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Glossaire Détaillé, Lettre S, numéro 29

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Glossaire Détaillé, Lettre S, numéro 28

Structure oedipienne , texte. La structure oedipienne est un apport de Freud à la psychologie, par un emprunt, contesté par les hellénistes et les ethnologues, au mythe d’ Oedipe. Par une référence circulaire interne à son hypothèse ou son mythe scientifique , Sigmund Freud en vient à supposer que l ’inceste a du être interdit ou prohibé, parce qu’il était désiré. Il n’est pas question de mettre en doute ce que Freud entendait dans son cabinet. Il s’agit de mettre en doute la naturalisation fataliste d’une souffrance des patients, sans analyser le processus historique du clivage des représentations .

• <<Freud: <Le petit garçon manifeste un grand intérêt pour son père: il voudrait devenir et être ce qu’il est, le remplacer à tous égards... il fait de son père un idéal. Simultanément avec cette identification au père, ou un peu plus tard, le petit garçon a commencé à investir sa mère en tant qu’ objet (libidinal) de façon anaclitique. Il manifeste ainsi deux sortes d’attachement psychologiquement différentes: un investissement objectal franchement sexuel à l’égard de sa mère; une identification avec le père, considéré comme un modèle à imiter. Ces deux attachements coexistent pendant un certain temps, sans gêne ni influence réciproques. Par suite de l’évolution irréversible de la vie psychique qui tend vers l’unification, ces deux sentiments finissent par se rencontrer et c’est de cette rencontre que naît le complexe d’Oedipe normal. Le petit garçon s’aperçoit que le père lui barre le chemin vers sa mère; son identification avec le père prend de ce fait une teinte hostile et finit par se confondre avec le désir de remplacer le père, même auprès de la mer. L’identification est d’ailleurs ambivalente dès le début; elle peut être orientée aussi bien vers l’expression de la tendresse que vers celle du désir de supprimer. Elle se comporte comme un dérivé de la première phase (orale) de l’organisation libidinale, au cours de laquelle l’objet, convoité et apprécié, pouvait être incorporé par ingestion, et de ce fait être détruit en tant que tel.> (Fédida, p. 193)>>.
  

Voir Fonctionnement oedipien . Mythe. Héros. Prohibition de l’inceste . Prohibition de l’inceste naturel . Choix d’objet anaclitique . Choix d’objet narcissique . Freud misogyne . Meurtre du père .

Structure profonde de Chomsky . Terme technique de linguistique. (a) La grammaire ou les règles de la syntaxe définissent la grammaticalité d’un énoncé. Elles permettent de reconnaître les phrases bien formées des phrases mal formées.

(b) Une des règles à respecter est de fournir au verbe tous les personnages dont il a besoin pour jouer tous les rôles que sa définition implique (sujet, objet, instrument, lieu, date de début, date de fin ou durée, résultat final).

(c) Le verbe <transformer> pourrait exiger tous les acteurs impliqués dans sa définition:

A Rome (lieu), entre l’apparition de la concurrence de Carthage (date de début) et jusqu’à l’instauration des institutions impériales (date de fin), la généralisation de l’ esclavage massif des latifondias (sujet) a complètement transformé (verbe) les relations sociales entre les citoyens romains ainsi qu’avec leurs esclaves ou les affranchis (objet) du fait de la paupérisation des paysans dont la structure de l’exploitation agricole restait familiale (instrument) au point que cette population était réduite à l’exode rurale vers la ville de Rome où elle se comportait comme une clientèle qui attendait sa survie de la gens et pour qui les grandes familles aristocratiques, comme les Julius, organisèrent le système resté célèbre sous le vocable de panem et circenses (résultat final).

(d) Ce sont les acteurs requis par la structure grammaticale dite profonde que l’on nomme des actants. Or, nombre de phrases bien formées manquent sérieusement d’actants. Tout le monde, Dieu merci, n’écrit pas, comme Marcel Proust, des phrases complètes. Par exemple, prenons l’interrogative: Comment se transforment les relations sociales à Rome ? Elle manque d’actants. Votre professeur d’Histoire ne manquera pas de vous faire reformuler la question. Ainsi, il vous fera comprendre ce qu’est une problématique. Pourtant, le <comment> regroupe tous les actants absentéistes. Un agent coopératif devrait les expliciter dans sa ou plutôt dans ses réponses coopératives successives (sauf à passer pour un cuistre).

(e) Steven Pinker explique pourquoi trois phrases ordinaires (La voiture a été mise dans le garage. Qu’a-t-il mis dans le garage ? Où a-t-il mis la voiture ?) respectent la grammaire (structure profonde) sans en avoir l’air (structure de surface). Les syntagmes demandés sont présents, mais à d’autres places.

• <<Pour expliquer simplement ce mécanisme tout entier, on dira que chaque phrase a deux structures syntagmatiques. La structure syntagmatique dont nous avons parlé jusqu’à présent, celle qui est définie par les super-règles, est la structure profonde. La structure profonde est l’interface entre le dictionnaire mental et la structure de syntagme. Dans la structure profonde, tous les actants de mettre apparaissent à la place qui est la leur. Ensuite, une opération de transformation peut déplacer un syntagme ailleurs dans l’arbre, à une fenêtre qui était vacante auparavant. C’est là que nous trouvons le syntagme dans la phrase telle qu’elle se présente maintenant. Ce nouvel arbre est la structure de surface. (L’Instinct du Langage, Odile Jacob, 1999, page 118)>>.
  

Voir Concevoir dans un arbre . Structure profonde de cocktail . Syntagme verbal . Syntagme nominal . Parler dans un arbre .

Structure profonde de cocktail . Terme incontournable du langage technico-mondain.

(a) Le concept de structure profonde de Chomsky a rencontré un grand succès chez ceux qui ne prenaient pas la peine de le lire en détail ou techniquement.

• <<Les piliers de cocktails savent que l’une des contributions les plus importantes de Chomsky à la vie intellectuelle est le concept de structure profonde, avec les transformations qui la changent en structures de surface. Lorsque Chomsky introduisit ces termes dans le climat béhavioriste du début des années 1960, cela fit sensation. La structure profonde en arriva à désigner tout ce qui était caché, profond, universel ou signifiant, et très vite on se mit à parler de la structure profonde de la perception visuelle, des histoires, des mythes, des poèmes, des tableaux, des compositions musicales, et ainsi de suite. Pour revenir à la réalité , je dois maintenant vous révéler que la structure profonde est un gadget technique banal dans la théorie de la grammaire. Ce n’est pas le sens d’une phrase, ni ce qui est universel dans toutes les langues humaines. Même si la grammaire universelle et les structures abstraites des syntagmes semblent être des caractéristiques permanentes de la théorie de la grammaire, de nombreux linguistes (y compris Chomsky lui-même, dans ses écrits les plus récents) pensent qu’on peut se passer de structure profonde en soi. (Steven Pinker, L’Instinct du Langage, Odile Jacob, 1999, page 117)>>.
  

(b) Les structures prétendument profondes, comme la valeur (classique, marxiste) cachée sous les prix (prétendument néo-classiques) et qui expliquent les formes de surface, sont d’une profondeur plus que suspecte. Il s’agit le plus souvent d’un problème de reproduction théorique . La théorie de la valeur est plus fondamentale, au niveau des croyances (ou de leur critique) que la théorie des prix . Pourtant elle n’est pas plus profonde, en termes de niveaux d’organisation, comme peut l’être la physique par rapport à la chimie. C’est pourquoi les transformations entre structures, comme la transformation des valeurs en prix, sont parfois des problèmes mal posés.

Voir Reproduction individuelle . Reproduction d’entreprise . Hypothèse méthodologique de reproduction . Loi de reproduction automatique de la société . Spectacle social . Jargon. Invariant. Sémantique et syntaxe .

Structures complexes de la parenté , texte. Dans nos sociétés, les structures de la parenté sont complexes. On délimite d’abord le groupe des partenaires prohibés. On respecte implicitement les différences de classe. Les structures complexes de la parenté comprennent alors tous les systèmes qui n’ont pas de règles expresses pour préciser le conjoint.

Voir Structures élémentaires de la parenté . Prohibition de l’inceste . Prohibition de l’inceste naturel . Cannibalisme.

Structures de l’entreprise , texte. (A) Les façons de structurer l’entreprise (leur décomposition et la coordination interne) reposent sur une manière de concevoir l’activité de conception.

(B) Giard présente trois approches:

• <<(a) l’ approche par fonctions qui conduit au découpage de l’entreprise selon les métiers et les ressources utilisées...
  

(b) l’ approche par produit conduit aux divisions qui regroupent des produits de même famille...

(c) l’ approche matricielle tente de combiner les deux approches précédentes (p. 4)>>.

(C) Nous pouvons ajouter qu’émerge maintenant la vision propre à l’ ingénierie concourante .

Structures des organisations , texte. A la diversité des structures des organisations, on peut donner un ensemble de facteurs explicatifs.

(a) Facteurs explicatifs internes: âge, taille, technologie, stratégie.

(b) Facteurs explicatifs externes: durcissement de la concurrence, clientèle exigeante et volatile, modifications des attributs de l’objet de l’échange (au prix et aux spécifications techniques s’ajoutent la variété, la qualité, la date de disponibilité et le temps de mise à disposition).

Structures élémentaires de la parenté , texte. Croisement de l’ alliance et de la filiation dans la formation du tissu social .

• <<les structures élémentaires de la parenté (Lévi-Strauss) sont les systèmes où la nomenclature permet de déterminer immédiatement le cercle des parents et celui des alliés; c’est le cas de toutes les sociétés dites primitives, où les mariages sont proscrits avec une certaine catégorie de parents et prescrits avec une autre>>.
  

Voir Structures complexes de la parenté . Prohibition de l’inceste .

Stupéfait. Adjectif. Celui qui est stupéfait se trouve interdit (d’accès à sa propre conscience ). Il est proprement immobilisé par la surprise.

Stupéfiant. Un stupéfiant est une drogue dont l'usage répété conduit à la toxicomanie.

Voir Stupeur.

Stupeur. (a) La stupeur est un étonnement profond. Elle est l’état résultant de la stupéfaction. État de celui qui est stupéfié par un événement, par un spectacle naturel saturant ces voies sensorielles ou stupéfait par une nouvelle stupéfiante.

(b) Stupéfier c’est causer une grande surprise, un grand étonnement. Celui qui est stupéfait se trouve fasciné, interdit, paralysé ou immobilisé par la surprise.

(c) La stupeur est une fascination (hypnose) qui met dans un état de dépendance.

(d) État dans lequel se trouve l’homme qui assiste au désir si violent de la femme. Il constate la force de son propre désir provoqué par la beauté du corps de la femme. C’est peut-être un tel état de stupeur et de dépendance qui a décidé de la peur de l’homme et de l’urgence de produire collectivement une femme soumise .

Voir Femme-mise-sous. Domination culturellement assistée . Guerre des sexes . Stupéfiant. Terrorisme de l’orgasme . Jalousie. Dieu jaloux . Hypothétiques ancêtres féminines . Hypothétiques ancêtres mâles .

Style troubadour . Terme d’Art. (a) Le style troubadour, qui culmine dans la période 1815-1830, connaît pourtant des formes multiples qui accompagnent divers épisodes d’un retour au Moyen Âge.

(b) La peinture a donné le plus grand nombre d’oeuvres illustrant le style troubadour.

• “La Continence de Bayard” (1787, esquisse au musée de Grenoble), de Louis Durameau, sur commande du comte d’Angivillie.
  
• “Valentine de Milan” de Fleury Richard (1777-1852), (l’original est perdu, une réplique est au musée de l’Ermitage).
  
• “Paolo et Francesca” (1814, musée Condé à Chantilly), “ Jeanne d’Arc au sacre du roi Charles VII dans la cathédrale de Reims” (huile sur toile, 1854, musée du Louvre, Paris) et “L’Entrée à Paris du dauphin Charles V”  (1821, Hartford, Connecticut) de Jean Auguste Dominique Ingres (Montauban 1780; 1867).
  
• “Geneviève de Brabant” (1824, musée de Cherbourg) de Mallet (1759-1835), d’après “Buez sante Genovefa” (Anonyme, vers 1650) ou “Golo und Genovefa” (1775-1781) de Friedrich Müller dit Maler (1749-1825) voire le “Geneviève de Brabant” (Leben und Tod der heiligen Genoveva,  1799) de Johann Ludwig Tieck (né à Berlin, 1773; mort à Berlin, 1853).
  

(c) Pourtant, le style de Félicie de Fauveau (1802-1886) peut être qualifié de sculpture troubadour.

Voir Nazaréens. Préraphaélites.

Styx. Mythologie grecque. (a) Styx est la fille aînée d’ Océan et de Téthys. Elle règne sur le fleuve des morts qui mène aux Enfers et qui porte son nom (“haïssable”). Seul Charon permet de passer le fleuve sur sa barque. La déesse Styx vit dans un merveilleux palais de cristal aux colonnes d’argent. Si vous voulez vous faire une idée de ce palais, sans attendre le jour de votre mort et votre improbable admission du bon côté de l’Achéron, vous pouvez regarder les premiers paysages de Joachim Patenier (ou Patinir) et surtout ceux de Jérôme Bosch .

(b) Dans les entrailles de la Terre, le giron de Gaia, le fleuve Styx se divise en plusieurs branches, dont le Cocyte (“gémissement”), le Pyriphlégéton (“brûlant de feu”) et l’ Achéron (“qui coule” ou “qui roule le deuil”). Puis il s’enroule neuf fois autour du royaume d’ Hadès, incluant le Tartare (séjour sans fin des méchants) et les champs Élysées (séjour des bons). Un peu comme dans la politique française et la constitution de la V ème République, la navigation et la traversée sont toujours du domaine réservé du vieux Charon.

(c) Styx est une Titanide. Elle épouse le Titan Pallas. Ensemble, ils engendrèrent Cratos (le pouvoir), Bia (la force), Zélos (le zèle) et Niké (la victoire). Ne le répétez pas trop fort, car Zeus n’aime pas trop reconnaître ce qu’il doit à d’autres et surtout à une femme, mais le dieu-héros civilisateur du monde grec aurait été bien malheureux sans l’aide de Styx, de son mari et de leurs enfants (“comme quoi ces gens ne sont pas tous mauvais !”).

Voir Monde d’Hadès . Nocher des Enfers . Orphée. Eurydice. Héraclès. Descente aux Enfers . Charon traversant l’Achéron . Par l’eau du Styx .

Subduction. Terme de géologie. (a) Le mot subduction (conduire dessous) a été créé par André Amstutz en 1957 (“Subductions et nappes simploniques”, in Comptes Rendus, Académie des Sciences, tome CCXLIII, pp. 2531-2534, 1957). Il désignait à l’époque une subduction continentale. Dans ce processus, une plaque continentale s’enfonce sous une autre plaque continentale.

(b) Depuis la tectonique des plaques (1968), la subduction désigne, prioritairement, le mécanisme par lequel une plaque de lithosphère océanique plonge sous une autre.

(c) La subduction, complémentaire de l’ expansion des océans , assure un recyclage des fonds marins. La plaque lithosphérique plonge jusqu’à une profondeur de 700 km, dans le manteau terrestre. C’est sous l’effet de la chaleur et de la pression que les roches sédimentaires sont transformées en roches métamorphiques .

Auteur

Hubert Houdoy

Créé le 24 Juillet 1999

Modifié le 21 Novembre 1999

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Glossaire Détaillé, Lettre S, numéro 30

Lettre T

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Mise à jour: 24/12/1999