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Nouveautés du Glossaire (24)
Suite de Nouveautés du Glossaire (23)
Mots définis entre le
10 Janvier 1999 et le 10 Janvier 1999
Obituaire. (a) Adjectif.
<Obituaire> signifie <qui concerne le décès>.
(b) Nom. Dans une église ou dans un couvent, un obituaire est un
registre qui répertorie les morts pour lesquels on doit
célébrer un service religieux moyennant un financement
préalable.
(c) La famille du Soleillant (château de
Verrières-en-Forez et de Valeilles, près de
Feurs) était inscrite à l’obituaire de
Saint-Thomas-les-Nonnains en Forez pour des donations faites au couvent.
(d) C’est à ce couvent que le Comte Guy IV de
Forez confie le prieuré de
Saint-Romain-le-Puy pour le faire échapper à
l’influence lyonnaise de l’abbaye d’Ainay, en 1218.
Voir Contradictions féodales . Comtes
de Forez . Baron. Monts du Forez .
Baron. texte. (A) Un
Baron est un seigneur féodal, avec des vassaux et un
suzerain. Le fief qu’il a en tenure
est une Baronnie . Un Baron dépend d’un Comte
qui “tient” le Comté où il exerce sa domination. Le
Comte dépend d’un Duc (parfois apanagé)
qui ne dépend que du Roi.
(a) Cette hiérarchie des titres
et des responsabilités (justice, ost, arbitrage) vise
à rappeler que les domaines (les terres, leurs serfs voire leurs
abbayes) que les familles seigneuriales tiennent sont, très symboliquement, la possession du roi. Plus
exactement elles furent la possession d’un ancêtre (Clovis,
Charlemagne, Hugues Capet, Philippe Auguste), plus ou moins direct du roi, qui
en confia la domination, pour son compte à leurs
ancêtres. Mais une génération ou un siècle plus
tard, tout cela est bien lointain et totalement abstrait. Sur
le terrain, c’est la force des armes voire celle des innovations qui
compte vis-à-vis des Jacques du domaine. C’est la force des
armes, celle des alliances entre les familles ou celle des
amours entre les individus (favoris) qui comptent à
l’égard ou à l’encontre des seigneurs voisins.
D’où les contradictions féodales entre de
multiples relations personnelles, géographiques et politiques. Ces
relations sont faites de confiance faible , de
confiance forte , de confiance totale , de
méfiance ou de défiance.
(b) L’ hommage lige ou lien féodal,
renouvelé à chaque génération à partir de
l’hérédité des fiefs, est une
relation de confiance totale entre un
suzerain et un vassal. Cette
confiance suppose une relation de personne à personne
(intuitu personae) qui engage l’honneur et le
déshonneur. Il faut une raison grave, la
défiance, pour que le vassal faidit
se dégage de l’hommage lige. La cause de cette
confiance peut être une admiration ou une amitié virile comme
celle qui fait demander à François I er, le Roi-Chevalier,
d’être adoubé par Bayard,
“le chevalier sans peur et sans reproche”, au soir de Marignan
(1515). La cause peut être une attirance sexuelle: en 1615, George
Villiers est le favori de Jacques I er d’Angleterre,
(dans “favori”, lisez “ homosexualité de
Laïos ” plutôt que “ poil aux
joues”). Par la faveur (“tel est notre bon plaisi
r”) ou par les faveurs (sexuelles) du roi, il est vicomte en 1616, comte
en 1617, marquis de Buckingham en 1618 et duc de Buckingham en 1623. Pour
faire une telle carrière politique au sein de la
rivalité homosexuelle masculine , il fait
avoir du cul (le contraire du manque de pot
) et peut-être aussi un certain manque de peau .
Après avoir obtenu le monopole du commerce du fil d’or et
d’argent et s’être fait des couilles en or
, le duc sera poignardé, le 22 août 1628 à
Portsmouth, par John Felton. La cause de l’hommage peut encore
être le mariage ou l’alliance entre deux
familles. La cause peut enfin être un service rendu. Par deux fois, le
chevalier d’Arcollières releva François I er à la
bataille de Pavie, le sauvant ainsi des coutilliers, les égorgeurs
à pied. Cela lui a valu la tenure du fief de
Verrières-en-Forez.
(c) Tandis que
l’hommage lie des hommes, leur foi et leur fidélité, entre
eux, par une sorte de relation d’ amour, les baronnies,
les comtés, les marquisats, les duchés, les principautés
et les royaumes lient des terres et leurs richesses (hommes, fertilité,
sous-sol) entre elles, une sorte de relation de travail.
Ajoutez à cela le réseau des abbayes qui, tout
en appartenant à un ordre (Cistercien, Bénédictin,
Chartreux, etc) sont sur les terres d’une juridiction (Auvergne, Forez,
Bourgogne, Aquitaine) et sous la protection d’une famille (on peut
être seigneur à Saint-Romain-le-Puy ou
Verrières-en-Forez, dépendre du Baron
d’Écotay ou du Comte de Forez mais avoir son fils moine à
l’Île-Barbe à Lyon). Nous avons une idée de
l’écheveau des nombreuses contradictions qui font de la
féodalité un chaos entre tous
ces ordres. L’ordre naît du chaos (“order
from noise”) tout comme le chaos naît des ordres et des
contre-ordres qui arrivent dans le désordre des estafettes.
(B)
L’Empire de Napoléon Bonaparte puis celui de Napoléon III
(une autre mode des favoris) ont créé beaucoup
de titres et de baronnies. Mais, à cette époque, avec la
conscription et l’armée de métier, un baron n’est
pas tenu de monter et de financer des régiments. Stanley Kubrick nous
montre la mésaventure de Barry Lindon qui fait de
telles dépenses sans réussir à les
transformer en investissement, c’est-à-dire sans
investir les quartiers de la noblesse .
(C) Plus près de nous, les mouvements gaullistes, dont le RPR,
ont leurs “barons”, tout comme le parti socialiste a ses
“éléphants”. Coq à l’âne.
C’est l’occasion de signaler que le mot <baron> a trois
autres acceptions: personne occupant une position importante; morceau de
mouton ou d'agneau et, en argot, complice d'une mystification
ou d'une escroquerie.
Voir Comtes de Forez .
Clivage des représentations .
Chrétienté. Division politique du
travail . Assumer les trois fonctions .
Hiérarchie auto-reproductible . Le silence des
agneaux . Agneau mystique . Poil au
nez . Quête. La Chaise-Dieu .
York. Lancastre. Le Nom de la
Rose . Obituaire. Hommage
vassalique .
Texte La Confiance et la
Méfiance. La Défiance et le
Refoulement. Les Mobiles et la Motivation.
Bayard. Pierre du Terrail, seigneur de Bayard
(1475-1524).
(a) L’homme. Le “Chevalier sans peur et sans
reproche”, petit seigneur du Dauphiné, fut respecté par
toute l’Europe comme un idéal de comportement
chevaleresque. Page à Chambéry, champion de
tournois, les vrais affaires commencent en 1494 avec la bataille de Fornoue,
l’expédition des Pouilles, le pont du Garigliano. Il combat pour
l’empereur Maximilien, Alphonse d’Este, Gaston de Foix, le duc de
Bourbon puis François I er qu’il adoube chevalier au soir de
Marignan. Il fut gouverneur du Dauphiné. Dans les nombreux conflits
auxquels il a participé, Bayard s’est opposé au pillage
des villes gagnées. Ce chrétien a fait le pèlerinage de
Saint-Jacques de Compostelle. Le 30 avril 1524, avant de mourir, il lance
à son ancien ami et ennemi du jour, le duc de Bourbon:
<<J’ai pitié de vous, de vous voir servir contre votre
prince et votre patrie et votre serment.>>.
(b) La
dame. Pierre du Terrail est resté célibataire.
Il était plein d’admiration pour les femmes. Madame de Fluxas
l’avait chargé de l’éducation de son fils. Ce preux
chevalier n’est pas cavalier avec les
femmes. Un épisode des combats d’Italie a beaucoup compté
dans l’image du chevalier servant. Bayard est gravement blessé
à Brescia. Recueilli par un gentilhomme local, il sauve sa maison du
pillage et sa femme du déshonneur.
(c) Romans
et Pastorales. Bayard a inspiré “La Très
Joyeuse, Plaisante et Récréative Histoire du chevalier
Bayard”, avec des enluminures de Jacques de Mailles. De
1478 à 1549, plus de quatre-vingts romans de
chevalerie furent imprimés. Bayard a du inspirer Jean
Giono (né à Manosque, le 30 mars 1895-mort en 1970) pour
“Le Hussard sur le toit” (1951). On peut penser qu’
Honoré d’Urfé (1567-1625) bercé
par les récits de chevalerie autant que par la “Diana”
(1559) de Jorge de Montemayor (vers 1520-1561) se soit
inspiré de Bayard tant pour sa vie, à distance respectueuse de
Diane de Châteaumorand, que pour le thème de
L’Astrée (1607-1629).
Voir
Minnesang. Ministérial.
Préciosité.
Saint-Évremond.
Barry
Lindon . (a) “Barry Lindon” est le titre d’un film
historique de Stanley Kubrick (“Orange Mécanique”,
“2001, l’Odyssée de l’Espace”)
d’après le roman éponyme de son
compatriote William Makepeace Thackeray (1811-1863, “The Book of
Snobs”, 1846-1848; “Vanity Fair, a Novel without a Hero”,
1847-1848; “Les Mémoires de Barry Lindon, du royaume
d’Irlande”, 1844). Le film rend mieux l’ ironie de
l’Histoire que l’ironie du texte de Thackeray.
(b)
Comme le frère aîné de Robinson
Crusoé le héros de Daniel Defoe,
Barry, fils de famille Irlandaise et désargentée, prend le
chemin de guerre. Celui qui mène parfois à la gloire et à
la fortune, souvent à la mort. Pratiquant le cas échéant
la désertion, le changement de camp involontaire, les jeux de cartes et
la guerre en dentelles, Barry se trouve riche parce que marié à
une belle et jeune veuve. Mais, de titre, aucun. Aussi équipe-t-il un
régiment pour combattre contre les insurgents de Boston et autres lieux
sauvages. Quand, sous le prétexte de cette action patriotique, il
obtient d’être présenté au roi comme “Monsieur
Lindon qui a équipé un régiment pour les
Amériques”, il s’entend répondre: “C’est
très bien ! Équipez-en donc un second ! Nous en avons grand
besoin ! N’est-il pas ?”. Et le roi passa au suivant de ces
Messieurs.
(c) Amer, Barry verra un fils qui le déteste (parce
qu’il aime sa jeune et ravissante mère) prendre un titre de
noblesse à la quête duquel il
avait consacré son aventureuse vie. Vanitas vanitatis
.
Voir Lettres de noblesse . Quartiers de
noblesse . Réaction féodale .
Ridicule.
Ridicule. texte. (a) Le film “Ridicule” de Patrice
Leconte, avec Fanny Ardant et Bernard Giraudeau, montre un aspect de la
réaction nobiliaire . La roulette russe du ridicule a
poursuivi, en la déformant et la détournant, la réelle
préciosité. Elle la met totalement du
côté du spectacle social .
(b) Le film
illustre aussi le refus des améliorations structurelles, comme
l’assèchement des marais de La Dombes. C’est le
projet pour lequel le héros est venu
à la Cour qu’il a en défiance. Ce refus
de la modernisation, qu’avaient déjà vainement
réclamé François Quesnay (Méré, 1694,
Versailles, 1774), Vauban (“La Dîme Royale”) et les
Physiocrates, mènera la France à la
Révolution. Dans le même temps, les agronomes et les gentelmen
farmers modernisaient considérablement l’agriculture et
l’élevage du mouton en Grande Bretagne.
Voir
Lettres de noblesse . Quartiers de noblesse
. Réaction féodale . Barry
Lindon . Saint-Évremond.
Honoré d’Urfé .
Saint-Évremond. texte. (a) Charles Marguetel de Saint-Denis, seigneur
de Saint-Évremond, (1616-1703).
(b) Cet homme précieux,
courageux (imaginez “Le Bossu” plus “Le Hussard sur le
toit”), doué de tous les talents, des amitiés ducales,
princières (Condé), royales (Angleterre), de l’amour de la
femme la plus courtisée de son époque (Ninon de Lenclos) fut
contraint à l’exil par la disgrâce de son ami le
surintendant Fouquet.
(c) Épicurien et probablement sceptique,
dans les sens positifs de ces mots, ce disciple de Gassendi, ami de Spinoza,
considérait que sa vie, globale, valait toute oeuvre, totale. Aussi
célèbre et courtisé que le fut
Alcibiade, Charles Marguetel n’était pas un
dandy. Il était, probablement comme Honoré
d’Urfé , l’incarnation de la
préciosité au masculin.
(d) Ce
Français, dont les “Oeuvres” méritent
d’être enfin connues et reconnues, repose néanmoins
à Westminster Abbey.
Voir Précieuse.
Préciosité. Ruelle.
Cyrano de Bergerac .
Favoris.
texte. (A) Mode. Manière de se couper et de
ne pas se couper la barbe, faisant fureur entre les deux Napoléon et
au-delà. Un exemple en est donné par le portrait de Stendhal
(musée Stendhal, Grenoble) fait par Dedreux d’Orcy (1789-1875).
Une aquarelle anonyme de Prosper Mérimée en 1830, une
photographie de Gustave Flaubert, les montrent avec des favoris. Une
dame du monde exigeait que son époux ait du “
poil aux joues” pour lui accorder ses faveurs.
(B) Relations politiques. Si l’ Histoire se veut
souvent celle des grands principes (monothéisme, développement
technologique, lutte des classes, démocratie) elle est aussi celle des
grands sentiments. Si les “histoires d’amour de l’Histoire
de France” ont joué un rôle non négligeable dans le
chaos des événements, il faut
y compter les amours adultérines ou homosexuelles des souverains pour
leurs favoris. Il s’agit de ceux à qui ils accordent leurs
faveurs sexuelles. Cela se traduit généralement par des
ascensions politiques très rapides, parfois suivies de vengeances ou
d’abandons pour un autre favori. Sans prétendre à
l’exhaustivité, la liste des favoris est longue.
(a)
Rome.
(b) Byzance.
Basile I er le
Macédonien (vers 813-886) est le favori du basileus Michel III, le fils
de Théodora. Basile assassine Michel en 867. Il lui succède
comme empereur d’Orient de 867 à 886.
(c)
Espagne.
(d) Russie.
(e) Angleterre.
(f)
France.
(g) Chine.
Le moine bouddhiste Dokyo est le favori de l’impératrice
Koken. Il mourut exilé en 772.
Heshen, jeune Mandchou de la
garde impériale, est le favori de Qianlong (1711-1799) empereur de
Chine (1736-1795). Il est exécuté à la mort de celui-ci.
La rébellion du Lotus blanc est une conséquence de la corruption
introduite ou développée par Heshen.
(h)
Suède.
(i) A
contrario .
Walpole dresse un portrait de Prospero Lambertini
(1675-1758), pape Benoît XIV (1740-1758):
(j)
Peinture.
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Créé le 29 mai 1998
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