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Glossaire Détaillé, Lettre P, numéro 03

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Glossaire Détaillé, Lettre P, numéro 02

Paradis perdu . (a) Le “Paradis perdu” (“Paradise Lost”, paru en 1671) est une épopée de John Milton (1608-1674). Satan s’adresse à Eve comme un courtisan à une maîtresse. Il flatte la Vanité d’Eve . Il lui fait miroiter un destin plus grandiose qu’au Jardin d’Eden. Quand Eve se saisit de la Pomme, c’est toute la nature qui frémit. (Le Jeudi, Luke Skywalker, a du ressentir une vibration de la Force). Pour Milton, la transgression (Adam, Démon), la faute, est de refuser la réalité de La Création . Celle-ci est considérée comme bonne. Mais Adam préfère suivre la fantaisie plutôt que la raison. De fait, que choisir, une fois que l’on a cru nécessaire d’effectuer un clivage rigoureux entre les deux ? Pourtant, il ne faut pas regretter le départ du paradis, pas plus que celui de l’enfance. Pour Milton, <<un paradis intérieur deux fois plus heureux>> sera accordé à l’homme. Il y a de l’autobiographie dans le paradis perdu (1663) et reconquis (la tentation du Christ au désert qui refuse le pouvoir et les honneurs, 1665) de Milton.

(b) En 1642, troublé par la beauté d’ Eve et succombant <<fou d’amour, au charme de la femme>> Milton épouse Mary Powell. Ses parents, royalistes, voient en lui un beau parti. Hélas !

(c) <<Préférant la reine Vérité au roi Charles>>, après la décapitation de Charles I er (janvier 1649), John Milton devient le secrétaire de Cromwell. Il est chargé des langues étrangères. Sa femme Mary quitte le domicile conjugal. Mais, en 1645, après la victoire de Cromwell à Naseby, la belle famille vient offrir la “soumission” de Mary. Partant du principe que <<le véritable amour affine la pensée>>, comme il le fera dire (en 1671) par l’ ange Raphaël à Adam, John reçoit Mary. Vécurent-ils heureux ? Ils eurent trois filles jugées ingrates. Mary Powell est morte en 1652. Milton se remarie en 1656 avec Catherine Woodcock qui mourra en couches. En 1660, la royauté revient avec Charles II. En 1663, Milton épouse Elizabeth Minshull. La Peste vient en 1665 (ils quittent Londres). Le feu la chasse en 1666. Aveugle, Milton écrira encore un “Samson Agonistes” (1671). Il décrit Samson combattant, <<aveugle, attaché à la meule, à Gaza avec les esclaves>> des Philistins. John Milton mourut le 8 novembre 1674.

(d) Sur un livret de Lindley, d’abord refusé par G. F. Haendel et traduit en allemand par Van Swieten, le musicien Joseph Haydn (1732-1809), mentor de W. A. Mozart, s’inspira du “Paradis perdu” pour composer un oratorio pour solistes, choeur et orchestre, “La Création” (1798). Cette oeuvre est la première à avoir attiré un véritable public bourgeois et même populaire à la musique.

Paradis Terrestre . (a) Le paradis terrestre est la première résidence d’ Adam et Eve, selon la Bible.

(b) Adam et Eve en furent chassés pour un crime inexpiable. Leur péché originel transgresse un interdit divin: goûter le fruit de l’arbre de la connaissance . D’où la condamnation au travail perçu et vécu comme un labeur (labour, laborieux, laboureur).

(c) Dans la mythologie grecque, le Jardin des Hespérides est l’équivalent du Paradis Terrestre. La pomme d’Adam, le pommier ou l’ arbre de la connaissance se retrouvent dans les Pommes d’Or . Mais les leçons tirées de ces récits ne sont pas identiques.

(d) Les paléontologues et archéologues ont tendance à rapprocher le paradis terrestre des savanes du paléolithique. La révolution néolithique remplace la navigation erratique dans un jardin peuplé d’animaux par le travail astreignant des agriculteurs dans les champs. Cette transformation du mode de vie et de l’ art des grottes qui lui servait de représentation pendant plus de 25 000 ans, peut avoir laissé le souvenir tenace d’un tr aumatisme, d’une damnation, d’une condamnation ou d’un désespoir.

Voir Vierge Marie . Immaculée Conception . Femme.

Paradoxe. Terme de logique. (a) Un paradoxe est un énoncé qui contient une contradiction qu’il s’avère impossible d’éliminer.

(b) On peut l’illustrer par l’histoire suivante. Après un combat dont il sort vainqueur, un général romain avise un valeureux guerrier gaulois et lui parle en ces termes. “Dis-moi quelque chose: si ce que tu dis est vrai, tu sera décapité sur le champ, si ce que tu dis est faux, tu sera jeté aux lions lors de mon triomphe à Rome”. Après un bref instant de réflexion, le gaulois répondit: ” je serais jeté au lions”. Dans l’impossibilité d’exécuter sa promesse de mise à mort, le général romain fit libérer le guerrier vaincu.

(c) S’il le faisait décapiter, le guerrier aurait dit quelque chose de faux et aurait du être donné aux lions.

(d) S’il le jetait aux lions, le guerrier aurait dit quelque chose de juste et aurait du être décapité.

(e) Au contraire d’une prophétie autoréalisatrice , cette prophétie ne pouvait produire aucune réalisation.

(f) Rassurez-vous ! Cette histoire est racontée par un français. Et tous les français sont des menteurs. Vous pouvez me croire, je suis français.

Voir Contradiction dans les termes .

Paradoxe de l’absence de vérité . Les hypothèses scientifiques ne sont pas des vérités mais des conjectures. Dire <c’est scientifique> ne signifie pas <c’est vrai>. Cela signifie que des conjectures sont <scientifiquement> produites pour être ensuite soumises à des expériences ou à des épreuves de réfutation.

• Les conjectures ou les théories s’appuient mutuellement les unes sur les autres, elles forment un réseau. Mais aucune d’elles ne peut se présenter comme le fondement des autres.
  
• Une représentation de la réalité ne se construit pas comme un artefact, selon un plan établi une fois pour toutes. Il faudra monter et démonter, changer les plans et les pièces, sans savoir dans quel ordre le faire ni sur quoi s’appuyer.
  
• Une représentation de la réalité se construit encore moins comme une Tour de Babel , qui serait initialement et définitivement bien solide sur ses fondations.
  
• Il est probablement impossible de trouver un fondement à la vérité.
  
• J’ai dit <probablement> pour éviter le paradoxe logique mais gênant de celui qui dirait: “Croyez-moi. Il n’existe pas de vérité”.
  
• Ce paradoxe serait la forme inversée du paradoxe du menteur .
  

Voir Quatre vérités . Vérités des institutions . Vérités des individus . Fonder.

Paradoxe de la conscience , texte. (a) Nous ne pouvons connaître la réalité qu’à partir de notre conscience. Le niveau de notre conscience limite celui de notre connaissance. Celle-ci exige ensuite le langage pour être transmise comme information.

(b) Or, la pratique de la méditation cherche à développer l’ évolution de la conscience . Il s’agit d’un processus naturel ou progressif d’évolution.

(c) Mais le développement de notre conscience passera par une désactivation du langage et de la pensée.

(d) Il y a, dans la succession des trois modes de présence consciente (concentratio, meditare et contemplare), une forme de paradoxe.

(e) Ce qui, pour l’homme de la rue, semble l’état de présence maximale au réel est considéré comme un évitement de la réalité par l’ être éveillé : celui qui a atteint la réalisation du Soi .

<<Nous vivons constamment dans le refus et l’évitement d’une partie de la réalité. D’autant plus que nous distinguons toujours avec l’ ego>>. Pour connaître le réel, faudrait-il donc abandonner le langage cohérent et la pratique pertinente pour se livrer à la contemplation ?

(f) Le paradoxe n’est qu’apparent. La raison du paradoxe est simple. Nous ne pouvons connaître toute la réalité. Nous pouvons encore moins la résumer dans une phrase facilement communicable. Nous pensons toujours dans une réalité apparente . Mais nous agissons toujours dans le seul réel. C’est pourquoi nous n’obtenons pas toujours le résultat escompté. Et nous ne sommes pas loin de penser que le réel ou le monde nous en veut.

(g) Nous explorons la réalité matérielle avec les catégories de notre pensée. Elles sont puisées dans notre langue naturelle . Elles projettent sur l’Univers notre système d’oppositions qui construit nos signifiants et connote nos signifiés. Contrairement aux prétentions antagonistes du matérialisme et de l’ idéalisme, nous devons tenir les deux bouts de la chaîne (matière et pensée) ou marcher sur nos deux jambes (action, méditation). D’où la méditation en acte .

Voir État méditatif . Conscience extrême . Attentif à tout ce qui est . Paix intérieure . Assumer ses émotions . Saisir la globalité . Détachement de l’ego . Attention vigilante . Conscience du sujet-témoin . Sujet qui perçoit .

Paradoxe de la normalité . L’impossibilité d’une norme naturelle dans un monde humain qui se définit d’abord comme culturel (illusion ethnique ) fait que le normal est normatif et que le normatif est dominant .

• La norme humaine est à la fois imposée par la domination de tout le monde sur chaque individu et recherchée par chaque individu qui voudrait être comme tout le monde .
  

Le paradoxe de la normalité se trouve donc concentré sur la définition de l’ individu normal :

• Il est le modèle absolu de tous ceux qui veulent être comme tout le monde .
  
• Étant le seul à être comme tout le monde , il EST pas comme tout le monde .
  

Il est impossible de sortir du paradoxe tant que l’on cherche une normalité impossible. Le seul moyen est d’admettre la différence et la diversité.

Voir Nomade moderne . Sujet. Acteur.

Paradoxe de la technique sexuelle en amour , texte. La technique sexuelle est une technique au service de la domination ou de la séduction. Elle vise à connaître tous les plaisirs d’organes susceptibles de séduire le partenaire, même et surtout en l’absence de sentiments.

• Dans la relation sexuelle , la technique sexuelle fait partie de la stratégie de séduction de chacun des partenaires. C’est ainsi qu’ils rivalisent pour occuper la position dominante de sujet du désir et pour éviter celle d’ objet sexuel .
  
• Dans la relation amoureuse , il y a une profonde contradiction à chercher à procurer un plaisir d’organe par la seule technique quand la satisfaction est celle de la présence ou co-présence des deux amants à eux-mêmes. Dans la relation amoureuse, l’activité principale est l’exploration d’une terra incognita par les amants. Ils construisent leur corps virtuel commun en développant la sensibilité du corps virtuel de chacun. La relation sexuelle ne disparaît pas pour autant. Mais elle est mise au service de cette découverte mutuelle et de cette construction commune dans le plaisir. Dans ce cas, la relation de sujet séducteur à objet sexuel n’est plus de mise. Elle doit être dépassée par une relation de confiance, de confidence et de très grande intimité.
  
• Au cours de cette exploration, il peut se produire des surprises: jouissances extrêmes ou simplement nouvelles, mais aussi des douleurs accidentelles. Les surprises, heureuses ou malheureuses, font partie du jeu de la découverte. Une douleur accidentelle n’est pas un échec de la caresse , mais la découverte d’une nouvelle zone corporelle. Toutes les zones ne sont pas érogènes, mais toutes peuvent éventuellement le devenir. Rien ne dit que la douleur d’aujourd’hui ne sera pas un plaisir de demain.
  
• La mémoire corporelle peut garder la trace d’un traumatisme. C’est ce que révèle une douleur accidentellement découverte. Le véritable amant, à la différence du technicien de la séduction, se mettra à la recherche de la cause du traumatisme dans l’espoir d’effacer la souffrance enkystée.
  
• L’échec, si échec il y a, n’est pas dans un défaut de perfection de la technique sexuelle. Il est dans l’oubli que, dans la relation amoureuse, le désir qui cherche à recevoir et procurer du plaisir s’appuie sur la tendresse intemporelle qui cherche à effacer les souffrances (d’hier comme d’aujourd’hui). Au contraire, dans la relation sexuelle, la tendresse résulte, au mieux, de la satisfaction du désir.
  

Voir Refuser d’être amoureux . Silence des sentiments . Zone érogène .

Paradoxe de Robinson , texte. (a) Pour Robinson Crusoé , dans la solitude de l’ île du désespoir , tant la reproduction charnelle que l’illusion du verbe qui se fait chair , lui sont impossibles. L’une physiquement. L’autre psychiquement.

(b) Pour vivre, il doit aimer durablement. Pour aimer, il doit reconnaître un autre sujet. D’où le dialogue. Dialoguer amoureusement avec un sujet, c’est renoncer à le posséder. Dialoguer durablement, implique d’élaborer un projet commun.

(c) Un projet pour l’île est un paradoxe pour Robinson.

• Faire un projet, c’est rester dans l’île. L’ épisode de la pirogue l’y contraint.
  
• Faire un projet pour l’île, c’est dépasser l’ horizon de sa vie, locale ou globale.
  

Robinson doit être dans l’île et ne pas être de l’île. C’est le paradoxe de Robinson.

Pour vivre il doit intégrer la perspective de sa mort. Il ne peut pas être sédentaire ni propriétaire. Il doit renoncer à la propriété de l’île pour se l’approprier, pour la rendre propre à satisfaire les besoins de son humanité. C’est pourquoi il est un nomade moderne .

(d) Mais le paradoxe n’est qu’apparent, car la mort fait partie de la vie. Elle est une de ses conditions.

Voir Reproduction de l’individu . Reproduction biologique . Acceptation de la mort . Allégresse. Sortir de la totalité . Ouverture à la globalité .

Texte Production et Reproduction. Propriété ou Possession.

Paradoxe du menteur . (a) Le paradoxe du menteur est un paradoxe logique formulé pour la première fois par Épiménide.

(b) Donnons-en une formulation actuelle:

<Tous les français sont des menteurs. Vous pouvez me croire, je suis français>.

Si vous me croyez, vous devez conclure que je suis un menteur. Si je suis un menteur, vous ne devez pas me croire. En bref, si vous me croyez vous devez ne pas me croire.

(c) Remarque:

Ne croyez surtout pas tout ce qui est écrit sur internet.

Surtout sur le Réseau d’Activité à Distance.

J’ai la preuve qu’ils écrivent n’importe quoi .

Voir Quatre vérités . Vérités des institutions . Vérités des individus .

Paranoïa. Forme la plus anciennement connue de la folie, culturellement assistée par la domination comme principe . Maladie de la persécution. Développement cohérent d’un raisonnement sur des bases non pertinentes.

• <<L’usage ancien de ce terme en psychiatrie (en grec, folie) a permis, au cours des siècles passés, de lui conférer des significations diverses dont le dénominateur commun est resté, cependant, celui d’un état de délire marqué par l’idée de persécution et par la fausseté du jugement (esprit de travers). En décrivant une constitution paranoïaque, la psychiatrie a distingué quatre traits fondamentaux: l’esprit de méfiance, l’inflation du moi (orgueil et vanité), l’erreur de jugement (majoration de l’interprétation des signes), une agressivité revendicatrice à l’égard des autres. Distinguant, à la suite de Kraepelin, la paranoïa de la schizophrénie, Freud fait de la paranoïa un délire systématisé dont les thèmes variables (jalousie, érotomanie, persécution, etc) obéissent cependant à une structure commune: la défense contre l’ homosexualité et la fonction principale de la projection. Tout en reconnaissant l’intérêt de la position de Bleuler (la paranoïa est étudiée dans le cadre des démences précoces), il adopte un point de vue qui permet d’articuler la structure paranoïaque à certaines expressions de la schizophrénie. (Fédida, p. 198)>>.
  

Voir Modèle de la persécution . Modèle de la responsabilité .

Parapente. Le parapente est un sorte de parachute. C’est de là qu’il tient son nom. Mais, au lieu de sauter d’un avion, on sautait et maintenant on décolle du haut d’une pente.

• Les premiers parapentes étaient d’ailleurs des parachutes. Les inventeurs américains du terme “parapente” pratiquaient le base-jump. Par la voie du “nose” ou par une autre ils montaient en escalade au sommet de El Capitan dans le massif montagneux et le parc naturel du Yosemite. De là ils sautaient, en chute libre, avec un parachute dans le dos. Quand ils apercevaient une “lueur de terreur dans les yeux des marmottes” à la base du monolithe montagneux, ils ouvraient leur parachute.
  
• Le nom ayant été inventé par des free-climbers des USA, l’objet et la pratique ont été re-inventés dans les Alpes du Nord. Le parapente ressemble au parachute par sa forme. Mais les réglages de l’assiette sont très différents. Le parachute freine une chute verticale qui se ferait à plus de 200 km à l’heure en réduisant sa vitesse aux alentours de 5 mètres par seconde. Le parapente est une aile. Il est conçu pour voler, pour pénétrer longitudinale dans la masse d’air . La ressemblance résiduelle provient surtout du fait que l’un et l’autre se plient dans un sac.
  
• Du point de vue du harnais que l’on enfile, le parapente est une sorte de parachute.
  
• Du point de vue de l’air dans lequel il se déplace, le parapente est une sorte de planeur. C’est donc une aile volante qui cherche à se déplacer dans un paysage montagneux en utilisant les déplacements aérologiques de la masse d’air (ascendante) et la pénétration de l’aile dans cette masse d’air (finesse).
  

Voir Aérologie. Aile. Profil d’aile .

Auteur

Hubert Houdoy

Créé le 15 Novembre 1997

Modifié le 13 Novembre 1999

Suite

Glossaire Détaillé, Lettre P, numéro 04

Lettre Q

Glossaire Détaillé, Lettre Q, numéro 01

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Mise à jour: 16/07/2003