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Glossaire Détaillé, Lettre M, numéro 22

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Glossaire Détaillé, Lettre M, numéro 21

Moulin à brut . texte. (a) Un moulin à brut est un moulin fabriquant une farine grossière. Cette farine brute était généralement destinée à l’alimentation du bétail.

(b) On ne pouvait pas demander plus à des installations rudimentaires comme les premiers moulins du Vizézy . D’une part, le débit du ruisseau était trop irrégulier pour une exploitation régulière. D’autre part, les cultures étaient peu abondantes en altitude (1072 m). Il s’agissait de céréales grossières à farine non panifiable. Enfin, taillées dans la roche locale, les pierres elles-mêmes (meule dormante et meule roulante) étaient trop grossières.

(c) Les moulins à farine, pour le pain des humains, utilisaient des pierres de meules importées parfois d’assez loin.

Moulin comtal . texte. (a) Le moulin comtal est un moulin à eau qui appartenait aux Comtes de Forez . Il faisait partie du système des banalités quand les redevances en nature (partie transformée de la récolte) ont remplacé les corvées des serfs pour l’aménagement, la mise en culture et l’exploitation régulière des terres des seigneurs.

(b) Historiquement parlant, un des premiers moulins du Vizézy a pu être le moulin comtal du lieu-dit les Massons . La prise d’eau de son béal se situe au sortir de la barre rocheuse nommée “la rivière” sous la ferme des Cognères. Le bâtiment actuel a pu être précédé par d’autres, soit sur le même site, soit en contrebas. En aval du moulin actuel, daté de 1575, un très long béal d’alimentation dessert plusieurs moulins jusqu’à la confluence du ruisseau de Vernay et du Vizézy. Cette longueur tranche avec celle des moulins privés du XIX ème. Il fallait du temps et des groupes humains importants.

(c) Le choix des sites, dans des barres rocheuses ou des chaos de rochers, laisse penser que les fondateurs avaient le sens de la durée, comme les monastères. D’autres éléments suggèrent qu’ils avaient l’autorité des Comtes pour requérir les corvées des serfs. En outre, comme à Notre-Dame de l’Hermitage , la symbolique des lieux et celle de leur transformation témoignent de la volonté des moines d’apporter leur part à La Création de l’ ordre divin dans le chaos naturel. Ils voulaient faire de ce lieu sauvage une terre chrétienne.

(d) De Fraisse jusqu’au Vizézy, les anciennes terrasses de cultures sont encore visibles. Mais, sur l’autre versant, du Vizézy à Néel, dans l’actuelle forêt de hêtres, les terrasses sont encore apparentes pour un oeil attentif. Ces premiers moulins ont du participer au dispositif de colonisation de la montagne jusqu’à Pierre-sur-Haute. C’est en effet à partir de Roche-en-Forez, près du château comtal de Fraisse (actuelle chapelle en ruine), que les essarts se sont développés, grâce aux moines de l’abbaye de La Bénisson-Dieu . Et c’est la que sont nées la fourme et le mot fromage.

Moulin Richard de Bas . texte. (a) Au pays d’ Ambert, l’épopée des moulins à eau est beaucoup plus ancienne que celle des moulins du Vizézy (1789-1914), mais beaucoup moins ancienne que les Croisades auxquelles une légende les rattache. Précédés par des moulins à farine, à foulons et de tanneries, en plein millénarisme, suivis par des moulins à aiguiser (à Thiers au XIII ème siècle), les premiers moulins à papier d’Ambert ne sont mentionnés par des textes (la preuve des historiens) qu’en 1462.

(b) A partir de cette date, la qualité des eaux, les pentes des ruisseaux de Batifol, de Grandrif et de Valleyres descendus du horst forézien , l’esprit industrieux, le débouché des imprimeries lyonnaises ou toulousaines, les monopoles féodaux et les secrets de fabrique feront la fortune de plusieurs dynasties de maîtres papetiers.

(c) Dans le Val de Lagat, le Musée Historique du Papier et le Moulin Richard de Bas font connaître l’Histoire du papier (venu de Chine) et maintiennent la tradition des tours de main. Vous verrez comment le papier est produit à la feuille à partir d’une pâte de chiffons. Collectés par tout un réseau de chiffonniers, ils sont remis à l’état de fibres par les maillets de bois des moulins.

(d) Aujourd’hui, les bois des forêts remplacent les chiffons des <<pataires>>, les collecteurs de <<pattes>>, un terme local pour les morceaux de tissus usagés. Tout comme les scieurs de long auxquels rend hommage le musée d’ Usson-en-Forez, nombreux étaient ceux qui, de Saint-Amant-Roche-Savine ou d’ailleurs, partaient faire le <<peillarot>>. Ils ramassaient les <<peilles>>, les chiffons. Ils achetaient aussi les peaux de lapins, pour d’autres industries et d’autres moulins. Il en allait de même pour les colporteurs de l’Oisans. Ce sont d’ anciens exemples d’ activités en réseau et à distance .

Voir Fouont-que-Parce. Col des Pradeaux . Vallée glaciaire .

Texte Le Forez en définitions.

Mourir pour des idées . (a) Mourir pour des idées, c’est le choix du martyre pour soi ou le culte des martyrs pour les autres.

• (b) <<Mourir pour des idées, l’idée est excellente. Moi, j’ai failli mourir pour ne l’avoir pas eu. Car tous ceux qui l’avaient, multitude accablante, en hurlant à la mort, me sont tombés dessus (...) Mourrons pour des idées, d’accord, mais de mort lente. Car s’il est une chose amère, désolante, en rendant l’âme à Dieu, c’est bien de constater qu’on a fait fausse route, qu’on s’est trompé d’idée. (Mourir pour des idées, Georges Brassens)>>.
  
• (c) Combinée avec un besoin de reconnaissance et l’espoir d’une justice immanente , l’intolérable idée de la défaite définitive est à l’origine de la croyance en une vie éternelle . Plus les institutions de la domination cherchent à instaurer un ordre irréversible (esclavage, domination masculine ), plus l’espoir populaire ou l’espérance restée au fond de la boîte de Pandore sont investis dans la possibilité d’un jeu de suite malgré la mort du vaincu et de la dominée. Historiquement, l’idée de la vie éternelle est contemporaine de la sanglante révolte des Maccabées en Judée. Un peu plus tard, l’Italie romaine a connu la révolte des esclaves dirigée par Spartacus. Tout ceci a préparé l’expansion du christianisme avec la crise de l’esclavage provoqué par la pression démographique des peuples nomades (les grandes invasions).
  
• (d) Cette croyance populaire est vite récupérée par les institutions. Dans un système de domination, c’est tout l’art des prêtres que d’offrir à la fois une justification temporelle au pouvoir des guerriers dans cette vallée de larmes et la possibilité d’une vie éternelle pour le travailleur dominé et la femme soumise .
  

Voir Division politique du travail . Idéalisme. Donnant-donnant.

Mouvement.

Théma Thématique des Mouvements dans la Société

Mouvement des femmes , (= Touraine), texte. Le mouvement des femmes remet en cause non pas toute possibilité d’idée universelle, mais une certaine projection masculine de l’universalité. Sans le mouvement des femmes, ni la misogynie de Karl Marx , ni la psychanalyse historique d’un Freud misogyne n’auraient trouvé la motivation suffisante pour leur salutaire critique.

• <<Le mouvement des femmes fait découvrir que la femme est un Sujet et donc que le Sujet est sexué et ne peut plus être appelé Homme parce qu’il est, séparément et à égalité, homme ou femme; mais, au nom de sa lutte contre la domination masculine , il cherche aussi à effacer le “genre”, c’est-à-dire les rôles sociaux identifiés à un sexe, au nom d’une société où régnerait une égalité qui effacerait les différences naturelles pour ne donner à chacun qu’en proportion de son talent et, plus concrètement, de son utilité sociale (p. 136)>>.
  

Voir Domination comme principe . Épouse. Fille. Mère. La femme n’est qu’un vase . Sexe masculin . Sexe de l’homme . Sexe féminin . Sexe de la femme .

Mouvement perpétuel en économie , texte. Bien que le mouvement perpétuel soit impossible en physique du fait de l’entropie, beaucoup d’économistes semblent l’ignorer, même parmi ceux qui ont écrit après le Principe de Carnot .

• Le concept de valeur ajoutée est hélas un concept creux car il pose bien la différence entre le coût salarial inhérent à la production de toute marchandise (bien ou service) et l’ utilité d’appropriation qu’en retire le destinataire du bien ou du service. Mais ce qu’il faudrait mesurer, quand on parle d’augmentation de richesses ou de valeur ajoutée, c’est l’écart positif entre l’utilité et le coût payé pour l’obtenir. La différence entre la valeur d’usage et la valeur d’échange .
  
• Ce problème était déjà posé par Adam Smith, mais, dans la valeur travail, il confondait le travail commandé et le tra vail incorporé .
  
• Karl Marx avait perçu et dénoncé cette confusion. C’est pourquoi, explicitant et développant ce qui était implicite chez les Classiques, il a mis la plus-value au coeur de sa théorie.
  
• Nous avons montré qu’il n’a pas réussi. Après Marx, le problème de la création des richesses reste entier. Le fantasme de La Création ne facilite pas la compréhension du problème. L’écologie le pose à nouveau mais de manière incidente.
  
• Toujours est-il que la richesse ne naît pas de la dépense. Toute dépense importante (voiture, ordinateur) n’est pas un investissement .
  
• L’économie a besoin d’une source de chaleur qu’elle ne reproduit pas (Théorème de Carnot). L’État-providence est en crise financière car l'impôt sur les salariés touche une limite interne . L’impôt payé par les fonctionnaires ne peut subventionner la fonction publique.
  

Voir Produit net . Productivité masculine absolue . Productivité naturelle relative . Ex nihilo .

Mouvement réel de la pensée . texte. (a) La pensée n’est pas le reflet marxiste , dans la superstructure idéelle, du mouvement de la matière, dans l’infrastructure matérielle.

(b) La pensée, son organisation, ses difficultés, ses controverses et ses contradictions ont une Histoire qui, sans être indépendante de celle du reste de l’ Univers n’est pas le reflet de telle ou telle partie de celui-ci.

(c) L’Univers n’est pas non plus une totalité réductible à une seule Loi que l’on pourrait connaître une fois pour toutes (holisme, Dieu, dangereuses dialectiques ). Les difficultés de la Grande Unification des forces de la physique en témoignent. La “Dialectique de la Nature” (Engels) relevait de cet espoir déçu. L’Univers est une globalité qui échappe à toute volonté de réduction simplificatrice à une totalité. En conséquence, toute progression dans la résolution mathématique de notre volonté de connaissance nous jette devant un nouvel inconnu. Le projet d’intelligibilité ne sera jamais fini. Surtout avant d’avoir commencé. Si <<On n’arrête pas le Progrès !>> c’est probablement parce qu’il n’est pas encore parti.

(d) La pensée n’échappe pas non plus à la matière. Même si celle-ci ne se réduit pas à la vision du chosisme. La pensée de l’homme est fonction du cerveau matériel où elle se pense. Elle est aussi fonction du langage dans lequel elle se pense (le mentalais ?). Enfin, elle n’est pas totalement libre dans le langage dans lequel elle s’exprime (langue naturelle ). Il n’est pas nécessaire de faire appel au déterminisme linguistique de Benjamin Lee Whorf . La pensée a donc un mouvement réel qu’il importe d’étudier par les sciences cognitives et qui n’est pas le reflet du mouvement réel de la matière non-pensante.

(e) La tentative de connaissance du réel par l’ imaginaire ne se limite pas à une relation à deux termes. L’idéal d’une connaissance indemne de tout fantasme est interdit par la priorité du symbolique ! Comme la nature, il est toujours déjà-là. C’est avec le même cerveau et les mêmes langages que nous exprimons nos émotions et canalisons nos affects. En ce sens, le mouvement réel de la pensée est aussi celui de la formation du psychique. Nous “vivons avec” notre nature interne en même temps que nous “vivons dans” la nature externe . D’où l’irréductibilité de la connaissance à l’ information.

Lire “Matière à pensée” de Jean-Pierre Changeux et Alain Connes. Éditions Odile Jacob. Paris. 1989.

Voir Réel, Imaginaire et Symbolique . Connaissance biblique .

Mouvement social , (= Touraine), texte. Une des formes de l’action collective. Le mouvement social est une lutte contre la domination. C’est peut-être ainsi qu’il la naturalise, malgré lui. C’est en tout cas l’intérêt et le jeu des dirigeants que de récupérer la parole des prophètes.

• <<La notion de mouvement social n’est utile que si elle permet de mettre en évidence l’existence d’un type très particulier d’ action collective , celui par lequel une catégorie sociale, toujours particulière, met en cause une forme de domination sociale, à la fois particulière et générale, et en appelle contre elle à des valeurs, à des orientations générales de la société qu’elle partage avec son adversaires pour le priver ainsi de légitimité (p. 118)>>.
  
• <<C’est pour éviter toute confusion entre ce type d’action collective et tous les autres auxquels beaucoup donnent trop facilement le nom de mouvement social que je parlerai ici de mouvements sociétaux , pour indiquer clairement qu’ils mettent en cause des orientations générales de la société (p. 118)>>.
  
• <<Les dirigeants et les intellectuels révolutionnaires, populistes ou intégristes, sont des agents actifs de destruction des mouvements sociaux (p. 152)>>.
  

Mouvement sociétal , (= Touraine), texte. Un mouvement sociétal est une revendication d’indépendance qui s’affirme par un projet culturel et qui rentre en conflit avec les institutions de la domination. La production d’ instances dans et par le sujet est la seule voie de réussite d’un mouvement sociétal. Son institutionnalisation politique, économique ou sociale est la voie de sa récupération au profit de la domination.

• <<En affirmant le lien étroit, complet, qui unit Sujet et mouvement sociétal, je cherche au contraire, à comprendre les conflits qui traversent notre société, qui ne croit pas plus à la transcendance politique qu’à la transcendance religieuse, et qui ne peuvent donc plus être limités par la religion du progrès ou de la nation (p. 123)>>.
  
• <<Conscience de soi, recréation esthétique, stratégie politique et solidarité de base se mêlent, se complètent et se combattent autour du mouvement sociétal sans qu’un message doctrinal et politique soit formulé par aucune de ses composantes. C’est ainsi que l’ autonomie croissante des mouvements sociétaux engendre leur faiblesse politique et la fragilité de leur organisation (p. 124)>>.
  
• <<La “faiblesse” des nouveaux mouvements sociétaux et de la société civile n’est que la contrepartie de leur indépendance (p. 128)>>.
  
• <<Toute lutte sociale ne porte pas en elle un mouvement sociétal, mais il faut toujours chercher dans les luttes sociales la présence d’un mouvement sociétal, c’est-à-dire d’un projet culturel associé à un conflit social (p. 131)>>.
  
• <<Le thème des mouvements sociétaux défie à la fois la pensée libérale et l’appel à la révolution, car ni l’une ni l’autre ne croient à la capacité des acteurs sociaux de produire leur histoire à travers leurs orientations culturelles et leurs conflits sociaux (p. 155)>>.
  
• <<L’idée de mouvement sociétal, elle, associe l’appel au Sujet à la lutte contre un adversaire social (p. 155)>>.
  

Voir Mouvement social . Domination comme principe .

Mouvements culturels , (/mouvements historiques), (= Touraine), texte. Le mouvement culturel est une des formes de l’action collective. Les mouvements culturels affirment un Sujet. Les mouvements culturels manifestent une pensée de la diversité avant de produire une variante de la pensée du même quand ils recherchent l’ éternité par des institutions .

• <<les mouvements que nous avons vus se développer depuis les années 1960 ne peuvent pas, à quelques exceptions près, être appelés des mouvements sociétaux ; ce sont plutôt des mouvements culturels . J’entend par là des actions collectives tendant à défendre ou à transformer une figure du Sujet (p. 133)>>.
  
• <<Les mouvements culturels sont des mouvements d’affirmation encore plus que de contestation (p. 137)>>.
  
• <<Mouvements culturels et mouvements historiques se combattent souvent. Les seconds renforcent l’État, en appellent à la tradition, imposent l'homogénéité; les premiers débordent le niveau national ou communautaire par en haut, à travers les appels de l’écologie politique et des mouvements humanitaires, et, par en bas, en réclamant la protection des minorités, la reconnaissance des droits des femmes, et plus largement la défense des droits personnels (p. 139)>>.
  

Auteur

Hubert Houdoy

Créé le 8 Février 1999

Modifié le 11 Novembre 1999

Suite

Glossaire Détaillé, Lettre M, numéro 23

Lettre N

Glossaire Détaillé, Lettre N, numéro 01

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Mise à jour: 24/12/1999