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Glossaire Détaillé, Lettre L, numéro 14




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Glossaire Détaillé, Lettre L, numéro 13





Lecteur modèle . Le lecteur modèle est l’ image mentale du lecteur et de son interprétation que l’auteur d’une oeuvre, principalement de suspens (Agatha Christie, Usual Suspects ) produit dans sa tête en même temps que l’histoire qu’il lui raconte.

Voir Deus ex machina .


Lecteurs fidèles (du R.A.D.), texte. (a) Les lecteurs fidèles sont les lecteurs du R.A.D. qui viennent régulièrement trouver les nouveautés sur Quoi de neuf ?. Ils accèdent ainsi aux annonces amicales , aux bonnes nouvelles , aux nouveaux textes et aux fichiers de nouveautés du glossaire contenant toutes les nouvelles définitions de termes du R.A.D. .

(b) C’est pour favoriser (ou ne pas pénaliser) nos fidèles lecteurs que nous avons adopté le double principe de la mise à jour ordinaire des textes du R.A.D. et de la mise à jour générale du glossaire .

Voir Regroupement thématique . Chapitres du R.A.D. . Cycle.


Lector in fabula . (a) Dans “Lector in fabula” (1979), Umberto Eco (né en 1932) étudie les relations entre un texte et son contexte, mais aussi entre l’ intention de l’auteur et les interprétations possibles du lecteur.

(b) Dans “L’Oeuvre ouverte” (1962), Eco indiquait que l’oeuvre d’art est ouverte à une infinité d’interprétations. Pourtant, dans “Lector in fabula”, le sémiologue et romancier italien (“ Le Nom de la Rose ” (1980), “Le Pendule de Foucault”) montre qu’une “collaboration interprétative” se joue entre l’auteur et le lecteur.

(c) Même si “le sens appartient toujours au lecteur”, toutes les interprétations ne sont pas également possibles. L’auteur ne produit pas seulement le texte de l’oeuvre. Il produit aussi une hypothèse sur la compétence linguistique et la compétence interprétative du lecteur. L’oeuvre est donc écrite pour un lecteur modèle que l’auteur produit et introduit plus ou moins dans son texte. C’est ainsi que les qualités des personnages, indiquées lors de leur première présentation dans le texte, ne peuvent être changées au cours de l’énigme. Quand on dit “André, le mari de Jacqueline”, il n’est plus possible d’en faire son fils ou son frère. Sauf dans Oedipe ou dans les mauvaises pièces du théâtre baroque et du seria opera où l’on découvre une cicatrice prouvant la royauté de la souillon.

Voir Deus ex machina . Usual Suspects .


Lee Whorf . texte. (a) Benjamin Lee Whorf (1897-1941) est avec Edward Sapir (1884-1939) le co-auteur de la théorie du déterminisme linguistique . Inspecteur d’une compagnie d’assurance contre l’incendie de Hartford, il fut aussi un amateur de langues indiennes et, à ce titre, étudiant de Sapir à Yale. Il expliquait la fréquence de certains accidents par la sous-estimation du danger par les ouvriers. Cette sous-estimation pouvait se manifester dans leur vocabulaire. Un ouvrier jette un mégot de cigarette dans un tonneau “vide”. Le tonneau explose, prouvant qu’il était “plein” de vapeurs explosives. Au lieu de découvrir la nécessité de l’ intersémioticité (par exemple entre le toucher, la vision et le langage), Benjamin Lee Whorf conclut un peu rapidement à un déterminisme linguistique qu’il exprime ainsi:

(b) Les langues construisent le monde en même temps qu’elles le décrivent. Un signifiant ne renvoie à un signifié qu’à travers tout le système de signes de la langue naturelle concernée. Mais l’ouvrier pense <vide> avant de dire <vide>. Et c’est la pensée, plus que le mot, qui est responsable de l’accident. Or Benjamin Lee Whorf identifie la pensée Apache à la langue Apache. Dans le cas ci-dessus, la dialectique du plein et du vide , qui seule provoque les associations: couteau = pointu = masculin = agressif = dangereux et tonneau = creux = vide = féminin = inactif = sans danger = à remplir, est beaucoup plus impliquée que les différences entre le mentalais, les langues indo-européennes et les langues Apache ou Hopi de l’Arizona. Roman Jakobson, dans ses “Essais de linguistique générale”, en 1963, a montré que les langues naturelles ont des contraintes dont chaque peuple sait aussi utiliser la plasticité. La pesanteur nous permet de construire des murs comme la résistance de l’air permet à l’oiseau de voler.

(c) Dans “Language Thought and Reality”, en 1956, Benjamin Lee Whorf a inféré de ce que les indiens Hopi, un peuple Pueblo pacifique et religieux mais sans prêtres, pratiquant le tissage et la vannerie, qui utilise une langue shoshone de la famille uto-aztèque, ne parlaient pas du temps (qui passe) comme nous pour conclure qu’ils n’avaient pas la notion du temps.

(d) Or l’anthropologue Ekkehart Malotki (“Hopi time: a Linguistic Analysis of Temporal Concepts in the Hopi Language”, Mouton, Berlin, 1983) a montré que <<la langue Hopi possède des temps chronologiques, des métaphores pour les indications de temps, des unités de temps (comprenant les jours, des nombres de jours, les parties du jour, hier et demain, les jours de la semaine, les semaines, les mois, les phases lunaires, les saisons et l’année), des moyens pour compter les unités de temps et des mots comme “ancien”, “rapide”, “longtemps” et “fini” (Steven Pinker, “L’instinct du langage”)>>.

(e) Il nous suffit de montrer que le problème soulevé par Lee Whorf, loin d’être résolu par lui, suffit à invalider la conception du simple reflet marxiste , dans sa formulation léniniste:

Voir La femme n’est qu’un vase .


Légitimité externe , texte. La légitimité externe est une manifestation de la domination comme principe là où l’on voudrait que tout puisse se légitimer par une efficacité ou une normalité naturelle.

Voir Principe d’organisation . Organisation réelle .

Théma Thématique, Prescription. Thématique, Modernité.


Légitimité interne , texte,

Voir Motivation. Perte de la motivation . Mobbing. Bizutage. Harcèlements. Énergie disponible pour l’action .

Théma Thématique, Prescription.


Léonin. (a) Relatif au lion. Une crinière léonine est une crinière de lion ou une chevelure digne d’un lion.

(b) Un contrat léonin est un contrat dont le rédacteur, qui le propose ensuite, se réserve la part du lion, la plus grosse part.

(c) Maître Albert de Léonin (magister Leo ou Leoninus, de la seconde moitié XII ème siècle) est un compositeur de chant polyphonique de l’École de Notre-Dame de Paris. Auteur d’un “Magnus liber organi”, cet organiste ne jouait pas de l’orgue mais composait des organa. Il eut des disciples venus de toute l’Europe, diffusant ainsi l’ Ars Antica . Les deux voix chantées (organum et déchant) commencent à prendre des libertés l’une par rapport à l’autre, s’éloignant et se rapprochant comme dans une joute amoureuse (inconsciente, bien sûr). Le duplum de Léonin sera transformé en triplum puis en quadruplum par Pérotin-le-Grand.

Voir Primam partem tollo . Le lion . Métaphore. Organum. Le ballet . Chez Perrotin .


Les anges n’ont pas de sexe . Religion chrétienne.

(a) Le Moyen-âge a connu de longs débats stériles sur le sexe des anges . Toute dispute sur le sexe des anges est sans intérêt: les anges n’ont pas de sexe.

(b) La Sainte Trinité dont tout procède, est une trinité (Père, Fils, Esprit Saint) sans sexualité. S’agissant de la sainte famille , la présence de la sexualité (le ou les frères du Christ) est discutée entre catholiques et protestants.

(c) Le plaisir tiré de l’usage du sexe est un plaisir coupable. C’est un péché, le péché de chair, le péché originel , celui d’ Adam et Eve . Il est la définition de la culpabilité d’Eve .

(d) Il est fondamental que les anges (à la différence des Muses) n’aient pas de sexe. Sinon, l’ ange du Seigneur qui a annoncé à la Vierge Marie qu’elle serait la mère du Sauveur serait soupçonné d’être le père de celui-ci.

(e) Il est probable que tout amour qui se veut amour sans être amour charne l soit condamné à ne pas être amour du tout. C’est le cas de l’amour divin d’un dieu jaloux . C’est aussi le cas de la violence et de l’ amour mystique qui cherchent dangereusement une profondeur au-delà de la peau.

Voir Les muses ont des ailes . Les anges ont des ailes. Les muses ont un sexe. Opération du Saint-Esprit . Immaculée Conception . Jésus-Christ. Les deux trinités . Le sexe et la mort . Éternité.


Les anges ont des ailes . Religion chrétienne.

(a) Les anges ont des ailes parce qu’ils sont les homologues des Muses. En utilisant l’ échelle de Jacob , ils apportent les messages divins comme une inspiration .

(b) Mais les anges n’ont pas de sexe , car contrairement aux muses, ils ne peuvent faire l’amour ni avec le Dieu unique ni avec les humains. Tandis que Les Muses sont des nymphes voire des nymphomanes.

Voir Les idées ont des ailes . Les muses ont des ailes . Les muses ont un sexe . Sexe des anges . Hypothétiques ancêtres féminines . Sainte Trinité . La Création .


Les Chambons . texte. (a) Dans les Monts du Forez , la confluence du Vizézy qui descend de la Grande Pierre Bazanne (1394 mètres) et de son premier tributaire, le ruisseau de Goutte Fière qui descend de la Roche Gourgon (1420 m), s’effectue à l’altitude de 1072 mètres, dans une série de pâturages d’altitude nommés <les Chambons>.

(b) Aujourd’hui, une route goudronnée, celle qui dessert les Jasseries de Garnier , puis un chemin de terre qui traverse le ruisseau de Goutte Fière au-dessus d’une barre rocheuse , mènent les voitures jusqu’au premier jas des Chambons. Au bord du chemin, sur un bief ou béal, une petite vanne de bois ouvre ou ferme une canalisation menant à l’intérieur du bâtiment. Laissons Henri Pourrat nous parler du nettoyage herculéen des jasseries.

(c) Dans un passé récent, la montée se faisait à pied ou en chariot par des chemins forestiers. Les pierres de ces chemins furent usées par les fers des roues des chariots comme par ceux des boeufs reliés en paire par le joug. Ces chemins creux, que les tracteurs forestiers d’aujourd’hui trouvent bien étroits, nous laissent une trace des voies de la colonisation de cette montagne. Un chemin, qui n’est plus toujours praticable de nos jours, monte de l’ancien moulin banal du lieu-dit les Massons . Il passe entre “le Supt” et “les Cognères”. Il monte dans les bois sur la rive droite du Vizézy. Les nombreuses prairies boisées ou les bois herbeux témoignent de l’alternance des essarts et des envahissements forestiers au cours de l’ Histoire. Avant d’arriver au premier jas des Chambons, le chemin traverse le Vizézy à gué. Juste avant le gué, le chemin traverse, sur des dalles, le bief sui alimentait un moulin à brut.

(d) Au XIX ème siècle, dans une période de défrichements, stimulés par l’abolition des droits féodaux, l’élargissement de la propriété privée et la vente des biens du clergé, le haut vallon du Vizézy a fait l’objet d’une mise en culture comme en témoigne la ruine du plus élevé des moulins du Vizézy . A l’altitude de 1072 m, il desservait les Chambons alentours, Glizieux au-dessus et peut-être les Cognères en-dessous. Ce moulin de brut produisait une farine grossière pour l’alimentation du bétail. Quelques pierres donnent une idée de sa taille et de sa disposition. Entre les fraisiers sauvages, une pierre porte encore l’anneau de fer pour l’attache de la mule du meunier. Le bief qui l’alimente est encore visible. Sa prise est juste en amont du gué du Vizézy. Il reste au-dessus du Vizézy, à l’altitude 1072 m environ. Puis, à l’aplomb du bâtiment, il alimentait la chute qui faisait tourner la meule du moulin. L’eau n’était pas perdue. Au lieu de rejoindre le Vizézy au plus vite, elle partait, presque à l’horizontale, dans un béal d’irrigation ou d’évacuation, irriguer les près et les champs de l’époque. Le promeneur attentif remarquera que le béal se poursuit au-delà du moulin. En effet, le béal d’alimentation allait capter le flot d’un autre tributaire du Vizézy, venu de Glizieux, mais que la carte I.G.N. ne mentionne pas. Aujourd’hui, ce tributaire anonyme inonde sur quelques mètres le chemin qui monte des Cognères, avant de se jeter près de l’ île du Vizézy .

(e) La première grange, en remontant les Chambons, est construite sur une barrière de granite qui bloqua un temps le cours du ruisseau de Goutte Fière. Des blocs granitiques, à droite et à gauche du ruisseau, gardent la trace de cet épisode de l’ érosion hydraulique . Tant que le ruisseau butait contre la barrière rocheuse, il déposait ses alluvions à son amont, calmant l’érosion en ces points. On estime que dans nos régions tempérées, il faudrait 300 000 ans pour transformer entièrement un mètre cube de granite en argile, par la seule érosion chimique. En attendant, le ruisseau dévalait la barre en une cascade dont la base formait une marmite. Il sapait la roche par le bas. Nous en avons un exemple à la cascade de Chorsin . Dès que le ruisseau a réussi à traverser la barre rocheuse, la relation entre érosion et sédimentation s’inverse. Le ruisseau de Goutte Fière ne dépose plus d’alluvions en amont. Il creuse et entraîne ses anciens alluvions dans la pente. Il relance l’érosion en amont. Il déblaye en aval.

(f) Ce lieu de confluence montre l’influence de la dénivellation sur l’érosion. En effet, quand le ruisseau de Goutte Fière creuse péniblement sa barre rocheuse, le Vizézy coule déjà plus bas que lui. Les pentes du vallon des Chambons, dont les vaches broutent l’herbe en été, manifestent ce phénomène. Entre la barre rocheuse (de 1130 à 1110 mètres) et le point de confluence (1072 m) le cours du ruisseau de Goutte Fière bifurque vers le sud. Il tombe littéralement dans des pentes creusées par le Vizézy. En amont de ce point, entre le ruisseau de Chorsin et le Vizézy, de la Roche Gourgon (1420 m) à la cote 1266 mètres, le ruisseau de Goutte Fière coulait du Sud au Nord, comme s’il ignorait la catastrophe géologique de l’effondrement de la Plaine du Forez , à la fin du Westphalien, qui orientait la ligne de plus grande pente dans le sens Ouest-Est, de la Roche Gourgon à Montbrison. Autrement dit, c’est le Vizézy qui est venu chercher le ruisseau de Goutte Fière pour lui indiquer une voie de sortie plus longue mais beaucoup plus rapide vers l’Océan qu’il cherchait à l’aveuglette.

Voir Grange de Drayard . Travaux d’Héraclès .





* Auteur


Hubert Houdoy



Créé le 12 Juillet 1999

Modifié le 1 er Octobre 1999





* Suite



Glossaire Détaillé, Lettre L, numéro 15




Lettre M


Glossaire Détaillé, Lettre M, numéro 01


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Mise à jour: 24/12/1999