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Le Progrès Technique




* Plan


Introduction

1. Progrès technique et temps de travail

2. Progrès technique et jubilation

3. Sources du progrès technique

4. Limites du progrès technique

Conclusion





* Introduction


Dans le document Economie du temps nous avons montré que:


Nous avons ensuite appliqué ces concepts à la solitude de Robinson Crusoé. Parce qu’elle est extrême, la situation de Robinson est révélatrice de notre situation en société. Là réside le succès du roman de Daniel Defoe. Ce n’est pas non plus un hasard si les <<“robinsonades” (Karl Marx )>> ont joué un grand rôle dans le discours des premiers économistes. Ces pères fondateurs (Adam Smith , Thomas Robert Malthus, Jeremy Bentham) théorisaient simultanément dans les champs de la morale, de la sociologie, du droit et de la politique. Certes, ils ne disposaient pas de nos outils mathématiques et de nos machines informatiques. Mais ils n’avaient pas, non plus, l’illusion de toute puissance que donne une technique mal comprise. La facilité contemporaine du calcul nous pousse à calculer avant d’avoir les concepts requis. Nos modèles mathématiques sophistiqués risquent de tourner à vide s’ils ne s’appuient pas sur des concepts dont le domaine de validité est rigoureusement défini et délimité.





* 1. Progrès technique et temps de travail


Le progrès technique s’applique à une activité partielle, incluse dans l’activité globale d’une organisation réelle . Le progrès technique ne s’identifie pas à un simple changement technique dans cette activité. S’il peut y avoir progrès technique, il peut y avoir stagnation, équivalence ou régression techniques.


Le progrès technique dans une activité est une réduction du temps de travail consacré à cette activité et une amélioration de la connaissance scientifique dans l’organisation réelle concernée.


Nous parlerons de gain de temps , par progrès technique, dans une activité partielle de production quand une nouvelle manière de produire économise du temps de travail dans cette activité partielle.

Il y a gain de temps par progrès technique dans une activité partielle d’une organisation réelle, si le passage d’un mode d'organisation à un autre dégage un temps libre qui peut être affecté à d’autres activités partielles de cette organisation réelle ou d’autres organisations réelles.


Par exemple, Robinson Crusoé réalise un progrès technique dans la collecte de troncs d’arbres pour sa palissade si, au lieu de continuer à couper les troncs et de les ramener à sa grotte, un à un, il coupe des troncs près du rivage, constitue un radeau et les ramène tous ensemble en utilisant la force d’un vent favorable. Il réduit ses délais les plus longs, les délais de transport. Il utilise la poussée d’Archimède pour réduire sa propre fatigue.


Dans le cas de Robinson, le temps libéré par une activité partielle est toujours affecté à une autre activité partielle de la même organisation réelle: l’ organisation Crusoé i.e. l’activité de Robinson Crusoé pour la mise en valeur de l’île et son propre développement personnel.


Dans nos sociétés complexes le mécanisme de transfert du temps libéré est difficile à repérer. Et sa percolation est loin d’être assurée.


De nos jours nous aurions: le client Robinson, un architecte, une société de bûcheronage, une société de transport routier de bois, une société de transport maritime de bois et une société de construction de palissades. Cette division sociale du travail influence le transfert des travaux d’une activité partielle vers une autre. Le marché et la monnaie rendent impossible la comptabilité des temps de travail. Et la percolation n’est pas une question d’équilibre comptable, mais une question d’état d’esprit. Même pour Robinson, le solitaire, la percolation n’est pas automatique. L’ épisode de la pirogue en témoigne. La percolation suppose un dialogue intérieur. Il est favorisé par la méditation. En société, la percolation requiert au-moins le partenariat.


Alors, efforçons-nous de ne pas perdre le fil du raisonnement:


Il se peut que le temps que Robinson économise dans le transport des troncs soit compensé par le temps consacré à la recherche de la solution et par le temps consacré à la découverte du bosquet d’arbres au bois dur, situé près de la plage. Nous dirons que le gain de temps est localisé dans l’activité de transport de bois mais annulé, au niveau global du temps de Robinson. Globalement, il n’y a pas de temps libre dégagé. Il n’y a pas de gain de temps à tous les niveaux d’organisation. Le gain de temps est local mais pas global.


Il n’y a pas de gain de temps global. Pourtant il y a progrès technique:


Robinson ne dégage pas de temps libre net (tant pis pour la civilisation des loisirs ) mais il accroît sa connaissance empirique de l’île (la réalité empirique ) et sa connaissance scientifique de la nature (la réalité indépendante ). Il met au point une technique nouvelle, le flottage des bois. Cette nouvelle technique rend possible le transport de charges lourdes par radeau. Cette augmentation des connaissances est loin d’être négligeable.


Le passage de la technique du halage terrestre à la technique du cabotage maritime ne dégage pas de temps net dans la construction de la palissade . Pourtant ce changement technique permet d’amortir une activité de recherche technologique. Robinson constructeur de palissades ne dégage pas de temps libre pour Robinson-chasseur, Robinson-lecteur ou Robinson-dormeur. Mais un Robinson-chercheur en technologie apparaît. Il est capable de faire gagner, à Robinson-constructeur de palissades, le temps qu’il a consacré à sa recherche de solution. C’est donc le Robinson-constructeur de palissade qui peut financer l’activité du Robinson-chercheur en technologie. Car il ne peut y avoir de progrès technique sans investissement. Le gain de temps est la condition nécessaire, mais non suffisante de l’investissement. L’investissement est la condition nécessaire mais non suffisante du progrès technique.


Il y a un progrès technique dans l'activité partielle de construction de palissades, même sans un gain net de temps de travail. Ce progrès technique est obtenu par le remplacement d’une activité technique partielle (le transport terrestre de troncs d'arbres) par une autre activité technique partielle (le transport de troncs d’arbres par flottage) moins coûteuse en temps de travail. Le temps de travail dégagé est d’autant plus nécessaire qu’il avait été préalablement dépensé (investi) dans une nouvelle activité partielle: la recherche technologique.


Beaucoup de nos organisations réelles ne peuvent pas en dire autant.





* 2. Progrès technique et jubilation


Nous avons vu le progrès technique du point de vue local. Considérons-le maintenant du point de vue global. A la fin de l’opération de construction de la palissade avec progrès technique local, Robinson dispose de nouvelles possibilités. Par exemple, il peut envisager d’aller de l’autre coté de l’île chercher des pierres. Elles seront utiles à l’aménagement de sa grotte, à la construction de gués ou de ponts pour faciliter le passage de certaines rivières.


L’augmentation des connaissances n’est pas seulement l’augmentation des tranches de savoir (informations) que Robinson pourrait rédiger dans une hypothétique encyclopédie des techniques de survie. Cette augmentation est un élargissement du champ des possibles pour Robinson. Il envisage plus de travaux, plus d’activités. Il sort du tunnel du désespoir, car, bien que seul, il ne se sent pas exclu de l’humanité. En tant que telle, la vie sur l’île devient une joie. Car le progrès technique participe à la percolation des émotions. Robinson laisse libre cours à son imagination créatrice. Il s’invente une vie plus attrayante et plus complexe. Il accroît le champ de sa conscience et son amour de la vie par l’exploration et la découverte. C’est pourquoi nous parlons du travail amoureux de Robinson. Nous qualifions ainsi l’unité de ses activités, la mise en valeur mutuelle de Robinson et de l’île. Nous sommes bien loin de la simple comptabilité des temps.


Cette jubilation créatrice, ce “comportement curieux exploratoire”, donnent une motivation (sens et moteur) à son activité. Son imagination désespérée faisait de l’île solitaire un cauchemar. Son imagination créatrice en fait une île mystérieuse.


Sans gain de temps durable dans une activité partielle, il ne peut y avoir de progrès technique. Une perte de temps durable caractériserait une régression technique. Le gain de temps dans une activité partielle est une condition nécessaire du progrès technique dans une organisation réelle donnée. Le gain de temps n’est pas une condition suffisante. Il faut que le gain de temps soit accompagné d’une augmentation durable et partagée des connaissances. Puisqu’ils utilisent le même cerveau, le même réseau de neurones, Robinson-chercheur partage ses connaissances avec Robinson-bûcheron. Il n’en va pas toujours de même dans les organisation plus vastes. Mais internet préfigure les réseaux d’informations qui faciliteront le processus vital de la percolation des connaissances.





* 3. Sources du progrès technique


L’exemple de Robinson illustre cinq sources du progrès technique:







Donnons un exemple: Au lieu de couper un tronc, de le transporter et de l’enfoncer dans le sol devant sa grotte, Crusoé coupe un grand nombre d’arbres pour amortir son temps de déplacement vers la forêt.





* 4. Limites du progrès technique




Robinson ne pouvait pas connaître la machine à vapeur. De toutes façons, il ne pouvait pas l’utiliser pour résoudre son problème de transport de bois pendant la construction de la palissade. Il aurait fallu beaucoup trop de temps pour trouver et extraire du minerai de fer, produire du charbon de bois et du fer, construire une chaudière et un véhicule, établir une chaussée solide, approvisionner en bois de chauffe sa chaudière, etc. Ce chemin de progrès n’est donc pas praticable. L’ épisode de la pirogue illustre la découverte d’un chemin de progrès irréalisable, une voie d’évasion impossible. Mais, dans une méthode dichotomique , il apprend de cet échec. Le développement de l’élevage de chèvres et de la culture du blé est un chemin de progrès adapté à la solitude de Robinson. Lors de l’épisode de la pirogue, les réserves accumulées par cette voie ont évité une dangereuse régression technique.


Par opposition, la mondialisation actuelle de la production crée des processus continus de production et d’approvisionnement. Ce sont les nouveaux et les futurs réseaux socio-techniques . Nous pouvons tabler sur une production permanente d’énergie électrique alors que Robinson doit attendre que les vents lui soient favorables. Nous produisons de nouveaux automatismes que nous faisons fonctionner à notre rythme collectif. Notre rythme mondial doit néanmoins s’intégrer dans les cycles biologiques et climatiques de la planète. Nous sommes moins marginaux sur la planète que Robinson ne l’était dans son île. L’artificialité de notre mode de vie exige un important travail de maintenance. Quand ce travail n’est pas réalisé, nous ne reproduisons pas notre cadre de vie.


La définition d’un chemin de progrès suppose de tenir à jour un graphe d’exploration des possibles. Il permet de garder la trace des contraintes relatives à chaque hypothèse de développement. C’est ainsi qu’une organisation réelle, quelle que soit sa taille, maîtrise les limites internes du progrès technique.





* Conclusion


Le progrès technique ne se confond pas avec le gain de temps. Il n’est pas garanti par la seule recherche du profit. Il suppose coopération interne et partenariat externe.




La connaissance précise des limites internes du progrès technique, grâce au graphe d’exploration des possibles, permet de dessiner un chemin de progrès.





* Auteur


Hubert Houdoy

Créé le 2 Juillet 1998

Modifié le 9 Avril 1999





* Compléments


Thématique de la Civilisation

Thématique de la Globalité


Graphes et Explorations

Evaluation des activités de formation


Thématique de la Totalité

Productivité


Inclusion et Exclusion




* Bibliographie


Vie et aventures de Robinson Crusoé

Daniel Defoe

Maxi-Poche, Classiques étrangers

Bookking International, Paris, 1996

Tome 1, 348 pages, 10 Francs

Tome 2, 315 pages, 10 Francs





* Définitions


Les termes en gras sont définis dans le glossaire alphabétique du Réseau d'Activités à Distance.








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Mise à jour: 16/07/2003