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Glossaire Détaillé, Lettre G, numéro 02

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Gaspard des Montagnes . (a) Chef d’oeuvre d’ Henri Pourrat (1887-1959), l’écrivain régionaliste d’Ambert en Auvergne, “Les vaillances, farces et aventures de Gaspard des Montagnes” (de 1922 à 1960) regroupe un ensemble de veillées ou de contes emboîtés les uns dans les autres.

<<C’était, dit la vieille, au temps du grand Napoléon, et quand on commença de faire la guerre en Espagne. Anciennement les Espagnols venaient avec des mules chercher en nos pays les pierres d’évêque, ces pierres violettes qu’on trouve dans les mines du Vernet-la-Varenne. (Gaspard des Montagnes, Henri Pourrat, Première veillée, Première pause)>>.

(b) Le héros, Gaspard, est un paysan originaire de Sumontargues, un hameau près d’Ambert. Bien qu’ayant tiré le mauvais numéro à la conscription et qu’il fut incapable de payer un remplaçant, Gaspard des Montagnes est un rescapé des guerres napoléoniennes. Il sert de fil conducteur à des histoires racontées dans les veillées entre paysans. On y parle de galipote ou de “bêtes à deux dos”. Un énigmatique homme noir a le doigt coupé par la belle Anne-Marie Grange. L’Histoire locale est à peine transposée. Des malandrins font un sort au propriétaire du Moulin à papier de Richard de Bas. Ce lieu, le Col de la Croix, est devenu le Col de la Croix de l’Homme Mort. Gaspard et ses amis, sans 4X4 ni parapente, courent de jas en jasserie. Du Col des Supeyres au Col du Béal, ils escaladent la Grande Roche Bazanne ou Pierre Bazanne (beaucoup plus que basanée mais réellement basaltique) et passent par un Pierre-sur-Haute sans radar ni téléski.

<<Gaspard était natif de Sumontargues, qui est un joli endroit dans les monts du Livradois, à trois lieues d’Ambert, côté du soir. Terroir pauvre et maigre, et difficile, à la rigueur du temps. Là-haut, on pousse la neige huit mois de l’année avec son ventre. Les épaisses maisons de pierre rouge n’ouvrent que sur de petites fenêtres, sous le capuchon de chaume ébourré par le vent. Parmi ses jardinets de choux verts et de framboisiers ceints de leurs parapets, le village est assis en belle vue, bien au-dessus du bourg de Champétières: et sur ces découverts, le grand air court, aussi brillant que l’eau de roche qui saute de partout. (Gaspard des Montagnes, Henri Pourrat, Deuxième veillée, Première pause)>>.

Voir L’Astrée. Henri Pourrat .

Gaston Rébuffat . texte. (a) Gaston Rébuffat (1921-1985), qui est allé des Calanques à Chamonix, est un des rares humains dont la photographie soit partie dans l’espace comme composant d’un message pour d’éventuels êtres pensants capables de nous lire et d’entrer en contact avec la Terre. La photo représente Gaston Rébuffat dans une des positions vertigineuses et photogéniques qu’il affectionnait. Il est debout sur le sommet du “Gendarme du Pic de Roc” et la corde qu’il tient à bout de bras décrit une droite parallèle à la paroi étroite qu’il vient de gravir. Le sens du message est: “Voilà à quoi nous ressemblons, ce que nous aimons et à quoi nous nous occupons”. Une sorte de lettre de motivation. Ne pas s’étonner si un proverbe martien dit un jour: “Tous les terriens sont grands, bruns, dégingandés et portent des pulls jacquard”.

(b) Un certain nombre de “premières” valent à Gaston Rébuffat et à la cordée Terray-Rébuffat, cette célébrité: versant nord-est du col du Caïman (1942), face nord des Pèlerins (1944), Aiguille verte par le Mont Blanc , face nord des Grandes Jorasses (ENSA, 1945, Édouard Frendo), voies, faces ou variantes dans les Drus, le Cervin, la Cima Grande di Lavaredo, l’Eiger. Si Maurice Herzog et Louis Lachenal ont fait de “L’Annapurna, (le) Premier 8000”, le 3 Juin 1950, c’est à la cordée Terray-Rébuffat qu’ils ont dû de connaître le retour douloureux mais triomphal à Paris. Une “putain de crevasse” dans la Vallée Blanche” (Lachenal) et “une putain de pierre” au Gerbier (Terray) ont fait ce qu’un “putain de camion (Renaud)” a fait de Coluche, un souvenir.

(c) Avant d’être tout simplement “celui qui va devant” à la Compagnie des Guides de Chamonix, Gaston Rébuffat a encore fait de belles voies dans l’éperon nord de la Walker et la face nord de l’Eiger (1951). <<Il est mort de sa belle mort>> naturelle.

(d) Dans les Grandes Jorasses où s’illustra Walter Bonatti, Rébuffat faisait preuve d’une confiance globale . Plus tard, un grimpeur mystique rescapé de la drogue y fera montre de cette confiance totale qui peut entraîner la défiance d’un public déjà sensible aux rumeurs, au poids des mots comme au choc des photos. Lire “342 heures dans les Grandes Jorasses” (René Desmaison).

(e) La nécessaire méfiance qui accompagne tout acteur résolu est la corde de rappel qui lui permet de revenir si le passage rocheux s’avère provisoirement infranchissable. Elle est le piolet qui permet de tester préalablement l’épaisseur du pont de neige au-dessus de la crevasse horizontale ou entre les lèvres déversées de la rimaye .

<<Le meilleur alpiniste est un alpiniste vivant. (Conférence, Gaston Rébuffat)>>.

(f) Pour cette raison probablement, s’ajoutant à l’ incertitude d’un exploit non-homologué, Mallory mort en 1924 et retrouvé en 1999 ne sera jamais le vainqueur du Chomolungma. “Les Conquérants de l’Inutile” (Lionel Terray, 1961) ne recherchent pas inutilement la mort. Mais ils l'acceptent comme une éventualité et non pas une certitude quand ils s’engagent dans des voies périlleuses dans lesquelles la difficulté technique (à leur portée) se double d’un danger objectif. Si l’ avalanche de neige est prévisible par la météo, elle est évitable par l’alpiniste averti et matinal. Par contre, la chute de sérac est une bifurcation imprévisible.

(g) L’alpiniste qui fait une confiance totale à la météo, au rocher ou à la glace est un alpiniste mort. D’autant que si “un alpiniste averti en vaut deux”, il sera doublement prudent sur les ponts de neige. Mais celui qui viendrait à développer de la défiance à l’égard de ces trois éléments du paysage montagneux que sont “Glace, neige et roc” (Gaston Rébuffat, 1970) ne serait plus un alpiniste. Il n’aurait plus aucune raison de rechercher “Les Horizons gagnés” (Gaston Rébuffat, 1975).

Voir Pente naturelle . Talus. Vertige. Terrorisme des marchés . Free-climber. Pression atmosphérique .

Théma Thématique, l’Avalanche. Aspects de la mort.

Texte Discussion sur les Avalanches.

Gastrula. Terme de biologie. (a) La gastrula (du latin <gaster>, estomac) est le troisième état caractéristique du développement de l’oeuf humain en embryon. L’ énergie nécessaire à ces transformations est fournie par les aliments de la mère transmis dans l’ utérus par le plasma sanguin de la muqueuse.

(b) La gastrula est un développement (multiplication du nombre des cellules animales par la division cellulaire de chacune d’elles) de la blastula (“germe”, petite sphère creuse), elle-même issue de la morula (“petite mûre”, petite boule pleine).

(c) Cette croissance quantitative s’accompagne d’une transformation (changement de forme) structurelle. Les cellules migrent (mouvement biologique ) de manière concertée. L’intérieur de la sphère étant vide, un des pôles de la sphère s’envagine (forme un vagin) dans l’autre. Imaginez un ballon de football dégonflé dans lequel on continue à donner des coups de pieds. La sphère devient une coupe (durement gagnée). Quand la gastrula, dont la forme externe ressemble à l’estomac (gaster) qui lui donne son nom, a fini de s’envaginer intérieurement, le premier milieu interne devient véritablement un fluide tissulaire . La paroi de la gastrula est double. Un nouveau milieu interne se forme. De nouvelles osmoses se développent. Les cellules des tissus externes et des tissus internes peuvent se différencier.

(d) Le stade de la gastrula se termine quand la multiplication des cellules, la division cellulaire et la différenciation des tissus aboutissent aux trois feuillets germinatifs . Ces tissus en feuillets sont les germes des grands systèmes biologiques du corps humain.

Voir Cellule biologique . Organisme. Gastrulation. Invagination. Diblastiques. Triblastiques .

Gastrulation. Terme de biologie. (a) Transformation de la blastula en gastrula par des multiplications et des migrations cellulaires complexes aboutissant à la formation d’une cavité destinée à fournir l’intestin primitif.

(b) Dans le cas le plus simple (oursin et amphioxus), la gastrulation consiste en une invagination ou embolie d’un pôle de la blastula dans l’autre. La cavité de segmentation, ou blastocoele, devient une cavité virtuelle. L’ archenteron ou intestin primitif forme une autre cavité, tapissée par l’ endoderme. L’archenteron débouche sur l’extérieur par le blastopore.

(d) Chez les Vertébrés supérieurs, des cellules de la blastula migrent dans le blastocoele. C’est le procédé de l’immigration.

Gâteau. (a) Sens du goût . Un gâteau est une pâtisserie à base de farine, de beurre, d'oeufs et de sucre. Un gâteau se déguste et se partage en famille. Pour celui qui a la charge de découper le gâteau, il est important d’avoir le “compas dans l’oeil”. Mais c’est tout de même plus simple que d’ avoir maille à partir .

(b) Généralisation intersémiotique au sens de la vision . Un gâteau peut-être tout objet qui a la forme plus ou moins ronde d'un gâteau. Ce peut-être un gâteau de miel, dans son emballage naturel de cire, dont l’ours est si friand. Ce peut être un gâteau de sable, à côté de votre château de sable. D’où les diagrammes en gâteau ou en tarte (pie). Mais les Normands, et les Français avec eux, ne partagent que des camemberts.
(c) Langage quotidien . <C'est du gâteau> ou < c’est de la tarte > signifie que la chose est facile à réaliser. D’autant qu’une “tarte” comme celle que portent les chasseurs alpins est de bonne taille. On peut donc tailler dedans. En effet, il est plus facile de découper un gâteau que de couper une pièce de monnaie. C’est pourquoi il est si désagréable d’ avoir maille à partir . Sous prétexte que c’est du gâteau et à propos de miel, n’en profitez pas pour vendre la peau de l’ours avant de l’avoir photographié (l’ours des Pyrénées est une espèce protégée).
(d) Théorie des Jeux . Le gâteau est le symbole des jeux à somme nulle . La locution <se partager le gâteau> signifie que les convives de la table des riches se partagent les profits d'une affaire juteuse. C’est le principe de la coalition ou du cartel: on maximise les profits joints avant des les répartir au prorata des apports ou des parts de marché initiales. Mais cette une institution qui définit d’abord qui sont les convives qui peuvent partager le gâteau. C’est tout le rôle d’ exclusion de la différence institutionnelle .

Voir Captation visuelle du désir . Captation gustative du désir .

Gâter. (a) Pourrir.Le gel ou la pluie peuvent gâter une récolte en provoquant son pourrissement sur pied.

(b) Gâter signifie plus généralement abîmer ou endommager. Le sucre contenu dans les gâteaux et les bonbons des enfants gâtés est exactement le même que le sucre qui gâte les dents.
(c) Gâter est aussi synonyme de gâcher. Il a tout gâché à force de trop gâter certains invités au détriment des autres.
(d) Un papa-gâteau est connu pour gâter ses enfants à force de les combler de cadeaux, de gâteries, de mille choses agréables ou même tout simplement parce qu’il les traite avec trop grande indulgence.
(e) Dans une entreprise ou une association de malfaiteurs, les choses se gâtent quand il est question de partir ou de partager le gâteau.

Voir Avoir maille à partir .

Gâterie. (a) Une gâterie est une indulgence (facilité à pardonner ou à excuser) excessive d’une personne un peu gâteuse ou vraiment gaga.

(b) Petit présent ou friandise que l’on offre pour se concilier les bonnes grâces de quelqu’un ou pour se faire pardonner.

Voir Gâter. Gâteau. Plaisir solitaire .

Gauvain, ou Gawain, texte. (a) Personnage récurrent des romans arthuriens, dont ceux de Chrétien de Troyes (vers 1135- vers 1183). Il apparaît avec le texte latin de Robert de Torigny (abbé du Mont-Saint-Michel, 1154-1184), “Naissance de Gauvain, neveu d’Arthur”.

(b) Gauvain, fils de Loth roi de Norvège et d’Anne soeur du roi Arthur est un chevalier de naissance (par le sang reçu), de nature (force de la nature, surtout à midi, son cheval s’appelle “Gringalet”) et d’ institution (la fidélité prouvée par le sang versé). Il est un homme en place, un homme à sa place dans un monde de positions.

(c) Gauvain se différencie des chevaliers errants de la quête (Lancelot, Yvain, Perceval). Quête romancée du Graal (sang du Christ ou règles de la Vierge) et quête réelle du fief par le ministérial (Hartmann von Aue). Les deux quêtes passent par la dame qui est la femme, l’ épouse, du suzerain.

(d) Keu est l’opposé de Gauvain. D’une témérité excessive, Keu est un “moi-je” ou un “moi-d’abord” qui ne respecte rien ni personne. Tandis que la tradition galloise en fait un grand héros, Chrétien de Troyes le ridiculise volontiers. Hostile aux largesses du roi, aux dames, à la courtoisie, à la galanterie et à la camaraderie, Keu veut relever seul tous les défis des Chevaliers de la Table Ronde. D’où des méprises. Dans “Le Chevalier au lion”, quand il s’attaque à la fontaine magique, Yvain le renverse au premier affrontement. Keu échoue partout où Gauvain réussit.

Voir Minnesang. Vasselage d’amour . Navette . Jocaste. Domination. Séduction. Biens de luxe . Spectacle social . Palsembleu. Tenure féodale .

GéGé. texte. (a) GéGé est la prononciation des initiales G.G. pour Germain Giroud, le fondateur des établissements éponymes. Entre les années 1950 et 1976, les usines GéGé de Moingt , les ateliers de Saint-Clément et autres lieux produisaient des fusils à fléchettes, des voitures électriques à commande (conçues sans CAO par Monsieur Grumbach) et de merveilleuses poupées. Celles-ci furent dessinées par Monsieur Sceu. Elles étaient habillées par Madame Giroud.

(b) Les établissement GéGé ont joué en grand rôle dans la régulation de l’exode rural des Monts-du-Forez. De nombreuses filles qui auraient été “placées” dans une ferme ou dans une maison bourgeoise, comme au début du siècle, sont devenues ouvrières “chez Gégé à Moingt“ ou secrétaires “à Pagnon”. Par la suite, peu d’entre elles ont épousé des agriculteurs. De nombreux paysans-travailleurs ont maintenu une exploitation agricole en étant gardiens de nuit ou chauffeurs entre les usines de Moingt et les entrepôts du Moulin Pagnon à Montbrison. Certains allaient “faire l’ouvrier” et jeter leur gourme à la ville avant de reprendre l’exploitation des mains d’un père jugé parfois autoritaire. D’autres travaillaient le bois, dans les ateliers de Saint-Clément-de-Vallorgue (près de Saint-Anthème), dans les scieries de Roche-en-Forez ou de Sauvain. Ils alimentaient les crosses des fusils et les flèches à ventouses. Ils fournissaient aussi des ébauches, pour les pièces de menuiserie industrielle, à GéGé-Sièges. Cette fabrication de sièges et de petits meubles était située près du couvent des Clarisses. Une noria de camions, à lettres GéGé d’or sur fond bleu, faisait le tour des boulevards, sous les remparts ou entre les platanes de La Madeleine. A la Gare SNCF de Montbrison, au bout de l’Avenue Alsace-Lorraine, la manutention des cartons de jouets, en partance pour les petits détaillants de toute la France, animait une zone de la gare maintenant occupée par des entreprises de création et de services. Les plus belles poupées se trouvaient dans la vitrine du magasin de jouets de Monsieur le Maire de Montbrison.

Auteur

Hubert Houdoy

Créé le 15 Novembre 1997

Modifié le 20 Août 1999

Suite

Glossaire Détaillé, Lettre G, numéro 03

Lettre H

Glossaire Détaillé, Lettre H, numéro 01

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Mise à jour: 16/07/2003