une autre cause de réduction à
l’esclavage, au sein du même peuple, est l’esclavage pour
dette. Sa cause n’est pas dans l’existence de la
monnaie ou même du prêt à
intérêt. Il est condamné mais pratiqué par
l’Église. <<Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais
!>>. La cause de cet asservissement réside dans un
fétichisme particulier, le fétichisme
de la monnaie . L’argent qui fait des petits, sans avoir
d’odeur, est le symbole de la totalité de la
richesse. Il est la passion privée d’ Harpagon.
Cet esclavage a joué un rôle très important en Chine. Il
est une base solide pour le pouvoir des mandarins, pour l’influence des
marchands et pour le chantage des sociétés secrètes.
(i) L’évolution psychologique
de Robinson Crusoé (ancien esclave, ancien chasseur
d’esclaves) montre que l’analyse de l’esclavage ne peut se
réduire à une analyse économique ou technique. Cette
approche ne fait que masquer ses causes les plus profondes: la
division politique du travail et la division sexuelle
des émotions .
Voir Commerce
triangulaire . Encomienda. Réductions
du Paraguay . Spartacus. Guerre des
Mercenaires . Contagion démocratique .
Capitulations de Santa-Fe . Supplice des
esclaves . Cannibalisme ou exclusion .
Cannibalisme social . Karib ou Kanib .
Karibs ou Arawaks . Vouloir
l’esclavage . Vouloir la peau .
Eunuque. Fourches caudines . Dieu
jaloux . Marchés d’esclaves .
Relation maître-esclave .
Lire
J.-P. Vernant & P. Vidal-Naquet, “Travail et esclavage en
Grèce ancienne”, P.U.F., 1988; G. Boulvert,
“Domestique et fonctionnaire sous le Haut-Empire romain: la condition de
l’affranchi et de l’esclave du prince”, Belles Lettres,
1974; M. C. Chiche, “Hygiène et santé à
bord des navires négriers au XVIIIe siècle”, Paris,
1957; G. Martin, “L’ère des négriers”,
Paris, 1931, “Histoire de l’esclavage dans les colonies
françaises”, P.U.F., 1948, “L’Abolition de
l’esclavage”, P.U.F., 1948.
Esclave
du désir , texte. Tout peut devenir
une drogue, en fonction de l’usage qui en est fait et de
l’attitude dans lequel il est utilisé. Le désir, source de
plaisir et de joie peut aussi être
l’instrument d’une servitude volontaire .
Voir Reconnaître nos peurs .
Épicurisme. Détachement
émotif .
Auteur
Créé le 21 Juin 1999
Modifié le 29 Juillet 1999
Suite
Glossaire Détaillé, Lettre E, numéro
17
Lettre F
Glossaire Détaillé, Lettre
F, numéro 01