Division sociale du travail


(a) Contrairement à la division technique du travail organisée par la direction de l'organisation réelle et le plus souvent imposée aux travailleurs, la division sociale du travail est rarement concertée ou organisée. Mais elle se propage, comme une rumeur ou une épidémie.


- <<Depuis Marx au moins, il est coutumier d'opposer la division technique du travail au sein de la firme à la division sociale du travail entre firmes...(Document du web)>>.


(b) Ainsi, au Canada, dans la traite de la fourrure : ceux qui, une année, échangent le produit de leur chasse avec les Blancs, deviennent, à la foire suivante, des intermédiaires entre les chasseurs en amont et les commis des marchands en aval. Cette division sociale du travail s'accompagne d'une migration de peuples nomades, repoussés par les fusils des intermédiaires et à la recherche de nouveaux territoires de chasse. Il en va de même pour la chasse aux esclaves au coeur de l'Afrique ou de l'Amérique, à partir de la traite, sur la Côte des esclaves ou sur le Rio Grande.


- <<Le Montagnais, l'Algonkin, le Souriquois ou la Papinachois, qui aurait donné sa femme pour une hache ou un chaudron de fer battu a disparu depuis longtemps. Les Indiens qui viennent maintenant à la grande traite sont eux-mêmes des commerçants. Ce sont des gens qui profitent d'une situation stratégique de leur clan ou qui ont eu la "chance" de rencontrer les Français. Les premiers rassemblent les peaux de clan à clan par un troc évidemment chétif pour les convoyer jusqu'aux grands rendez-vous. Là, attendent d'énormes navires à l'ancre, face auxquels leurs canots paraissent encore plus dérisoires. (Jean-Marc Soyez, "Quand l'Amérique s'appelait Nouvelle-France, 1608-1760", Fayard, Paris, 1981, page 105)>>.


(c) Des marchés et des métiers. La division sociale du travail est une spécialisation spontanée des métiers et une division du travail entre les entreprises au sein du marché.


(d) Micro-décisions. La division sociale du travail est le résultat, non voulu, de milliers ou de millions de décisions individuelles de création d'entreprise.


(e) Références d'usage du vocable.


- <<Nous avons vu comment la manufacture est sortie de la coopération ; nous avons étudié ensuite ses éléments simples, l'ouvrier parcellaire et son outil, et en dernier lieu son mécanisme d'ensemble. Examinons maintenant le rapport entre la division manufacturière du travail et sa division sociale, laquelle forme la base générale de toute production marchande. Si l'on se borne à considérer le travail lui-même, on peut désigner la séparation de la production sociale en ses grandes branches, industrie, agriculture, etc., sous le nom de division du travail en général, la séparation de ces genres de production en espèces et variétés sous celui de division du travail en particulier, et enfin la division dans l'atelier sous le nom du travail en détail. La division du travail dans la société et la limitation correspondante des individus à une sphère ou à une vocation particulière, se développent, comme la division du travail dans la manufacture, en partant de points opposés. Dans une famille, et dans la famille élargie, la tribu, une division spontanée de travail s'ente sur les différences d'âge et de sexe, c'est à dire sur une base purement physiologique. Elle gagne plus de terrain avec l'extension de la communauté, l'accroissement de la population et surtout le conflit entre les diverses tribus et la soumission de l'une par l'autre. D'autre part, ainsi que nous l'avons déjà remarqué, l'échange des marchandises prend d'abord naissance sur les points où diverses familles, tribus, communautés entrent en contact ; car ce sont des collectivités et non des individus qui, à l'origine de la civilisation, s'abordent et traitent les uns avec les autres en pleine indépendance. Diverses communautés trouvent dans leur entourage naturel des moyens de production et des moyens de subsistance différents. De là une différence dans leur mode de production, leur genre de vie et leurs produits. Des relations entre des communautés diverses une fois établies, l'échange de leurs produits réciproques se développe bientôt et les convertit peu à peu en marchandises. L'échange ne crée pas la différence des sphères de production ; il ne fait que les mettre en rapport entre elles et les transforme ainsi en branches plus ou moins dépendantes de l'ensemble de la production sociale. Ici la division sociale du travail provient de l'échange entre sphères de production différentes et indépendantes les unes des autres. Là où la division physiologique du travail forme le point de départ, ce sont au contraire les organes particuliers d'un tout compact qui se détachent les uns des autres, se décomposent, principalement en vertu de l'impulsion donnée par l'échange avec des communautés étrangères, et s'isolent jusqu'au point où le lien entre les différents travaux n'est plus maintenu que par l'échange de leurs produits. Toute division du travail développée qui s'entretient par l'intermédiaire de l'échange des marchandises a pour base fondamentale la séparation de la ville et de la campagne. On peut dire que l'histoire économique de la société roule sur le mouvement de cette antithèse, à laquelle cependant nous ne nous arrêterons pas ici. De même que la division du travail dans la manufacture suppose comme base matérielle un certain nombre d'ouvriers occupés en même temps, de même la division du travail dans la société suppose une certaine grandeur de la population, accompagnée d'une certaine densité, laquelle remplace l'agglomération dans l'atelier. Cette densité cependant est quelque chose de relatif. Un pays dont la population est proportionnellement clairsemée, possède néanmoins, si ses voies de communication sont développées, une population plus dense qu'un pays plus peuplé, dont les moyens de communication sont moins faciles. Dans ce sens, les États du nord de l'Union américaine possèdent une population bien plus dense que les Indes. La division manufacturière du travail ne prend racine que là où sa division sociale est déjà parvenue à un certain degré de développement, division que par contrecoup elle développe et multiplie. A mesure que se différencient les instruments de travail, leur fabrication va se divisant en différents métiers. (Karl Marx, "Le Capital", Livre I, Le développement de la production capitaliste, Section IV, La production de la plus-value relative, Chapitre XIV, Division du travail et manufacture, IV, Division du travail dans la manufacture et dans la société)>>.


- <<La recherche d'éléments pouvant constituer les fondements du nouveau paradigme de la forme sociétale en émergence nous conduira dans le deuxième temps de notre argumentation à reconnaître aux «activités non-industrielles de production de services» une place prépondérante dans la structuration de ce nouveau paradigme. S'impose donc un travail de clarification de ce que désignent ces activités se situant au coeur de la restructuration économique. Pour ce faire, nous accorderons une attention toute particulière au concept de «rapports sociaux de service» développé par Jean Gadrey et à la typologie des services proposée par T. P. Hill. Dans le troisième moment de notre analyse, les technologies informatiques de type MRP2 et CIM, qui sont en développement et en usage croissant dans les entreprises industrielles, nous intéresseront tout particulièrement en ce qu'elles permettent l'intégration des activités de production directe et des activités situées en amont et en aval de la production, modifiant ainsi la division sociale du travail. L'usage de ces technologies requiert de nouvelles méthodes de gestion de la part des entreprises faisant appel à des formes organisationnelles plus ouvertes entre les services administratifs et les ateliers de production et à de nouvelles compétences dites de responsabilisation.(Céline Saint-Pierre, sociologue, "Tertiarisation et division sociale du travail : les multiples visages des cols blancs", 1991)>>.


- <<Même si elle a pris parfois des cours différents, la division du travail et des tâches est tellement ancienne, elle est inscrite depuis si longtemps dans l'histoire, que cela fait apparaître comme naturel des faits qui, dans la réalité, sont le résultat d'une construction sociale, voire le résultat d'actions, de prises de positions d'hommes et de femmes que l'on a traduit en terme de rôles. La place des femmes dans la société, dans le salariat, n'est pas le produit d'un destin biologique mais le résultat de rapports sociaux, de conceptions préétablies qui postulent que les hommes devraient prioritairement être assignés à tout ce qui est de l'ordre du public, de l'extérieur, des tâches les plus nobles, alors que les femmes seraient destinées au privé, au domestique. C'est ce qu'on appelle la division sexuelle du travail, une dimension de la division sociale du travail. On la retrouve dans toute l'histoire. On parle de la division entre travail manuel et travail intellectuel ; on parle d'une réduction internationale du travail. Cela est acquis comme étant une approche scientifique. En revanche, on parle peu de la division sexuelle du travail, que ce soit chez les économistes, les sociologues ou les historiens. Or, elle a toujours existé même si elle a connu des formes variables selon les époques. (Les Pénélopes, "L'oppression spécifique des femmes, une construction sociale", document du web)>>.


- <<Dans un premier temps, l'origine de la division sociale du travail est présentée dans une perspective historique. Quelques éléments sur la division sociale, internationale et sexuelle sont donnés : l'une de ses caractéristiques liée à la globalisation néolibérale est de mettre en concurrence, pour l'instant dans certains secteurs d'activité, tous contre tous et toutes contre toutes en dehors de tout cadre réglementaire international et de faire éclater la relation formation / qualification / rémunération : un même travail "vaut" tant ou tant selon où on l'exerce et qui l'exerce. Cette mise en concurrence touche principalement les secteurs qui correspondent le plus aux besoins sociaux alors qu'une petite portion de la hiérarchie sociale concentrée dans les secteurs d'activité les plus complices du processus de financiarisation du capitalisme (la "gestion" du capital et ce qui en découle) s'enrichissent outrageusement. Cette mise en concurrence liée à la déréglementation touche tout à la fois la rémunération du travail, la fiscalité et les travailleurs/ses d'ici et d'ailleurs. Une fois brossé le cadre général, nous nous arrêtons sur un constat : l'externalisation du travail domestique auprès de travailleuses sans statut légal résulte directement de cette nouvelle division sociale et internationale du travail mais cette fois-ci entre femmes. Cette situation permet d'explorer les liens entre genre et migration, ainsi que les effets d'invisibilisation (clandestinité, droits restreints, etc) des politiques migratoires actuelles, avec comme conséquence des conditions de vie et de travail d'une grande précarité. Cette invisibilisation des femmes sans statut légal travaillant dans l'économie domestique ne fait que renforcer l'invisibilité du travail de "care" effectué par les femmes dans la sphère privée. (SSP, "Femmes migrantes, travail domestique et externalisation", 10ème conférence des femmes du SSP, 2006)>>.


(f) Voir Altamira. Divisions du Travail. Donneur d'ordre. Equilibre. Sous-traitant. Client. Fournisseur. Micro-décisions. Sens du travail. Sous-traitance. Univers décisionnel du marché.


(g) Lire "AEH Valeur". "Définir Plus-Value". "Inclusion Exclusion". "Plus-Value Profit". "Progrès Technique". "Division Travail". "Organisations Virtuelles".


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Auteur. Hubert Houdoy le Vendredi 23 Mai 2008



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